mardi 15 avril 2008

Berlusconi III

Le leader de la droite italienne, qui n'a pas lésiné sur les promesses durant la campagne électorale, va devoir s'atteler aux dossiers d'Alitalia et des ordures à Naples. Bien qu'il ait proclamé lundi soir sa victoire, le dépouillement se poursuivait toujours tôt ce mardi.

Le conservateur Silvio Berlusconi a obtenu, lundi 15 avril, un troisième mandat de président du Conseil italien avec une majorité plus forte que prévu. Il a aussitôt averti qu'il ne serait pas facile de régler les problèmes économiques et annoncé que les Italiens devaient s'attendre à des "mois difficiles".
Le dépouillement se poursuivait toujours aux premières heures de mardi, mais le ministère de l'Intérieur a publié des résultats partiels, portant sur la très grande majorité des bureaux de vote et laissant apparaître que le centre-droit de Berlusconi recueille autour de 47% des suffrages.
Le centre-gauche, quant à lui, obtient autour de 38%, aussi son chef de file, Walter Veltroni, a-t-il reconnu dès lundi soir sa défaite.
"J'ai appelé le dirigeant du Peuple de la liberté, Silvio Berlusconi, afin de reconnaître sa victoire et lui souhaiter bonne chance dans ses fonctions", a dit l'ancien maire de Rome.
Des projections fondées sur des résultats préliminaires annoncent au Peuple de la liberté (PDL) - nouvelle alliance de centre droit du "Cavaliere" - une victoire sans ambiguïté à la Chambre des députés et au Sénat.

Une victoire indiscutable dans les deux chambres

On s'attendait à ce que Berlusconi, magnat de l'audiovisuel âgé de 71 ans, l'emporte aisément à la chambre basse. Mais une victoire indiscutable au Sénat est de nature à renforcer sa capacité à mettre en oeuvre les réformes structurelles jugées indispensables pour écarter la menace d'une récession.
D'après les projections, Berlusconi disposerait d'une majorité de 99 sièges à la Chambre des députés qui en compte 630, et d'une majorité pouvant aller jusqu'à 30 sièges au Sénat, qui regroupe 315 membres élus et sept sénateurs à vie.
Par contraste, le gouvernement sortant de Romani Prodi ne disposait depuis 2006 que d'une majorité de deux sièges au Sénat, où il avait été mis en minorité en janvier après 20 mois d'exercice du pouvoir.
Berlusconi visait 20 sièges de majorité à la chambre haute et son porte-parole Paolo Bonaiuti a pu du fait de la nette victoire évoquer un "revirement clair et décisif après le désastreux gouvernement Prodi".

Priorités : ordures à Naples et Alitalia

Berlusconi, qui a dirigé le pays durant sept mois en 1994 et de nouveau entre 2001 et 2006, n'a pas lésiné sur les promesses durant la campagne électorale, s'engageant à réduire la dette publique, à diminuer les impôts et à libéraliser le secteur hautement régulé des services.
Le "Cavaliere" a déclaré dès lundi que son gouvernement traiterait rapidement le dossier de la vente d'Alitalia et la crise des ordures à Naples. S'exprimant sur la télévision publique, il a ajouté que le gouvernement servirait un mandat plein de cinq ans et ajouté que l'Italie se préparait "à des mois difficiles".
"Je suis ému par le résultat issu de l'élection et par la confiance que tant de citoyens ont placé en moi", a-t-il dit.
"Je m'attaquerai immédiatement au problème des ordures et à Alitalia", a-t-il ajouté. Il n'a pas été plus explicite mais Berlusconi n'a pas fait mystère de son hostilité à l'éventualité de voir Alitalia reprise par Air France-KLM.
Des dizaines de milliers de tonnes d'ordures s'amoncellent dans les rues de la troisième ville d'Italie et dans ses environs après que les décharges officielles eurent été déclarées pleines.

Pas avant le 9 mai

Outre
le PDL de Berlusconi, l'autre grand gagnant du scrutin est le parti séparatiste de la Ligue du Nord, qui a pratiquement doublé son score en deux ans : il passe de 4,6% aux législatives de 2006 à plus de 8% au dernier scrutin.
Le nouveau parlement va se réunir pour la première fois le 29 avril. Il lui faudra sans doute plusieurs jours pour élire les présidents des deux chambres et ceux des différentes commissions.
Berlusconi ne devrait pas être officiellement président du Conseil avant le début mai. Ce sera probablement le 9 mai : après avoir présenté la liste de son gouvernement au chef de l'Etat, Giorgio Napolitano, il sera investi dans ses fonctions. D'ici là, le président du Conseil sortant Romano Prodi, du centre-gauche, gèrera les affaires courantes.

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