Ainsi, au Nigeria 18 homosexuels risquent-ils la peine de mort.
Carte avec localisaton du Nigeria en Afrique
Le procès des 18 homosexuels vient de s'ouvrir devant une cour islamique de l'État de Bauchi. L'un des États de la Fédération nigériane où la charia est en vigueur et son application plus stricte depuis une dizaine d'années.
Le Nigeria compte 36 États qui disposent d'une grande autonomie en matière législative. La charia est appliquée dans la totalité des États du nord de la Fédération. Ils sont à majorité musulmane. Mais ce durcissement n’est pas propre aux seules zones musulmanes. Un projet de loi vise à interdire les unions homosexuelles, qui de toute façon n’ont pas de statut légal, et à punir ceux qui aident et encouragent gays et lesbiennes.
Si jamais ces jeunes hommes nigérians sont comdamnés pour sodomie, ils risquent la peine de mort par lapidation. Pour l’instant, et faute de témoins, ils ne sont «que» poursuivis pour «vagabondage» et «fainéantise», ce qui pourrait leur valoir un an de prison ou 30 coups de fouet.
Ils avaient été interpellés par la police le 8 août à Bauchi, trois jours après une cérémonie de mariage homosexuel durant laquelle ils s’étaient déguisés en femmes, portant soutiens-gorge, boucles d’oreilles, etc.
"Kiss-in" de soutien organisé devant l'ambassade du Nigéria à Paris par Act-Up
"Kiss-in" de soutien organisé devant l'ambassade du Nigéria à Paris par Act-Up
Les accusés, âgés de 18 à 22 ans, ont tous nié l’accusation de travestissement et d’homosexualité: ils ont expliqué s’être rendus à une fête de fin d’année pour célébrer l’obtention de leur diplôme. Cinq d’entre eux ont été libérés hier sous caution en attendant la reprise du procès. Les 13 autres ne pouvaient pas payer les 20.000 nairas (108 euros) demandés. A leur sortie du tribunal, en fourgon carcéral blindé, ils ont reçu des pierres lancées par une petite foule composée de femmes et de jeunes gens.
Dans toute l’Afrique, l’homophobie est en nette recrudescence.
En mai, lors de la première conférence de l’Ilga (International Gay and Lesbian Association), l’organisation faisait remarquer que 38 des 85 pays interdisant l’homosexualité se trouvaient en Afrique.
L’année dernière, la presse camerounaise avait «dévoilé» de façon nauséabonde des listes supposées d’homosexuels, déchaînant un tollé dans l’opinion publique à leur encontre. Peu de temps auparavant, l'évêque de Yaoundé, Tonye Bakot, avait à son tour fustigé les homosexuels dans une longue homélie.
Maitre Alice Nkom, avocate au barreau de Douala, a pris vigoureusement la défense de 11 homosexuels présumés, arrêtés en juin 2005 dans un bar de Yaoundé, et emprisonnés pendant plus d'un an dans des conditions sordides. L’un d’eux malade et violé en prison, Alim Momgoche, décéder du Sida dix jours après sa libération en juin 2006.
Une autre affaire camerounaise récente concerne six jeunes hommes accusés d'homosexualité et emprisonnés le 1er août dernier dans une prison de Douala après avoir été retenus plus de 10 jours dans un commissariat du nord de la capitale.
Ces jeunes gens sont placés en détention provisoire pour six mois, officiellement "pour les besoins de l'enquête".
Alice Nkom et Alim Momgoche
Alice Nkom et Alim Momgoche
Interrogée sur RFI, le 21 aôut, maître Nkom dit son inquiétude aussi bien sur le sort des 18 jeunes nigérians que sur les prétextes fallacieux mis en avant par la police et la justice camerounaises pour l'arrestation de ces six camerounais.
L'Ouganda réprime l'homosexualité masculine par la loi, à partir d'une législation introduite par la colonisation britannique au dix-neuvième siècle, qui peut conduire les personnes arrêtées à des peines d'emprisonnement à vie.
Les gays et les lesbiennes sont sujets à des violences homophobes émanant de bandes qui sévicent particulièrement dans les zones rurales où vit la majorité de la population.
Les organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent régulièrement la passivité –voire la complicité- des autorités qui ne mettent pas fin à ces actions hors-la-loi.
Manifestation à Londres (été 2006) contre la dictature de Mugabe Au Zimbabwe, le dictateur Robert Mugabe ne perd jamais une occasion de dénoncer le lobby homosexuel occidental, censé militer contre lui. Il a plusieurs fois traité les homosexuels de sous-humains « valant moins que les porc et les chiens ».
Gay Parade à Johannesbourg en septembre 2006
Même en Afrique du Sud, seul pays du continent à autoriser les mariages gays, les meurtres de lesbiennes sont chose courante, comme le dénonçait récemment Human Rights Watch.
Pour être un "véritable" Africain
Les homosexuels n’ont jamais eu de chance : sous le colonialisme, être un bon Africain c’était croire en Dieu et donc condamner sans réserve Sodome. Sous les régimes marxistes, le bon citoyen africain devait fuir l’homosexualité, celle-ci étant vue comme une déviation propre à la bourgeoisie, une conséquence de la décadence capitaliste.
Les adversaires de l’homosexualité en Afrique expliquent leur hostilité par des raisons essentiellement religieuses et culturelles, affirmant que les relations entre personnes du même sexe sont dénoncées dans le Bible ou le Coran et qu’elles n’ont jamais existé dans la société africaine pré-coloniale.
Les adversaires de l’homosexualité en Afrique expliquent leur hostilité par des raisons essentiellement religieuses et culturelles, affirmant que les relations entre personnes du même sexe sont dénoncées dans le Bible ou le Coran et qu’elles n’ont jamais existé dans la société africaine pré-coloniale.
Les experts religieux des deux camps poursuivent d’ailleurs leur polémique, parfois animée, sur l’interprétation correcte des références scripturales concernant l’homosexualité.Des recherches récemment entreprises par des experts africains et du Nord contestent, toutefois, l’affirmation selon laquelle l’homosexualité en Afrique est une importation du colonialisme. Des recherches menées parmi les populations Gikuyu de la région de Murang’a, dans le centre du Kenya, par Wairimu Ngaruiya Njambi et William O’Brien indiquent que le mariage "femme-femme" était généralement bien accepté lorsque ces relations permettaient d’amener des enfants dans les foyers ou d’apaiser les différends en matière de droits de succession foncière ou autres biens. D’autres recherches ont permis de découvrir des pratiques homosexuelles et bisexuelles traditionnelles chez les hommes de certaines cultures africaines, ainsi que des mots pour désigner l’homosexualité, les homosexuels et les lesbiennes, dans un grand nombre de langues vernaculaires.
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