2,6 millions de Sierra-Léonais sont appelés à voter pour élire Parlement et chef de l'Etat. Après dix ans de guerre civile, il s'agit d'un véritable examen de démocratie pour le pays.
Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes samedi 11 août en Sierra Leone pour des élections présidentielle et législatives décisives devant marquer le retour définitif de la paix et de la démocratie dans ce pays ruiné par dix années de guerre civile de 1991 à 2001.
De longues files d'attente ont commencé à se former devant plusieurs des 6.171 bureaux où le vote a débuté vers 7 heures (locales et GMT).Quelque 2,6 millions de Sierra-Léonais sont appelés aux urnes.Sept candidats sont en lice pour succéder au président sortant Ahmad Tejan Kabbah. Ce dernier, arrivé au pouvoir en 1996, en pleine guerre civile, ne peut se représenter après les deux mandats qu'il vient d'effectuer.
Deux candidats se détachent
L'élection devrait néanmoins se jouer entre les candidats des deux partis qui se sont successivement partagé le pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1961: le Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP, au pouvoir) et le Congrès de tout le peuple (APC, principal parti d'opposition).
Le vice-président sortant Solomon Berewa (SLPP) et Ernest Koroma, chef de l'APC, partent favoris à moins que l'ex-ministre Charles Margai, dissident du SLPP et neveu d'un des pères de l'indépendance Sir Milton Margai, vienne perturber l'ordre établi.
Pour être élu dès le premier tour, un candidat devra récolter plus de 55% des suffrages dans les 6.176 bureaux de vote du pays comme le prévoit la règle électorale sierra-léonaise."Je n'en vois aucun obtenir 55% (des voix). Cela va être très contesté et trop serré", prédit cependant le commentateur politique Ibrahim Karbgo.Les Sierra-Léonais devront également élire pour cinq ans 112 des 124 députés du Parlement monocaméral parmi 566 candidats, au scrutin majoritaire à un tour.Un référendum constitutionnel également prévu a été abandonné pour ne pas trop compliquer la tâche des électeurs.
Un défi démocratique
Les différents scrutins font figure de ballon d'essai démocratique pour l'ancienne colonie britannique à l'image ternie par des coups d'Etat et une guerre civile (1991-2001) qui figure parmi les plus violentes de l'histoire moderne, avec son lot de mutilations, recrutements forcés d'enfants soldats et d'autres graves violations des droits de l'Homme.
Les élections de 2002 - qui avaient vu la réélection d'Ahmad Tejan Kabbah au premier tour - avaient été organisées sous l'étroite supervision des Casques bleus de l'ONU, mais cette fois-ci les forces de sécurité seront seules pour maintenir l'ordre sous l'œil de la communauté internationale.
Environ 350 observateurs internationaux (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, Commonwealth, Union africaine, Union européenne) vont être déployés dans le pays.
Le début de la campagne électorale, qui a pris fin jeudi soir à minuit a été perturbé par des violences politiques dans plusieurs villes, dont la capitale Freetown, mais le calme est progressivement revenu depuis.
Une obligation de réussite
La Cédéao a d'ores et déjà averti qu'elle ne tolèrerait "aucune violence" au cours des élections.
De son côté, Victor Angelo, directeur du Bureau intégré des Nations unies en Sierra Leone, qui a remplacé la mission onusienne fin 2005, a estimé "qu'il n'y a pas d'alternative, cela doit bien se passer".
Le pays, qui regorge de richesses minières, dont des diamants, a vu ses infrastructures en grande partie détruites pendant la guerre et se trouve dans une situation critique malgré un fort soutien international, en particulier britannique.
Les programmes des candidats sont principalement centrés sur la lutte contre le chômage, la construction d'hôpitaux ainsi que la fourniture d'eau potable et d'électricité aux 5,5 millions de Sierra-Léonais.
Le pays a été classé en 2006 à l'avant-dernière place de l'Indicateur du développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).
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