Depuis quelques mois, un nouveau pouvoir s'est installé. Si beaucoup de visages ne sont pas nouveaux, le style présidentiel est inédit et la droite est décomplexée comme jamais. L'omnipouvoir du chef de l'Etat est un mélange de mesures libérales, de postures compassionnelles, d'alignement sur l'administration Bush. Dans l'Hexagone, sa stratégie d’annonces en rafale et de mouvement perpétuel vise à affaiblir les contrepouvoirs, instrumentaliser les médias et endormir les Français. A l'extérieur, une nouvelle doctrine se déploie sur fond d'atlantisme, de bellicisme en Iran, de paternalisme en Afrique et de coups de menton en Europe derrière les sourires de façade adressés à nos partenaires.
Le nouveau pouvoir a dévoilé son jeu. Transferts fiscaux au profit des plus riches, suppressions de postes dans l'Education nationale, création de taxes médicales, privatisation de GDF, fichage génétique des étrangers assimilés à des quasi-délinquants, voilà pour les premières décisions. Le reste est probablement programmé au lendemain des élections municipales et cantonales : remise en cause du droit du travail et du Smic, augmentation de
Face à cette déferlante, le premier devoir du Parti socialiste, c’est de s’opposer. Les Français n’attendent pas des socialistes qu’ils se contentent de préparer, les yeux rivés sur leur nombril, les échéances de 2012, 2017 et pourquoi pas 2022 ! Ils nous demandent d’être utiles au quotidien en étant les défenseurs et les porte-paroles de tous ceux qui sont victimes de la politique de la droite : les jeunes, les salariés, les retraités. S’opposer, c’est d’abord dénoncer au Parlement et dans les médias les mauvais coups portés ou en préparation. C’est contester inlassablement la grille de pensée que la droite cherche à imposer. Le libéralisme n’est pas seulement dans les ministères ; il est aussi de plus en plus souvent dans les têtes. A nous de mener un travail intellectuel et politique avec toutes les composantes des forces de progrès pour démontrer qu’une autre politique est possible, une politique qui ne vise pas seulement à imposer aux Français les diktats de la mondialisation financière, mais qui propose à gauche et qui propose moderne. La reconquête passe par cet indispensable combat culturel.
Pour mener ce travail d’opposition et de reconquête en vue de prochaines victoires, le Parti socialiste doit se reconstruire. Non par une rénovation de surface qui serait synonyme de droitisation des idées sur fond de guerre des générations. Après une campagne présidentielle marquée par un certain flottement sur les valeurs et sur les alliances, il convient de dissiper les idées fausses. Si nous avons perdu, c’est notamment parce que nous avons trop délaissé le terrain économique et social, parce que nous avons semblé à la remorque de la droite sur de nombreux sujets – sécurité, nation, immigration -, parce que nous n’avons pas assez assumé notre identité en la déclinant à travers des propositions concrètes et efficaces, c'est-à-dire adaptées au monde actuel, celui du capitalisme débridé.
Reconstruire, c’est réaffirmer nos valeurs – l’égalité, la solidarité, la liberté, la laïcité, l’internationalisme – et adapter nos propositions. La réalité de la mondialisation, contrairement à ce que voudraient imposer les idéologues de la droite, ne rend pas caduc le socialisme. Elle le justifie. Face à la destruction de l’environnement par un capitalisme prédateur, il faut une vraie social-écologie, fondée sur de nouvelles régulations. Face à la marchandisation, il y a un besoin de sanctuariser la santé, l’éducation, le logement, la protection sociale ou encore l’énergie, de défendre et de renforcer les services publics. Face à la montée des nouveaux géants – Chine, Inde, Brésil -, il faut en Europe une ambition industrielle fondée sur l’innovation, la recherche, l’éducation, l’enseignement supérieur. Face à la confusion du politique et du religieux, face au communautarisme, il y a besoin de laïcité et de République. De tout cela, la gauche est porteuse.
S'opposer et reconstruire, c'est la tâche du Parti socialiste. Encore faut-il, pour qu'il y parvienne, que chacun le conforte au lieu de l'abîmer. Avec le PS, sa force militante, son réseau d'élus, la victoire est possible. En revanche quand l'identité socialiste est négligée, quand nos valeurs sont présentées comme archaïques par ceux-là mêmes qui sont censés en être les porteurs, quand nos propositions survolent les enjeux fondamentaux (croissance et emploi, pouvoir d'achat, logement, éducation, santé) ou font la part trop belle à la droite, quand les positionnements sont fluctuants, alors on ne parvient ni à rassembler la gauche ni à convaincre les Français. Le PS doit redevenir une instance de débat collectif où les débats de fond priment sur la personnalisation des enjeux, où la richesse des sensibilités est respectée, où la formation sert à lutter contre la dépolitisation ambiante, où se retrouve la diversité de la société - diversité de parcours, d'origines, d'âge -, où l'expertise intellectuelle et scientifique est invitée et non rejetée. Un PS qui fasse entendre ses préoccupations et ses propositions au sein du Parti Socialiste Européen et de l'Internationale Socialiste. Un PS au clair avec sa stratégie d'alliances pour réunir une majorité de Français. Privilégions la cohérence. Cohérence avec notre histoire et nos valeurs: c'est dans le cadre du rassemblement de la gauche et des écologistes que s'inscrit la démarche des socialistes. Cohérence dans nos alliances : comment nouer accord, au niveau national comme au niveau local, avec un mouvement qui n'a jamais manifesté et ne manifeste pas sa volonté de soutenir et de participer à une alternative politique à gauche ?
Au Parlement et dans la société, nous serons des reconstructeurs. Notre sensibilité est elle-même un rassemblement de sensibilités diverses. Elle a vocation à s'élargir. S'y retrouvent des femmes et des hommes qui ont eu, dans le passé, des approches parfois différentes, mais qui partagent un même attachement à
Communiqué de Rassembler à gauche
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