vendredi 7 septembre 2007

Les Marocains s’apprêtent à voter islamiste sans entrain


Le Parti pour la justice et le développement est donné favori développement est donné favori pour les législatives.

Difficile de croire que 15,5 millions de Marocains sont appelés aujourd’hui aux urnes pour des élections législatives présentées comme cruciales.Si le quotidien officiel le Matin rappelait hier en une que «voter est un devoir et un droit précieux», peu de Casablancais interrogés au hasard dans la rue semblaient vouloir en faire usage. Affiches électorales rarissimes, meetings désertés, etc. : à peine rentrés de vacances et en pleine préparation du ramadan, les Marocains ne se passionnent pas pour ce scrutin qui pourrait pourtant faire des islamistes du Parti pour la justice et le développement (PJD) la première force politique du pays. Pour la première fois présent dans l’ensemble des circonscriptions, le PJD espère doubler son score et remporter 70 à 80 sièges.

Absolu. Loin, très loin d’une majorité absolue. L’émiettement du paysage politique, un découpage électoral sur mesure et son rôle constitutionnel garantissent en effet au roi Mohammed VI un rôle d’arbitre absolu dans la formation du futur gouvernement et la politique qu’il mènera.

Le PJD, qui se défend d’être intégriste et que son dirigeant, Saâd Eddine el-Othmani, aime présenter comme un parti «démocrate musulman» sur le modèle des démocrates chrétiens européens ou de l’AKP en Turquie, a fait des efforts considérables pour lisser son image et rassurer le palais ainsi que les investisseurs occidentaux. Cette «normalisation» risque à terme de faire apparaître le PJD (voir photo de militants) comme une formation du système et de limiter la portée de ses critiques contre la corruption ou la mauvaise gouvernance. Le parti est concurrencé par l’association Al-Adl wa al-Ihssan, la plus influente dans la sphère islamiste au Maroc. Al-Adl wa al-Ihssan, qui puise ses racines dans le soufisme, n’a jamais obtenu de reconnaissance légale à cause de son refus de reconnaître la primauté religieuse du roi. Elle appelle d’ailleurs les Marocains à boycotter les élections d’aujourd’hui, qualifiées d’ «attrape rêveur» par Nadia Yassine, la fille du vieux cheikh Yassine, fondateur de l’association très présente dans les quartiers populaires.


Tripatouillage. A l’opposé, le PJD suscite le rejet des principaux partis de gouvernement, les socialistes de l’USFP, les nationalistes de l’Istiqlal et le Mouvement populaire, regroupés dans la «koutla», la grande coalition. Ces partis, d’obédience laïque, ont rejeté toute participation au gouvernement avec le PJD. Cette résolution tiendra-t-elle si le roi leur demande de faire de la place aux islamistes ? Les autorités, très soucieuses de la transparence de ces élections, pour leur crédibilité internationale, se sont engagées à fournir des résultats définitifs dès dimanche, afin de couper court aux rumeurs de tripatouillage qui avaient entaché le scrutin de 2002.


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