lundi 11 mai 2009

LA FIÈVRE MONTE À... HADOPI


 


Génération mange-disque contre génération Internet ? Artistes " de gauche " contre chanteurs " de droite " ? Pas si simple. Dans le débat qui agite actuellement le monde culturel autour du projet de loi Hadopi, en discussion au Parlement et dont le but est de lutter contre le téléchargement illégal, caricaturer les positions des uns et des autres est tentant. Surtout après la lettre ouverte au Parti socialiste signée par quatre artistes - Juliette Gréco, Maxime Le Forestier, Pierre Arditi et Michel Piccoli, tous nés avant le milieu du siècle passé -, publiée dans Le Monde du 5 mai et demandant au PS, qui combat la loi, de " redevenir de gauche " en soutenant ce texte.

Le même jour, " Le Grand Journal " de Canal+ a fait entendre d'autres voix. A la question d'un téléspectateur : " A choisir, tu préfères que je télécharge ta musique illégalement ou que je ne l'écoute pas ? ", Véronique Samson, Faudel, Eddy Mitchel ont répondu sans détour : " Que tu ne l'écoutes pas. " L'interprète de Lèche-bottes blues a même apporté cette précision, à destination des mélomanes : " Si tu télécharges illégalement, c'est que tu as du caca dans les oreilles vu que ça donne une écoute absolument mauvaise. " France Gall a, pour sa part, avancé une solution radicale : celui qui télécharge illégalement son album avant sa sortie, elle le " tue ", vu que " lui ne se gêne pas pour tuer toute une profession ". A l'inverse, Camille, Lio, Bernard Lavilliers, Mikael Youn et Grand Corps Malade préfèrent qu'on les écoute... Le slammeur nuance cependant sa position : " Si t'as les moyens, vas acheter le disque, fais pas le crevard ! "

Cette diversité de points de vue a eu le mérite de rétablir un certain équilibre, de nombreux médias ayant tendance à affirmer que les artistes, dans leur globalité, sont pour la loi Hadopi. D'autres, de sensibilité de droite comme de gauche, de l'époque du microsillon ou de celle du téléchargement, jugent ce texte inadapté, anachronique et liberticide, et Canal+ a bien fait de le rappeler.

SYLVIE KERVIEL

 

Le Monde radio-télévision, 10-11 mai 2009