Le bûcher de paix a été allumé hier au stade municipal de Bouaké. Fanci et Forces nouvelles ont décidé de mettre fin à la guerre.
La paix a encore fait hier un grand pas vers le peuple de Côte d'Ivoire. Laurent Gbagbo a marché sur les terres de Nanan Kouakou N'Guessan, chef de terre de Bouaké, un luxe qu'il ne s'était pas permis depuis 2002, date de l'éclatement de la guerre en Côte d'Ivoire. Pour brûler leurs armes, son Premier ministre Guillaume Soro et lui, ont fait appel à Bouaké, capitale des Forces nouvelles, à six présidents.
Le Burkinabé Blaise Compaoré, facilitateur du dialogue ivoirien de Ouagadougou, le Sud-africain Thabo M'Beki, parrain des accords de Pretoria I et II, les présidents Amadou Toumani Touré du Mali, Faure Gnassingbé du Togo, Nino Viera de Guinée Bissau et Yayi Boni du Bénin.
Le Premier ministre nigérien, le vice-président de l'Assemblée nationale de l'Angola, les ministres des Affaires étrangères du Sénégal (Cheick Tidiane Gadio) et du Ghana ont représenté leurs présidents respectifs à cette cérémonie. Mohamed Ibn Chambas, secrétaire exécutif de la Cedeao, n'a pas également voulu se faire raconter cet événement. Tout le gotha diplomatique a été également convié à la cérémonie.
En présence de toutes ces autorités, au stade municipal de Bouaké, le bûcher tant attendu a été allumé, avec en prime, une explosion inattendue qui a donné quelques sueurs froides à la garde rapprochée et au service protocolaire de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro.
Selon deux explications recueillies sur place, il s'agirait soit des résidus de munitions restées au fond de la cuve ou d'une concentration du carburant qui a explosé sous l'effet de la pression au contact du feu. Malgré la frayeur et le début de débandade que cela a occasionné au niveau des officiels, la cérémonie n'a en rien perdu son éclat. Près de 2000 armes ayant appartenu aux deux belligérants sont parties en fumée. Tout comme un canon Hn de 105 mm, de fabrication américaine avec une portée de tir de 11 Km , qui a été scié et détruit.
Les généraux Mangou Philippe des FDS-CI et Soumahila Bakayoko des Fds-Fn ont symboliquement remis chacun, une arme au Premier ministre et au président de la République qui ont procédé à leur incinération.
Gbagbo et Soro prêchent la paix
Du début et à la fin de la cérémonie d'hier, il n'y avait que le mot "paix" sur toutes les lèvres. Le Premier ministre Guillaume Soro a rebaptisé la capitale de l'ex-rébellion: « La paix est là, la paix est à Bouaké. Messieurs les présidents, aujourd'hui ensemble, tous filles et fils de la Côte d'Ivoire, décrétons à l'unisson après Abidjan, capitale économique, Yamoussoukro, capitale politique, Bouaké est la capitale de la Paix».
Et, d'ajouter: «Si hier, nos turpitudes nous ont conduits à la guerre, aujourd'hui, notre détermination commune doit construire la paix».
Laurent Gbagbo a embouché la même trompette pour magnifier lui aussi la paix: «Aujourd'hui, c'est la paix, aujourd'hui, c'est la paix. La guerre est finie. Peuples de Côte d'Ivoire, la guerre est finie. La guerre est finie. Répétez après moi «la guerre est finie» encore. Que j'entende bien, la guerre est finie. C'est tout ce que je suis venu vous dire aujourd'hui.
Le 6 août je m'adresserai à la nation ivoirienne».
Le chef de l'Etat et le Premier ministre ont prêché la bonne parole. Ils ont promis de dérouler le reste du programme de sortie de crise afin que très vite, leur pays, la Côte d'Ivoire, aille aux élections.
Pour l'événement du jour, «les flammes de la paix», c'est un Bouaké des grands jours qu'il a été donné de voir. Rues relookées avec de nouvelles bandes blanches, des couches de peinture repassée sur certains édifices, des hôtels retapés, de grands espaces touffus d'herbes défrichés au bulldozer, les ordures complètement nettoyées, des fanions aux couleurs nationales partout, tout y est passé.
Bouaké des grands jours
La ville a véritablement fait sa toilette pour accueillir le flot humain qui a déferlé. Un jour avant l'événement, des centaines de cars venus de tous les horizons ont déversé leur contenu sur la ville. Les «jeunes patriotes» de Blé Goudé et d'Eugène Djué et les «femmes patriotes» de Geneviève Bro Grébé ont fait le plein du carton. Ils ont dansé et chanté toute la nuit de dimanche à lundi. Ils étaient venus assister à l'entrée triomphale de Gbagbo à Bouaké, mais le chef de l'Etat ne leur a pas donné ce plaisir. Prenant tout le monde de court, Gbagbo est arrivé par la route de Yamoussoukro et non par la voie aérienne. A 6h00, ce lundi, le président de la République était dans la ville de Bouaké. A leur réveil, Laurent Gbagbo était déjà là, à l'aéroport de Bouaké pour accueillir ses pairs qu'il a invités.
Les Forces nouvelles ne sont pas restées en marge de la mobilisation. Elles sont venues de Korhogo, Katiola, Odienné et de toutes les villes ex-assiégées pour participer à la fête. Les présidents d'institutions avec à leur tête Laurent Dona Fologo du Ces, les membres du gouvernement, et presque tous les Directeurs généraux et centraux des sociétés d'Etat se sont associés à l'événement. Les partis politiques n'ont pas manqué à l'appel. Mabri Toikeusse (Udpci), Anaki Kobena (Mfa), Affi N'Guessan (Fpi), Henriette Diabaté (Rdr), Djédjé Mady (Pdci) ont signé leur présence.
Pour la sécurisation de la manifestation et de tout ce monde, des brigades véritablement mixtes (Fanci- Fafn) et les forces impartiales, (Licorne et Onuci) ont fait le ménage. Les Fanci, reconnaissables par leur brassard orange, se sont distingués surtout au stade de Bouaké où ils étaient visiblement les plus nombreux.
Traoré M. Ahmed
1 commentaire:
c pas encore la paix ,
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