jeudi 29 mai 2008

Des engagements non tenus de Nicolas Sarkozy

« Si je suis élu, je ferai tout ce que j’ai dit » (M. Sarkozy, le 2 mai 2007).


- « Je veux être le président de l’augmentation du pouvoir d’achat. » (14 janvier 2007, porte de Versailles). En 2007, selon les mesures du Ministère de l’emploi, qui sont optimistes, le pouvoir d’achat global des Français a stagné. Depuis, avec l’accélération de la hausse des prix non compensée par la hausse des salaires, il a diminué.

- Réduire de 4 points les prélèvements obligatoires. Dès l’automne 2007, le document prévisionnel transmis à la Commission européenne pour la période 2009-2012 ne prévoit aucune baisse de ces prélèvements. Le gouvernement commence par nier qu’il oublie cet engagement. Le 27 mars 2008, François Fillon annonce, en substance, que cette baisse n’est plus à l’ordre du jour.

- Le 17 avril 2007, M. Sarkozy déclare vouloir « mettre la monnaie européenne au service de la croissance et de l’emploi » et s’engage à lancer des discussions à ce sujet avec ses partenaires. Un an après, rien n’a été fait et la question monétaire ne fait même pas partie des priorités de la présidence française.

- « La France n’a pas vocation à rester éternellement en Afghanistan » avait déclaré M. Sarkozy pendant la campagne présidentielle, laissant ouverte la possibilité d’un retrait. Virage complet : le 26 mars 2008, il annonce devant le Parlement britannique sa décision d’envoyer un millier d’hommes supplémentaires.

- « Si je suis élu Président de la République, je ferai voter dés l’été 2007 une loi qui interdira la pratique détestable des golden parachutes ». On attend toujours.

- « Je demande la suspension de TOUTES les négociations avec la Turquie » déclare le candidat. Dès le 26 juin, des négociations sont ouvertes sur trois nouveaux chapitres en vue de l’adhésion, et la France décide de ne pas stopper le processus. M. Sarkozy souhaite aujourd’hui supprimer l’obligation constitutionnelle de tenir en France un référendum pour tout nouvel élargissement de l’Union.

- « Je créerai une fiscalité écologique pour inciter les Français à adopter des comportements vertueux, notamment une TVA à taux réduit sur les produits propres. » La fiscalité écologique est une des grandes oubliées du Grenelle de l’environnement.

- « Je prends l’engagement si je suis élu de créer des écoles de la deuxième chance dans tous les départements » (Nantes, le 15 mars 2007). Au lieu de cela, 11200 postes sont supprimés dans l’Education nationale.

- « J’augmenterai de 25 % le minimum vieillesse, je revaloriserai les petites retraites et les pensions de réversion pour que ces retraités vivent mieux. » (23 janvier 2007) Les retraités qui ont vu leurs pensions augmenter de seulement 1,1 % apprécieront.

- « Pour les lunettes et les prothèses dentaires, je propose qu’on porte les remboursements jusqu’à 50 % » (23 janvier 2007). Le 13 avril 2008, la ministre de la santé envisage le déremboursement total des lunettes par la sécurité sociale.

mercredi 28 mai 2008

mon cher jc je ne comprends pas me voilà capable d'écrire moi même sur votre blog, décidément c'est à n'y rien comprendre, ceci pour vous dire que j'ai repris le temps de remettre le mien à jour, à plus tard,lydie

lundi 26 mai 2008

Le débat Royal-Delanoë sur le libéralisme est tout à fait surréaliste

Laurent Fabius estime que le débat entre Ségolène Royal et Bertrand Delanoë sur le "libéralisme" était "tout à fait surréaliste".

"C’est un débat tout à fait surréaliste", a-t-il estimé, interrogé à ce propos sur BFMTV et RMC. Les deux probables rivaux au poste de Premier secrétaire lors du congrès du Parti socialiste en novembre, Ségolène Royal et Bertrand Delanoë, se sont affrontés dimanche, par médias interposés, sur la définition du "libéralisme".

Selon Laurent Fabius, "le débat (au sein du PS) doit porter sur des questions de fond", comme "l’emploi", les "retraites", "l’Europe", la "santé", "l’environnement". "C’est ça les vrais problèmes, plutôt que d’inventer des oppositions qui sont un peu factices", a-t-il critiqué, estimant qu’il y avait aussi "un aspect un peu tactique" dans la prise de position de Bertrand Delanoë pour se démarquer de Ségolène Royal.

Souhaitant "qu’on évite justement ces pugilats", l’ancien Premier ministre a répété qu’il n’estimait pas que ce soit "une bonne chose" de nommer à la tête de PS quelqu’un qui sera aussi candidat en 2012, car "c’est un peu confondre les échéances". Déclarant soutenir les "reconstructeurs", le député de Seine-Maritime a jugé que le PS devait aussi préciser sa "stratégie" d’alliances par rapport à la gauche et au centre.

« Je reste à l’écart du pugilat au PS »

« Je vais vous dire ce que je souhaite, tout en restant à l’écart du pugilat. Nous avons un congrès du PS en novembre. D’abord, il faut éviter ces pugilats et ce n’est pas une bonne chose que l’on nomme à la tête du PS quelqu’un qui automatiquement sera candidat en 2012, parce que c’est un peu confondre les échéances. Deuxièmement, il est très important que l’on précise nos réponses sur un certain nombre de questions : l’environnement, l’emploi, le vieillissement et l’éclatement de la société, la question du déplacement du centre du monde et ce que fait l’Europe... » « Il faut qu’à la sortie du congrès les gens se disent « les socialistes ont des réponses ». Troisièmement, il faut qu’on précise nos stratégies, il y a eu du flou. Certains ont dit « Il faut abandonner le rassemblement de la gauche, il faut aller avec les centristes », d’autres, dont je suis, disent « rassemblement de la gauche, oui, mais ça peut s’ouvrir à d’autres »

« Si on répond sur ces trois questions, on aura avancé et c’est la raison pour laquelle je soutiens plutôt ceux que l’on appelle les reconstructeurs, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui n’ont pas envie de se situer dans un espèce de pugilat ou de duel et qui disent « faisons travailler ensemble toute une série de gens et essayons de répondre à ces questions » ».

« Mes pistes pour financer les retraites »

« On paye chaque année des intérêts de la dette qui sont énormes. C’est une des raisons pour lesquelles je trouve mauvais le choix qui a été fait le gouvernement de dépenser au moins 15 milliards d’euros supplémentaires chaque année pour des dépenses qui n’étaient pas prioritaires. Je suis partisan de revenir sur une partie de ces dépenses ». « Il y a d’autres choses à faire. On parle beaucoup du financement de la retraite, mais nous avons travaillé sur ce financement et je vous donne des pistes : le Cour des Comptes propose de taxer les parachutes dorés et les stock-options, ça peut rapporter 3 ou 4 milliards. Deuxièmement, au fur et à mesure que s’améliorera la situation de l’emploi, la cotisation qui va à l’Unedic pourrait aller sur la retraite. Troisième point : il y a toute une série d’exonérations sociales, les unes sont justifiées, les autres ne le sont pas ».

« Je ne voterais pas le texte sur les institutions »

Guillaume Cahour : La réforme des institutions est en ce moment en train d’agiter la sphère parlementaire, notamment l’Assemblée Nationale, avec ce débat qui a commencé il y a quelques jours : le Président de la République pourrait prendre la parole devant le Parlement réuni en Congrès, le renforcement du rôle du Parlement, il y a d’autres points encore. Est-ce que aujourd’hui vous seriez prêt à voter ce texte ?

Laurent Fabius : Je souhaite que finalement on nous propose un texte qui puisse être acceptable, mais aujourd’hui, je dis clairement que dans l’état du texte, je ne le voterais pas. Il y a eu des avancées mais il y a trois points qui doivent bouger de manière absolument nécessaire. Le premier point, c’est tout ce qui concerne les données électorales, ce n’est pas normal que l’on discute constitution mais qu’au même moment on nous dise que l’on ne peut rien changer pour le Sénat, pour les non-européens qui sont là depuis dix ans, que l’on peut changer des choses pour les députés et les régions... Il y a beaucoup à faire en matière électorale et ce n’est pas fait. Le deuxième point, c’est le Conseil Constitutionnel : c’est un organe qui a de plus en plus de rôles et qui, à travers la réforme de la Constitution, peut en avoir encore davantage, mais s’il a plus de rôles, il faut qu’il soit incontestable dans sa composition. Et troisième point, il faut qu’il y ait une égalité de temps de parole, c’est à dire qu’il faut que le temps du Président de la République, quand il s’exprime d’une manière politique, puisse être comptabilisé.

Guillaume Cahour : Les socialistes reviennent beaucoup dessus, en quoi est-ce si important pour vous ?

Laurent Fabius : Aujourd’hui, dans le monde moderne, la politique n’existe pas en elle-même, elle n’existe qu’à travers la télévision et la radio, et si vous avez une personne qui peut parler huit heures sans que personne ne puisse lui répondre, parce que c’est ça la réglementation actuelle, ce n’est évidemment pas équilibré. Donc on demande simplement qu’il y ait une égalité : Président de la République, majorité et opposition.

vendredi 16 mai 2008

Sarkozy découvre l'enseignement de l'esclavage à l'école

Du Journal du Dimanche à Libération, en passant par Le Monde, Le Figaro ou le Nouvel Observateur, la plupart des médias ont repris dans leur titre "l’annonce" du président Sarkozy faite le 10 mai, à l’occasion de la Journée de commémoration de l’esclavage:

"Sarkozy: l’esclavage enseigné à l’école" (JDD)

"L’histoire de l’esclavage sera enseignée à l'école primaire" (Le Monde)

"Abolition de l’esclavage : Sarkozy : "cette histoire doit être enseignée à l’école" (TF1)

"L’esclavage enseigné en primaire dès la rentrée" (Nouvel Obs)

"La traite des Noirs enseignée en primaire, annonce Sarkozy" (Libération)

"L’histoire de l’esclavage enseignée en primaire" (Le Figaro)

Et pourtant, derrière ces annonces en fanfare faites au nom de la mémoire… l’oubli.
Oubliés les dizaines de milliers d’enseignants qui enseignent l’esclavage depuis plusieurs années; niés les programmes de 2002 du primaire, qui eux ont officiellement introduit cette page de notre histoire comme jamais auparavant; nié l’effort entrepris par les éditeurs des manuels tant du primaire que du secondaire pour transmettre cet épisode à nos élèves; méprisé le travail de deux années de la commission des programmes du collège qui vient de proposer pour la première fois les traites et l’esclavage comme un thème d’histoire à part entière en classe de 4e.

De l’ « immémoire collective »

Comme le rappelait Chris Marker il y a quelques temps déjà, notre époque vit sans cesse de cette « immémoire collective » que l’actualité construit chaque jour. Le président Sarkozy participe activement à cette entreprise en se forgeant l’image du héros national ouvrant une nouvelle page de l’histoire de France…et les médias suivent en cœur cette mascarade, au mépris d’un patient et rigoureux travail mené depuis maintenant plusieurs années.

Avec la loi Taubira de 2001, puis les polémiques de 2005 autour du rôle positif de la colonisation, une véritable réflexion avait été amorcée sur la transmission pédagogique de l’esclavage à l’école. Cette réflexion s’est concrétisée et nourrie au travers de l’écriture des programmes de l’enseignement primaire et secondaire, et des manuels scolaires. De plus en plus de projets abordant cette histoire ont été réalisés dans de nombreuses académies de France, notamment à Nantes, Bordeaux, Rouen. Le monde scolaire dans son ensemble, en particulier justement dans le primaire, a donc commencé à s’emparer de l’histoire des traites, de l’esclavage et de leurs abolitions.
Il faut bien avouer que ce non-événement présidentiel a été facilité par les revendications d’associations militantes qui n’ont pas vu ou voulu voir ce travail effectué par l’école pour sortir l’histoire de l’esclavage des marges de l’enseignement. C’est ainsi que SOS Racisme vient de lancer une pétition intitulée "Appel pour l’enseignement de l’histoire de la colonisation et de l’esclavage", tendant à faire croire que l’occultation se poursuit. Or, il n’en est rien, et cette méconnaissance de la part de militants engagés pour une juste cause accrédite le geste du "prince".

A qui sert l’oubli ?

La journée du 10 mai 2008 restera une nouvelle illustration de la fabrique de l’opinion sans mémoire. Les informations du monde inondent notre vie pour s’oublier aussitôt. Les décisions ou déclarations politiques s’appuient de plus en plus sur cet oubli pour mieux s’imposer à nous, à un rythme qui s’accélère. Au terme d’un an de pouvoir, la communication présidentielle s’évertue encore à créer artificiellement des événements fondateurs. Hier avec la mémoire des enfants exterminés pendant la Shoah que devaient endosser les élèves de CM2, aujourd’hui avec l’esclavage au primaire, elle compte sur notre amnésie collective pour brouiller le réel et faire croire que tout commence avec son prestidigitateur.

mercredi 14 mai 2008

Un quart d'heure avant la révolte ?

Nous sommes loin de l'avant-Mai 68. Pourtant, l'impatience de la jeunesse face au marché sans frein est palpable
Au train où vont les choses, les commémorations de Mai 68 pourraient bien prendre l'allure d'un remake. Les corporations protégées se sentent menacées ; et pas seulement les cheminots. Les jeunes des « banlieues » sont toujours dans une sourde dissidence et les braises des émeutes ne s'éteindront pas de sitôt. Bonne nouvelle : les salariés les plus mal payés et les plus maltraités ne se taisent plus, à l'image des employés des supermarchés. Les lycéens et les étudiants les plus inquiets se mobilisent et se mobiliseront à la première occasion. Les fonctionnaires, les chercheurs et les professionnels de la culture se sentent abandonnés. Les policiers eux-mêmes en ont assez de « faire du chiffre ». Le prix des achats quotidiens augmente bien plus vite que les revenus. Les classes moyennes craignent que leurs enfants ne trouvent plus de place honorable. Les jeunes sont maintenant défavorisés, ils le savent et en veulent aux plus âgés qui craignent pour leurs retraites...

Bref, tous ou presque sont mécontents, même si c'est pour des raisons différentes, et souvent même pour des raisons opposées. Et, pendant ce temps, les très hauts revenus explosent et s'affichent comme le font les nouveaux riches : on n'a jamais vendu autant de voitures de luxe et les places des ports de plaisance ne satisfont pas la demande.

Le climat n'est pas à la révolution, il est celui que décrivait si bien Que la fête commence !, le film de Tavernier racontant une société se déchirant profondément quand la petite noblesse et les paysans n'y croyaient plus alors que la Régence s'amusait. Après les élections municipales, tout devient possible, car la popularité du prince est aussi basse que la croissance : qu'il parle ou qu'il se taise, qu'il avance ou qu'il recule, il paraît s'enfoncer dans une spirale d'illégitimité.

L'air du temps n'est pas sans rappeler celui qui a précédé Mai 68. Alors que la France semblait s'ennuyer, les salariés pensaient qu'ils ne profitaient pas de la richesse, et les grèves se multipliaient, bien avant le mois de mai. Les « groupuscules » élargissaient leur influence comme le fait maintenant la gauche de la gauche, alors que, hier comme aujourd'hui, la gauche parlementaire semblait trop incertaine pour gouverner. A y regarder de près, le climat social est bien plus mauvais aujourd'hui qu'il ne l'était voici quarante ans. Pourtant, tout oppose les deux périodes et, si la fête recommence demain, elle ne sera pas la répétition de Mai 68. A bien des égards, elle en sera même l'opposé.

Le gaullisme étouffait la société parce qu'il incarnait un trop plein d'Etat, une forme de monarchie républicaine dont bien des Français, notamment les plus jeunes et les plus « modernes », ne voulaient plus. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy incarne la faiblesse et les caprices de l'Etat au-delà d'un volontarisme verbal qui semble de plus en plus velléitaire et inconstant. Il incarne plus l'arrogance et la légèreté des plus riches que le poids des institutions.

En même temps, si l'opinion s'en détache dès qu'il s'agit de réformer la société, elle approuve les politiques de sécurité, cependant plus démonstratives qu'efficaces, elle soutient les accents des contre-réformes, elle approuve les leçons de morale en reprochant aux dirigeants de ne pas s'y plier, elle reste sourdement hostile aux migrants et à l'Europe. Elle déteste le narcissisme et le clinquant, elle craint le libéralisme et elle aime l'ordre.

Au-delà d'une critique morale des politiques sécuritaires les plus scandaleuses, la gauche de la gauche elle-même mêle des appels révolutionnaires à la nostalgie d'un ordre national républicain au nom duquel l'avenir serait plus derrière que devant nous, au nom duquel la nation nous protégerait mieux que l'Europe. Aussi la « fête » pourrait-elle être l'appel à un ordre d'autant plus parfait qu'il est perdu, bien plus qu'un désir de changement.

Mai 68 a été porté par un désir de libération. Nous vivons aujourd'hui les angoisses et les épreuves de la liberté, et pas seulement de la liberté économique. De tous les pays comparables, les jeunes Français sont ceux qui croient le moins aux vertus du marché, ceux qui ont le moins confiance dans les institutions, ceux qui ont le moins confiance en eux-mêmes, ceux qui pensent que leur avenir et celui de leur société est le plus sombre, et ceux qui sont le moins disposés à financer les retraites des aînés.

Les enquêtes nous apprennent aussi que les jeunes Français sont les seuls à penser que l'éducation doit apprendre la discipline plutôt que l'autonomie personnelle. Sur ce point, Mai 68 s'est renversé. Il est vrai que la croissance et le quasi-plein-emploi des années 1960 rendaient le partage plus facile hier et que l'avenir semblait plus ouvert. Il est vrai aussi que l'incapacité de la gauche à dessiner une véritable alternative réformiste, et donc à faire son travail en dehors d'une bonne gestion locale, ne laisse guère d'autre alternative à la révolte que la juxtaposition de défenses contradictoires.

Personne ne peut dire ce qui va se passer dans les mois qui viennent, et peut-être ne se passera-t-il rien de marquant. Personne ne peut savoir si la fête éclatera. Mais tous les ingrédients de l'explosion sont présents : faible adhésion au pouvoir, faiblesse tout aussi grande de l'opposition, addition de frustrations et de plaintes... Il suffit qu'une « maladresse » assemble ces éléments pour que la fête recommence. Dans ce cas, elle ne sera ni le retour de Mai 68 ni son refus, elle en sera comme l'image renversée.

François Dubet

lundi 5 mai 2008

Une année avec Sarkozy

Le Parti socialiste a célébré à sa manière la première année au pouvoir de Nicolas Sarkozy, en lançant une campagne intitulée "un an de désillusion et de régression".

Pour Ségolène Royal, battue le 6 mai 2007 par le candidat de l'UMP, le chef de l'Etat "au lieu d'être le président du pouvoir d'achat est le président de la régression sociale".

"Ce président avait beaucoup de cartes en mains il y a un an. Il les a gaspillées. Il ne faut pas s'en réjouir. La situation de la France est grave aujourd'hui", ajoute l'ancienne candidate présidentielle dans "L'Hebdo des socialistes", un journal distribué aux militants.

Son agenda de lundi et de mardi, jour anniversaire de la victoire de la droite, ne comporte aucun rendez-vous formel pour évoquer la première année de présidence Sarkozy.

Dans Le Parisien, François Hollande, estime de son côté que "Nicolas Sarkozy a été le Monsieur plus pour les riches et le Monsieur moins pour tous les autres".

"C'est le président du gâchis. Il a gaspillé 15 milliards d'euros en exonérations et cadeaux fiscaux", ajoute le premier secrétaire du PS, qui raille également le passage du "bling-bling au couac-couac".

Au total, 300.000 affiches illustrant les difficultés des Français - pouvoir d'achat, franchises médicales, augmentation des loyers, étudiants et retraités paupérisés - ont été tirées ainsi que trois millions de tracts.

Les socialistes y réclament à nouveau l'annulation du "paquet fiscal", la tenue d'une conférence sociale sur les salaires, l'encadrement des loyers, la baisse de la TVA sur les matières de première nécessité, la généralisation du "chèque transport" et l'annulation des franchises de santé.

"SE SOIGNER OU REMPLIR LE FRIGO?"

Au fil des pages, "L'Hebdo des socialistes" dresse la liste des "promesses non tenues", des "promesses tenues mais inefficaces" et enfin des "promesses malheureusement tenues".

En fin de publication, la rédaction publie dans la section "Culture - Livres" une critique croisée et ironique de "deux livres qui auraient dû être publiés avant le 6 mai 2007".

Les deux ouvrages - "Ça va mal finir", de François Léotard et "Des hommes d'Etat", de Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin - ont été rédigés par des hommes politiques de droite critiquant le bilan de Nicolas Sarkozy.

"Après un an, jamais un président n'avait connu une telle impopularité", a souligné Bruno Le Roux, secrétaire national du PS, lors d'un point de presse au siège du PS.

"C'est une année que les Français sanctionnent très durement (...) une politique injuste vécue quotidiennement", a-t-il ajouté, dénonçant le "boulet fiscal" des allégements d'impôts de la loi TEPA, adoptée l'été dernier.

En plus des engagements de campagne non tenus, il a évoqué les "moments d'humiliation" de l'an passé, aux yeux des socialistes, comme la visite de Mouammar Kadhafi à Paris, "le blanc-seing donné à la Tunisie" ou les discours présidentiels de Dakar et de Latran.

"Aujourd'hui, il y a des Français qui se posent la question s'ils doivent se soigner ou remplir leur frigo", a renchéri de son côté Razzye Hammadi, pour qui la France est aujourd'hui en "état d'urgence sociale".

""Des erreurs ont été faites mais pas seulement des erreurs de communication", a dit le jeune secrétaire national chargé de la "riposte".

Face à cette situation, le PS est "dans la nécessité de proposer". "Il n'y a pas de fatalité, vivre mieux est possible", a-t-il assuré, reprenant l'autre slogan de la campagne qui culminera samedi par une journée de débat et de tractage organisés par les fédérations départementales du PS.

"Nous avons le devoir de montrer qu'une autre politique est possible, donc de marteler nos contre-propositions", insiste Ségolène Royal dans le journal militant.