samedi 30 juin 2007

« Égalité : ne transigeons pas ! » : l'homosexualité est une question politique

Les organisateurs de la Marche des fiertés homosexuelles, le nouveau nom donné à la Gay Pride, qui s'est tenue ce samedi 30 juin à Paris, entendent bien peser sur le gouvernement et sa majorité, jugés défavorables à l'alignement des droits des couples homosexuels sur ceux des hétérosexuels.



Les élections passées, les partis politiques ne se bousculaient pas derrière la banderole de tête "Egalité, ne transigeons pas": si le PS était représenté par l'élue parisienne Anne Hidalgo, le PCF par les sénateus Nicole Borvo et Robert Hue et la LCR par Alain Krivine, le Modem n'avait envoyé personne et la présence de Jean-Luc Romero, conseiller régional, n'avait rien d'une représentation officielle de l'UMP.
Les fidèles, du maire de Paris Bertrand Delanoë à Jack Lang en passant par l'animateur Henry Chapier, ont cette année encore répondu à l'appel, fondus au milieu des militants associatifs et syndicaux (CFDT, CGT, Solidaires, FSU, etc), les plus nombreux pour cette édition 2007.
Une foule dense et bigarrée - estimée à 700 000 participants - et rassemblant beaucoup de
jeunes, de couples et de familles, s'égayait, sous un flot de drapeaux arc-en-ciel.


Alors que les résultats électoraux "contredisent notre but d'obtenir l'égalité des droits pour le mariage ou l'adoption notamment, nous ne le lâchons pas", a déclaré le porte-parole associatif. Déjà reçu la semaine dernière à l'Elysée et à Matignon où "le dialogue semble possible", l'Inter-LGBT espère un signe politique fort de la part du président Sarkozy avant la Marche, au moment où des "faux pas" sont médiatisés.
Les associations se sont en effet émues de "l'affichage malheureux à dix jours de la Marche" du premier ministre François Fillon aux côtés de Christian Vanneste. Le député apparenté UMP du Nord est la première personne condamnée en France au titre de la loi du 30 décembre 2004, votée par l'UMP, réprimant les injures et discriminations homophobes.


L'objectif est donc de "faire changer d'avis cette majorité : cela peut paraître ambitieux mais elle a montré par le passé avec le pacs qu'elle le pouvait. Pourquoi ne ferait-on pas le même pari ?", a souligné M. Piriou. Et de préciser : "Nous allons nous appuyer sur des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy" portant sur la fiscalité et la parentalité (statut du beau-parent). Mais les associations veulent aller plus loi : au nom du refus de l'enfermement, elles récusent le projet de contrat d'union civile spécifique aux homosexuels défendu par M. Sarkozy et préfèrent une amélioration du pacs.



Il y a beaucoup d'hétéros dans le cortège", s'est réjoui Alain Piriou, "preuve que notre message n'est pas "communautaire mais universel et peut être porté par tout le monde".



vendredi 29 juin 2007

Léon Blum et l’exercice du pouvoir


Du congrès de Tours à la fin de sa vie, le leader de la SFIO est demeuré un partisan du régime parlementaire. Cependant, pour l’ancien président du Conseil, si la responsabilité du pouvoir est une nécessité liée au suffrage universel, l’action du Parti socialiste ne saurait être limitée à cet objectif.

Dans une conférence prononcée en mai 1947, devant les élèves de l’École normale supérieure, Léon Blum rappelle la distinction établie dans les années 1920 entre exercice, conquête et occupation du pouvoir. Il voit dans l’exercice du pouvoir par le Parti socialiste une conséquence directe de l’acceptation du suffrage universel. Il abandonne à cette occasion deux dogmes du marxisme. L’État n’est pas l’expression de la classe dominante. Il est transformé par la pratique du suffrage universel, et la démocratie permet le développement des organisations politiques de gauche. Il n’y a pas de croissance inévitable des antagonismes de classe. Ce qui est peut-être la dernière pensée de Blum se résume dans ces phrases qu’il prononce alors : « Dès que le groupe parlementaire du Parti devient une majorité, il est condamné à exercer le pouvoir. Que cela soit difficile ou non, l’obligation pour lui est la même, et il ne pourra l’éluder qu’en répudiant la notion d’action politique.

Soutien sans participation

Dans les années 20, il apparaît toutefois que Blum, leader incontesté de la SFIO, l’a tenue volontairement à l’écart du pouvoir. Il s’élève clairement contre la participation à un gouvernement radical. Et se dit partisan du soutien, sans participation, au moment du Cartel des gauches, en 1924. « J’ai joué, déclare-t-il lors du procès de Riom, un rôle un peu singulier dans la vie publique, en ce sens que je n’ai jamais recherché le pouvoir, que j’ai même mis à m’en écarter autant d’application et de soin que d’autres pouvaient mettre à s’en rapprocher et que j’en ai détourné mon parti aussi longtemps que cela m’a paru possible. »

Pour les socialistes, cette période apparaît comme une période de reconstruction, après la scission de Tours, en 1920. La tension est toujours palpable entre la direction du Parti et le groupe parlementaire. L’heure est à la concurrence avec le nouveau Parti communiste.L’important alors est que les socialistes n’apparaissent pas infidèles à l’idéologie traditionnelle de la gauche, dont le marxisme. En 1929, c’est en le justifiant ainsi que Léon Blum refuse l’abolition du dogme de la dictature du prolétariat. Les années 20 revêtent aussi une spécificité par l’importance des questions internationales dans la vie politique française. La recherche d’une réconciliation entre la France et l’Allemagne en est une dominante. Léon Blum privilégie donc une entente avec les radicaux face à une Union nationale revancharde.

Pas de légalisme excessif

Du congrès de Tours à la fin de sa vie,Blum demeure un partisan du régime parlementaire. À Tours, il défend l’action des socialistes élus à la Chambre des députés. En 1934, la position est la même face à la réforme Tardieu. Contre De Gaulle enfin, Léon Blum réagit. Suite au discours de Bayeux (16 juin 1946) dans lequel le général expose ses idées constitutionnelles, il dénonce la menace d’instauration d’une monarchie non héréditaire, que contiennent ces projets. Si l’exercice du pouvoir apparaît comme une nécessité du fait de la défense du régime parlementaire et de la pratique du suffrage universel, l’action des socialistes n’est pourtant pas enfermée dans l’action parlementaire.

Le 6 février 1934, alors que les factieux marchent vers le Palais-Bourbon, Blum prononce à la tribune de la Chambre des députés un vibrant discours appelant à combattre le fascisme, y compris dans la rue et par des actions illégales. Cet exemple fort confirme que le leader de la gauche n’est pas embarrassé par un légalisme excessif. En juin 36, face aux occupations d’usines, il refuse d’accéder aux demandes de la droite et du patronat, qui souhaitent un renfort de l’armée pour faire respecter le droit de propriété. En mai 1947, il revient sur ce que devrait être l’exercice du pouvoir par les socialistes : « Il faut donner l’impression, le sentiment, que les intérêts collectifs de la Nation sont aussi bien placés dans les mains du Parti socialiste que dans n’importe quelles autres mains. En même temps, il faut donner au pays tout entier, et tout spécialement à la classe ouvrière, le sentiment qu’il se produit un événement à part, le sentiment que les choses vont se passer autrement que si n’importe quel autre parti exerçait le pouvoir. Il faut accélérer le rythme de l’évolution. »

Jean-Marcel Bichat, d’après une communication de Robert Verdier, Colloques de la commission Histoire et mémoire du parti, 1996

jeudi 28 juin 2007

Élections : le temps des femmes ?

Dans une tribune du journal Le Monde daté du 29 juin, Gisèle Halimi s’inquiète pour les femmes…

Extraits

« On le disait, on le répétait. En Allemage, Angela Markel, chancelière. Au Chili Michelle Bachelet, présidente. Deux femmes aux responsabilités les plus hautes, pour la première fois. On admirait leur compétence, leur popularité, leur dignité. Alors, en France, pourquoi pas une présidente ? Le temps des femmes s'imposait, comme la modernité, affirmaient les médias en boucle.
Ségolène Royal et son sourire permanent portaient haut l'oriflamme de la féminité politique. Enfin ! Grâce à elle, le dernier bastion de la chasse gardée des hommes, l'échelon suprême, l'Elysée donc, s'ouvrirait aux Françaises. Et après ? Après, dans la douceur d'un rêve un peu flou, un peu fou, se construirait un quinquennat pas comme les autres, une ère neuve et forte, l'aboutissement de l'égalité parfaite, "la marque la plus sûre de la civilisation", écrivait Stendhal"»

« Telle Cassandre, j'annonçais dès la désignation de Ségolène Royal en 2006 la défaite à venir : "Elle n'est ni en capacité d'être élue ni féministe", expliquais-je. Etait-elle dans cette campagne la leader de la gauche ? Même si nous ne nous plaçons ici que d'un point de vue féministe, force est de constater que sa démarche fut confuse, contradictoire et marquée par les coups qu'elle assénait à son propre parti »

« Ségolène Royal a ainsi désorienté, désespéré celles qui, dans une ferveur retrouvée de la politique, croyaient parler par sa voix »

« Advint alors la défaite. Comme se débattant dans un monde fantasmatique, elle voulut en faire une victoire. "Mes 17 millions de voix" fut son leitmotiv. Des voix qui réunissaient, ce 6 mai, toute la gauche unie, une grande partie du centre, les TSS ("tout sauf Sarkozy"), une partie de la droite chiraquienne et enfin, surtout, les femmes qui comme nous votaient femme pour entrer dans l'histoire de la République.
Ces femmes - comme toute la gauche - vivent aujourd'hui une
régression politique. Reste donc en piste le président Sarkozy. Son maître mot, l'ouverture. L'égalité hommes-femmes, un projet sérieux dans son programme paritaire. Ainsi son gouvernement intègre aux postes de ministre à part entière sept femmes et huit hommes. On peut dire que le compte y est. Il serait même équitable de féliciter la droite victorieuse d'avoir osé confier à des femmes des portefeuilles régaliens tels que la justice et, pour la première fois, l'économie et l'intérieur. Reste l'inexpugnable ministère des affaires étrangères, toujours étranger aux femmes, alors que dans plusieurs pas d'Europe (en Suède, par exemple) la charge leur en a déjà été confiée.
Premier bémol : quatre femmes seulement sur dix-sept secrétaires d'Etat. Le compte gouvernemental y est déjà moins, avec au final onze femmes et vingt-deux hommes sur trente-trois. Deuxième réserve importante : manque le ministère par excellence, celui des droits des femmes, destiné spécifiquement à résorber les inégalités dont elles souffrent (53 % de notre population). Disparu corps et biens, dans le silence de la majorité, sans explication.
Le président Sarkozy aurait-il estimé qu'une parfaite égalité régnait déjà entre les hommes et les femmes, et cela par le seul miracle de son élection ? Aurait-il ainsi conclu à l'inutilité d'un tel ministère ? Mais a-t-il, avant de décider, jeté un oeil sur les chiffres de la discrimination dans l'emploi ? S'est-il souvenu qu'une femme meurt dans notre pays tous les trois jours des violences de son compagnon ? A-t-il consulté quelques-unes de ces listes d'attente interminables dans les crèches ?
Et que dire du pouvoir législatif, fondement de notre démocratie, encore pléthoriquement masculin ? Responsable de la désignation de son premier ministre et, on l'a vu, de la nomination du gouvernement, Nicolas Sarkozy a choisi des femmes compétentes pour des postes clés. Ce qui est donc à son actif. Mais chacun sait que nommer - le fait du prince - n'est pas élire. Et le fait du prince s'identifie quelquefois au bon plaisir (politique) sans rationalité commune avec le choix du peuple.
D'un tout autre fondement procède l'élection au suffrage universel. Le peuple citoyen tranche et élit. La Constitution oblige les partis à lui permettre d'élire à parité hommes et femmes, c'est-à-dire à lui présenter 50 % de candidates. Or certains partis, avec quelque cynisme, préfèrent transgresser la loi et encourir des sanctions financières. Notamment l'UMP, qui n'a fait élire que 45 femmes sur ses 323 députés !
près de 13 % aux dernières élections législatives. Pas de quoi pavoiser... A ce rythme, il faudrait attendre plus d'un siècle et demi pour que justice paritaire soit faite au Parlement
Ces chiffres n'expriment pas seulement un calcul mathématique. Ils disent la résistance des princes qui nous gouvernent à la seule ouverture digne d'entrer dans l'histoire de notre démocratie, pour lui donner tout son sens. Une femme candidate au second tour de la présidentielle, sept femmes ministres à part entière, des avancées incontestables de notre cause. Mais au goût mêlé, contredites par d'autres facteurs. Cependant l'espérance doit demeurer. Car elle "voit ce qui n'est pas encore et qui sera", disait Péguy »

Gisèle Halimi, avocate à la cour de Paris, est présidente de Choisir la cause des femmes.

mercredi 27 juin 2007

Le Canard enchainé : "C'est le règne de Nicolas Tsarkozy"


Un chef de l'Etat, qui décide de tout, qui discute de tout, qui commente tout, qui concentre tout…

Sauf si on est mal informé, il existe un ministre des Affaires étrangères, un ministre des Affaires européennes, un ministre des universités, il y a peut-être aussi un Premier ministre…

Mais non! M.Sarkozy est bien partout, aussi bien à Bruxelles quand il s’impose auprès de M. Kouchner qu’à l'Elysée quand il reçoit l'ensemble des acteurs du dossier de réforme de l'université.

Si l’on en croit M.Raffarin, vice-président de l’UMP, il demeure aussi le "patron naturel" du parti. Cela fait penser à une chanson de Brigitte Bardot « il est passé par ici, coucou...il repassera par là ». Peut-être M.Sarkozy envisage-t-il de "faire Bercy" à la rentrée ou de présenter le journal télévisé de TF1 afin que « La Police nous parle tous les soirs ». Histoire aussi de redonner une certaine actualité à un slogan de 1968 !

mardi 26 juin 2007

François Mitterrand : le nationalisme, c'est la guerre


Déjà présent à La Haye en 1948 à la naissance du Conseil de l'Europe, François Mitterrand consacre son dernier grand discours prononcé le 17 janvier 1995 à Strasbourg pour la présentation de la présidence française au Parlement Européen à la construction européenne et aux dangers du nationalisme.

"Il se trouve que les hasards de la vie, ont voulu que je naisse pendant la première guerre mondiale et que je fasse la seconde. J'ai donc vécu mon enfance dans l'ambiance de familles déchirées qui toutes pleuraient des morts et qui entretenaient une rancune et parfois une haine contre l'ennemi de la veille. L'ennemi traditionnel ! Mais, Mesdames et Messieurs, nous en avons changé de siècle en siècle ! Les traditions ont toujours changé. J'ai déjà eu l'occasion de vous dire que la France avait combattu tous les pays d'Europe, à l'exception du Danemark, on se demande pourquoi ! Mais, ma génération achève son cours, ce sont ses derniers actes, c'est l'un de mes derniers actes publics. Il faut donc absolument transmettre. Vous êtes vous-mêmes nombreux à garder l'enseignement de vos pères, à avoir éprouvé les blessures de vos pays, à avoir connu le chagrin, la douleur des séparations, la présence de la mort, tout simplement par l'inimitié des hommes d'Europe entre eux. Il faut transmettre, non pas cette haine, mais au contraire la chance des réconciliations que nous devons, il faut le dire, à ceux qui dès 1944-1945, eux-mêmes ensanglantés, déchirés dans leur vie personnelle le plus souvent, ont eu l'audace de concevoir ce que pourrait être un avenir plus radieux qui serait fondé sur la réconciliation et sur la paix. C'est ce que nous avons fait.

Je n'ai pas acquis ma propre conviction comme cela, par hasard. Je ne l'ai pas acquise dans les camps allemands où j'étais prisonnier, ou dans un pays qui était lui-même occupé comme beaucoup. Mais je me souviens que dans une famille où l'on pratiquait des vertus d'humanité et de bienveillance, tout de même, lorsque l'on pratiquait des Allemands, on en parlait avec animosité.

Je m'en suis rendu compte, lorsque j'étais prisonnier, en cours d'évasion. J'ai rencontré des Allemands et puis j'ai vécu quelques temps en Bade-Wurtemberg dans une prison, et les gens qui étaient là, les Allemands avec lesquels je parlais, je me suis aperçu qu'ils aimaient mieux la France que nous n'aimions l'Allemagne. Je dis cela sans vouloir accabler mon pays, qui n'est pas le plus nationaliste loin de là, mais pour faire comprendre que chacun a vu le monde de l'endroit où il se trouvait, et ce point de vue était généralement déformant. Il faut vaincre ses préjugés.

Ce que je vous demande là est presque impossible, car il faut vaincre notre histoire et pourtant si on ne la vainc pas, il faut savoir qu'une règle s'imposera, Mesdames et Messieurs : le nationalisme, c'est la guerre ! La guerre ce n'est pas seulement le passé, cela peut être notre avenir, et c'est vous, Mesdames et Messieurs les députés, qui êtes désormais les gardiens de notre paix, de notre sécurité et de cet avenir !"

lundi 25 juin 2007

Pierre Mendès-France : "Message à la jeunesse"

En écho à Pour une refondation de la gauche par la jeunesse, un article de Razzye Hammadi, président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), paru dans le journal Libération du 23 mai 2007, retour sur le "message à la jeunesse" prononcé par Pierre Mendès-France à la télévision le 22 décembre 1955.

"La jeunesse est impatiente et sévère dans ses jugements, probablement plus en France qu’ailleurs, certainement aujourd’hui plus qu’avant. Ce n’est pas moi qui vous en blâmerais, vous les jeunes, car vous avez de fortes raisons d’être inquiets, d’être critiques. Je n’ignore pas ces raisons. Mais je sais aussi qu’il dépend de vous que votre critique demeure vaine et votre impatience stérile, ou qu’elles soient, l’une et l’autre, et dès maintenant, des ferments d’énergie et d’action ; On dit souvent selon une formule un peu banale, mais vraie, que vous êtes le sang nouveau qui peut revivifier la nation. Si, demain, les responsabilités doivent vous incomber, il n’est pas trop tôt pour en assumer d’ores et déjà une part, et plus importante que vous ne croyez - mais il faut le faire très vite. Sinon, un jour, vous trouverez écrasante la charge des hypothèques que vous aurez laissé accumuler sur vous Cela arriverait immanquablement, si vous permettiez que se gaspille et se perde la force vive dont vous disposez, si, prenant prétexte de ce que l’Etat vous ignore ou vous néglige souvent, vous vous détourniez de la chose publique, si vous vous désintéressiez de la conduite des affaires de ce pays, c’est-à-dire du foyer où vous passerez votre vie entière, et où vous serez demain heureux ou malheureux. Aussi, vous ne pouvez pas vous borner à répéter : " A quoi bon ? ". Vous devez vous employer dès maintenant à faire changer ce qui doit être changé. (...) L’efficacité du régime républicain, du régime de liberté, ses chances de survie et de prospérité dépendent donc des liens qu’il saura créer entre la jeunesse et lui. Si notre République ne sait pas capter, canaliser, absorber les ambitions et les espoirs de la jeunesse, elle périclitera, elle perdra de plus en plus son sens et sa justification, elle se dissoudra ; mais si elle sait s’y adapter, si elle est capable de comprendre l’espérance des filles et des garçons de France, d’épouser cette espérance, de la servir dans chacune de ses décisions, alors elle n’aura rien à craindre des aventuriers, des démagogues, des extrémistes, car elle sera toujours plus forte et plus vivante, portée par sa jeunesse, ardemment défendue, et chaque jour renouvelée par elle. (...) Mais cela ne suffit pas. Jeunes hommes et jeunes femmes de France, vous devez intervenir et agir par vous-mêmes. Organisez-vous, groupez-vous, pour faire entendre votre voix, participez aux mouvements de jeunesse, animez-les, poussez-les à exercer sur les pouvoirs publics une pression continue, afin de faire triompher les décisions que dicte le sens de l’intérêt collectif ! Et ce n’est pas tout encore. N’hésitez pas à prendre part à la vie politique, qui sans votre inspiration risquera toujours de retomber dans les vieilles ornières Ayez constamment présente à l’esprit la relation étroite et quotidienne qui existe, et qui maintenant existera de plus en plus, entre vos préoccupations, vos soucis, vos besoins, et l’action d’un grand Etat, qui, après tant d’épreuves, veut se refaire, veut se redresser. Comprenez le rôle que vous pouvez jouer, la contribution dans la marche en avant que vous pourrez apporter. Décidez dès aujourd’hui de peser de toutes vos forces sur la destinée nationale, préparez de vos propres mains l’avenir plus heureux et plus juste auquel vous avez droit.Soyez enfin,au sens riche de ce mot, des citoyens!

dimanche 24 juin 2007

È finita la commedia !

Donc après le TSF (Tout sauf Fabius) le TSSK (Tout sauf Strauss-Kahn) voici le temps du TSS, le Tout sauf Ségolène.
Cette comédie a duré trop longtemps. Nous sommes fatigués de cette Zoo Story où les jeunes lions veulent mettre
KO les vieux éléphants pour secourir la gazelle et ainsi de suite…
De grâce, camarades de tous les
âges, ségolénistes, strausskahniens, fabiusiens, hollandais, jospiniensUnissez-vous !

Le
Sarkoshow a trouvé son inspiration dans la société américaine. La droite veut mettre à mal les mécanismes de protection sociale (retraites, sécurité sociale, franchise santé), d’éducation (libération des universités, éducation à plusieurs vitesses), de redistribution (suppression de l’ISF, hausse de la TVA), d’emploi (contrat de travail, droits des travailleurs).
La droite est peut-être au pouvoir pour 5 ans. 5 ans c’est long et surtout quand on a vingt ans. Ces années vont être particulièrement difficiles pour cette génération !
Votre responsabilité est énorme. Ne vous laissez pas envahir par vos ego et d'affligeantes histoires de zoo.

samedi 23 juin 2007

Fillon efface Vanneste sur son site Internet

La visite du Premier ministre mardi dans le Nord aux côtés de Christian Vanneste a choqué les associations LGBT « Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres" Mais Fillon lui-même semble chercher à faire oublier cet épisode : son site Internet a effacé le député homophobe d'une photo...



C'est Alain Piriou,
porte-parole de l'Inter-LGBT, qui révèle sur son blog cette pitoyable affaire. Une photo a été recadrée sur le site du Premier ministre afin d'occulter que François Fillon n'y figure aux côtés du député homophobe Christian Vanneste. Lundi dernier, le cabinet du Premier ministre avait reçu une délégation de l'Inter-LGBT pour recueillir les revendications de la fédération.

Ce rendez-vous, à quelques jours de la Marche des Fiertés, se voulait un signe d'ouverture envers la communauté gay. Mais le lendemain, François Fillon en personne s'affichait avec Christian Vanneste lors d'une visite dans le département du Nord dont ce dernier est le député. Un "signal absolument pas positif" commentait, hier, Alain Piriou lors de la conférence de presse de l'Inter présentant la marche du 30 juin. Mercredi soir, Alain Piriou constate que le site du Premier ministre publie une photo montrant Christian Vanneste aux côtés de François Fillon. Il prend contact avec conseiller de Matignon rencontré deux jours plus tôt pour pointer la contradiction entre l'attitude d'écoute affichée le lundi et l'affichage du chef du gouvernement avec le député symbole de l'homophobie revendiquée.

Le porte-parole de l'Inter publie sur son blog un article dans lequel il dénonce la duplicité du Premier ministre illustré de la photo montrant côte à côte Fillon et Vanneste. Hier, surprise, Alain Pirou consulte à nouveau le site du Premier ministre et remarque que la photo en question a été recadrée. Christian Vanneste n'y apparaît plus. "Une chose est sûre : à Matignon, certains considèrent donc comme une erreur de communication la courtoisie manifestée par François Fillon à l'égard de Christian Vanneste, au point de vouloir l'effacer à coup de ciseaux, à la mode soviétique" écrit Alain Pirou. Curieuse méthode, en effet, que de chercher à masquer la réalité en trafiquant des images... Cela rappelle d'autres temps et d'autres régimes.

vendredi 22 juin 2007

Encore heureux que c’est l’été…

On aurait aimé « respirer » un peu ce dimanche 17 juin au soir après les résultats au deuxième tour des législatives. On se serait volontiers prélassé dans « un peu de soleil dans l’eau froide », comme disait Paul Eluard. Mais non, c’en était trop pour les militants, les obscurs et les sans-grade. A 22 heures le soulagement a été (un peu) rompu par l’annonce dans tous les médias de la séparation entre Ségolène Royal et François Hollande. On apprenait que Madame Royal, en bonne mère de famille, avait en quelque sorte chassé du domicile le volage Monsieur Hollande.

Après six mois de campagne exténuante, ne pouvait-on pas épargner aux militants les détails de cette mauvaise comédie de boulevard ? Un communiqué laconique fin juin aurait suffi. Il aurait fait de plus les beaux jours de la presse "people" en mal de copie en cette période estivale.
Cette histoire privée contribue à relancer la guerre des clans pour la lutte des places qui anime le PS depuis plusieurs mois.

Cet événement s'inscrit aussi dans l’opération « François Hollande, l’homme à abattre ». L’homme du consensus mou et de la synthèse facile doit céder au plus vite sa place...
Ségolène Royal avait-elle besoin d’annoncer aussi rapidement cette grande nouvelle pour apparaître comme la femme libre dont le parti a besoin? Au bal des ego les prétendants au poste de Premier secrétaire sont nombreux…Et celui qui gagnera (pense-t-on!) est celui qui dégainera le plus vite.
Pourvu que ce bal des ego ne se termine pas en bal des cocus pour les militants et sympathisants socialistes. «Encore heureux qu’on va vers l’été » disait Christiane Rochefort. Pour nous c’est déjà l’été et espérons que les esprits vont se calmer sur les plages ensoleillées.

jeudi 21 juin 2007

L'art de valoriser le refoulé et l'innommable.



« J’ai toujours été fasciné par l’art de l’orateur, je l’ai dit : on m’avait parlé de Jaurès, j’avais aimé entendre le vieux Rappoport et Léon Blum, […] la musique méridionale de Vincent Auriol, les voix puissantes d’Edouard Herriot ou de Daladier ; j’aimais sentir comment l’incohérence native de la pensée et des émotions avait été maîtrisée, réduite au silence pour que s’élève une voix qui était pure humanité selon mon goût. L’influence exercée sur l’auditeur était double : il ne se contentait pas d’entendre et d’apprécier les paroles prononcées ; il entendait aussi, grâce au raisonnement intérieur, les pensées et les émotions tues, et saisissait la valeur de leur absence. Car cette parole vraiment éducative ouvrait au plus large public le domaine de l’ironie (qui est la vraie faculté politique), de la réticence, de l’insinuation, de l’allusion, du sourire. La parole de Hitler, au contraire, était la quintessence de l’émotion brute. A la différence de l’orateur démocratique, Hitler, par sa parole, la plus travaillée qui fût, voulait donner à son public l’illusion qu’il ne faisait que lâcher la bride aux passions naturelles – rancune, angoisse, colère – que chacun porte en soi. Mais ceux qui entraient dans le charme ou la magie de son discours reconnaissaient par là même que Hitler était, par miracle, le seul capable de traduire en mots ces émotions habituellement muettes ou inarticulées, voire interdites par les règles de la vie civile ; et ils s’attachaient d’autant plus étroitement au Führer qu’ils voyaient en lui l’homme exceptionnel apte à leur restituer ce qu’ils avaient de plus intime, qui sans lui aurait été condamné au silence. »

(Pierre Pachet, Autobiographie de mon père, Librairie générale française, Le Livre de poche, coll. Biblio, 2006, pp. 147-148)

mercredi 20 juin 2007

Trahisons et supercheries


Ce gouvernement Fillon II laisse à penser que M.Sarkozy continue ses vulgaires opérations tactiques, notamment en débauchant les plus "vulnérables" des élus de gauche.
Certes, concernant M.Bockel, ce blairiste convaincu tombe enfin du côté vers lequel il penchait depuis longtemps. La droite et la gauche alsaciennes hurlent à la trahison. « J'ai un sentiment bizarre, celui qu'on éprouve quand on est cocu » a déclaré Jean Ueberschlag, député-maire UMP de Saint-Louis (Haut-Rhin) en se demandant comment allaient réagir les électeurs de sa circonscription « qui ont voté à 70% pour Nicolas Sarkozy ».
Cet état d’esprit est partagé par les autres élus UMP du département et par des militants très en colère; certains auraient même déchiré leur carte.
Au PS les instances nationales et fédérales du PS déclarent que M. Bockel s'est mis « lui-même en dehors du parti ». Pierre Freyburger adversaire malheureux d'Arlette Grosskost (UMP) aux législatives à Mulhouse, a, lui, exprimé clairement son désaccord avec la décision de Jean-Marie Bockel d'intégrer le gouvernement Fillon.
A la mairie de Mulhouse, on ne sait plus où on en est entre majorité et opposition. Et cela annonce une belle cacophonie et de joyeuses empoignades pour les municipales de 2008.

Quant aux nominations de Rama Yade et de Fadela Amara elles n’ont de sens que si elles correspondent à une politique susceptible de promouvoir les quartiers les plus déshérités de nos cités. Sinon, elles apparaîtraient comme une simple supercherie alors même que l’UMP n’a fait élire aucun représentant de la diversité à l’Assemblée nationale.

Bref, comme le dit Henri Emmanuelli le président de la République continue à « multiplier les impostures pour dissimuler les convictions, travestir les pilules sociales et économiques en bonbons médiatiques » Et d’ajouter « M. Sarkozy se croit habile, mais les Français ne sont pas débiles »

mardi 19 juin 2007

Un nouveau gouvernement et de nouveaux traîtres


Donc Sarkozy a réussi à débaucher deux personnes classées jusqu’à présent à gauche : Jean-Marie Bockel et Fadela Amara.

Dans le cas du premier il s’agit de la trahison d’un homme élu maire et sénateur de Mulhouse avec des voix socialistes.
Pour Fadela Amara présidente de « ni putes, ni soumises » et conseillère municipale socialiste de Clermont-Ferrand la trahison se situe vis-à-vis de son engagement de toujours puisqu’elle sera sous la responsabilité gouvernementale de la très progressiste et féministe Madame Boutin.

La militante UMP Rama Yade vient d'être nommée, elle, secrétaire d'Etat chargée des Affaires étrangères et des droits de l'homme. Cette jolie jeune femme s'est beaucoup illustrée à la télévision par sa prétention et son inculture. Face à Razzye Hammadi, président du MJS, je l'ai trouvée très "insuffisante". Sera-t-elle cantonnée dans ce gouvernement Fillon II au rôle de "black de service"?

lundi 18 juin 2007

Paris ma rose

Mes souhaits ont été exaucés. Et davantage encore avec les défaites non annoncées de M.Juppé et de ce foutriquet d’Arno Klarsfeld. Parfois la morale remontre le bout de son nez. Mais mon bonheur fut complet quand j’ai appris le succès d’Aurélie.

Ce matin je pars presque guilleret à Montrouge soutenir mes amis et camarades du CNDP en grève dans leur combat contre la délocalisation « Raffarin ».
Place d’Orléans : Tout a changé. On respire sur une vue dégagée pour un tramway qui passe serein. Je pense alors aux réactions venimeuses des élus de droite à l’égard des "nuisances" de ce tramway. J’entends tout particulièrement les hurlements de Madame de Panafieu aux séances de l’Hôtel de Ville quand elle essayait de dénoncer l'incurie de "l'administration Delanoë". Hurle-t-elle ce matin? Elle doit plutôt rire jaune. Treize circonscriptions à gauche! C’est mal engagé pour celle qui doit conduire la liste de droite aux prochaines municipales. Et voici la nostalgie qui n'est plus ce qu'elle était mais qui laisse entrevoir un avenir tout en rose. "Paris ma rose", superbe chanson d'Henri Gougaud...

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Où est passé Paris ma rose ?
Paris sur Seine la bouclée ?
Sont partis emportant la clé
Les nonchalants du long des quais
Paris ma rose

Où-ils passés Villon et ses filles ?
Où est-il passé Jenin l'Avenu ?
Et le chemin vert, qu'est-il devenu
Lui qui serpentait près de la Bastille ?

Où est passé Paris la grise ?
Paris sur brume, la mouillée ?
L'est partie Paris l'oubliée
Partie sur la pointe des pieds
Paris la grise

Où sont-ils passés ceux qui fraternisent
Avec les murailles et les graffitis ?
Ces soleils de craie où sont-ils partis
Qui faisaient l'amour au mur des églises ?

Où est passée Paris la rouge ?
La Commune des sans-souliers ?
S'est perdue vers Aubervillers
Où vers Nanterre l'embourbée
Paris la rouge

Où est-il passé Clément des cerises ?
Est-elle fermée la longue douleur
Du temps où les gars avaient si grand cœur
Qu'on n'voyait que lui au trou des chemises ?

Où est passé Paris que j'aime
Paris que j'aime et qui n'est plus.


dimanche 17 juin 2007

Un dimanche pas comme les autres

Le sursaut de la gauche aura-t-il lieu? Tous les commentateurs radio m'ennuient depuis l'aube avec cette question et leurs insipides hypothèses. Réveillé de bonne heure et j'ai cru entendre vers 7h sur France Inter des informations concernant les élections qui ont eu lieu hier en Guyane, à savoir que Christiane Taubira aurait été élue avec 62% des voix en Guyane. Mieux encore : Léon Bertrand, ministre du tourisme dans les gouvernements Villepin et Raffarin, archi-favori à l'issue du premier tour, aurait été, lui, battu par Chantal Berthelot, la candidate du Parti Socialiste Guyanais qui a reçu le soutien du PS et des autres forces de gauche mais aussi des indépendantistes et du Modem. Ai-je rêvé car je n'ai pas ré-entendu cette information dans les journaux suivants de France Inter ni d'Europe 1? De même je crois avoir compris qu'une socialiste aurait été élue à Saint-Pierre et Miquelon.

Je me mets à espérer qu'Arnaud Montebourg et d'autres pourront sauver leur siège afin que la gauche reprenne quelques couleurs. J'ai une pensée affectueuse pour Aurélie Filippetti qui tente de conquérir un siège en Moselle - où elle a vécu sa jeunesse, elle la fille de mineur immigré italien - contre Alain Missoffe, représentant du grand patronat et descendant des maîtres de forges de Wendel, et par ailleurs frère de Madame de Panafieu pour qui je n'ai vraiment aucune estime.

Je suis allé voter vers 10h à Malakoff au bureau de l'école "Guy Moquet". Cela ne s'invente pas dans une ville communiste à la veille d'une élection d'appeler ainsi une école.
Rencontre avec Catherine Margaté, maire PC de Malakoff et suppléante de Marie-Hélène Amiable, maire PC de Bagneux. Catherine Margaté est confiante. Une colère m'a assailli quand j'ai lu sur le chemin en allant voter un tract et la profession de foi du candidat de droite Jean-Loup Metton, maire de Montrouge, qui se présente sous l'étiquette UDF-Majorité présidentielle. Je croyais que cette double étiquette n'était pas autorisée...puisque le "nouveau centre" ne peut se réclamer de l'UDF. Il y a bien pire...Dans son tract M. Metton affirme que "Nous ne voulons pas être représenté par un député communiste". Il se considère lui seul "compétent, expérimenté, efficace". Il se dit compétent car il faut, comme lui, avoir de "solides connaissance juridiques" pour être député. Bravo pour l'élitisme! Encore pire, je cite "Cela ne sert à rien d'être représenté par un député qui étant dans l'opposition systématique n'aura jamais l'oreille des ministres ou ses entrées dans les ministères pour faire avancer les dossiers". M. Metton se vante même de "connaître personnellement un tiers des ministres, y compris le Président de la République". Comme si cela n'était pas suffisant il se livre ensuite à un anti-communisme primaire que je pensais "dépassé" (pour reprendre un de ses expressions favorites quand il parle du PC). Et pour finir il espère que les électeurs ne seront pas dupes. Oui M.Metton vous êtes bien dépassé. Et nous ne serons pas dupes en votant pour Marie-Hélène Amiable. Vos propos prouvent que vous êtes effectivement indigne de nous représenter à l'Assemblée nationale.
Ah j'allais oublier, vous dites M. Metton être allé à la rencontre de vos concitoyens. Vous avez certainement entendu parler de la délocalisation du CNDP organisée par M. Raffarin. Je vous rappelle que n'avez pas accepté de recevoir la délégation de l'intersyndicale du CNDP ni en 2003, ni en 2004, ni en 2005...Que faîtes-vous d'ailleurs actuellement pour éviter cette délocalisation qui pourrait priver Montrouge de 200 emplois? Qui a été près des travailleurs en lutte contre ce scandaleux fait du prince? Tout particulièrement Mesdames Jambu et Amiable. Madame Jambu s'est déplacée avec l'intersyndicale à l'Elysée, au ministère de l'éducation nationale, etc. Sans parler de ses questions orales à l'Assemblée lors des séances avec les ministres. C'est cela "la bonne volonté"?
M. Metton, vous ne serez pas élu ni avec votre double étiquette ni après votre retournement de veste qui vous a amené à trahir M. Bayrou. Qui êtes vous d'ailleurs M.Metton? Comment pourrait-on avoir confiance en vous?

Une petite joie ce dimanche matin : je viens d'apprendre que Nicolas Demorand a reçu le grand
prix des médias CB News du meilleur programme radio pour le 7h-9h30 qu'il anime sur France Inter. Cette tranche matinale a remportée toute l'année un succès d'audience croissant avec 3,5 millions d'auditeurs, soit une progression de 220 000 auditeurs sur un an.
Merci Nicolas d'être resté libre et d'avoir usé de tant de pertinence dans une période où nombre de journalistes faisaient allégeance au pouvoir à venir. Plusieurs fois vous avez mis en difficulté Messieurs de Villiers et surtout Sarkozy. Ce dernier se demandant d'ailleurs s'il avait devant lui un "adversaire politique" quand Nicolas Demorand l'interviewait.
Non vous faites seulement votre métier de journaliste et non de laquais comme d'aucuns qui font la bise à des ministres de droite...
Nous vous retrouverons à la rentrée Nicolas. M. Sarkozy n'osera pas vous "virer" comme il a promis de la faire à certains de vos confrères de France 3.

Retour à la gare de l'est. Le temps d'un café, je regarde des TGV arriver et d'autres partir. Je ne m'en lasse pas comme d'autres qui chantaient un "dimanche à Orly". Et pendant ce temps-là des amis passent leur journée dans les bureaux de vote comme assesseurs. Je ne suis pas vraiment fier de ne pas faire comme eux. Décidément où m'entraîne mon semi-nomadisme?

samedi 16 juin 2007

Il va falloir beaucoup d'épines à l'Assemblée nationale...


Beaucoup peuvent se reconnaître dans le discours de la droite. Peu vont se retrouver dans les politiques engagées. Nous savions à qui va profiter cette politique, nous savons maintenant qui profite et qui se réjouit à travers les droits de succession et la suppression de l’ISF : les plus aisés dans la société française. Qui préside, qui gouverne, qui entend organiser l’ensemble du débat démocratique, qui confond état fort et état autoritaire? Nicolas Sarkozy.
Qui va payer ? La majorité des Français par le lancement de cette fameuse augmentation de TVA dont on ne sait pas si elle est sociale ou anti-délocalisation...Les déclarations en effet se succèdent et se contredisent. Nous savons, en revanche, que c’est par l’augmentation de la TVA que la droite pense régler le problème des déficits sociaux et rééquilibrer les comptes publics. Or, c’est par l’augmentation de cet impôt sur la consommation, payé par l’ensemble des Français, que le gouvernement financera sa politique.

La promotion du TGV en prenant un avion Falcon
Les déclarations de François Fillon sont d’autant plus indécentes qu'on vient de découvrir que lui-même et Alain Juppé, qui nous donnent des leçons sur le pacte écologique de Nicolas Hulot et les grands engagements en matière de développement durable, ne trouvent rien de mieux, le jour de l’inauguration du TGV, que de prendre un Falcon, de faire arrêter le TGV à Nancy pour monter dedans et faire de grandes déclarations à leur arrivée à Strasbourg. Un gouvernement de la dissimulation et du mensonge est bien en route...
Cet exemple illustre à merveille le rapport de M.Fillon à la vérité quand il fait un grand numéro sur l’utilité du TGV, sur le fait que le train pollue beaucoup moins que l’avion et qui pour illustrer son propos prend plutôt un avion (car c’est quand même trop long de passer 2 heures dans le TGV!) pendant que son service de presse s’échinait à convaincre les journalistes qu’il était dans un wagon de tête à travailler...Voilà la réalité de cette imposture avec comme magicien en chef...le premier Ministre de la France.

La mobilisation pour conjurer la vague bleue annoncée
Nombre de Français s’inquiètent de ces annonces d’augmentation de la TVA à 24,6. Ils jugent avec beaucoup d’amertume ce qui a été le slogan de campagne de Nicolas Sarkozy « travailler plus pour gagner plus » et s’aperçoivent qu’il faudra travailler plus pour payer plus dès lors que le pouvoir d’achat va se dégrader. Peut-être que la gauche pourra conjurer cette perception d’une vague bleue annoncée si les Français réalisent quelle sera leur contribution personnelle aux choix politiques du gouvernement. La confusion entretenue par les membres du gouvernement a éclairé le débat : la droite a été obligée d'argumenter ses positions et de les justifier.

La rose et les épines
le Parti Socialiste que François Fillon trouve rétrograde est celui qui prend le train en seconde classe pour aller faire des meetings; il ne prend pas l’avion pour faire croire aux gens qu’il prend le TGV. M. Fillon dit aussi que du Parti socialiste ne restera plus que les épines ; Il y aura justement besoin de beaucoup d'épines à l’Assemblée nationale si on veut éviter que ce gouvernement n’en fasse qu’à sa tête. Ce qu'a fait M.Fillon cette semaine montre qu’il entend agir seul en toute impunité. Cela montre son état d’esprit. Il joue les utilités pour Nicolas Sarkozy, un rôle qui ne lui plaît pas vraiment. Il essaie donc de trouver une "voie" en vociférant contre la gauche, ce qui n'impressionne d'ailleurs personne... Nous observons tranquillement sa quête pathétique d’un espace politique. Qu'il sache simplement simplement que les roses sans épines cela n’existe pas (sauf peut-être avec les OGM!) et qu'il va falloir des épines à l’Assemblée nationale. Un majorité sans épine (ou sans "cactus"!) c'est l’omnipotence, la toute puissance d’un clan politique. Bref, le pire.

vendredi 15 juin 2007

Gare de l'Est



Dimanche 10 juin 2007, gare de l'Est. Le grand jour pour le TGV-Est. De Paris, les premiers trains sont partis à l’aube. D’autres arrivent de province. A 10 heures, de simples badauds sont venus, fleur à la main, accueillir les premiers voyageurs venant de Sedan. Une fanfare retentit. L’atmosphère est bon enfant autour de cet événement pour le moins « magique ».

Gare de l’Est : une gerbe de souvenirs. Ma première gare parisienne en somme – que j’ai découverte dès mon plus jeune âge en venant de Verdun. Elle s’appelle d’ailleurs Gare de l’Est-Verdun. Les soldats de France (et de ses colonies) en sont partis en 1914 pour monter au front. Mon grand-père paternel fut de ceux-là. Il est venu de ses Pyrénées natales pour aller passer quatre ans de sa pleine jeunesse dans les tranchées près de la ville « martyre » devenue « la victorieuse ».

Gare de l’Est : pendant deux ans, tous les vendredis et lundis, je t’ai fréquentée en venant de Nancy et en y repartant. J’avais 20 ans et j’étais fou d’amour.

Gare de l’Est : quand je me suis installé à Paris – car il me semblait impossible de vivre ailleurs –, j’y ai retrouvé régulièrement ma grand-mère et ma mère (« semi-nomades » comme moi), quand elles venaient de Verdun pour un séjour dans la capitale.
Gare de l’Est : j’y ai rencontré pendant l’hiver 2000 dans la salle des pas perdus et ensemble les deux prix Nobel de physique Pierre-Gilles de Gennes (1991) et Georges Charpak (1992), qui partaient à Strasbourg dans le même train et le même compartiment que le mien.
Pierre-Gilles de Gennes vient de mourir. Les médias se sont montrés bien discrets sur son décès… – quelques images sur les chaînes de télévision, quelques échos dans les radios, un simple article dans Libération, une brève dans le journal 20 minutes… Il faut dire que le prix Nobel de physique 1991 avait 74 ans et que ses travaux n’avaient fait que « bouleverser la vie quotidienne ». Bouleverser ou révolutionner ? Quand on sait que les implications de ses travaux ont notamment conduit à la fabrication des écrans plats de téléviseurs ou d'ordinateurs, des calculettes, des montres… On est malgré tout rassuré : Pierre-Gilles n’a pas eu la mauvaise idée de chanter à la Star Ac’… pour avoir les couvertures des journaux people.


Gare de l’Est : pendant la guerre de 1939-1945, combien de déportés sort partis pour Compiègne ou ailleurs ? Aragon chante la gare dans le poème dédié à Robert Desnos : « Ô la gare de l’Est et les premiers croissants, le café noir qu’on prend près du percolateur, les journaux frais, les boulevards pleins de senteur, les bouches du métro qui captent les passants ». De nombreux déportés ont risqué le tout pour le tout, et souvent avec la complicité de cheminots, pour s’évader et donc échapper aux camps. Souvent ils ont été accueillis par les habitants du quartier et ont vécu dans les caves du faubourg Saint-Martin et d’ailleurs.

Ce dimanche, la nostalgie se mêle aux événements politiques actuels. Non, ce quartier ni cette gare n’ont pas trahi. La fidélité à des idées n’est pas un vain mot dans ce quartier. La « vague bleue » ne les a pas atteints. La Résistance est toujours là. Et ce n’est pas la candidate de droite, au regard vide sur ses affiches, qui parviendra à séduire les habitants le 17 juin.

Ces réflexions un peu débridées et ces rêveries mollassonnes me renvoient à ce merveilleux livre Le Piéton de Paris, de Léon-Paul Fargue, quand il parle de son quartier.
« Je tiens à ce que j’appelle mon quartier, c’est-à-dire ce dixième arrondissement, pour le plus poétique, le plus familial et le plus mystérieux de Paris. Avec ses deux gares, vastes music-halls où l’on est à la fois acteur et spectateur, avec son canal glacé comme une feuille de tremble et si tendre aux infiniment de l’âme, il a nourri de force et de tristesse mon cœur et mes pas ».
Ce livre, je viens de le lire sur les conseils de Dominique, le libraire de la rue Château-Landon. Un autre poète.



Post-scriptum

Le Canard enchaîné, mercredi 13 juin 2007

Gaffe à grande vitesse


« C’est pas possible, il n’a quand même pas fait ça !» Sarko a eu du mal à y croire quand on lui a raconté un récent exploit de son Premier ministre. Pour l’inauguration officielle du TGV-Est, qui met Strasbourg à deux heures vingt de Paris, François Fillon est venu… en Falcon ministériel !
Lorsque la rame bondée de VIP a quitté la gare de l’Est, le 9 juin à 7 h 36 exactement, le service de presse de Matignon a expliqué aux journalistes que le Premier ministre, accablé de dossiers urgents, s’était retiré dans la voiture 11 et « ne se joindrait à eux qu’à l’arrivée ». Bizarrement, le train qui devait filer vers l’Alsace, pour une éblouissante démonstration de ponctualité, a accusé un retard de vingt-six minutes, après un arrêt imprévu en gare de Nancy-Metz. Pourquoi cette fantaisie ? Tout simplement pour faire monter dans le TGV François Fillon, qui n’était pas du tout dans la voiture 11, mais avait préféré faire le gros du voyage dans un avion. Alain Juppé, le ministre d’Etat et écolo en chef, a fait de même.
A l’arrivée à Strasbourg, Fillon a célébré comme il se doit le TGV, merveille de technologie, mais aussi a égratigné la SNCF pour la médiocrité de ses performances dans le fret et l’inconfort des trajets domicile-travail. Du coup, la présidente de la SNCF, Anne-Marie Idrac, vexée, a vendu la mèche et a évoqué devant les journalistes le voyage « multimodal » du Premier ministre.
Réaction de Fillon quand il appris la contre-pique d’Idrac : « Cette conne-là, elle ne va pas l’emporter au paradis ! »
Au paradis, on y va plus vite en avion, ou en TGV ?

jeudi 14 juin 2007

Et pour vous ce sera ? Un Sarko-Vodka !


Deux chaînes de télévision belges ont diffusé une vidéo du début de la prestation de Nicolas Sarkozy devant la presse internationale, lors du sommet du G8. Celle-ci montre le président français dans un état ressemblant fort à l'ébriété.

Commentaire du présentateur belge : « Le président français sortait d'entretien avec son collègue russe Vladimir Poutine et, apparemment, il n'avait pas bu que de l'eau. » On le voit effectivement arriver au pupitre de sa conférence titubant et pas très clair. Il tangue un peu, s'excuse auprès des journalistes d'un retard qu'il attribue à un entretien prolongé avec le dirigeant russe, semble s'apprêter à dire autre chose et finalement passe la parole au parterre de journalistes, invités à lui poser des questions, tout en affichant un sourire assez hébété.

Personne ne peut reprocher à Sarkozy, qui n'a paraît-il pas l'habitude de boire de l'alcool, d'avoir sacrifié - si c'est le cas - à l'hospitalité russe.

Mais ce qui est remarquable, c'est qu'il aura fallu que la séquence en question fasse un tabac sur internet pour que la presse française y fasse allusion.

C'est ce qu'on appelle le « politiquement correct ».

mercredi 13 juin 2007

Mobilisation pour le second tour des législatives



Je veux rappeler aujourd’hui l’enjeu du 2ème tour des élections législatives et dire l’esprit dans lequel nous l’abordons.
Un chiffre tout d’abord qui est peu mentionné : plus de 100 députés de droite ont été élus au 1er tour et un seul socialiste. Cela montre la disproportion et justifie de nous lancer de toutes nos forces dans la bataille pour expliquer, sans remettre en cause l’élection présidentielle, ni espérer renverser la tendance majoritaire, mais pour avoir le plus de députés possible pour peser. Plus nous serons forts, plus nous pourrons proposer et s’opposer.
Voter prend 5 minutes et cela pour 5 ans.
La vague bleue, la chape bleue, si elle se produit provoquera un déséquilibre massif avec des conséquences redoutables pour les Français. L’abstention a été forte et nous espérons une mobilisation au 2ème tour, car plusieurs dizaines de circonscriptions vont se jouer à 1, 2 ou 3% et la mobilisation peut éviter un raz-de-marée destructeur. Nous sommes mobilisés au soutien à nos candidats ou ceux pour qui le PS se désiste.
La TVA sociale
J’avais déjà lancé cette question, notamment lors du meeting de Lille, avant le 1er tour, à l’intention du Premier ministre en lui demandant de préciser si son intention était d’instituer une augmentation de la TVA. Nous constations en effet que nombre de cadeaux fiscaux faits à quelques uns n’étaient pas financés. Je constate que cette idée se précise et que face aux friandises fiscales, la TVA sociale, qui n’a de sociale que le nom, va frapper tous les Français et se révéler antisociale. A chaque bulletin électoral à droite, on augmente la TVA pour financer quelques avantages à certains au détriment d’une ponction sur le pouvoir d’achat de tous.
Ce matin, Monsieur Artuis dans une interview au journal Les Echos, précise même qu’il a un projet d’augmentation de 5%. C’est énorme et injuste. L’exemple allemand retenu, oubli de préciser que pour une augmentation de 3 points, ce sont 2/3 des recettes qui ont été affectées au budget de l’Etat. Nous nous opposons à cette TVA sociale.
Le temps des douceurs d’avant les élections va se révéler le temps des additions après les élections pour financer toutes les promesses.
On nous dit aussi que c’est à cause des délocalisations. Mais la BCE vient d’augmenter les taux d’intérêts, ruinant ainsi le projet de freiner les prix de l’immobilier et le choix de Nicolas Sarkozy d’abandonner l’idée de contester l’euro fort empêche de lutter contre les délocalisations, car un euro cher accentue le risque de délocalisation. On ne voit pas non plus de projet de politique industrielle se dessiner. C’est ainsi que l’on lutte contre les délocalisations.
Sur ce sujet, concernant l’entreprise Jallatte, après le suicide de son dirigeant, j’invite les pouvoirs publics à se mobiliser pour que cette entreprise, fleuron de notre industrie sur son secteur, puisse rester sur le territoire.
Dans les jours qui viennent, nos candidats et nos militants doivent aller au contact avec les électeurs pour freiner la vague bleue et trouver un équilibre du pouvoir, en combattant les projets du gouvernement sur les questions de TVA, de santé, d’école ou d’emploi dans un esprit de combativité et d’unité.

Laurent Fabius

mardi 12 juin 2007

Mouloudji, de Belleville à Saint-Germain-des-Prés



Acteur, écrivain, peintre, chanteur, Marcel Mouloudji avait tous les talents. A chacun d'eux il a fait dire le goût de la liberté, l'amour de l'amour, le refus des parades bourgeoises.
Éternel adolescent, il a traversé la vie sur la pointe des pieds entre légèreté et gravité et a chanté Paris, l'enfance, l'amour et l'amitié, la tendresse, le hasard, les poings dressés contre l'inacceptable.





Enfant de Belleville, Mouloudji est le fils d'un algérien kabyle, musulman, maçon, communiste et d'une bretonne, femme de ménage, fervente catholique, qui sombrera très vite dans l'alcoolisme et la folie. La famille est pauvre et chaleureuse. Marcel en parle dans plusieurs de ses poèmes. Il est "l'enfant fugueur" et "l'enfant voleur" qui depuis le "Passage Puebla" ou
la "rue de Crimée" vole des livres pour mieux les dévorer

"La marchande de tabac était intellectuelle
Elle m'avait remarqué parmi tous ces voyous
Qui fumaient et crachaient avec des rires de loups
Elle estimait mon front sérieux, ma chevelure rebelle
Je lisais du Verlaine avec ostentation
Lui causais de Ducasse, Rimbaud et Baudelaire"


Gamin du Paris des quartiers populaires, il chante avec son frère cadet André dans les rues, à La Grange aux belles et dans les kermesses du Parti communiste. C'est ainsi qu'il se fait remarquer par Sylvain Atkine du groupe théâtral Octobre, organisation affiliée à la fédération des théâtres ouvriers de France. « Moulou », comme l’appelaient ses amis, rencontre alors Jacques Prévert, Jean-Louis Barrault et Marcel Duhamel qui le prend sous son aile protectrice. Il devient alors mime et comédien.



Marcel et André en 1936


Ainsi en 1936, à l'âge de 14 ans il joue avec le Groupe Octobre dans Le Tableau des merveilles adapté de Cervantès par Prévert et un rôle chantant dans Jenny, le premier film de Marcel Carné.
Les films s'enchaînent : Ménilmontant, La guerre des gosses, Claudine à l'école, Les Disparus de Saint Agil...Ses rôles? Ceux de "gavroches" de l'entre-deux-guerres.

Replié à Marseille en 1940 avec le groupe Octobre, Mouloudji revient ensuite à Paris, chante quelques jours au Boeuf sur le toit et s'intègre aux bandes du Saint-Germain-des-Près pendant cette période de l'occupation allemande.
C'est en trimbalant avec désinvolture sa dégaine et sa tignasse légendaire au café de Flore qu'il rencontre Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre. Ces derniers l'encouragent à écrire. Simone de Beauvoir écrit dans La force de l'age qu'il était trés doué, qu'elle se contentait de corriger ses fautes d'othographe et de syntaxe. Il vivait alors dans une demi-misère, entre deux rôles dans des films, donnant son argent à son père, son frêre ou à des copains.
Il aime Rimbaud, Apollinaire, Baudelaire mais est également émerveillé par Les Trois Mousquetaires, qu'il dit pour contrer les snobs du quartier, malicieusement préférer à La Nausée...
Son premier roman Enrico, inspiré de son enfance, recevra Le prix de la Pléiade en 1945, soutenu par Albert Camus, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Ces derniers ayant fait paraître au préalable plusieurs de ses textes dans la revue Les Temps modernes.

Mouloudji vit à cette époque un grand amour, dans des hôtels pour artistes et intellectuels désargentés de Saint-Germain-des-Prés (tel Le Louisiane rue de Seine, où a vécu Simone de Beauvoir à la même époque) avec la jeune actrice Louise Fouquet, la belle "Lola" qui a notamment joué dans le célèbre Entrée des artistes, de Marc Allégret.
Moulou, réfractaire au STO, et Lola, entrée en Résistance, vivent dans une semi-clandestinité. Lola est arrêtée début 1944 par la Gestapo et emprisonnée à Fresnes. Elle en sortira à la Libération et deviendra par la suite un grand agent artistique.


Au cours des années 1950, Mouloudji ne sait pas vraiment à quel art se vouer. Dans un article de Paris Match de 1951 on peut lire " Il est mieux et fait mieux que la plupart. Funambule des arts, il ne peut se décider entre eux et s'amuse à la corde raide avec chacun. Bon romancier, excellent comédien, chanteur de talent, parolier de valeur, il est Mouloudji-le-Touche-à-tout"

Mouloudji connut la gloire en1952 avec le film Nous sommes tous des assassins d'André Cayatte, qui remporta le prix du jury au festival de Cannes, mais aussi avec le succès phénoménal que fut Comme un p'tit coquelicot. Un Grand Prix du disque en 1953 et le prix Charles Cros qui témoignent aussi bien des faveurs des intellectuels "rive-gauche" que des ouvriers de banlieue.
"En devenant chanteur je perdis le goût du bonheur. Ce fut sur la scène du Gypsy que, pour la première fois, en costume de ténèbres, silhouette découpée par le fond rouge du rideau, La nuque d'une femme imaginaire. Ce geste je le répéterai des milliers de fois. A plus de quarante ans de distance, j'en ai recomposé le mouvement. Par lui je retrouve le point de repère du temps passé, comme si, au départ de cette traversée vers la renommée j'avais lancé un signe, un adieu, afin qu'il me parvienne en fin de carrière. Quand je me retourne sur ma vie d'artiste de music-hall, j'ai l'impression de survoler un trou noir. Pourtant j'ai été parfois heureux, m'ébouriffant tel un moineau. Mais toujours insatisfait".

Il enchaîne avec un autre succès en 1954, Un jour tu verras, puis interprète le jour de la chute de Diên Biên Phu Le Déserteur, de Boris Vian. La chanson est censurée.
Nous sommes alors en pleine guerre d'Algérie. Ce scandale fera de Mouloudji un paria des médias pendant des décennies.


Mais Mouloudji, antimilitariste convaincu, trouve bien d'autres façons de s'exprimer en chantant notamment Prévert et Kosma comme "Barbara "" et son "Quelle connerie la guerre".
Ces années-là sont aussi celles où il exerce au mieux son fameux éclectisme. Il continue à tourner des films (avant d'y mettre en terme en 1961 avec La Planque), enregistre des disques, peint, chante beaucoup et partout, notamment en tête d'affiche à Paris à L'Alhambra.


En 1959, il triomphe au théâtre de l'Atelier avec La tête des autres de Marcel Aymé. Pièce plaidoyer contre la peine de mort. Mouloudji joue Valorin, le condamné. La pièce sera reprise avec toujours autant de succès en tournée en province et à l'étranger en 1968. Il écrira plus tard La chanson de Marcel où il dit vouloir "vivre un peu sa mort" près de Marcel Aymé "qui fait le grand dodo près de l'avenue Junot" . Ses voeux seront exaucés. Son dernier voyage a bien été pour le cimetière Montmartre.
A cette époque de sa vie, Il se fait également plaisir en chantant ses amis dont Françoise Sagan "qui sait écrire des chansons d'amour, et c'est difficile" et Charles Trénet. Sans oublier quelques uns de ses poèmes mis en musique par Léo Ferré, dont Les poux aux résonances rimbaldiennes.



Dans les années 1960, les yéyés envahissent les ondes, et Mouloudji n'est plus à la mode. Il se définit, non sans amertume, comme un " Beatle de 40", un "James Bond de 14-18" ou encore comme un "coquelicot fané", une "fleur bleue hors-concours" un "troubadour sur le retour"...

Tenant le système à distance, il crée une maison de disque même il se sait d'avance "raté pour les affaires". Il produit ainsi ses propres albums tout en découvrant de jeunes artistes comme Graeme Allwright.

A la faveur des événements de mai 68, la chanson à texte retrouve un auditoire notamment auprès de la nouvelle génération. On entend beaucoup Brassens, Brel, Ferré, Gréco, Mouloudji...
Fidèle à ses convictions politiques, enthousiasmé par les mouvements protestataires, Mouloudji entreprend en 1969 des spectacles de "chansons engagées" au Théâtre du vieux Colombier autour de Bruant, Prévert, etc. mais aussi La Commune en chantant (voir photo avec Francesca Solleville) qui connaissent un réel succès.

"On s'amuse"
disait-il volontiers aux spectateurs venus lui dire leur admiration à la fin du spectacle.
On ne voit pas comment Moulou aurait-il pu ne pas s'amuser, lui qui rechignait à perdre son temps à "répéter inutilement" ou à passer des journées en studio...Il est vrai qu'il était si doué qu'il n'avait guère besoin de travailler avec excès...
Il préférait flâner "le long des rues de Paris", "son" Paris qu'il ne quittait jamais très longtemps, par crainte d'en avoir le "mal" et de sombrer dans une grande mélancolie.
Ce qu'il chante si bien dans Comme une chanson de Bruant.

"Paris de mes mélancolies
Paris de Saint-Germain-des-Prés
Paris de la guerre de la paix
Paris d'un certain mois de mai
Paris du soir et des vitrines
Paris où je traîne éperdu
Paris que j'ai perdu de vue
Paris qui me serre à la gorge
Comme une chanson de Bruant"

Dans les années 1970, Mouloudji chante beaucoup. Il retrouve une grande ferveur du public aussi bien à Paris (Bobino,Olympia,Théâtre de la Renaissance...) qu'en province mais aussi dans les fêtes du Parti Communiste ou de la rose. On aime Mouloudji pour sa tendresse et son esprit frondeur et bien sûr pour l'exceptionnelle émotion qu'il dégage.

Il fait même les beaux soirs du cabaret "chic" des Champs Elysées La villa d'Este, où devant des dames embijoutées et des messieurs fumant de gros cigares, il lui arrive de balancer de longs textes de Lautréamont, d'Apollinaire, ou de Jean Genet. Le public est médusé.
Parfois il n'a pas envie de chanter devant ce public. Il ne vient donc pas. Un ancien maître d'hôtel de la Villa d'Este évoque avec nostalgie le côté "nonchalant" de Mouloudji. Et d'ajouter "Il était si gentil qu'on lui pardonnait tout". Il suffit de l'entendre réciter Le lézard de Bruant pour comprendre son dilettantisme et sa bohème.

"On prend des manières à quinze ans
Pis on grandit sans qu'on les perde
Ainsi, moi, j'aime bien roupiller
J'peux pas travailler
Ca m'emmerde"

Pourtant Mouloudji continue inlassablement son métier. "Vieux chanteur à la voix blessée,j'ai, à force de travail, un peu atténué le tremblement paludéen de mon legato. La peur, ma fidèle compagne de scène, est devenue supportable. Parfois, après les galas en province, je pousse devant la fenêtre de la chambre d'hôtel une table ou une chaise, de crainte qu'au cours d'un rêve je n'ouvre les battants pour aller enfoncer le ciel d'un coup de tête. Les nuits ou je me sens particulièrement fragile, je garde même une veilleuse allumée qui me donne l'impression de n'être pas seul. J'arrive au bout du puzzle qu'est la vie, puzzle dont les morceaux partent en dérive. Est-ce moi, ce gosse de la rue qui la commençait? Est-ce le même ce vieillard qui la termine? Un grand imprésario m'enverra peut-être en tournée jusqu'à la fin des temps, d'étoile en étoile ".

Vers la fin de sa vie Mouloudji revient à ses premières amours : la peinture et à l'écriture. En 1992, une pleurésie lui enlève une partie de sa voix. Il s'éteint le 14 juin 1994 alors qu'il avait de nombreux projets en route : la suite des mémoires 50 ans après Enrico et un nouvel album.
Libération titre "Le petit coquelicot est parti".

Des chanteurs, comme Jacques Dutronc et Renaud ont repris depuis plusieurs titres de son remarquable répertoire : Comme un p'tit Coquelicot, Six feuilles mortes de San Francisco, Faut vivre...

"Malgré tous nos serments d'amour
Tous nos mensonges jour après jour
Et bien que l'on ait qu'une vie,
Une seule pour l'éternité
Et qu'on la sache ratée
Faut vivre"


Et la grande Juliette Gréco, autre enfant terrible de Saint-Germain-des-Prés, sa "frangine d'utopie" vient de rependre dans son dernier disque (décembre 2006)
Un jour tu verras.
Sobre et bel hommage que ces quelques lignes de la muse de Saint-Germain-des-Prés" A toi Mouloudji voix pure de notre éternelle jeunesse et qui jamais ne s’éteindra. Merci »