mercredi 19 septembre 2007

IRAN • Le monde retient son souffle et Kouchner parle, parle, parle


Sur la question iranienne, mieux vaut mesurer ses propos. L’alliance de la peur et du catastrophisme peut en effet nuire gravement à la paix mondiale. Le ministre des Affaires étrangères français vient de l’apprendre à ses dépens

Le ministre des Affaires étrangères français est une cible tentante pour ses détracteurs. A peine entré dans ses fonctions, et donc tenté de se lancer dans des déclarations publiques enflammées, sur les faits ou sa propre expérience, Kouchner a ces derniers temps semé la confusion tant au Liban qu’en Palestine. Le week-end dernier, il a reporté son attention sur la crise iranienne. Tout en expliquant qu’il restait favorable à la diplomatie, il a ajouté “nous devons nous préparer au pire, et le pire, c’est la guerre”. Ce commentaire a suscité un barrage d’invectives de la part de Téhéran. Mais quoi que l’on pense du jugement de Kouchner, il faut reconnaître cette fois qu’il a attiré l’attention de la communauté internationale sur une question essentielle pour le Moyen-Orient et pour le reste du monde. La question, dans ce cas du moins, n’est pas de savoir si l’analyse de Kouchner est valable, ni s’il s’est montré avisé en la formulant publiquement. La question est bien celle de la menace croissante que fait peser sur la stabilité régionale une combinaison de facteurs. Il y a d’abord la propension – avérée – du président George W. Bush à se lancer dans des guerres sous des prétextes douteux. Il y a ensuite la rhétorique alarmiste, souvent indissociable des réflexions occidentales sur les actions et les intentions de l’Iran. Mais le facteur le plus grave est peut-être le refus du gouvernement iranien actuel de prendre la mesure exacte de son image sur la scène mondiale et, en conséquence, son incapacité à conduire une politique qui servirait à la fois ses intérêts et ceux de son peuple.
Il est vrai que l’Iran est victime d’un double langage renforcé par la lâcheté crasse, l’ignorance délibérée et/ou le désir éhonté de propager la peur tant de la part des responsables que des journalistes occidentaux. Mais il est tout aussi vrai que les dirigeants iraniens ont joué le jeu de leurs ennemis par leurs rodomontades. En adoptant une attitude belliqueuse, Ahmadinejad aggrave le risque qu’une action militaire soit déclenchée contre son pays, que son peuple connaisse de terribles souffrances et que l’objectif tant convoité – le développement nucléaire – soit compromis.
Les deux camps auraient tout intérêt à suivre les conseils de Mohamed ElBaradei, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui recommandait le 17 septembre dernier de “garder notre sang-froid”, ajoutant que son organisation n’avait toujours pas trouvé la preuve que les Iraniens tentaient de fabriquer des armes nucléaires. Si l’Iran n’a rien à cacher, il n’a rien à perdre (et tout à gagner) à se montrer aussi honnête que possible avec l’AIEA. La fierté nationale est une bonne chose, mais elle ne devrait jamais se mettre en travers des intérêts nationaux, surtout quand plane ce qui semble être la menace de plus en plus lourde d’une nouvelle guerre inutile.

The Daily Star


ETEMAD-E MELLITéhéran se fâche contre Paris

"Nicolas Sarkozy adopte une ligne beaucoup plus dure que son prédécesseur envers l'Iran. Lui-même et son ministre des Affaires étrangères mènent le front contre Téhéran, alors même que le directeur de l'AIEA, Mohamed El-Baradei, a défendu nos bonnes intentions dans le dossier du nucléaire", commente le quotidien iranien. "Les récents propos de Bernard Kouchner vont à l'encontre de la position et de la dignité historique et culturelle de la civilisation française", a déclaré Mohammad Ali Hosseini, porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien.

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