lundi 3 septembre 2007

GRÈCE • Karamanlis touché par l'effet Aznar


En accusant d'hypothétiques terroristes d'avoir déclenché les incendies qui ravagent le pays, le Premier ministre grec pourrait bien subir le même sort que l'ancien chef du gouvernement espagnol, emporté par ses mensonges après les attentats de Madrid, en 2004.


Costas Karamanlis (voir photo) et ses cadres ressemblent à un noyé qui s'accroche à ses propres cheveux pour se tirer d'affaire. Après avoir convoqué des élections anticipées, le Premier ministre s'est retrouvé dépassé par les événements et n'a pas d'autre choix que de s'en tenir à la date annoncée [le 16 septembre]. Pointé du doigt par l'opinion publique dans l'affaire des incendies, il n'a pas trouvé mieux que de justifier ce drame en "révélant" que la Grèce était l'objet de "menaces asymétriques" ! Voila des propos qui nous rappellent ceux de George Bush après les attaques du 11 septembre 2001. Mais comment les forêts grecques pourraient-elles être la cible des terroristes ? Comment le gouvernement peut-il alléguer de tels faits sans en apporter les preuves ou en détailler le contenu ? Ainsi le gouvernement parle d'attaque terroriste alors que les généraux nient cette thèse et considèrent que seuls les extraterrestres pourraient incarner une "menace asymétrique".

Cela s'appelle l'effet Aznar, du nom de l'ancien chef du gouvernement espagnol. De la même famille politique que Karamanlis, il s'est complètement trompé en rejetant sur les Basques d'ETA la faute des attentats de Madrid, le 11 mars 2004. Les Espagnols s'en sont rappelés lors des élections [qui se sont tenues trois jours plus tard] en discréditant leur chef de gouvernement [et en élisant le PSOE de José Luis Zapatero]. La situation en Grèce est similaire. Bien entendu, il y a des pyromanes ; bien entendu, il y a des conditions climatiques défavorables. Et, bien entendu, il y a une absence notoire de plan d'action gouvernemental pour éviter que les flammes ne s'allument de partout.

Les incendies en Grèce, vus de l'espace

Au printemps dernier, le Premier ministre se vantait de la parfaite préparation du gouvernement en vue de l'été. Nous savions pourtant qu'il n'avait pas du tout plu cette année et que les nappes phréatiques étaient au plus bas. Mais revenons à ses déclarations. Des mots creux et dénués de sens qui ont fait leurs preuves pendant les incendies qui ont ravagé le mont Parnès en juillet. Dernière colline verdoyante aux portes d'Athènes, le mont a été dévasté par les flammes en une seule nuit.

Ces événements ont montré que l'annonce en plein mois d'août des élections anticipées, alors que les électeurs étaient encore sur les plages, avaient un but : éviter le pire au gouvernement. Ce dernier n'y a pas réussi. Il est tombé dans son propre piège. Non seulement à cause des scandales financiers qui ont tenu le pays en haleine tout l'hiver, mais également parce qu'il a dissimulé la désorganisation de l'Etat et sa propre insuffisance. Par erreur, il a conduit aux urnes les électeurs, qui vont se prononcer sous le coup de la peine et de la tragédie nationale. Mais les électeurs sont en colère et bornés, refusant d'entendre des débilités "asymétriques" qui, soi-disant, soulagent la peine des Grecs mais ne sont en fait qu'une illusion.

Dora Daliana (Eleftherotypia)

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