Arrivé dimanche en Irak, M. Kouchner a été reçu lundi par le président Jalal Talabani et a rencontré d'autres responsables irakiens. Il a souhaité que les différentes communautés irakiennes soient associées à la lutte contre la violence, plaidant également pour une participation accrue des Nations unies. C'est le premier voyage d'un haut responsable gouvernemental français depuis l'intervention américaine en 2003.
Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a rappelé mardi depuis Bagdad l'indépendance de la politique française sur l'Irak vis-à-vis des Etats-Unis et affirmé que les Irakiens avaient réservé un "accueil merveilleux" à la délégation française.
"Nous ne sommes pas passés par les Américains" pour ce voyage, a soutenu le chef de la diplomatie française sur RTL, expliquant qu'il avait "prévenu quelques heures avant Mme (Condoleezza) Rice" de sa visite, au même titre que le ministre Allemand des affaires étrangères ou la présidence portugaise de l'Union europénne.
"Il fallait être là", a-t-il plaidé, témoignant de "l'accueil merveilleux" des Irakiens, qui "attendent quelque chose" de la France.
"Tout le monde sait que les Américains ne pourront pas sortir ce pays de la difficulté tous seuls", a-t-il ajouté.
"Avant, il y avait une attitude qui consistait à dire: 'Circulez, il n'y a rien à voir'. C'est tellement compliqué, c'est tellement fichu d'avance qu'il ne faut plus s'en occuper. Eh bien, ce n'est pas l'attitude de la France", a-t-il déclaré, expliquant qu'il avait rencontré "toutes les composantes de la société irakienne" en vue de "comprendre et présenter éventuellement une participation".
"Nous nous rendons mal compte, vu de loin, de ce qui va se passer ici", a par ailleurs estimé M. Kouchner, évoquant les affrontements communautaires qui ensanglantent l'Irak. "Je crois vraiment qu'en fonction de ce qui va se jouer ici, le monde sera changé... et nous devons en être."
Le voyage qui ramène la France dans le marigot atlantiste
Hassane Zerrouky (journal L'humanité)
Extraits de l'article du 21 août
"Que peut-on faire pour vous aider en Irak" glissait Bernard Kouchner à Condoleeza Rice lors de sa visite en France en juillet. Ces propos rapportés par le Canard Enchaîné du 4 juillet, montrent si besoins est que la visite du chef de la diplomatie française ne constituait nullement une surprise.....
...Pour le président Bush et les néoconservateurs américains, la visite de Kouchner en Irak est pain béni: elle permet à la Maison-Blanche, de plus en plus isolée au plan interne sur le dossier irakien, d'exorciser ses démons. Elle donne du crédit aux commanditaires d'une guerre qui restent convaincus , en dépit de l'enlisement US en Irak qu'il est encore possible de la gagner au nom des valeurs occidentales.
Certes, pour le ministre des Affaires étrangères français, ce coup d'éclat permet d'effacer le fait qu'il ait été tenu à l'écart des infirmières bulgares et de redorer son blason. Mais, plus généralement, il s'inscrit en droite ligne des convictions qu'il a de tout temps mis en avant.
En effet, sa vision de l'intervention au nom du droit d'ingérence humanitaire n'est au fond pas si éloignée de celle développée par George W. Bush au nom de la défense de la morale chrétienne conservatrice.
Jean-Pierre Chevènement : "un alignement de la France sur la politique sur la politique américaine"
Le voyage de Bernard Kouchner en Irak est "totalement inopportun", dénonce lundi l'ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement, qui estime qu'une semaine après la visite de Nicolas Sarkozy dans la propriété des Bush à Kennebunkport, la visite à Bagdad du ministre français des Affaires étrangères "vient témoigner de l'alignement de la France" sur la politique américaine. "Je trouve que cette visite de M. Kouchner à Bagdad apparaît comme un voyage à Canossa, quand les empereurs venaient, repentants, à genoux dans la neige, confesser leurs fautes au pape", a critiqué l'ancien député-maire du Territoire de Belfort sur Europe-1.
"On a l'impression, huit jours après la visite de M. Sarkozy à M. Bush, que M. Kouchner vient témoigner de l'alignement de la France. Disons que le bénéfice du non-alignement de la France sur la politique américaine au moment de l'invasion de l'Irak est gaspillé", a encore estimé celui qui avait démissionné en 1991 de son poste de ministre de la Défense pour protester contre l'engagement de Paris au côté de Washington dans la guerre du Golfe.
En 2003, "la France avait acquis aux yeux du monde arabe et du monde musulman une certaine stature et là, nous retombons lourdement du côté de ceux qui ont plus ou moins soutenu cette équipée", a-t-il poursuivi, après avoir souligné que "ce n'était pas le moment pour la France de faire ce geste (...) important", le jugeant "totalement inopportun".
La quadruple attaque aux camions piégés, mardi dans le nord du pays, fait de celle ci l'attentat le plus meurtrier depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003.
Noël Mamère traite Kouchner de "petit caniche" des Etats-Unis
Noël Mamère, député des Verts, a affirmé mardi 21 août à propos de la visite de Bernard Kouchner en Irak que "la France se comporte comme un petit caniche" à l'égard des Etats-Unis."
"L'arrivée de Bernard Kouchner à Bagdad, si peu de temps après la rencontre entre Bush et Sarkozy est un signe envoyé aux Etats-Unis, qui est le signe de la soumission", a-t-il dit sur RTL.
Selon lui, "dans cette circonstance, la France se comporte comme un petit caniche".
"C'est une manière de se salir les mains que d'aller à Bagdad après la visite de Sarkozy chez Bush. C'est une manière de cautionner la politique américaine en Irak", a-t-il dit.
Il a en outre dénoncé l'"imposture" de Nicolas Sarkozy de vouloir faire croire aux Français que la France, à elle toute seule, va pouvoir régler le problème irakien".
Des blessés à l'hôpital de Dohuk le 15 août, au lendemain des attentats dans des villages kurdes yézidis du nord de l'Irak
mardi 21 août 2007
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