Les zapatistes résistent encore et toujours dans l'Etat du Chiapas, au Mexique, et ce, même si, depuis un certain temps, on les a un peu oubliés. La Jornada, un quotidien très à gauche, explique que leur dernier combat est écologique. Dans la banlieue de San Cristobal de las Casas, une des principales villes de l'Etat du Chiapas, ils ont créé la première réserve écologique indienne et autonome du pays.
Il s'agit en fait de "geler" des terres qui, sinon, auraient été englouties par le développement de la ville. Mais évidemment, nos zapatistes n'ont pas choisi n'importe quel bout de terre. Non, ils ont pris soin d'installer leur campement non loin d'une usine Coca-Cola qui – disent-ils – pompe allègrement des millions de litres d'eau dans une rivière toute proche. Sans compter que c'est dans cette banlieue que se sont installés les notables de la ville, avec villas et jardins somptueux.
Dès lors, la réserve écologique indienne avec ses tentes, sa musique, ses allées et venues permanentes, ses meetings fait un peu désordre dans l'arrière-cour de Coca-Cola et à deux pas des gazons impeccablement entretenus de la bourgeoisie locale. Et c'est précisément pour cela que les zapatistes (voir photo zapatistes au Chiapas) ont installé leur réserve à cet endroit : à savoir pour gêner. Sans violence bien sûr, ce qui est encore pire puisqu'on ne peut rien reprocher à ces maudits écolo-zapatistes.
On ne résiste pas seulement au Mexique. On résiste aussi aux Etats-Unis. C'est le Los Angeles Times qui revient cette fois sur l'histoire d'Elvira Arellano, une jeune Mexicaine de 32 ans, mère d'un enfant de 8 ans (voir photo). Mais surtout, Elvira est devenue en un an le symbole même du problème de l'immigration clandestine aux Etats-Unis. En fait, il y a un an, elle a failli être renvoyée au Mexique sans son fils. Tout simplement parce que lui est né aux Etats-Unis et qu'il est donc inexpulsable. Pour éviter cette situation, Elvira Arellano s'est réfugiée dans une église méthodiste de son quartier à Chicago. Comme au Moyen Age lorsque les églises servaient de refuge inviolable ou comme en France, il n'y a pas si longtemps, dans l'affaire de l'église Saint-Bernard. Le pasteur de la paroisse, Walter Coleman, n'a pas hésité un instant à la recueillir avec son fils.
Mais depuis un an, la situation est bloquée. D'autant qu'Elvira ne s'est pas contentée de camper dans le temple méthodiste. Elle a aussi multiplié les interventions dans les églises partout dans le pays, et, toujours accompagnée de son fils, plaidant inlassablement pour une réforme de la loi sur l'immigration et la régularisation des 12 millions de clandestins qui vivent aux Etats-Unis.
Avant-hier, elle était à Los Angeles. Son fils de 8 ans l'accompagnait et elle sortait d'une église, catholique cette fois. A peine sortie, deux voitures de police se sont arrêtées près d'elle et l'ont tout bonnement emmenée. Elvira a juste eu le temps de calmer son fils et de le confier aux bons soins des amis qui l'accompagnaient. Aujourd'hui, Elvira a été expulsée vers le Mexique. Son fils a été recueilli par le pasteur de Chicago en attendant un hypothétique retour de sa mère. Le Los Angeles Times rappelle qu'il y a plus de 3 millions d'enfants nés aux Etats-Unis dont un des parents est sans papiers, donc expulsable comme Elvira. Mais il y a aussi des milliers d'Américains qui résistent – souvent par le biais de leurs églises – et qui cachent et aident des familles de sans-papiers.
Enfin, il y a des actes de résistance qui ont marqué l'Histoire… Comme en Argentine, où l'on commémore ces jours-ci les 35 ans du massacre de Trelew, une ville en Patagonie et aussi une prison fédérale où, de 1970 à 1983, les juntes successives ont enfermé des prisonniers politiques. Le quotidien argentin Pagina 12 revient sur ce 15 août 1972, le jour où 120 prisonniers de Trelew se sont mutinés et ont pris le contrôle de la prison. Malheureusement, le plan a échoué et seuls 25 prisonniers ont réussi à prendre la fuite. Sur ces 25, 6 seulement ont réussi à s'enfuir pour le Chili de Salvador Allende – nous étions en 1972.
Les 19 autres ont tous été conduits sur une base navale, la base Almirante Zar, et ont été fusillés le 22 août 1972. Pour honorer leur mémoire, 300 anciens détenus de la prison de Trelew feront demain le déplacement et reviendront pour la première fois sur les lieux de leur détention. Leur message est clair : entre 1970 et 1983 de 10 000 à 12 000 prisonniers politiques sont passés par les prisons argentines et ceux qui en ont réchappé, mais aussi l'ensemble du peuple argentin, ne doivent pas oublier les 19 fusillés de Trelew. Parce que, comme le souligne un des rescapés de cette prison sinistre : "Nous avons tenu parce que, malgré nos différences politiques, nous étions tous des frères. Et aujourd'hui, nous voulons montrer à tous que seul la solidarité et la dignité nous ont permis de résister encore et encore à ce régime de destruction."
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