jeudi 2 août 2007

Vues palavasiennes

Ils ne sortent que dans une grisaille de fin du monde, lorsque les vagues roulent, giclent et montent vers le ciel – et qu’une demi-brume brouille les alentours.
Gainés de noir, ils rampent à l’aide de leurs mains ou de leurs palmes, enlacés, voire encordés à leur planche ; ils franchissent inlassables les rouleaux, tête baissée et fendant l’eau, humbles face aux éléments qui bouillonnent.



















Puis ils guettent l’instant décisif. La vague. Infiniment patients. Assis ou à genoux sur leur planche. À l’affût du revers blanchâtre de la vague propice, comme des crocodiles tapis dans un marigot. Tout soudain l’un d’eux tente le pari, se lance sur la crête d’une vague, se redresse, essaie de glisser debout, ne serait-ce qu’une poignée de secondes, ivre du vertige de l’absolu. Puis il trébuche, retombe, plonge – et reprend sa reptation vers le large. Vers le bonheur de la vague espérée, bien-aimée.Patients et heureux, les surfeurs rejouaient ainsi le mythe de Sisyphe en ce lundi 23 juillet, qui laissait sans soleil un Palavas voué aux flots rugissants.


(voir http://ma-tvideo.france3.fr/video/iLyROoaftmAm.htmlhttp://ma-tvideo.france3.fr/video/iLyROoaftBtQ.htmlhttp://ma-tvideo.france3.fr/video/iLyROoaft6x0.htmlhttp://ma-tvideo.france2.fr/video/iLyROoaftK0c.html)


Mais au fait, où sont les surfeuses ? Pourquoi ce sport de glisse, contrairement au ski, est-il peu ou prou l’apanage de la gent masculine ? Se dresser sur la planche, sur la vague, sur la mer, ne serait-ce pas le plaisir d’un certain imaginaire masculin qui se donne libre cours en cherchant à dompter les éléments féminins ? Mais, telle la boule de flipper qui finit toujours par retomber fatalement – le degré d’habileté des joueurs ne réussissant qu’à retarder plus ou moins l’inéluctable –, les surfeurs tentent peut-être, avec une constance qui mérite l’éloge, de conjurer l’angoisse de la bandaison, mâtinée d’un trauma d’éjaculation précoce.


Un autre sport de glisse, chaque fin d’après-midi, se pratique à Palavas. Né il y a une décennie à peine : le kite-surf. Qui, lui, réunit filles et garçons.














































De loin, un ballet de libellules ou de papillons géants dans les airs. « Kite » en anglais : le cerf-volant. Les pieds fixés à une planche, le kite-surfer est sanglé à un harnais relié à une arche en plastique par des longues courroies qu’il tend ou relâche. Un sport à la force des bras : le vent gonfle l’arche et la propulse.














































Élans brusques vers le ciel, sauts et voltes, figures et vitesse folle sur l’eau. Complicité avec l’eau et le vent. Envols et longues glissades.



C’est beau et cela siffle comme une lanière sur les vagues.

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