mercredi 31 octobre 2007

TCHAD • L'Arche de Zoé dans l'œil du cyclone


La polémique enfle autour de l'arrestation au Tchad de responsables d'une ONG française, accusés d'avoir enlevé une centaine d'enfants en vue de les faire adopter en Europe. Le quotidien burkinabé Le Pays tente d'analyser l'affaire.


La gravité de l'affaire des 103 enfants tchado-soudanais qu'on aurait tenté d'enlever est à la mesure de l'absurdité de la situation qui prévaut au Darfour. Tels des voleurs pris la main dans le sac, des membres de l'association française l'Arche de Zoé ont été interceptés alors qu'ils s'apprêtaient à emmener une centaine d'enfants en France. Les condamnations sont unanimes, en attendant que la justice précise les circonstances dans lesquelles les faits sont survenus. Car il y a beaucoup de zones d'ombre autour de cette affaire, à commencer par l'importante logistique dont dispose l'Arche de Zoé et les autorisations obtenues par son avion pour atterrir au Tchad. Dans le flot de réactions, Alpha Oumar Konaré [ancien président du Mali, président de la Commission de l'Union africaine] est sans doute celui qui a le mieux planté le décor. Tout en condamnant l'acte de l'association française, il n'a pas pour autant occulté la responsabilité des Africains dans ce drame.

Dans un pays normal, pareille pagaille est difficilement imaginable. En outre, si des départs massifs d'enfants sont constatés, c'est en raison de la terreur que font régner les seigneurs de guerre dans la région. On le sait, les enfants sont les premières victimes des cruels affrontements dans ce Darfour où la haine de l'autre semble tenace. Pour preuve, des villages entiers sont rasés, comme s'il s'agissait d'effacer toute trace de certains peuples. Du reste, dans ce tohu-bohu général, il serait intéressant d'entendre les parents des enfants ou ce qu'il en reste. Sont-ils oui ou non favorables au départ en France de leurs enfants ? Leur réponse, si elle est sincère, permettra sans doute d'établir un peu mieux les responsabilités et de savoir s'il faut jeter l'opprobre sur l'Arche de Zoé.


Mahorou Kanazoe Le Pays (Burnika Fasso)


Comment l'Arche de Zoé démarchait sur l'Internet

Pour appeler les familles à accueillir, voire à adopter, un enfant du Darfour, l'Arche de Zoé démarchait sur le net, en jouant sur la corde de l'émotion.

«Aidez-nous à sauver ces enfants d'une mort certaine», «nous avons besoin de vous», «ensemble, essayons de sauver ces enfants»: pour démarcher les familles candidates à «l'accueil» d'enfants du Darfour, l'Arche de Zoé lançait depuis plusieurs mois appels et communiqués sur les forums consacrés à la famille ou à l'adoption, en France ou en Belgique. Les messages, rédigés le plus souvent par des «collaborateurs» de l'ONG, faisaient campagne sur le thème: «si vous ne faites rien, ces enfants vont mourir», et étaient parfois accompagnés d'appels au don et d'une vidéo poignante sur le conflit au Darfour. Des plans en noir et blanc montrant villages détruits et enfants affamés y apparaissent entrecoupés de messages compassionnels: «Donnons leur une chance de survivre», «ils ont besoin de nous»... Le tout sur une musique dans le même registre.


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