samedi 20 octobre 2007

FRANCE • Octobre noir pour le président

Le divorce de Nicolas et Cécilia Sarkozy n'a pas manqué de susciter les commentaires railleurs de la presse européenne. Revue de détail et jeu de massacre...

Le divorce de Nicolas Sarkozy n'a laissé personne indifférent en Europe : on ne compte plus les éditoriaux. Plus critiques les uns que les autres, d'ailleurs. A commencer par le Corriere della Sera, qui, dès jeudi, expliquait avec cruauté que "Nicolas Sarkozy voulait la rupture, il l'a eue. Il a gagné les élections en promettant une rupture avec le passé et l'immobilisme traditionnel français, mais c'est sa femme qui a rompu avec lui."

Le constat est presque plus sévère dans la Tribune de Genève, qui évoque "l'octobre noir" du président : "L'état de grâce est terminé. Place à l'état de crosses, celles qui s'abattent sur lui comme dans un derby de hockey sur glace. Après la tentaculaire affaire EADS, les bisbilles et chicayas au sein de sa propre majorité, les divergences croissantes avec la chancelière allemande Angela Merkel, voilà que Nicolas Sarkozy subit son grand bizutage de président : sa première grève des transports." Le tout nappé d'"une procédure de divorce" qui l'atteint "jusque dans sa vie privée". Heureusement, conclut Jean-Noël Cuénod, que "l'opposition socialiste lui permet de souffler !"

Cette conjonction de la grève des transports et de l'annonce officielle du divorce du président a, par ailleurs, le don d'agacer pas mal de quotidiens. A commencer par la Tageszeitung de Berlin, qui trouve "obscène" ce "hasard" du calendrier. Le très conservateur Daily Telegraph aussi : "Je me suis entretenu avec un ami français. 'Chapeau', m'a-t-il dit. Il parlait de Nicolas Sarkozy. Annoncer son divorce le jour de la plus grande grève des transports en douze ans est un coup de maître. Quel contre-feu ! Quel timing ! s'extasiait cet ami. Quel cynisme, fut ma seule réponse."

Et puis il y a ceux qui, comme la Frankfurter Rundschau, prennent cette information avec ironie : "Mon Dieu, que diront Jacques et Bernadette ? Un divorce à l'Elysée ! Ce Sarko a simplement trop d'énergie. Il fallait bien qu'il fasse exploser quelque chose un jour ou l'autre." Ou encore Die Welt : "Que vaut Sarkozy sans sa Cécilia ? C'est un fait qu'il a obtenu une bonne partie de ses succès non seulement accompagné de sa femme mais activement soutenu par elle. Son absence l'affaiblira-t-il sur le plan politique et en tant que président ? Ses collaborateurs ne veulent pas le croire. Mais Sarkozy se sentira un peu seul à l'Elysée."

Enfin, il y a les sérieux, comme Le Soir, pour qui "la séparation du couple Sarkozy est tout sauf une anecdote. Le divorce entre le maître de l'Elysée et la "First Lady", tout sauf juste une aubaine pour la presse people. Qu'il le veuille ou non, l'affaire sera un tournant dans le quinquennat du président français. Après six mois de mandat, celui-ci va tout simplement devoir se révéler tel qu'il est."

Et le quotidien de conclure sévèrement : "Fini la mise en scène, plus ou moins sincère, de sa vie privée. L'histoire dira – dès que l'on apprendra la chronologie du divorce – si Nicolas Sarkozy a menti en jouant la comédie de la réconciliation. Mais le voilà déjà, sans fard, les yeux dans les yeux avec les Français. Ceux-ci seront à même de le juger pour ce qu'il est : un homme politique porteur d'un projet, pas une sorte d'apprenti Kennedy cherchant à refabriquer un quelconque mythe."


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