Quand un pays, ou du moins quelques-uns dans ce pays, asservissant la science à la xénophobie, songent à se protéger des étrangers à l'aide d'une barrière de gamètes, qu'en conclure ? Que ce pays chavire ? Qu'il est pris de délire, au risque de renier son histoire ? Ou tout cela à la fois ?
Son histoire, la nôtre, c'est celle d'un pays qui n'a cessé, depuis qu'il existe, d'accueillir des étrangers. Ce sont bien des "étrangers", n'est-ce pas, les Francs, venus d'outre-Rhin, qui lui ont donné son nom ? Et tous les autres, lentement attirés vers l'ouest du continent parce qu'ils étaient persécutés, pauvres, ou tout simplement à la recherche d'une vie meilleure ? Et les autres encore, ceux qui sont venus du sud, plus tard, pour les mêmes raisons ? Mille ans, au moins, que ce mouvement existe, et qu'il a progressivement constitué
Regarder l'étranger comme une menace en puissance, c'est donc tout simplement répudier l'histoire de ce pays. C'est très exactement renier son identité, celle-là même dont la politique aujourd'hui proposée se réclame. L'identité nationale de
Mais il y a plus. Pour les parents, pour les enfants, l'approche biologisante aujourd'hui proposée porte atteinte au lien qu'ils tissent jour après jour. Ce lien n'a rien à voir avec la génétique. Si la biologie y est certes présente, dans la majorité des cas, elle n'en est pas constitutive. Réduire la filiation, la famille, aux seuls liens du sang, c'est entreprendre une véritable régression conceptuelle, à laquelle notre droit comme notre culture se sont toujours refusés.
DROITS DE L'ENFANT
Ne sommes-nous pas un pays doté d'une législation sur l'adoption plénière qui va jusqu'à effacer la trace de la filiation biologique antérieure de l'enfant, lorsqu'elle est connue ? Un pays qui, contre vents et marées, maintient l'accouchement anonyme, au mépris de
En 1990, le Sénat et l'Assemblée nationale ont ratifié à l'unanimité
Or que dit cette Convention sur ce sujet ? On peut lire dans son article 10 très exactement ceci : "Toute demande faite par un enfant ou ses parents d'entrer dans un Etat-partie ou de le quitter aux fins de réunification familiale est considérée par les Etats-partie dans un esprit positif, avec humanité et diligence." "Humanité", les tests ADN qui seraient imposés aux seuls étrangers ? "Esprit positif", le règne du soupçon qu'une telle démarche symbolise et véhicule ?
Puisque
Claire Brisset, ancienne défenseure des enfants
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