mardi 27 novembre 2007

RUSSIE • Poutine veut faire taire l'opposition


A moins d'une semaine du scrutin législatif, la brutalité de la répression des manifestations anti-Poutine illustre le raidissement du pouvoir.

Les manifestations d'opposants à Vladimir Poutine, le 24 novembre à Moscou et le lendemain à Saint-Pétersbourg, ont été violemment réprimées par les forces antiémeutes (OMON). Dans la capitale, le leader de la coalition L'Autre Russie, Garry Kasparov, a été condamné à cinq jours de prison. Et des centaines de personnes ont été arrêtées, dont plusieurs dirigeants de l'opposition, comme Boris Nemtsov, qui dirige l'Union des forces de droite (SPS, libéraux).

"Les 'marches des contestataires', samedi à Moscou et dimanche à Saint-Pétersbourg, n'ont été ni une manifestation d'unité des opposants à Poutine ni même le triomphe de techniques de provocation", commente dans une analyse le journal pro-Kremlin Moskovski Komsomolets, qui titre sur la "farce des contestataires". L'auteur, Boris Perchine, fait référence aussi bien à la faiblesse de la mobilisation qu'aux critiques émises par le leader de l'Union des forces de droite à l'encontre des provocations des radicaux de la mouvance nationale-bolchévique. Si les forces antiémeutes ont réagi "sévèrement mais sans abus", l'auteur n'en conclut pas moins que "l'opposition marginale s'est réunie à Moscou non pas pour exprimer une volonté politique mais pour créer des troubles et passer à la télévision. En ce sens, la marche de l'opposition a atteint ses objectifs."

Pour Vedomosti, la faute en incombe aux autorités, qui "continuent de pousser l'opposition hors du système, en refusant toute concurrence politique, même si la victoire est largement gagnée d'avance". Une intransigeance poussée "jusqu'à l'absurde" d'après l'éditorial du journal des affaires moscovite. "Pourquoi le pouvoir joue-t-il le jeu de l'opposition et interdit-il la marche puis arrête les dirigeants ?" Et Vedomosti de répondre : "Malgré la faiblesse et l'isolement de l'opposition, les autorités craignent un scénario de révolution orange et qualifient les opposants de "chacals qui rôdent aux portes des ambassades étrangères".

En outre, "les élections législatives du 2 décembre ayant été transformées en plébiscite en faveur de Vladimir Poutine [tête de liste de Russie unie], on s'attend à assister à une victoire encore plus importante que les sondages ne l'avaient prévu. "Obtenir 50 % ou même 60 % des voix ne suffira pas à Russie unie. On s'attend à un résultat comparable à celui de Poutine lors de la dernière présidentielle (71,31 %)."

Pour la Nezavissimaïa Gazeta, "la principale nouveauté a été l'attitude des dirigeants de la SPS lors des manifestations des contestataires. Le nombre de participants à Moscou et Saint-Pétersbourg étant très en deçà des chiffres annoncés, les leaders du SPS ont donc laissé les nationaux-bolchéviques en pointe face aux OMON tandis qu'eux-mêmes restaient en arrière." Jusque-là, le SPS ne se mêlait pas aux actions, qualifiées de radicales, de L'Autre Russie. A la différence de la coalition d'opposition, le SPS est candidat aux législatives mais ses chances de franchir le seuil minimal de 7 % des suffrages et d'entrer dans la Douma, la chambre basse du Parlement, sont nulles.

des dirigeants de la SPS lors des manifestations des contestataires. Le nombre de participants à Moscou et Saint-Pétersbourg étant très en deçà des chiffres annoncés, les leaders du SPS ont donc laissé les nationaux-bolchéviques en pointe face aux OMON tandis qu'eux-mêmes restaient en arrière." Jusque-là, le SPS ne se mêlait pas aux actions, qualifiées de radicales, de L'Autre Russie. A la différence de la coalition d'opposition, le SPS est candidat aux législatives mais ses chances de franchir le seuil minimal de 7 % des suffrages et d'entrer dans la Douma, la chambre basse du Parlement, sont nulles.

Philippe Randrianarimanana

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