dimanche 30 décembre 2007

Interrogé sur ses vacances égyptiennes, Sarkozy botte en touche

"Que répondez-vous à celles et ceux qui pointent le risque d'un conflit d'intérêts", a-t-on demandé à Nicolas Sarkozy, qui est parti en vacances en Egypte avec Carla Bruni à bord d'un jet de l'homme d'affaires Vincent Bolloré. "Rien", a répondu le chef de l'Etat.

"J'aurai l'occasion d'évoquer toutes ces questions et bien d'autres au moment de la conférence de presse que je tiendrai en France le 8 janvier", a-t-il ajouté avant de manier l'ironie à l'égard des journalistes.

"Je remercie les médias français de s'intéresser davantage à mon déplacement qu'ils ne s'intéressaient à ceux de mes prédécesseurs et je suis très heureux de la publicité qui a été ainsi faite à des lieux merveilleux que je conseille que sont Louxor et Charm el Cheikh", a-t-il déclaré.
Sa visite officielle de 24 heures en Egypte clôt une semaine de vacances de Noël qui a déclenché une polémique en France, l'opposition s'interrogeant sur les "contreparties" que pourraient obtenir Vincent Bolloré.

samedi 29 décembre 2007

Bayrou dénonce la "présidence de complaisance" de Sarkozy


Nicolas Sarkozy incarne la "présidence de complaisance" selon François Bayrou. "Les raisons de fond qui ont fait que je n'ai pas voté pour Nicolas Sarkozy apparaissent aujourd'hui de manière extrêmement forte", sur le plan diplomatique et dans les "liaisons perpétuelles avec de très gros intérêts" économiques, a expliqué le président du MoDem sur Europe 1 Samedi 29 décembre.

"Au lieu d'avoir une France en situation de résistance pour défendre un modèle face aux puissances de la planète, face aux Etats-Unis d'un côté, face à la Chine de l'autre, pour porter un drapeau face à des dictateurs (...) on a une France en complaisance", a-t-il estimé. Les déclarations de Nicolas Sarkozy sur Taïwan ou le Tibet lors de sa visite en Chine, "c'est quelque chose qui est en rupture avec ce que nous voulons de notre pays et du message international qui est le sien", a-t-il ajouté.



Comme au lendemain de son élection à l'Elysée, Nicolas Sarkozy est parti en vacances mardi à bord d'un avion appartenant à l'homme d'affaires Vincent Bolloré. Pour François Bayrou, "c'est grave pour la France". "Il y a un seul endroit en France qui devrait être préservé de l'influence de l'argent et cet endroit c'est la présidence de la République", a-t-il insisté, estimant que Nicolas Sarkozy faisait "le choix contraire".

jeudi 27 décembre 2007

La "virée people" de M. Sarkozy à Louxor suscite des réactions peu amènes en Europe


Les photos de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni à Louxor (Haute-Egypte) ont fait, mercredi 26 décembre, le tour du monde. Aux Etats-Unis, elles ont été reprises par les journaux accompagnées d'une courte synthèse dans la page people. C'est surtout en Europe que les commentateurs politiques s'y sont intéressés, s'interrogeant, souvent de façon peu amène, sur le nouveau style de la présidence française.

Ainsi, en Italie, le quotidien La Repubblica, sous la plume de Bernardo Valli, se demande, jeudi 27 décembre, si, "à la veille de son cinquantième anniversaire, la Ve République n'a pas changé de visage", si "son sixième président, actuellement en fonction, n'est pas en train d'en écrire l'épitaphe". L'éditorialiste décrit "sur le trône de De Gaulle, un président en manches de chemise, avec la chemise déboutonnée et les lunettes de soleil d'Alain Delon, qui reçoit ses ministres les pieds sur la table et tutoie (presque) tout le monde".

"CELA TOURNE VITE AU VULGAIRE"

L'autre grand quotidien, Il Corriere della Sera, consacre sur deux pages un reportage très illustré et plutôt ironique aux "deux fiancés". En Espagne, où M. Sarkozy est bien en cour et suscite depuis sa campagne présidentielle une curiosité bienveillante, même les journaux conservateurs El Mundo et ABC s'étendent sur le coût du séjour et le rôle de Vincent Bolloré, après le prêt de son yacht à Malte.

C'est en Allemagne que les commentaires sont les plus durs, confirmant la difficulté outre-Rhin à s'habituer à un président de la République française dont les comportements désarçonnent les Allemands, qui ont toujours eu le sentiment qu'il ne les portait pas dans son cœur. A l'unisson, la presse accuse le chef d'Etat de chercher une fois encore à se mettre en scène, souvent au préjudice de sa fonction. "Au lieu de se démener, comme le reste de la classe politique du pays, sur le pouvoir d'achat, les retraites ou les délocalisations, il s'en va le week-end à Disneyland", note le magazine de droite Focus dans son édition en ligne, qui décrit un président à la recherche de "trophées".

"Ehonté, irritant, narcissique", s'agaçait la Süddeutsche Zeitung dès le 21 décembre : "Ses prédécesseurs aussi aimaient le luxe. Chez Sarkozy, cependant, cela tourne vite au vulgaire." "Les Français ne peuvent que constater à quel point ce nouveau Napoléon est imprévisible", conclut le Berliner Zeitung du 24 décembre.

En Belgique, tous les titres, francophones et néerlandophones, plaçaient en "une", mercredi, les photos de Louxor. Une "virée people" selon Le Soir, pour lequel "Sarko termine 2007 sûr de lui, arrogant, espérant mettre un voile sur ses premiers vrais déboires".

Aux Pays-Bas, le quotidien de référence NRC-Handelsblad s'interrogeait, jeudi, sur "ce qui se déroule vraiment à l'Elysée, où l'on semble tourner un remake de Louis de Funès".

Peut-être par trop habituée aux controverses entourant les voyages privés de l'ancien premier ministre Tony Blair, la presse britannique, qui avait fait ses choux gras de l'officialisation de la nouvelle liaison présidentielle au parc Disneyland, s'est faite plus discrète. "Kozy et sa copine sur les rives du Nil", titrait le tabloïd The Sun. Dimanche, The Independent ironisait sur un "Sarkozy qui a réinventé la présidence de la France à l'époque du star-system". M. Sarkozy est "le candidat unique d'un studio de 'Loft Story' appelé Elysée, une star de soap opera", écrivait le journal.

Ségolène Royal critique le comportement ostentatoire de Nicolas Sarkozy

Dans un bref communiqué diffusé mercredi 26 décembre, Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de "mettre en cause l'indépendance et la dignité de la fonction présidentielle", reprochant au président de la République son "comportement ostentatoire".

"Il faut que Nicolas Sarkozy arrête de nous provoquer par son comportement ostentatoire et cesse d'être à la charge des milliardaires dont une partie des affaires dépend de l'Etat", a-t-elle ajouté.

D'autres figures de la gauche ont dénoncé le "mélange des genres" auquel se livre le président de la République, en raison du prêt d'un avion privé par le riche industriel Vincent Bolloré à Nicolas Sarkozy pour ses vacances en Egypte.

"Vivre comme les Français"

Pour l'ancien ministre socialiste Pierre Moscovici: "Quand Nicolas Sarkozy a augmenté son salaire, c'était théoriquement pour prendre en charge la totalité de ses dépenses privées, à commencer par ses dépenses de vacances", a-t-il rappelé sur Europe-1.
"Le président de la République est le premier des Français. Il doit vivre davantage comme les Français", a-t-il souhaité. "Ce qui est préoccupant, c'est que Nicolas Sarkozy éprouve de manière assez systématique le besoin de faire financer ses vacances, en tout cas le voyage pour ses vacances, par des chefs d'entreprise très riches comme M. Bolloré (...) Ce n'est pas normal".

"Un peu de tenue"

Nicolas Sarkozy et l'ancien mannequin Carla Bruni sont arrivés mardi à Louxor, en Egypte, à bord d'un Falcon 900X appartenant au groupe Bolloré que Nicolas Sarkozy avait déjà utilisé pour se rendre à Malte juste après son élection en mai dernier. Il avait alors également séjourné à bord du yacht appartenant au groupe de Vincent Bolloré.
"C'est peut-être un peu choquant que le président de la République utilise les moyens privés de quelqu'un qui détient des médias", a avancé de son côté le président (PS) de la région Ile-de-France Jean-Paul Huchon sur RTL. "C'est un peu ennuyeux, ça fait un peu italien", a-t-il noté. Et puis, "pour les Français qui aujourd'hui ont un peu de mal à joindre les deux bouts (...) je ne suis pas sûr que ce soit très habile".
Le Parti communiste français a quant à lui appelé Nicolas Sarkozy à "un peu de tenue", jugeant "indigne" son comportement de "clinquant milliardaire". "Un président de la République n'a pas à être sponsorisé, de quelque manière que ce soit, ne serait-ce que par égard pour le mandat que lui ont donné les Français", estime le PCF dans un communiqué.

mercredi 26 décembre 2007

Bolloré prête un Falcon à Sarkozy: «quelles contreparties», s'interroge Montebourg


Le voyage à Malte avait provoqué la polémique, l’escapade à Louxor semble prendre le même chemin.

Arnaud Montebourg n’a pas tardé à réagir. Mardi, le député PS de Saône-et-Loire, s’est interrogé «sur les contreparties» que l'homme d'affaires Vincent Bolloré «est en droit d'attendre» alors que le président de la République a utilisé un de ses avions pour se rendre en vacances en Egypte.

«Je regrette de devoir m'interroger sur les contreparties que M. Bolloré, homme d'affaires rusé, est en droit d'attendre de la République, car dès lors que le président de la République se met en situation de dépendre des faveurs de milliardaires, il y a forcément une contrepartie et nous nous interrogeons lesquelles», a déclaré Arnaud Montebourg sur France Inter.


«Une sorte d’injure à la pauvreté»

«Ce mélange des intérêts privés et publics est nuisible à l'impartialité de l'Etat. On ne peut mener une politique qu'à l'écart des puissances de l'argent. M. Sarkozy mène la politique des milliardaires, ce sont eux qui sont au pouvoir et nous le voyons tous les jours.»

Le député socialiste a par ailleurs estimé que «la fréquentation des milliardaires est comme une sorte d'injure à la pauvreté et la difficulté de vie de millions de Français qui travaillent dur pour boucler leurs fins de mois sans y parvenir».

Selon Le Parisien paru ce mercredi, le prix de l'une des cinq suites de l'hôtel, occupée par Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, s'élève à 1.100 dollars la nuit, soit 765 euros.

vendredi 21 décembre 2007

"Plus belle la vie", à l'Élysée



Il y a deux mois à peine, le studio Sarkozy tournait le dernier épisode de "Desperate Housewifes à l'Elysée". Comme dans tout feuilleton télévisé, il y a un moment, cruel, où il faut bien faire disparaître l'un des personnages pour relancer le scénario. En l'occurrence, ce fut Cécilia, l'héroïne, qui en fit les frais. Avec ses humeurs, ses coups de coeur et ses états d'âme, elle occupait l'écran depuis des années ; elle en est sortie du jour au lendemain.

Après quelques semaines de tâtonnements et de bouts d'essai, le même studio vient de lancer une nouvelle série, "Plus belle la vie à l'Elysée". Le décor est le même, le personnage principal aussi puisqu'il s'agit du président de la République. Mais à son côté, Carla a remplacé Cécilia. Ensemble, ils sont allés passer un week-end de rêve à Disneyland. Hier, ils promenaient leur idylle dans les jardins centenaires du château de Versailles ; demain, peut-être, sur les rives millénaires de l'Egypte. Pour l'instant, tout va bien. La suite au prochain épisode...

L'on pourrait, comme le fait d'ailleurs la presse étrangère, continuer à ironiser longtemps sur la saga clinquante mise en scène par Nicolas Sarkozy depuis le 6 mai, de la soirée d'élection au Fouquet's jusqu'aux vacances de nouveau riche aux Etats-Unis, depuis la retraite inaugurale sur le yacht de Vincent Bolloré jusqu'à l'augmentation de salaire de 170 % exigée du Parlement, depuis l'entrée triomphante dans le palais présidentiel avec femme et enfants, jusqu'au divorce au sommet annoncé voilà deux mois.

Sans oublier le coup d'éclat permanent, selon la jolie formule de François Hollande : libération des infirmières bulgares ou de l'équipage de L'Arche de Zoé, meeting matinal avec les cheminots en colère ou virile empoignade avec les marins-pêcheurs. Et quelques épisodes moins glorieux comme les palinodies russes ou les humiliations libyennes.

Avec un indéniable sens du spectacle, le chef de l'Etat a donc multiplié les épisodes et les rebondissements, utilisé les ressorts classiques du pouvoir, de l'argent et du sexe et s'est réservé le rôle du héros au grand coeur.

Le seul problème est que nous ne sommes pas dans une série télévisée. Pas davantage dans l'univers artificiel du show-biz ou dans celui de pacotille de la Star'Ac. Mais bien dans la réalité, au sommet de la République française, à la tête de la septième puissance mondiale. Or en quelques mois, Nicolas Sarkozy a transformé la fonction présidentielle plus sûrement que tous ses prédécesseurs et toutes les révisions constitutionnelles depuis près d'un demi-siècle. Il en a fait exploser l'image, la pratique et les valeurs.

L'image (comme le verbe d'ailleurs) se voulait rare, distancée, le plus souvent solennelle, parfois hautaine, voire hiératique. Toujours pénétrée de la différence et de la distinction présidentielles, nimbée des mystères du pouvoir. Elle est devenue permanente, démonstrative, mobile, décoincée, "nature" en quelque sorte, transparente jusqu'à la trivialité, familière jusqu'à la vulgarité, dans une proximité ostensible et volontiers surjouée avec le commun des citoyens.

Dans l'exercice du pouvoir également, tout concourt à abolir les distances : voilà un président qui gouverne comme un chef d'entreprise, sans craindre de rabaisser ses ministres au rang de collaborateurs ou d'exécutants. Qui ne fait plus mine d'arbitrer mais décide et tranche de tout et sur tout. Qui ne s'abrite plus derrière son équipe mais au contraire s'engage et s'expose jusqu'à l'exhibition. Qui manie enfin l'émotion, la compassion et l'empathie sans craindre d'y perdre sa dignité.

Quant aux valeurs, elles ont été blackboulées. A commencer par la modestie ou l'austérité républicaines dont le général de Gaulle avait imposé la discipline et dont ses successeurs ne s'étaient écartés, peu ou prou, que comme embarrassés et en catimini. Rien de tel chez Nicolas Sarkozy, qui n'entend se priver d'aucun des avantages offerts par la fonction et les assume avec d'autant plus d'appétit qu'ils les vit comme les signes extérieurs de sa réussite.

AU DIABLE HUGO, VIVE MICKEY !

De même, la frontière protectrice entre vie publique et vie privée a été effacée sans hésitation au profit de cet extravagant mélange des genres où joies et peines présidentielles sont livrées en pâture au bon peuple. Au point d'apparaître, au fil des épisodes, comme d'opportunes manoeuvres de diversion : ce fut le cas avec le divorce présidentiel annoncé le 18 octobre, le jour où commençait la grève dans les transports en commun ; et à nouveau avec la mise en scène de sa liaison avec Carla Bruni au lendemain du calamiteux séjour à Paris du président libyen.

On ajoutera enfin, au risque de paraître dangereusement guindé, que le choix par le chef de l'Etat de Disneyland pour afficher sa nouvelle "love affair" frise la provocation. Comme une manière de lancer à tous les donneurs de leçons parisiens : au diable les lourdeurs compassées de la culture française - d'ailleurs donnée pour morte par le magazine Time - et vive les paradis populaires du décor hollywoodien ! Au diable Victor Hugo et vive Mickey !

Tout cela, bien sûr, au nom d'une modernité, d'une efficacité et d'une sincérité affranchies des codes et rites désuets du pouvoir. Reste à évaluer si ce feuilleton présidentiel conduit à l'effacement du politique et si ce "style Sarko" désacralise la fonction au point de l'abaisser. A première vue, la réponse est non. Le président de la République a mis la même énergie à agir qu'à se montrer. Il a fait preuve de la même détermination à appliquer son programme et à réformer la France qu'à faire le beau. Sans gêne dans sa vie privée, il ne l'a pas été davantage pour bousculer les principes, les règles - les tabous, dirait-il - qui façonnent la France depuis des décennies.

Mais c'est au prix d'une redoutable inversion des valeurs. Transformer les citoyens en spectateurs du "Sarko Show" les dispense d'autant mieux d'être acteurs de la vie publique. Réduire la fonction de représentation du pays à l'incarnation de sa propre réussite pourrait bien dissoudre ce qui reste de bien commun et collectif au profit d'un individualisme démonstratif et triomphant. Gouverner par l'image et l'émotion, de façon épidermique, laisse d'autant moins de place à la rationalité et la pédagogie de l'action. Bref, remplacer la démocratie par la télécratie n'est pas sans risque. Pour le président lui-même, condamné à en faire toujours plus. Pour le pays, transformé en jouet magnifique d'un enfant-roi.

mercredi 19 décembre 2007

Avis de recherche





Le Monde du 18 décembre
papier de verre
Hervé Le Tellier
On est sans nouvelle de la petite Carla B., enlevée le 16 décembre à Disneyworld. La police progresse : un portrait-robot du ravisseur est placardé dans toute les mairies.

lundi 17 décembre 2007

Répression homophobe en Iran



Le jeune Makwan Moloudzadeh a été exécuté en secret

Malgré la décision d'un haut responsable de la justice iranienne de casser la décision du tribunal de Paveh (lire Quotidien du 16 novembre), Makwan Moloudzadeh (photo), homosexuel, a été exécuté à l'aube hier, mercredi 5 décembre. Sa famille et son avocat n'ont été prévenus de sa mort qu'après la pendaison. Cette exécution nouvelle d'une personne mineure au moment des faits qui lui étaient reprochés (lire Quotidien du 30 octobre) provoque une très forte émotion au sein des associations françaises et internationales qui s'étaient mobilisées, comme Amnesty International, l'IRQO, l'IGLHRC ou encore SOS homophobie, mais également au sein de la rédaction de Têtu, qui avait relayé la campagne (lire Quotidien du 5 novembre).

Car le directeur du programme LGBT de Human Right Watch, Scott Long, a reproché aux médias anglo-saxons et à certaines ONG de s'être réjoui un peu trop tôt d'une levée de la sentence, et d'avoir fait des gros titres sur un éventuel «pardon» de la République islamique, accordé au jeune homme. Il les accuse d'avoir fait passer leur égo (c'est à dire leur joie d'avoir cru sauver le jeune homme) avant la sécurité de celui-ci. Si la sentence était levée, à aucun moment Makwan n'avait été pardonné de quoi que ce soit. Par ailleurs, la famille de Makwan Moloudzadeh s'était inquiétée du fait que la presse occidentale évoque le jeune homme comme un «gay» ou un «homosexuel». Elle craignait que ce qualificatif ne soit repris par les journaux en farsi.

Têtu interpelle le Quai d'Orsay, et en particulier la secrétaire d'État aux Droits de l'homme, Rama Yade. Cette dernière aurait, en effet, promis d'aider les gays et les lesbiennes persécutés dans le monde (lire Quotidien du 21 novembre).

Journal Tétu

Déclaration de la Présidence de l'Union Européenne sur l’exécution de Makwan Moloudzadeh

(GIF)

Téhéran, le 2007-12-05

La Présidence de l’UE deplore fortement l’exécution de Makwan Moloudzadeh , condamné à la peine de mort par un juge du Tribunal de Kermanshah pour un crime qu’il aurait commis à l’âge de 13 ans.

L’UE rappelle les engagements internationaux de la République islamique d’Iran, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention relative aux droits de l’enfant, qui tous deux interdisent clairement l’exécution de mineurs ou de personnes condamnées pour des crimes commis alors qu’elles étaient mineures.

La Présidence de l’Union européenne réaffirme que l’UE est opposée, de longue date, à l’application de la peine de mort, quelles que soient les circonstances, et tient à rappeler que toute erreur judiciaire dans l’application de la peine de mort entraîne la perte irréparable et irréversible de vies humaines.

La Présidence de l’UE exhorte la République islamique d’Iran à mener une enquête afin d’établir si le procès de Makwan Mouloudzadeh a été mené en conformité avec les procédures en vigueur, et si l’accusé a bénéficié de tous les droits prévus par le code de la procédure pénale, et d’assurer que les mesures adéquates soient prises à cet égard.

La Présidence de l’UE fait également appel à la République islamique d’Iran de veiller à ce que le projet de loi actuellement en délibération soit approuvé par les Majlis et par les autorités judiciaires, et que cette loi exclue clairement l’application de la peine de mort aux mineurs et aux personnes condamnées pour des crimes commis alors qu’elles étaient mineures.


vendredi 14 décembre 2007

Drôles de droits de l'homme

jeudi 13 décembre 2007
papier de verre
Hervé Le Tellier
Sarkozy candidat l'avait dit : il irait chercher les points de croissance avec les dents. On comprend d'autant moins, sur les droits de l'homme, ses remarques si peu incisives.

mercredi 12 décembre 2007

AFRIQUE • Le sida continue de faire des ravages

Le sida reste une triste réalité, surtout dans les pays pauvres africains. Le quotidien Le Messager, de Douala, se penche sur le cas du Cameroun, où le nombre d'infectés a été multiplié par dix en deux ans.

Jusqu'à tout récemment, pour des raisons essentiellement d'ordre éthique, le conseil et le dépistage du VIH se faisaient avant tout à l'initiative du patient, ce qu'on appelle aussi le conseil et dépistage volontaire (CDV). Il revenait à l'individu de chercher activement à se faire dépister dans un établissement de santé. Avec un peu de recul, on peut constater aujourd'hui que cette méthode s'est heurtée d'une part à la faible disponibilité des services, et d'autre part à la peur de la stigmatisation et de la discrimination. Et, surtout, à l'illusion qu'ont de nombreuses personnes de ne pas être exposées au risque, même en zone de forte prévalence.

Dans les pays pauvres, le caractère volontaire du dépistage représente un sérieux obstacle à la lutte contre la pandémie. Quelle est la réelle capacité de patients démunis et peu instruits à donner un consentement éclairé ? Comment une personne qui n'a jamais entendu parler de bactéries ou de virus pourrait-elle donner un consentement éclairé ? Enfin, quel est l'intérêt pour un individu de se faire dépister, sachant qu'il vit dans un pays dans lequel il n'existe pas de sécurité sociale ? Selon des enquêtes récentes, en Afrique subsaharienne seulement 12 % des hommes et 10 % des femmes ont eu un test de dépistage et reçu leur résultat. Aujourd'hui, environ 80 % des personnes vivant avec le VIH dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires ignorent qu'elles sont séropositives (ONUSIDA 2006).

Quelque 510 000 malades du sida ont été recensés au Cameroun cette année, alors qu'ils étaient 43 000 en 2004. Le plan stratégique 2006-2010 du gouvernement camerounais de lutte contre la pandémie vise à réduire d'au moins 50 % le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans infectés. Cet objectif ne pourra être atteint qu'en adoptant des stratégies innovatrices, telles que l'introduction de modules de formation et d'enseignement sur le sida dans les établissements scolaires du primaire et du secondaire ; la réduction des coûts indirects des soins ; l'adoption de méthodes appropriées d'information et d'éducation. La promotion d'une activité basée sur le travail participatif et l'intégration communautaire ; la création de réseaux de collaboration ; l'instauration d'une politique concertée de santé publique.

Philippe R. Ngandeu
Le Messager

lundi 10 décembre 2007

EUROPE-AFRIQUE • Un sommet inutile ?


Marquée par la présence controversée du Zimbabwéen Mugabe, la rencontre de Lisbonne entre chefs d'Etats européens et africains, les 8 et 9 décembre, est une ocassion de tenter d'aborder les grandes questions de l'avenir du continent noir.

Mugabe, Kadhafi ou l'avenir de l'Afrique ? Entre la présence du président zimbabwéen boycottée par le Premier ministre britannique, le président libyen qui fait la une de Público avec son campement de tentes, et les questions politiques, humanitaires et économiques en discussion, il est difficile de prévoir qui sera la vedette du troisième sommet Europe-Afrique qui se tient à Lisbonne les 8 et 9 décembre. Un "sommet de rupture", comme le qualifie Fraternité Matin, l'un des rares journaux africains à se pencher sur l'événement. Le quotidien ivoirien rappelle qu'après le premier sommet qui s'est tenu au Caire en avril 2000, "le deuxième sommet prévu en juin 2003 a été boycotté par les chefs d'Etats africains, par solidarité avec leur homologue zimbabwéen interdit d'accès".

En préparant le sommet et en gérant le cas Mugabe, "la présidence portugaise a conduit le dossier avec sagesse", estime l'ancien commissaire européen chargé de la Justice et des Affaires intérieures, António Vitorino, dans le Diário de notícias. Lisbonne a "exclu la possibilité de pratiquer une quelconque discrimination envers les invités, ce qui fut décisif dans la venue des dirigeants africains", poursuit Vitorino. Et, en "incluant le thème de la bonne gouvernance et des droits de l'homme, la présidence portugaise a sauvegardé l'unité européenne et donné une visibilité appropriée à la condamnation sans détour adressée à la tyrannie politique du président Mugabe. Tout le défi de Lisbonne est de démontrer que le sommet ne se résume pas au cas du Zimbabwe."

"Vu au travers du prisme britannique, le sommet a deux aspects distincts, note cependant The Independent. Le premier est la relation bilatérale tendue entre la Grande-Bretagne et le Zimbabwe. Le second est tout le reste des activités du sommet. La question est : dans quelle mesure l'un fera-t-il de l'ombre à l'autre ?" Pourtant, estime le quotidien londonien, "les héritages coloniaux qui ont tendance à diviser les pays de l'UE et alimentent le ressentiment dans certaines parties de l'Afrique peuvent également être une force. Il existe des deux côtés une connaissance extensive et une expérience qui pourraient être bien mieux utilisées."

Le son de cloche est tout autre pour João Marques dos Santos, chroniqueur du Correio da Manhã, qui dénonce la lâcheté des Européens: "Pourquoi tout ce folklore ? Discuter de l'Afrique et de ses relations avec l'Europe devrait nécessairement passer par la discussion des grands problèmes des Africains. La faim. Le sida. La tuberculose. La malaria et toutes les autres maladies non mortelles, mais qui en Afrique continuent à tuer. L'analphabétisme. L'esclavage d'hommes, de femmes et d'enfants Mugabe, Kadhafi ou l'avenir de l'Afrique ? Entre la présence du président zimbabwéen boycottée par le Premier ministre britannique, le président libyen qui fait la une de Público avec son campement de tentes, et les questions politiques, humanitaires et économiques en discussion, il est difficile de prévoir qui sera la vedette du troisième sommet Europe-Afrique qui se tient à Lisbonne les 8 et 9 décembre. Un "sommet de rupture", comme le qualifie Fraternité Matin, l'un des rares journaux africains à se pencher sur l'événement. Le quotidien ivoirien rappelle qu'après le premier sommet qui s'est tenu au Caire en avril 2000, "le deuxième sommet prévu en juin 2003 a été boycotté par les chefs d'Etats africains, par solidarité avec leur homologue zimbabwéen interdit d'accès".

En préparant le sommet et en gérant le cas Mugabe, "la présidence portugaise a conduit le dossier avec sagesse", estime l'ancien commissaire européen chargé de la Justice et des Affaires intérieures, António Vitorino, dans le Diário de notícias. Lisbonne a "exclu la possibilité de pratiquer une quelconque discrimination envers les invités, ce qui fut décisif dans la venue des dirigeants africains", poursuit Vitorino. Et, en "incluant le thème de la bonne gouvernance et des droits de l'homme, la présidence portugaise a sauvegardé l'unité européenne et donné une visibilité appropriée à la condamnation sans détour adressée à la tyrannie politique du président Mugabe. Tout le défi de Lisbonne est de démontrer que le sommet ne se résume pas au cas du Zimbabwe."

"Vu au travers du prisme britannique, le sommet a deux aspects distincts, note cependant The Independent. Le premier est la relation bilatérale tendue entre la Grande-Bretagne et le Zimbabwe. Le second est tout le reste des activités du sommet. La question est : dans quelle mesure l'un fera-t-il de l'ombre à l'autre ?" Pourtant, estime le quotidien londonien, "les héritages coloniaux qui ont tendance à diviser les pays de l'UE et alimentent le ressentiment dans certaines parties de l'Afrique peuvent également être une force. Il existe des deux côtés une connaissance extensive et une expérience qui pourraient être bien mieux utilisées."

Le son de cloche est tout autre pour João Marques dos Santos, chroniqueur du Correio da Manhã, qui dénonce la lâcheté des Européens: "Pourquoi tout ce folklore ? Discuter de l'Afrique et de ses relations avec l'Europe devrait nécessairement passer par la discussion des grands problèmes des Africains. La faim. Le sida. La tuberculose. La malaria et toutes les autres maladies non mortelles, mais qui en Afrique continuent à tuer. L'analphabétisme. L'esclavage d'hommes, de femmes et d'enfants. L'espérance de vie scandaleusement faible. La cleptocratie florissante, en particulier dans les pays produteurs de pétrole. La corruption. Mais non. Ce dont on va discuter, c'est l'accès aux matières premières. L'investissement étranger. Et comment chacune des parties peut s'enrichir sur le dos de l'autre. […] Les Européens veulent uniquement sauver ce qu'il reste de leurs intérêts économiques en Afrique. […] Ceux qui voudront parler des drames de l'Afrique pourront en parler. Mais à voix basse et dans les couloirs. Comme des conspirateurs honteux."

Daniel Matias

vendredi 7 décembre 2007

Ségolène Royal dénonce le manque de clarté et de vérité de la politique de Nicolas Sarkozy


Voyage de Nicolas Sarkozy en Chine : service minimum pour les droits de l’Homme.

Au delà de la communication sur les contrats industriels qui étaient pour la plupart déjà signés et des déclarations d’intention sur la nécessaire réévaluation du yuan, de nombreuses ONG, en particulier Reporter Sans Frontières, déplorent déjà la quasi-absence de déclarations tangibles sur les droits de l’Homme.

L’absence de la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme Rama Yade est révélatrice. Mais de là à déclarer que la Chine avait effectué des « progrès depuis 30 ans » sur la question des droits de l’homme, il y avait une ligne rouge que la décence imposait de ne pas franchir.

A moins de huit mois des prochains Jeux olympiques, alors que monde a le regard tourné sur la Chine, la France avait la responsabilité historique de rappeler qu’elle n’oubliait ni le Tibet, ni Tien an Men, ni les exécutions continues – et croissantes – d’opposants politiques. Les contrats, surtout ceux déjà signés, ne permettent pas tout.

La France ne gagnera pas le respect des Chinois en mettant de côté ses valeurs fondamentales : les Allemands souvent très durs avec Pékin, se sont toujours mieux imposés que la France sur le marché chinois. Les parts de marché que les entreprises françaises doivent gagner dans ce pays ne sont pas incompatibles, loin s’en faut, avec un discours ferme et équilibré sur l’Etat de droit, la démocratie et les droits de l’homme. C’est cela une démocratie qui marche sur ses deux jambes. La France ne doit plus être arrogante avec les faibles et faible avec les forts. Elle doit être fidèle à elle-même, constante dans ses convictions pour mieux promouvoir ses intérêts.



Elections en Russie, visite du Colonel Kadhafi en France

Comme l’a dit François Loncle à l’Assemblée Nationale, au lendemain des élections législatives russes, les accusations de fraude massive, de pressions et de malhonnêteté se sont multipliées en Russie et dans le monde. Et Nicolas Sarkozy ne trouve rien de mieux à faire que de se précipiter au téléphone pour féliciter chaleureusement M. Poutine alors que les dirigeants de l’Espagne, de l’Italie, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, ainsi que le gouvernement allemand, soulignent que ces élections n’étaient ni équitables, ni libres, ni démocratiques ! Pourquoi ce coup de téléphone pour le moins hâtif et imprudent, cette caution supplémentaire à un régime de plus en plus autoritaire ? Voila qui contredit totalement les engagements de M. Sarkozy, qui déclarait en mai dernier : « ce n’est pas parce que la Chine et la Russie sont de très grandes puissances que l’on doit s’interdire de dénoncer les violations des droits de l’homme ». Et de donner comme grand objectif à sa politique étrangère de promouvoir les droits de l’homme partout dans le monde.

La Realpolitik devient un cynisme difficilement supportable qui va culminer lors de l’accueil du colonel Kadhafi pour une visite d’Etat, contrairement à ce que font tous les pays de l’Union européenne, quelle appréciation portez-vous sur ces dérives ? Cette visite en France est intolérable alors que les tortures en prison sont désormais connues de tous.



Pouvoir d’achat

Parmi les annonces faites, je remarque que Nicolas Sarkozy a repris nombre de propositions que j’avais faites pendant la campagne :
la réforme de l’indice des prix,
le bouclier logement et les cautions,
la taxation des compagnies pétrolières pour baisser le coût de l’énergie (alors que jeudi dernier il affirmait que ce n’était pas possible à cause des risques de délocalisation !).
mais il reprend d’une main ce qu’il donne de l’autre : le doublement de l’aide à la cuve + 75 euros sera repris par la redevance télé à laquelle les personnes âgées vont être assujetties (+ 116,50 euros).



Quand Nicolas Sarkozy récupère le travail des entreprises françaises : l’imposture !

A chaque visite, ses soi-disant milliards de contrats. Comme si son seul déplacement était à l’origine de ces contrats alors même que la plupart de ces contrats étaient déjà signés. A ce compte là, il peut faire le tour du monde, partout où les entreprises sont présentes !

Mais pas un mot sur les délocalisations qui s’accélèrent. Depuis quelques jours, les grandes entreprises annoncent qu’elles envisagent des délocalisations :

Airbus qui a annoncé qu’il veut produire en zone dollar ;
Dassault qui lui emboîte le pas dimanche ;
Alstom aujourd’hui

Quelles actions et quelle riposte de Nicolas Sarkozy à ces délocalisations ? Peut-on sérieusement s’attribuer des contrats et pas les délocalisations qui sont d’ailleurs intégrées dans certains contrats ?


Il faut de la clarté et de la vérité.

Ségolène Royal

mardi 4 décembre 2007

Moins de fonctionnaires ?


La fonction publique serait-elle ringarde à ce point-là ? La voici invitée à maigrir par le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite, à travailler plus en acceptant d'effectuer des heures supplémentaires, à abandonner ses avantages acquis en alignant ses régimes de retraite sur ceux du secteur privé, à se moderniser en oubliant son organisation par corps pour choisir la mobilité, y compris vers un secteur privé décidément paré de toutes les vertus. Bref, à participer au redressement des comptes publics en coûtant moins cher au budget de l'Etat.

Comment, dans ces conditions, l'administration va-t-elle parvenir à attirer dans ses rangs les jeunes arrivant sur le marché du travail ? Jusqu'ici, même si elle ne payait pas très bien, elle ne manquait pas d'arguments : sécurité de l'emploi, carrière rectiligne, avantages sociaux divers et variés, rythmes de travail réputés peu stressants... Si tout cela disparaît, à quoi bon embrasser la carrière ?

Qu'importe, serait-on tenté de penser, puisque, précisément, cet Etat amaigri et bien plus efficace aura de moins en moins besoin d'agents. Erreur, et même erreur arithmétique, comme l'explique le site Internet Pulidia, spécialisé dans l'information sur les concours et les métiers de la fonction publique, qui est allé consulter un rapport du Sénat du 18 juillet 2007, lui-même appuyé sur les chiffres du ministère du budget, des comptes publics et de la fonction publique. Pour résumer, indique ce site, " remplacer un fonctionnaire sur deux reviendrait à recruter 190 000 fonctionnaires entre 2007 et 2011, et plus de 40 000 pour la seule année 2008 ".

Pourquoi ? Parce que la pyramide des âges de la fonction publique est ainsi faite que le nombre de départs en retraite va grimper de façon vertigineuse ces prochaines années. Entre 2007 et 2011, 385 000 agents civils et militaires de l'Etat vont quitter leur poste, dont 80 000 en 2008. N'en remplacerait-on que la moitié qu'il faudrait tout de même recruter de plus en plus de fonctionnaires au fil des ans. En 2004, alors que des gouvernements " dispendieux " (!) jetaient l'argent du contribuable par la fenêtre en remplaçant inconsidérément tous les fonctionnaires partant en retraite, 46 000 avaient été recrutés.

Paradoxalement, le mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy pourrait rester dans l'histoire de la Ve République comme celui pendant lequel le plus grand nombre de fonctionnaires aura jamais été recruté.

ANTOINE REVERCHON

CHRONIQUE, "Le Monde de l'économie", 4 décembre 2007

lundi 3 décembre 2007

Visite officielle de Nicolas Sarkozy en Algérie


Visite officielle du Président N. Sarkozy en Algérie:
Pour un avenir commun des deux peuples fondé sur la Vérité de l'Histoire

Pour les droits, la dignité et la libre circulation des migrants le Nord
et le Sud

Le MRAP regrette que la rencontre entre le Président Abdelaziz Bouteflika et le Président Nicolas Sarkozy se produise dans un climat de tensions, même s'il se félicite du désaveu de la part du Président algérien des propos tenus par son Ministre des Anciens combattants sur
les origines de N. Sarkozy.

Compte tenu des liens historiques et humains qui lient la France et l'Algérie, le MRAP considère que les deux peuples ont un avenir commun à construire. Il espère que cette rencontre permettra de contribuer à jeter des ponts viables et durables entre les rives Nord et Sud de la
Méditerranée.

Le passé colonial pèse lourdement sur le présent et compromet l'avenir. La construction de passerelles que le MRAP appelle de tous ses voeux, ne pourra se faire sans une reconnaissance officielle des préjudices engendrés par la colonisation et des crimes commis au nom du peuple
français. Le MRAP exige du gouvernement français un geste historique significatif dans ce sens, condition indispensable à une coopération entre les deux peuples.

Si le MRAP se réjouit des déclarations de N Sarkozy promettant un engagement du gouvernement français «contre le racisme, l'antisémitisme et l'islamophobie», gage moral important de lutte contre le racisme sous toutes ses formes, il ne peut oublier la politique anti immigrés qui porte atteinte aux droits et à la dignité des personnes et favorise la montée de ce même racisme.

A l'heure où l'Union Européenne toute entière et la France prennent position pour une politique d'immigration de travail sur leur territoire, le MRAP rappelle que les Sans papiers - et tout
particulièrement ceux de nationalité Algérienne présents en France - sont tous des travailleurs qui irriguent des pans entiers de notre économie et qu'ils ont pleinement acquis par leur dur labeur le droit d'être régularisés, pour mener enfin une vie digne.

En outre le MRAP s'élève avec vigueur contre la politique d'externalisation du contrôle de ses frontières que l'Union Européenne entend sous-traiter en particulier aux pays du Maghreb, dont l'Algérie. Cette politique alimente une véritable «guerre aux migrants», poursuivis par les polices de la rive Sud et internés dans des camps, cause des milliers de morts par naufrage en Méditerranée sur le chemin de la rive Nord et s'avère inapte à arrêter l'hémorragie des «harragas- brûleurs de frontières», cause de grave préoccupation pour l'Algérie. Le MRAP
réaffirme avec force que seule une politique de libre circulation, est de nature à répondre aux besoins des deux rives, tout en respectant les aspirations et la dignité des migrants.

Paris, 2 décembre 2007

Secrétariat de Direction
Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples
43 bd Magenta - 75010 Paris
Site officiel : http://www.mrap.fr
Histoire du MRAP : http://mrap.juridique.free.fr

mercredi 28 novembre 2007

Bilan désolant de la visite de Sarkozy en Chine

Plusieurs associations de défense des droits de l'Homme, interrogées par Nouvelobs.com, réagissent, mardi 27 novembre, aux propos tenus par le président de la République lors de sa visite officielle en Chine. La Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH) regrette des propos trop allusifs. "On attendait plus de fermeté de sa part", déclare la responsable du bureau Asie, qui rappelle les avancées au minimum insuffisantes de la Chine en matière de droits de l'Homme. (lire l'interview)

"Un bilan désolant"

La position d'Amnesty International est moins contrastée. "Le bilan de cette visite est un peu désolant", déclare la responsable de la coordination Chine, qui s'interroge: "On apprend, par des communiqués de l'Elysée, que le président de la République a abordé les droits de l'Homme, mais dans quelle mesure, sous quelle forme ?". Elle constate qu'"on s'est abstenu d'intervenir efficacement sur les sujets sensibles des libertés bafouées". (lire l'interview)

Promesses tenues sur la liberté de la presse

Du côté de Reporters sans frontières (RSF), son secrétaire général salue les propos tenus par Nicolas Sarkozy sur la liberté de la presse. "Sur la liberté de la presse en général, il faut reconnaître qu'il a tenu ses promesses", a déclaré à Nouvelobs.com Robert Ménard.
Ce qui ne l'empêche pas de critiquer avec force les autres déclarations du président de la République sur les droits de l'Homme. "C'est impensable de souligner, comme il l'a fait, les efforts de la Chine depuis trente ans dans ce domaine", indique-t-il. (lire l'interview)

mardi 27 novembre 2007

RUSSIE • Poutine veut faire taire l'opposition


A moins d'une semaine du scrutin législatif, la brutalité de la répression des manifestations anti-Poutine illustre le raidissement du pouvoir.

Les manifestations d'opposants à Vladimir Poutine, le 24 novembre à Moscou et le lendemain à Saint-Pétersbourg, ont été violemment réprimées par les forces antiémeutes (OMON). Dans la capitale, le leader de la coalition L'Autre Russie, Garry Kasparov, a été condamné à cinq jours de prison. Et des centaines de personnes ont été arrêtées, dont plusieurs dirigeants de l'opposition, comme Boris Nemtsov, qui dirige l'Union des forces de droite (SPS, libéraux).

"Les 'marches des contestataires', samedi à Moscou et dimanche à Saint-Pétersbourg, n'ont été ni une manifestation d'unité des opposants à Poutine ni même le triomphe de techniques de provocation", commente dans une analyse le journal pro-Kremlin Moskovski Komsomolets, qui titre sur la "farce des contestataires". L'auteur, Boris Perchine, fait référence aussi bien à la faiblesse de la mobilisation qu'aux critiques émises par le leader de l'Union des forces de droite à l'encontre des provocations des radicaux de la mouvance nationale-bolchévique. Si les forces antiémeutes ont réagi "sévèrement mais sans abus", l'auteur n'en conclut pas moins que "l'opposition marginale s'est réunie à Moscou non pas pour exprimer une volonté politique mais pour créer des troubles et passer à la télévision. En ce sens, la marche de l'opposition a atteint ses objectifs."

Pour Vedomosti, la faute en incombe aux autorités, qui "continuent de pousser l'opposition hors du système, en refusant toute concurrence politique, même si la victoire est largement gagnée d'avance". Une intransigeance poussée "jusqu'à l'absurde" d'après l'éditorial du journal des affaires moscovite. "Pourquoi le pouvoir joue-t-il le jeu de l'opposition et interdit-il la marche puis arrête les dirigeants ?" Et Vedomosti de répondre : "Malgré la faiblesse et l'isolement de l'opposition, les autorités craignent un scénario de révolution orange et qualifient les opposants de "chacals qui rôdent aux portes des ambassades étrangères".

En outre, "les élections législatives du 2 décembre ayant été transformées en plébiscite en faveur de Vladimir Poutine [tête de liste de Russie unie], on s'attend à assister à une victoire encore plus importante que les sondages ne l'avaient prévu. "Obtenir 50 % ou même 60 % des voix ne suffira pas à Russie unie. On s'attend à un résultat comparable à celui de Poutine lors de la dernière présidentielle (71,31 %)."

Pour la Nezavissimaïa Gazeta, "la principale nouveauté a été l'attitude des dirigeants de la SPS lors des manifestations des contestataires. Le nombre de participants à Moscou et Saint-Pétersbourg étant très en deçà des chiffres annoncés, les leaders du SPS ont donc laissé les nationaux-bolchéviques en pointe face aux OMON tandis qu'eux-mêmes restaient en arrière." Jusque-là, le SPS ne se mêlait pas aux actions, qualifiées de radicales, de L'Autre Russie. A la différence de la coalition d'opposition, le SPS est candidat aux législatives mais ses chances de franchir le seuil minimal de 7 % des suffrages et d'entrer dans la Douma, la chambre basse du Parlement, sont nulles.

des dirigeants de la SPS lors des manifestations des contestataires. Le nombre de participants à Moscou et Saint-Pétersbourg étant très en deçà des chiffres annoncés, les leaders du SPS ont donc laissé les nationaux-bolchéviques en pointe face aux OMON tandis qu'eux-mêmes restaient en arrière." Jusque-là, le SPS ne se mêlait pas aux actions, qualifiées de radicales, de L'Autre Russie. A la différence de la coalition d'opposition, le SPS est candidat aux législatives mais ses chances de franchir le seuil minimal de 7 % des suffrages et d'entrer dans la Douma, la chambre basse du Parlement, sont nulles.

Philippe Randrianarimanana

dimanche 25 novembre 2007

"Guy Môquet au Fouquet's" ou la sarkoïsation des esprits


Extrait de Guy Môquet au Fouquet's de Pierre-Louis Basse

"Du Fouquet’s à Malte, de la Rolex qui semble vous fasciner à ces vacances somptuaires sur la côte est des États-Unis, vos ennemis politiques s’en sont donné à cœur joie. Ils parlent d’erreur, de frime, de vulgarité. Ils ont tort. Vous êtes à l’heure. Vous êtes le Président de notre temps. Le manager de notre époque. Le héros de Closer et Voici. Pour les plus naïfs de la bande, je leur conseille d’aller prendre l’air du côté de votre ville de cœur : Neuilly.
J’ai marché là aussi, cherché désespérément quelques rues dignes de Guy Môquet. Guy, celui qui ne manquera pas de vous tirer quelques larmes supplémentaires pendant vos commémorations. Pas une rue, pas une fontaine, pas un parc portant trace de son sacrifice. Vous n’êtes pas en reste avec Louis-Philippe, le duc d’Orléans, Mac-Mahon, ou, plus significatif encore, ce bon Monsieur Thiers qui, pour une trace de poudre sur les mains des enfants des communards, les emmenait à l’abattoir.
Mais tout cela n’a guère d’importance : le faux dès lors qu’il pénètre durablement la société, devient le vrai d’aujourd’hui et demain. C’est la raison pour laquelle il vous fallait impérieusement en venir aux mains avec l’Histoire"

Dans ce pamphlet Pierre-Louis Basse dénonce avec style et élégance l’opération de marketing politique - véritable hold-up de la mémoire - auquel se livre Nicolas Sarkozy avec la figure rimbaldienne de Guy Môquet, la sarkoïsation des esprits et les nouveaux conformismes contemporains.

Je n'ai rien dit...

Quand ils ont supprimé les régimes spéciaux, je n'ai rien dit, je n'étais pas concerné.
Ils sont venus pour supprimer les postes de fonctionnaires, je n'ai rien dit, je n'étais pas fonctionnaire.
Ils sont venus pour diminuer la couverture sociale, et je n'ai rien dit, je n'étais jamais malade.
Ils sont venus pour supprimer usines et entreprises, et je n'ai rien dit, j'avais un travail.
Puis je suis tombé malade et j'ai perdu mon emploi et il ne restait plus personne pour dire quelque chose.

Lu dans Le Monde daté des 26 et 27 novembre dans le courrier des lecteurs
Serge d'Ignacio (92)

Ce texte est inspiré de ce poème devenu le symbole du combat contre le nazisme et l'indifférence attribué au pasteur et théologien allemand Martin Niemöller (1892 - 1984)

« Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas communiste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les sociaux-démocrates
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas social-démocrate.
Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas syndicaliste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les catholiques
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas catholique.
Lorsqu'ils sont venus
chercher les juifs
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas juif.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester. »

vendredi 23 novembre 2007

Nicolas Sarkozy s'est-il livré à une véritable diatribe contre la présence des musulmans en Europe?

Selon le Blog du journaliste Jean Quatremer, observateur pour Libération des « Coulisses de Bruxelles », repris dans l’édition électronique de Libération du lundi 19 novembre 2007, « L’histoire se raconte dans les chancelleries européennes. Nicolas Sarkozy, recevant
le Premier ministre irlandais, Bertie Ahern, le 21 septembre, puis le Premier ministre suédois, Frederik Reinfeldt, le 3 octobre, se serait livré à une véritable diatribe antimusulmane devant ses invités ». Le président de la République se serait lancé « dans un langage très dur, très familier, choquant pour tout dire », contre le « trop grand nombre de musulmans présents en Europe et leurs difficultés d’intégration ».

Un certain nombre de militants et de sympathisants du MRAP ont alerté notre association car ces propos d’une étonnante violence attribués au Chef de l'Etat, s’ ils sont avérés, sont d'une gravité extrême et ne peuvent que contribuer à alimenter et banaliser une certaine lecture du
monde et de ses conflit brutaux et meurtriers autour du concept de « choc des civilisations ».

A l'heure des alertes lancées tant par la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance - ECRI du Conseil de l’Europe que par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les questions de racisme et d’intolérance, face aux dangers croissants de montée du racisme
anti-musulman issu de l’exacerbation de l'islamophobie en Europe et dans le monde, le MRAP demande une clarification rapide des propos qu’il a tenus, de la part du Président de la République.

Paris, le 22 novembre 2007.

--
Secrétariat de Direction
Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples
43 bd Magenta - 75010 Paris
Site officiel : http://www.mrap.fr
Histoire du MRAP : http://mrap.juridique.free.fr

Le Medef et la durée légale du travail

papier de verre
Hervé Le Tellier
De plus en plus "décomplexé", le Medef veut supprimer la durée légale du travail, "trop complexe". C'est vrai, "travailler plus pour gagner plus", c'est compliqué. "Travailler plus" suffit.
lemonde.fr, 22:11:2007

lundi 19 novembre 2007

François Hollande répond à Danielle Mitterrand

Le Premier secrétaire du PS François Hollande a répondu dimanche 18 novembre à Danielle Mitterrand qui avait reproché aux dirigeants du PS de ne pas avoir "l'esprit socialiste", dans une interview au Parisien le 15 novembre.
Alors que la veuve du président Mitterrand a jugé que les dirigeants du PS avaient "un regard beaucoup trop attendri pour l'argent", François Hollande a rétorqué au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI : "Je ne sais pas de quoi elle parlait."
"En revanche, je pense qu'il faut avoir l'esprit socialiste", a-t-il poursuivi, ajoutant : "Avoir l'esprit socialiste, c'est avoir la capacité de rénover le Parti socialiste, de le renouveler, et de faire en sorte que nous soyons convaincants dans le monde d'aujourd'hui."
"Chaque génération doit jouer son rôle et aucune génération n'est plus socialiste qu'une autre", a-t-il insisté.
Quant à savoir si son successeur pourrait être à la fois Premier secrétaire et candidat à l'Elysée, il a répondu : "On n'a pas à choisir à la place des militants".
"Je souhaite que mon successeur soit un acteur majeur du monde politique", a-t-il dit, le définissant comme "celui ou celle qui doit être sur une ligne claire et rassembler les socialistes".
"Ce ne sera pas le moment en 2008, quand il y aura un congrès, de déclarer sa candidature", a estimé François Hollande qui n'est "pas pour un Premier secrétaire de transition".

vendredi 16 novembre 2007

Danielle Mitterrand fustige les socialistes


"Depuis quelques années, les dirigeants socialistes n'ont pas la tripe socialiste", "ils ont un regard beaucoup trop attendri pour l'argent", juge la veuve du président.
Danielle Mitterrand, qui publie ce vendredi 15 novembre "Le livre de ma mémoire", estime que "les socialistes ont un regard beaucoup trop attendri pour l'argent" dans une interview au Parisien, ce même jour.
Interrogée sur l'élection d'un socialiste français, Dominique Strauss-Khan, à la tête du FMI, la veuve de l'ancien président socialiste répond "un Français d'accord, un socialiste, on en reparlera". Elle estime que le PS a "à sa tête des gens qui n'ont pas l'esprit socialiste", que "depuis quelques années, les dirigeants socialistes n'ont pas la tripe socialiste". "Ils ont un regard beaucoup trop attendri pour l'argent. Ils ne réagissent pas, ne respirent pas ce désir de société que nous avons", ajoute-t-elle.

Elle déclare ne pas être inscrite au PS car "ils se sont beaucoup trop rapprochés du système dans lequel on vit. Peut-être veulent-ils l'amender, mais moi je veux en sortir".
Danielle Mitterrand estime que "la société actuelle", "repose sur des valeurs financières", et sur l'exploitation "de l'homme par l'homme".
Le quotidien la questionne également sur les photos que François Mitterrand avait laissé prendre de Mazarine Pingeot (fille naturelle et reconnue de l'ancien président), elle explique qu'il était "harcelé par les journalistes".
"Il a fini par dire: 'Foutez moi la paix et faites ce que vous voulez'", raconte-t-elle avant d'estimer que "c'est indécent" de lui poser cette question. "Quand vous achetez votre viande, vous ne demandez pas au boucher ce qui se passe dans son lit le soir. C'est ce que vous faites avec nous", conclut-elle lapidairement.

mercredi 14 novembre 2007

Violente manifestation anti-française à N'Djamena

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies dans la capitale tchadienne, jetant des pierres sur des voitures occupées par des Occidentaux aux cris de "A bas Sarkozy", "la traite négrière c'est fini", "le Tchad est indépendant depuis 1960".

Manifestants à N'Djamena le 10 novembre

Une manifestation anti-française a rassemblé plusieurs centaines de personnes, mercredi 14 novembre, à N'Djamena. Aux cris de "A bas Sarkozy", "la traite négrière c'est fini", "le Tchad est indépendant depuis 1960", les manifestants, jeunes en majorité, ont jeté des pierres sur des voitures occupées par des Occidentaux. La police tentait mercredi matin de les disperser. Des policiers antiémeute bloquaient l'accès au palais de Justice et à l'ambassade de France, un bon millier de manifestants se trouvant non loin de là, place de l'Indépendance, au coeur de la capitale.
Mardi, des associations de femmes commerçantes ainsi que par le réseau des Association de droits de l'Homme du Tchad avaient lancé des appels à une "manifestation pacifique" contre les "agissements de l'Arche de Zoé".
La semaine dernière, des manifestations anti-françaises avaient déjà rassemblé quelques dizaines de personnes, mais elles n'atteignaient ni l'ampleur ni la violence de celle de mercredi.

21 personnes inculpées

Cette manifestation anti-française intervient alors que six membres français de l'association L'Arche de Zoé sont incarcérés et poursuivis à N'Djamena pour avoir tenté d'emmener en France 103 enfants à partir du Tchad. Les enfants avaient été présentés comme des orphelins du Darfour (ouest du Soudan) nécessitant une évacuation sanitaire. Le président Sarkozy a promis d'aller "chercher" les membres de l'ONG au Tchad "quoi qu'ils aient fait", des propos très mal perçus au Tchad.
Onze des 21 inculpés arrêtés dans cette affaire ont déjà été libérés et ont regagné leurs pays respectifs, sans que les charges soient levées. Quatre responsables tchadiens sont également incarcérés à N'Djamena.

Nicolas Sarkozy est-il raciste ?


Doudou Diène, dans son rapport présenté à Washington le 9 novembre lors de l’assemblée générale des Nations unies, a pointé du doigt le discours tenu par Nicolas Sarkozy à Dakar le 26 juillet. Le Sénégalais accuse le président français d’avoir légitimé intellectuellement le racisme. Hasard ou coïncidence ? le chef de l’Etat français était à la Maison Blanche cette même semaine pour un voyage express de 24 heures. Pour Afrik.com, le rapporteur spécial de l’ONU fait le point sur l’attitude de Nicolas Sarkozy et la situation du racisme en France.

Afrik : Quel est précisément votre rôle au sein de l’ONU ?

- Doudou Diène : Je suis rapporteur spécial de l’ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance. Mon travail consiste à produire chaque année une étude sur le racisme dans le monde.

Afrik : Lors de l’assemblée générale des Nations unies, vous avez accusé le président français, Nicolas Sarkozy, d’être dans une « dynamique de légitimation du racisme ». Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

- Doudou Diène : En effet, il s’agit d’instrumentaliser et de légitimer intellectuellement le racisme. Je n’ai pas seulement accusé Nicolas Sarkozy. J’ai critiqué aussi les récentes déclarations du prix Nobel de médecine James Watson, qui a voulu démontrer que les Africains étaient inférieurs intellectuellement. Concernant le président français, je fais référence à son discours à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal, le 26 juillet. Dans ces deux cas, il est question de légitimer scientifiquement des stéréotypes historiques de construction du racisme. A noter aussi, le projet de loi français sur les tests ADN dans la procédure du regroupement familial des étrangers qui stigmatisent un peu plus l’immigré qui n’existe qu’au travers d’une politique sécuritaire.

Afrik : Comment a réagi le représentant de la France qui a assisté à cette assemblée ?
- Doudou Diène :
Il a jugé que mes accusations étaient infondées et irresponsables. Concernant le projet de loi sur les tests ADN, il a expliqué qu’ils n’étaient pas obligatoires pour les immigrés mais proposés sur une base volontaire. Il a ensuite affirmé la volonté de Nicolas Sarkozy de lutter contre le racisme. Je n’ai pas pensé que le président français était raciste, pour preuve il a dans son gouvernement Rama Yade, la secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux droits de l’Homme. Je crois juste que le discours de Dakar a blessé. Dire devant l’élite intellectuelle africaine qu’elle n’est pas entrée dans l’histoire s’inspire des écrits racistes du XVII, XVIII et XIXème siècles.

Afrik : Le discours de Dakar reflète-t-il l’image d’une France qui a du mal à assumer son passé ?

- Doudou Diène : Oui, la France a un véritable problème avec son passé. Ce pays n’a pas assumé la guerre d’Algérie, tout se passe comme si la décolonisation ne s’était pas produite. De plus, il y a un refus de repentance et une absence de travail de mémoire. La France a peur de la pluralité, elle est en pleine crise identitaire. Sa seule réponse à la diversité est la dépréciation.

Afrik : Que pensez-vous des propos tenus mardi dernier, à Washington, lors du Business Council par Nicolas Sarkozy envers Condoleezza Rice la considérant comme « une Américaine venue d’ailleurs » ?

- Doudou Diène : Selon moi, tous les Américains viennent d’ailleurs, y compris le président des Etats-Unis George W. Bush. Il n’est pas inutile de le rappeler. L’Amérique est en avance du point de vue de la diversité culturelle. En Occident, on assiste à l’émergence d’un courant idéologique qui s’enferme sur son identité nationale rejetant toutes formes de diversités.