mercredi 25 février 2009

Les Tiberi de plus en plus isolés



Le tribunal de Paris organisait hier une confrontation générale des onze prévenus dans l'affaire des faux électeurs du 5e arrondissement, qu'elle étudie jusqu'au 4 mars. Si la fraude n'est plus à prouver, compte tenu des éléments fournis durant le procès, le juge Jean-Paul Albert a eu bien du mal à obtenir des aveux de la plus fidèle lieutenant de Jean et Xavière Tiberi.


Première adjointe du 5e au moment des faits, Anne-Marie Affret, qui occupe toujours ce poste et défend le couple bec et ongles, a refusé de dévoiler le nom de ses donneurs d'ordres. « Il y a des responsabilités ?, lui demande le président. - Sûrement monsieur. - Dans cette salle ? - On est tous là de toute façon. - C'étaient des personnes au-dessus de vous ? - Forcément, oui. » Certes, elle recevait bien « des transmissions » de Xavière Tiberi sur différents sujets, mais « ce n'était pas un ordre ». « Jean Tiberi, c'était le cerveau, c'est évident, continue Anne-Marie Affret, évoquant les affaires courantes de la mairie. Les initiatives, c'est pas moi qui peux les prendre. » Jean Tiberi n'a, lui, « jamais, jamais, jamais » eu connaissance des problèmes de faux électeurs. « Je n'ai jamais fait un faux, jamais il n'y a eu de preuve. Et je m'en félicite », lance-t-il. Le juge, pourtant connu pour sa mesure jusqu'alors, lève les bras et les yeux au ciel. « C'est une manifestation spontanée alors ? Comment ça peut exister ? Comment ils arrivent ces faux électeurs ? » Pas de réponse.

Le chef du bureau des élections à l'époque, Olivier Favre, raconte ensuite les « radiations ciblées » dans le 5e. « On nous a dit de radier d'office les électeurs des lycées Henri-IV et Louis-le-Grand qui n'y habitaient plus, car ils ne votaient pas pour Jean Tiberi. Ces radiations étaient justifiées. Mais c'était une faute de s'arrêter uniquement à ces adresses. » Il évoquera aussi des séances de « photocopies de cartes électorales » tard le soir dans le bureau des élections. Selon le registre du gardien, Jean et Xavière Tiberi étaient de la partie. « 23 avril 1997, arrivée de Jean Tiberi à 22 h, départ de Jean et Xavière Tiberi à 23 h 12 », lit le juge. « Je ne sais pas pourquoi il écrit ça, je n'ai jamais mis les pieds dans ce bureau », répond Jean Tiberi. Anne-Marie Affret n'a pas la même capacité à nier. Face à une énième question du juge sur la responsabilité du couple, elle craque : « Je crois que je vais m'arrêter là, c'est trop, je ne sais plus où donner de la tête. J'espère que mon avocat me défendra bien », lâche-t-elle dans un soupir. Elle se retourne vers lui. Son défenseur a changé de place et s'assied désormais du côté de la partie civile, loin de la troupe des avocats du clan Tiberi. 

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