jeudi 25 octobre 2007

UNION MÉDITERRANÉENNE • Sarkozy se heurte au scepticisme poli des Marocains

Le dernier discours de la visite officielle du président français au Maroc était consacré au projet d'Union méditerranéenne, censé effacer les ratés des conférences euro-méditerranéennes, lancées en novembre 1995 à Barcelone. Dans la presse marocaine et espagnole, on s'interroge sur la crédibilité d'un tel projet.

Le président français a annoncé, le mardi 23 octobre, à Tanger, sa volonté de réunir en juin 2008 en France tous les chefs d'Etat et de gouvernement du bassin méditerranéen afin de fixer - sur le principe d'une "égalité stricte" - les bases de cette union.

"Le projet est-il si chimérique ?" se demande le quotidien marocain La Nouvelle Tribune. Nicolas Sarkozy voudrait que l'Union méditerranéenne soit un espace commun de développement, de sécurité, d'échange et de dialogue des cultures. Le projet soulève un "scepticisme poli sur les rivages du Maghreb, déchiré par ses rivalités", explique le quotidien. "Il demeure pour l'heure une coquille vide, un concept abstrait, même si l'objectif est qu'il prenne forme au second semestre de 2008."

D'autant que les observateurs voient dans ce projet d'union un simple "alibi" sur lequel pourrait s'appuyer le président français pour contrer l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Le quotidien marocain L'Economiste évoque ainsi "l'idée de base" du "partenariat privilégié", concept qui rappelle la contre-offre faite par Sarkozy pour évacuer l'intégration de la Turquie par l'UE.

Pour Aujourd'hui le Maroc, le fait "que Nicolas Sarkozy ait choisi Tanger pour dévoiler le socle de sa politique méditerranéenne en dit long sur la capacité amplificatrice du message méditerranéen prêté au Maroc". Selon le journaliste Mustapha Tossa, moins sévère que ses confrères, le concept d'Union méditerranéenne "a besoin, pour augmenter son indice de crédibilité, d'un grand travail de pédagogie et d'explication. Et l'on s'attend à ce que Nicolas Sarkozy investisse autant de vitalité et d'énergie que celles qu'il avait mises à contribution pour sortir l'Union européenne de son impasse en arrachant au forceps un consensus sur le traité simplifié."

Pour El País, Nicolas Sarkozy, en dépit de ses efforts pour "se démarquer du défaitisme promarocain de son prédécesseur", ne se démarque pas vraiment de la politique menée par Jacques Chirac. "La principale originalité du plan de Sarkozy réside dans sa méthodologie." "Il se serait en fait inspiré des débuts de la Communauté économique européenne (CEE), annonciatrice de l'Union européenne actuelle. Pour ce faire, il a exprimé le souhait de lancer cinq institutions : une banque d'investissement méditerranéenne, une agence de l'énergie nucléaire, une université méditerranéenne avec des programmes d'échanges inspirés d'Erasmus afin de favoriser les interactions culturelles, une agence de l'environnement et une autre dédiée à l'audiovisuel." Le président français a en outre "passé de la pommade aux Marocains en louant dans un autre discours 'l'exemplarité' du royaume alaouite dans le monde musulman et sa 'vigueur démocratique'".

Mouna El Mokhtari

Aucun commentaire: