lundi 17 décembre 2007

Répression homophobe en Iran



Le jeune Makwan Moloudzadeh a été exécuté en secret

Malgré la décision d'un haut responsable de la justice iranienne de casser la décision du tribunal de Paveh (lire Quotidien du 16 novembre), Makwan Moloudzadeh (photo), homosexuel, a été exécuté à l'aube hier, mercredi 5 décembre. Sa famille et son avocat n'ont été prévenus de sa mort qu'après la pendaison. Cette exécution nouvelle d'une personne mineure au moment des faits qui lui étaient reprochés (lire Quotidien du 30 octobre) provoque une très forte émotion au sein des associations françaises et internationales qui s'étaient mobilisées, comme Amnesty International, l'IRQO, l'IGLHRC ou encore SOS homophobie, mais également au sein de la rédaction de Têtu, qui avait relayé la campagne (lire Quotidien du 5 novembre).

Car le directeur du programme LGBT de Human Right Watch, Scott Long, a reproché aux médias anglo-saxons et à certaines ONG de s'être réjoui un peu trop tôt d'une levée de la sentence, et d'avoir fait des gros titres sur un éventuel «pardon» de la République islamique, accordé au jeune homme. Il les accuse d'avoir fait passer leur égo (c'est à dire leur joie d'avoir cru sauver le jeune homme) avant la sécurité de celui-ci. Si la sentence était levée, à aucun moment Makwan n'avait été pardonné de quoi que ce soit. Par ailleurs, la famille de Makwan Moloudzadeh s'était inquiétée du fait que la presse occidentale évoque le jeune homme comme un «gay» ou un «homosexuel». Elle craignait que ce qualificatif ne soit repris par les journaux en farsi.

Têtu interpelle le Quai d'Orsay, et en particulier la secrétaire d'État aux Droits de l'homme, Rama Yade. Cette dernière aurait, en effet, promis d'aider les gays et les lesbiennes persécutés dans le monde (lire Quotidien du 21 novembre).

Journal Tétu

Déclaration de la Présidence de l'Union Européenne sur l’exécution de Makwan Moloudzadeh

(GIF)

Téhéran, le 2007-12-05

La Présidence de l’UE deplore fortement l’exécution de Makwan Moloudzadeh , condamné à la peine de mort par un juge du Tribunal de Kermanshah pour un crime qu’il aurait commis à l’âge de 13 ans.

L’UE rappelle les engagements internationaux de la République islamique d’Iran, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention relative aux droits de l’enfant, qui tous deux interdisent clairement l’exécution de mineurs ou de personnes condamnées pour des crimes commis alors qu’elles étaient mineures.

La Présidence de l’Union européenne réaffirme que l’UE est opposée, de longue date, à l’application de la peine de mort, quelles que soient les circonstances, et tient à rappeler que toute erreur judiciaire dans l’application de la peine de mort entraîne la perte irréparable et irréversible de vies humaines.

La Présidence de l’UE exhorte la République islamique d’Iran à mener une enquête afin d’établir si le procès de Makwan Mouloudzadeh a été mené en conformité avec les procédures en vigueur, et si l’accusé a bénéficié de tous les droits prévus par le code de la procédure pénale, et d’assurer que les mesures adéquates soient prises à cet égard.

La Présidence de l’UE fait également appel à la République islamique d’Iran de veiller à ce que le projet de loi actuellement en délibération soit approuvé par les Majlis et par les autorités judiciaires, et que cette loi exclue clairement l’application de la peine de mort aux mineurs et aux personnes condamnées pour des crimes commis alors qu’elles étaient mineures.


Aucun commentaire: