Alors que le pouvoir fait saisir les journaux indépendants et traîne leurs directeurs et leurs journalistes devant les tribunaux, les Marocains d’apprêtent à aller voter. En fait, pour la majorité, à ne pas voter. Car beaucoup ne voient pas toujours l’utilité d’élire des députés dans une monarchie absolue.
Autant la présidentielle française avait passionné les Marocains, autant ils se foutent de leurs législatives, prévues le 7 septembre prochain « je n’irai pas voter, et je ne connais pas grand monde qui va se déplacer le jour du scrutin », prévient Ali, tenancier d’un café de Tanger, en vérifiant scrupuleusement derrière lui. « Non parce que nous sommes en degré d’alerte maximale, mais parce que, ici, les élections sont une formalité destinée à pavoiser sur la scène internationale »
Déjà, en 2002, à peine un électeur sur deux était aller voter.
C’est dire si au royaume de Mohammed VI, qu’il convient désormais d’encenser comme le souverain d’un régime rénové, purifié, et libéré, les élections ne servent toujours qu’à répartir les pantoufles parlementaires entre les vieux partis corrompus (USFP, Itisqlal) et les nouveaux admis comme le PJD (Parti de la justice et du développement), islamiste.
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Un seul parti, le palais
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Pour cela, même pas besoin de bourrer les urnes : le jeu politique se limite à une cuisine électorale mitonnée par le grand chef Fouad Ali-El Himma, ministre délégué à l’Intérieur. Soit les partis se mettent d’accord en amont sur la répartition des résultats, en limitant comme en 2002 le nombre de circonscriptions où tel parti peut se présenter, soit il se charge de piloter lui-même les résultats, en redessinant, comme cette année, le découpage électoral…En 2002, 11% des observateurs de Tranparency Maroc ont été témoins d’opérations d’achats de vois, et 24% ont noté l’utilisation de fonds publics au profit de certains candidats. Si bien que, cette année, l’ONG refuse de participer à la supercherie.
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(dessin avec El-Himma et M6)
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(dessin avec El-Himma et M6)
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En 2007, alléché par l’aide financière européenne – deux cent mille euros pour simuler la transparence –, Fouad Ali-El Himma a promis de laisser travailler le collectif de deux cent dix-sept associations censées surveiller le processus électoral. Mais aucun texte réglementant leurs interventions n’est sorti des tuyaux…
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La boucler ou se faire boucler
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La boucler ou se faire boucler
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Quant à la campagne, elle est simplement inexistante – si ce n’est une vague tentative de persuader les Marocains de s’inscrire sur les listes électorales et de se déplacer le jour J.
Seuls les anciens de Sciences-Po, quelques médias indépendants, comme TelQuel, la fondation Friedrich-Ebert, avec l’écrivain et journaliste Driss Ksikes, tentent de susciter le débat.
Sur le net, puisque « le Net est devenu l’espace le plus libre et le moins surveillé », explique l’agitateur. Sue le site http://www.electionsmaroc.com/ récemment ouvert, les questions posées par les internautes locaux permettent de se faire une idée du degré de démocratisation de la royauté marocaine : « Est-ce que ces élections valent le coup ? » « Est-ce que le vote a un sens dans une monarchie exécutive ? » Une seule réponse à ces interrogations : non.
Le rôle du gouvernement comme du Parlement, simples chambres d’enregistrement, est d’entériner les décisions royales. Mohammed VI demeure le seul instigateur de la politique économique – dictée par les bailleurs de fonds internationaux – et de la politique sociale – limitée, sa priorité étant avant tout de pérenniser son fastueux train de vie. « Entre mon roi et moi existe un lien sacré, ma Bey’a », soutient une jeune fille. « Via ce contrat je désigne le roi comme étant mon seul représentant, législatif, judiciaire et exécutif, et suis contre toute réforme constitutionnel qui vise la limitation de ses pouvoirs »
Résultat : la vie des Marocains n’est pas un conte de fées. Le Maroc est toujours classé 124e sur 177e dans les indices de développement humain, le taux de chômage est si élevé qu’aucune statistique fiable n’est disponible, la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté et 8% des Marocains croupissent dans des bidonvilles (voir photo). Le dénuement culturel est tel – 43% d’analphabètes et seulement 243 bibliothèques, avec pas plus d’un million de livres consultables dans tout le pays – qu’il permet d’entretenir le culte de la royauté.
Quand à ceux qui manifestent trop bruyamment leurs désaccords avec la gestion de droit divin de Mohammed VI, on les envoie vérifier illico si l’herbe est plus verte en taule.
C’est le cas de sept syndicalistes arrêtes le 1er mai dernier pour avoir scandé des slogans antimonarchiques ou de nombreux journalistes. Comme en témoigne le harcèlement récent subi par les directeurs de plusieurs publications indépendantes.Du coup, la quarantaine de partis autorisés à se présenter est forcément d’accord sur l’essentiel : continuer, pour exister, à faire la danse du ventre à Sa Majesté.
Quant à la campagne, elle est simplement inexistante – si ce n’est une vague tentative de persuader les Marocains de s’inscrire sur les listes électorales et de se déplacer le jour J.
Seuls les anciens de Sciences-Po, quelques médias indépendants, comme TelQuel, la fondation Friedrich-Ebert, avec l’écrivain et journaliste Driss Ksikes, tentent de susciter le débat.
Sur le net, puisque « le Net est devenu l’espace le plus libre et le moins surveillé », explique l’agitateur. Sue le site http://www.electionsmaroc.com/ récemment ouvert, les questions posées par les internautes locaux permettent de se faire une idée du degré de démocratisation de la royauté marocaine : « Est-ce que ces élections valent le coup ? » « Est-ce que le vote a un sens dans une monarchie exécutive ? » Une seule réponse à ces interrogations : non.
Le rôle du gouvernement comme du Parlement, simples chambres d’enregistrement, est d’entériner les décisions royales. Mohammed VI demeure le seul instigateur de la politique économique – dictée par les bailleurs de fonds internationaux – et de la politique sociale – limitée, sa priorité étant avant tout de pérenniser son fastueux train de vie. « Entre mon roi et moi existe un lien sacré, ma Bey’a », soutient une jeune fille. « Via ce contrat je désigne le roi comme étant mon seul représentant, législatif, judiciaire et exécutif, et suis contre toute réforme constitutionnel qui vise la limitation de ses pouvoirs »
Résultat : la vie des Marocains n’est pas un conte de fées. Le Maroc est toujours classé 124e sur 177e dans les indices de développement humain, le taux de chômage est si élevé qu’aucune statistique fiable n’est disponible, la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté et 8% des Marocains croupissent dans des bidonvilles (voir photo). Le dénuement culturel est tel – 43% d’analphabètes et seulement 243 bibliothèques, avec pas plus d’un million de livres consultables dans tout le pays – qu’il permet d’entretenir le culte de la royauté.
Quand à ceux qui manifestent trop bruyamment leurs désaccords avec la gestion de droit divin de Mohammed VI, on les envoie vérifier illico si l’herbe est plus verte en taule.
C’est le cas de sept syndicalistes arrêtes le 1er mai dernier pour avoir scandé des slogans antimonarchiques ou de nombreux journalistes. Comme en témoigne le harcèlement récent subi par les directeurs de plusieurs publications indépendantes.Du coup, la quarantaine de partis autorisés à se présenter est forcément d’accord sur l’essentiel : continuer, pour exister, à faire la danse du ventre à Sa Majesté.
Ziri Houri (Charlie Hebdo du 15 août)
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Depuis 2002, l’Union socialiste des forces populaires (USFP) détient 50 sièges, l’Istiqlal, 48, le PJD 42, le RNI(rassemblement national des indépendants) 41. Le reste des 325 sièges a été distribué aux 20 partis restants
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Mohammed VI est de santé fragile, dit-on...Sauf pour squizzer la presse indépendante.
Depuis le début de l'été, l'Etat marocain fait preuve d'une énergie inépuisable pour rappeler aux journalistes que leur métier n'est pas d'informer.
Le tribunal correctionnel de Casablanca a infligé huit mois de prison ferme à Mustapha Hormat Allah (sur photo à droite), journaliste à l'hebdomadaire Al Watan Al An, pour publication de « documents confidentiels » concernant la lutte antiterroriste.
Le directeur de ce journal, Abderrahim Ariri (sur photo à gauche) a écopé de six mois avec sursis.Le premier comparaissait détenu alors que le second était en liberté provisoire. Les deux journalistes devront en outre verser chacun une amende de 1000 dirhams (90 euros). « Ce verdict nous choque. Nous étions venus pour entendre un verdict qui nous acquitte et nous avons entendu un verdict qui ne nous a pas rendu justice », a déclaré aux journalistes M. Ariri. « Nous allons nous réunir avec nos avocats et les ONG qui ont pris notre défense pour définir la suite à donner à cette décision de justice », a-t-il ajouté.
C'est la première fois depuis quatre ans qu'un journaliste est condamné à la prison ferme au Maroc.
En juin 2003, la cour d'appel de Rabat avait infligé trois ans de prison au journaliste L'mrabet, directeur de deux hebdomadaires pour « outrage au roi ».
C'est la première fois depuis quatre ans qu'un journaliste est condamné à la prison ferme au Maroc.
En juin 2003, la cour d'appel de Rabat avait infligé trois ans de prison au journaliste L'mrabet, directeur de deux hebdomadaires pour « outrage au roi ».
Ahmed Benchemsi (voir photo), le jeune directeur (33 ans) de deux magazines réputés, Tel Quel (20 000 exemplaires en moyenne, francophone) et Nichane (20 000 exemplaires, arabophone), risque d'en faire les frais, comme, avant lui, l'équipe du Journal Hebdomadaire.
Benchemsi comparaîtra en justice le 24 août. Ce journaliste à la plume brillante et irrévérencieuse a été inculpé, le 6 aôut, de "manquement de respect dû à la personne du roi" Il risque jusqu'à cinq années de prison.
TelQuel, saisi la semaine dernière a reparu samedi sans son éditorial. Au centre d'une page blanche, à la place de l'éditorial, la rédaction affirme que « pour ne pas polémiquer », elle a choisi de retirer l'éditorial et le bilan des huit années de règne de Mohammed VI.
Le reste du numéro a été conservé sans changement, ajoute la rédaction.
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