mercredi 25 juillet 2007

Diplomatie familiale des Sarkozy en Libye




La libération des infirmières bulgares, survenue après huit ans d'enfermement dans les geôles libyennes, ne finit pas d'interroger. À écouter les explications données par Nicolas Sarkozy dans sa conférence de presse du 24 juillet, on est même en droit de se demander si le Président nous prend pour des imbéciles...



Les médias français ont été bien timorés dans leurs informations. Qu'il s'agisse du Monde, des chaînes de Télévision, des stations de radios, publiques ou privées. A croire que ces médias pratiquent déjà l'autocensure comme au mauvais temps de Napoléon le Petit...
On a certes lu et entendu, ici et là, Pierre Moscovici poser des questions au sujet de la stratégie élyséenne du "coucou", Arnaud Montebourg se demander"À quoi sert Kouchner?", Noël Mamère parler d'un système "monarchique".
Mais que de temps passé à glorifier l'omniprésident et son épouse!
Il n'y a guère que l'Humanité pour dénoncer le fait que Cécilia Sarkozy ait été "dépêchée pour récolter les dividendes d’une mobilisation européenne" et bien sûr...notre bon vieux Canard enchaîné pour titrer dans son numéro de ce jour :


Hold-up des Sarkozy sur les infirmières bulgares
Un coup du clan des Cécilia
Elysée.com

Extraits de l'article d'Erik Emptaz

"Cohn-Bendit parle d’une thérapie de groupe. Sans aller jusqu’à pareille vilénie, l’envoi de Cécilia Sarkozy à Tripoli aura au moins servi à lui inventer un rôle à la mesure des ambitions qu’elle affiche volontiers ( …) Ni femme d’intérieur ni rombière, la voilà sauveuse d’infirmières ( …)
Quand Cécilia et Guéant sont arrivés à Tripoli, le règlement de l’affaire était programmé depuis trois mois alors que les tractations menées par l’union européenne se poursuivaient depuis trois ans. Le mérite de Madame et Monsieur Sarkozy est d’avoir su prendre le train en marche...
Il ne restait plus grand-chose à négocier. Sinon à fournir à Kadhafi, qui prétend se racheter une conduite internationale, une caution qui en fait un client présentable en matière des droits de l’homme d’affaires…"


Autres sons de cloche dans la presse européenne


Un succès de la diplomatie allemande

Der Spiegel

Le magazine explique comment Berlin et l'UE ont, "durant des mois", mené une "offensive diplomatique" pour débloquer le dossier. Alors que le dénouement approche, il ne redoute plus qu'une chose : "En s'immisçant tardivement dans l'affaire, le très entreprenant président français a failli tout faire rater au dernier moment."
Le 12 juillet, Nicolas Sarkozy a envoyé une première fois Cécilia sur place, puis s'est proposé comme négociateur. Pour Der Spiegel, il a offert à Muammar Khadafi "une bonne occasion de faire de la surenchère" : "Comment interpréter autrement la proposition de la première dame de France de moderniser l'hôpital de Benghazi ?" Sans savoir que la libération des infirmières surviendrait entre-temps Der Spiegel voit d'un mauvais œil la visite de Sarkozy à Tripoli, prévue pour le 25 juillet : "Ce n'est qu'une fois que l'entreprenant Sarkozy sera revenu de Libye qu'on pourra enfin respirer à Berlin et à Sofia."

La diplomatie familiale des Sarkozy

Corriere della Sera

...Les opposants socialistes sont furieux et accusent le couple Sarkozy de semer la pagaille ; le Quai d'Orsay s'offusque d'avoir appris ce voyage par les journaux ; les négociateurs européens sont agacés parce que le mérite de la libération revient non pas à eux mais à Cécilia (…)
Ce sera son triomphe médiatique et celui de la blonde Aïcha, une des filles du colonel Kadhafi, qu'elle s'est choisie comme interlocutrice. Comme elle, Aïcha, intrigante et impertinente, supporte mal les liens familiaux mais ne dédaigne pas d'apparaître sur le devant de la scène. Cette jeune femme de 25 ans, qui partage sa vie à Paris entre les études et la vie nocturne et préside en Libye une fondation humanitaire, est le partenaire idéal dans l'opération mise au point par le couple élyséen (…)
Nicolas Sarkozy a pris la situation en main en téléphonant à Kadhafi et en faisant miroiter l'éventualité de sa venue à Tripoli pour le mercredi 25 juillet. Les Libyens voudraient la pleine normalisation des relations avec les vingt-sept pays de l'Union européenne, afin de finir de parcourir le chemin qui a mené Tripoli du statut d'État voyou à celui de siège d'une nouvelle ambassade américaine.

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