mardi 11 septembre 2007

MAROC • Un désaveu cinglant pour les partis politiques


Les législatives marocaines ont débouché sur la victoire surprise de l'Istiqlal, parti conservateur, alors que les islamiste du PJD étaient donnés favoris. Mais pour le quotidien marocain L'Economiste, au-delà des résultats, c'est la faiblesse du taux de participation qui est l'élément marquant de ce scrutin.


Le secrétaire général de l'Istiqlal, Abbas El Fassi, est accueilli au siège de son parti par des sympathisants

Quatre-vingts pour cent des citoyens inscrits sur les listes sont allés retirer leur carte d'électeur. Cela signifie que tous ces gens étaient parfaitement conscients des enjeux des élections et se considèrent concernés par la chose publique. Ils ont fait la démarche, se sont présentés dans leurs arrondissements… Et Dieu sait que ce n'est pas avec plaisir qu'on s'y rend en général !

Par conséquent, nul ne peut dire que les électeurs marocains étaient indifférents ou inconscients. Bien au contraire, ils se sentent citoyens et l'ont fait valoir. Mais seulement la moitié d'entre eux se sont dérangés pour aller voter [le taux de participation a été de 37 %]. L'absence de l'autre moitié devient un acte politique et doit être considérée comme tel. Il est important d'en saisir la signification. Leur absence veut dire qu'ils considèrent les différents partis en compétition comme non fiables, non crédibles. Les formations politiques ne les satisfont pas.

Pour les absents, il y a une évidence. Ils s'en remettent directement au trône et à la monarchie, par-dessus les fractions politiques. Et ce malgré le souhait exprimé par le souverain de voir augmenter le rôle des partis politiques ! Sans cet appel du roi, que serait-il advenu des partis ? Les organisations politiques, en dépit des incitations royales dont elles bénéficient, ont un problème sérieux de représentativité. Les indices sont là depuis longtemps.

Ce qui ne laisse nul doute à ce sujet, c'est la remontée de l'Istiqlal [indépendant, parti conservateur] : il a fait l'effort de mettre en avant une nouvelle génération d'hommes politiques, dans laquelle manifestement les électeurs se reconnaissent un peu plus. On peut aussi se demander si le relatif succès du Parti de la justice et du développement (PJD) ne s'explique pas plus par la nouveauté et la virginité de ses hommes que par l'idéologie dont ils se réclament. La question mérite d'autant plus d'être posée que l'on peut noter que les têtes d'affiche de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) ont été systématiquement évincées.

Abdelmounaïm Dilami

(L'Economiste)

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