lundi 29 décembre 2008

Mon amour



Parce que j'avais senti la première odeur de l'été

j'avais cru que je vivrais mille ans
auprès de toi
mais j'étais en retard il aurait fallu
prendre le train tes yeux
puis descendre à contre-voie
parmi les bardanes et les orties violettes
battre les buissons tambouriner
dessus avec des paumes de laine
cardée par les ronciers
l'avenir se chargea de me détromper
vira au bleu-silence
tandis que les gousses des genêts-à-balai
percutaient sec sur le ciel
plié à gauche dans l'odeur de tes doigts.

Thérèse Plantier
(1911-1990)
Née à Nîmes en 1911, elle a habité longtemps à Faucon, village de Provence. Dès qu'elle commence à écrire, elle se revendique surréaliste surtout pour le caractère anti-conformiste du groupe. Elle rencontre Breton mais se tient à l'écart du mouvement, trouvant l'écrivain "trop mondain". Elle partage les idées des féministes, devient amie de Simone de Beauvoir et de Violette Leduc. On lui doit notamment une collaboration à une anthologie de la poésie féminine, parue chez Seghers en 1975. Sa poésie provocante, dérangeante dissèque le corps, évoque la destruction, le vide que seuls l'amour et la liberté peuvent éviter. André Breton disait de Thérèse Plantier qu'elle dégageait une "violente volonté de vertige"

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