« Changer le regard contemporain sur l’immigration », c’est la mission de
« Chaque fois qu’une civilisation n’a pas réussi à penser l’autre, ces raides préservations de pierres, de barbelés, ou d’idéologies closes se sont élevées. » Comme un pied de nez au ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Co-développement, Brice Hortefeux, cette citation extraite du texte Les murs des écrivains martiniquais Patrick Chamoiseau et Edouard Glissant trône en gros caractère sur une pancarte amovible à l’entrée de la toute nouvelle Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI). Mardi après-midi, alors que les ouvriers mettaient la dernière main aux travaux avant l’inauguration, l’institution organisait une conférence de presse et une visite des lieux dirigée par un guide de choix, Jacques Toubon, ancien ministre de
"Les trois rameaux supposés de l’humanité"
A travers les objets, photographies, caricatures, films d’archive et enregistrements sonores, les journalistes suivaient ses explications enthousiastes, mais demeuraient taraudés par la même interrogation : pourquoi n’y a-t-il pas d’inauguration officielle ? Brice Hortefefeux est passé discrètement lundi, pour éviter les associations qui menaçaient de manifester si elles apprenaient qu’il se rendait sur les lieux. Christine Albanel, le ministre de
L’immigration, une thématique qui ne se laisse pas si facilement enfermer dans un musée
Pour l’historien Gérard Noiriel, qui a démissionné le 18 mai des instances dirigeantes de l’établissement avec sept autres chercheurs pour protester contre l’intitulé du portefeuille de Brice Hortefeux, le travail de
Patricia Sitruk, la directrice de l’établissement, nous a confié que, pour elle, l’essentiel est de travailler sans subir de pressions politiques : « ce qui est important pour nous, c’est de mener à bien la mission inscrite dans notre décret constitutif : diffuser, transmettre, deux siècles d’histoire de l’immigration et, par là, changer le regard contemporain sur l’immigration. » Un projet ambitieux qui entend aller à la rencontre des jeunes, en particulier ceux issus des anciennes colonies françaises. « Ce public jeune a besoin, comme nous, de connaître l’histoire de France pour vivre un présent apaisé. A travers des outils pédagogiques, la formation des enseignants [qui travaillent à l’élaboration du contenu du lieu], et le contenu de la programmation, nous l’interpellerons. » Ce dernier n’étant pas a priori passionnés par les musées, Patricia Sitruk entend relayer l’action de
Faire évoluer le regard des Français contemporains sur l’immigration, les aider à avoir un regard positif sur l’autre plutôt que d’entretenir un discours de méfiance et de haine est une ambition louable. Cependant, pour l’heure, c’est le regard du Français « intégré » sur l’immigré qui est largement privilégié dans les salles présentées au public.
Il faut espérer que, dans les expositions à venir, la perception des immigrés originaires des anciennes colonies françaises et de leurs enfants sur l’Hexagone trouvera une plus grande place. Une Cité nationale de l’histoire de l’immigration, installée dans le pavillon de l’exposition colonial de 1931, l’ex-musée des colonies françaises, ne gagnerait aucun crédit à chosifier les immigrés.
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