mercredi 18 juillet 2007

Éducation : l'idée de l'extension du service minimum provoque un tollé syndical

"Provocation", "meilleure méthode pour préparer un conflit social", les syndicats de l'Education réagissent vivement aux propos du gouvernement n'excluant pas d'étendre au secteur éducatif le dispositif de service minimum.

Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU

Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU

Les syndicats de l'éducation dénoncent, mercredi 18 juillet, l'intention du gouvernement, annoncée par le Premier ministre François Fillon et relayée par le ministre du Travail Xavier Bertrand, d'étendre le dispositif de service minimum à d'autres secteurs, dont l'Education nationale. Luc Bérille, secrétaire général de l'Unsa-Education estime que "si on voulait préparer à un conflit social, ce serait la meilleure méthode". Quant à Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, il dénonce des propos tenus "sans concertation", qu'il qualifie de "provocation qui n'a pas grand sens".

Darcos se veut apaisant

Le ministre de l'Education Nationale Xavier Darcos a tenté d'apaiser les esprits en indiquant que, "pour l'heure", le service minimum n'était envisagé que dans les transports. En soulignant toutefois que cela n'empêche pas de réfléchir à moyen terme à des dispositifs d'accueil, de continuité du service public dans l'Education nationale aussi". "J'ai toujours dit aux syndicats que toutes les questions évoquées dans la campagne présidentielle, y compris le service minimum, faisaient partie du débat que nous aurions le moment venu", a déclaré Xavier Darcos à la sortie du Conseil des ministres.

Une mesure "indispensable" pour Xavier Bertrand

Précédemment, le ministre du Travail Xavier Bertrand avait estimé "indispensable" que les enfants puissent être accueillis à l'école, se prononçant pour un service minimum dans l'Education nationale.
"Plaçons nous d'un point de vue pratique (...) s'il y a une grève il faut quand même s'organiser pour savoir ce qu'on va faire avec les enfants", a exposé sur France Inter le ministre, dont la loi sur le service minimum dans les transports est à l'examen depuis mardi au Sénat.
"Si vos enfants vont au lycée ou au collège, le problème est moins important mais si c'est dans le primaire et qu'il y a une grève, il faut trouver une possibilité d'accueil avec une assistante maternelle ou la famille. Est-ce que vous ne trouvez pas quand même qu'il est bon qu'on puisse accueillir les enfants à l'école, moi je pense que c'est effectivement indispensable, voilà notre logique", a-t-il ajouté, en citant l'exemple de sa propre fille "qui a moins de 12 ans".
"Maintenant, la question c'est quel est le bon vecteur juridique, une loi ou autre, c'est à déterminer", a ajouté le ministre. "Par contre, sur la finalité", le gouvernement n'a aucun doute : "Oui nous voulons renforcer les services minimums, cela veut donc dire renforcer les services publics".

Fillon aussi

Le Premier ministre, François Fillon avait déjà évoqué mardi soir sur France 3 la possibilité d'étendre le dispositif de service minimum à d'autres secteurs, dont l'Education nationale.
"Si ça marche, je ne vois pas pourquoi on ne l'étendrait pas à d'autres domaines, parce que l'objectif c'est quand même bien de fournir en permanence le meilleur service public à tous les Français", avait-il dit. "La démonstration qui sera faite de l'efficacité du dialogue social dans les transports peut ensuite servir de modèle pour être étendu dans d'autres secteurs, dont l'Education nationale", avait-il ajouté.
"Cela fait 10 ans que régulièrement tous les sondages montrent que 70 à 80% des Français sont exaspérés par les interruptions des services de transport aux heures de pointe", avait souligné le chef du gouvernement.

Crainte des pressions

Le projet de loi soumis mardi aux sénateurs prévoit notamment que "les salariés dont la présence détermine directement l'offre de service", comme les conducteurs de train, de bus, ou de métro, auront l'obligation de se déclarer comme grévistes s'ils souhaitent participer au conflit deux jours avant le déclenchement de celui-ci. Une disposition contestée par les syndicats, qui craignent des pressions de l'entreprise sur les salariés.
"Il n'y aura pas de pression plus qu'il n'y en a aujourd'hui", a répondu François Fillon. "Le droit de grève est un droit fondamental, le droit d'aller travailler aussi".

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