Sur le plan sportif, le Sarkostyle laisse à désirer

Si l'efficacité politique du nouveau président français est à l'image de sa foulée, ses électeurs ont du souci à se faire.

Nicolas Sarkozy n'a rien inventé. Bien avant son arrivée à l'Elysée, le style présidentiel sportif s'était incrusté à la Maison-Blanche.

Dans les années 50 déjà, Roosevelt y installait un court de tennis, puis Eisenhower un green. Les foulées des présidents Carter, Clinton et Bush ont été longuement filmées dans ses allées.

Une image de dynamisme et d'efficacité que le nouveau président français a reprise à son compte. Il court dans le Bois de Boulogne, à Malte, au Fort de Bregançon. Son jogging a fait l'ouverture des journaux imprimés et télévisés, au point de marquer symboliquement les premières images de sa présidence.

Mais il faut le reconnaître: Nicolas Sarkozy court très mal.

Sa foulée est d'une inefficacité ahurissante pour un homme qui se veut synonyme d'efficience. Fillon et ses gardes du corps doivent tirer sérieusement le frein pour ne pas le dépasser. Son déplacement est laborieux. Ses rictus de souffrance accompagnent des efforts bien mal récompensés, parce que mal investis. Puisse sa politique ne pas avoir à subir le même sort!

Comment expliquer un pareil écartement des jambes? Ses pieds orientés à 11 heures 05, voire 10 heure 10, évoquent Chaplin, mais ne favorisent pas sa progression. Idem pour ce moulinet du bras droit qui n'est, il est vrai, pas sans rappeler le style de Josia Thugwane, le vainqueur du marathon olympique d'Atlanta.

Quant à sa foulée rasante due à un cycle arrière quasi inexistant, elle ne lui permet pas de rebondir mais le scotche carrément au sol.

Une analyse biomécanique révèle que l'amplitude et la fréquence, deux paramètres essentiels pour une progression rapide, font défaut. Les balancements latéraux des bras, totalement inefficaces, coûtent de l'énergie à chaque foulée.

La pose du pied, l'inclinaison du buste, la musculature insuffisante ainsi qu'une surcharge pondérale constituent autant de problèmes à corriger, selon Renaud Longuèvre, expert consulté par L'Equipe Magazine du 26 mai 07.

Bien courir n'est pas une faculté innée, n'en déplaise à Nicolas Sarkozy. Comme le saut à la perche ou le lancer du boulet, la course à pied requiert une technique qui s'apprend. Dommage que, par fierté certainement, l'ancien ministre de l'Intérieur ait toujours refusé les invitations de l'ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, à partager quelques kilomètres de jogging en sa compagnie.

En imitant son style, non seulement élégant mais efficace, il aurait progressé. Villepin a déjà couru un marathon en moins de trois heures et vient de déclarer que sa vacance du pouvoir lui permettrait de s'entraîner et de remettre un dossard prochainement.

Sans s'abaisser à rejoindre un club de la Fédération française d'athlétisme pour se faire conseiller par un entraîneur compétent, le nouveau Président pourrait tirer profit de la technique Pose utilisée par de nombreux athlètes de renom et divulguée grâce à des livres et des DVD. Développée à partir de l'observation de la course des panthères par Nicholas Romanov, un Sibérien spécialiste de la biomécanique du sport, la technique Pose peut se résumer en ce conseil: «Cours comme si tu te déplaçais sur du charbon ardent!»

Geneviève Grimm-Gobat, journaliste et professeur de sport