lundi 10 décembre 2007

EUROPE-AFRIQUE • Un sommet inutile ?


Marquée par la présence controversée du Zimbabwéen Mugabe, la rencontre de Lisbonne entre chefs d'Etats européens et africains, les 8 et 9 décembre, est une ocassion de tenter d'aborder les grandes questions de l'avenir du continent noir.

Mugabe, Kadhafi ou l'avenir de l'Afrique ? Entre la présence du président zimbabwéen boycottée par le Premier ministre britannique, le président libyen qui fait la une de Público avec son campement de tentes, et les questions politiques, humanitaires et économiques en discussion, il est difficile de prévoir qui sera la vedette du troisième sommet Europe-Afrique qui se tient à Lisbonne les 8 et 9 décembre. Un "sommet de rupture", comme le qualifie Fraternité Matin, l'un des rares journaux africains à se pencher sur l'événement. Le quotidien ivoirien rappelle qu'après le premier sommet qui s'est tenu au Caire en avril 2000, "le deuxième sommet prévu en juin 2003 a été boycotté par les chefs d'Etats africains, par solidarité avec leur homologue zimbabwéen interdit d'accès".

En préparant le sommet et en gérant le cas Mugabe, "la présidence portugaise a conduit le dossier avec sagesse", estime l'ancien commissaire européen chargé de la Justice et des Affaires intérieures, António Vitorino, dans le Diário de notícias. Lisbonne a "exclu la possibilité de pratiquer une quelconque discrimination envers les invités, ce qui fut décisif dans la venue des dirigeants africains", poursuit Vitorino. Et, en "incluant le thème de la bonne gouvernance et des droits de l'homme, la présidence portugaise a sauvegardé l'unité européenne et donné une visibilité appropriée à la condamnation sans détour adressée à la tyrannie politique du président Mugabe. Tout le défi de Lisbonne est de démontrer que le sommet ne se résume pas au cas du Zimbabwe."

"Vu au travers du prisme britannique, le sommet a deux aspects distincts, note cependant The Independent. Le premier est la relation bilatérale tendue entre la Grande-Bretagne et le Zimbabwe. Le second est tout le reste des activités du sommet. La question est : dans quelle mesure l'un fera-t-il de l'ombre à l'autre ?" Pourtant, estime le quotidien londonien, "les héritages coloniaux qui ont tendance à diviser les pays de l'UE et alimentent le ressentiment dans certaines parties de l'Afrique peuvent également être une force. Il existe des deux côtés une connaissance extensive et une expérience qui pourraient être bien mieux utilisées."

Le son de cloche est tout autre pour João Marques dos Santos, chroniqueur du Correio da Manhã, qui dénonce la lâcheté des Européens: "Pourquoi tout ce folklore ? Discuter de l'Afrique et de ses relations avec l'Europe devrait nécessairement passer par la discussion des grands problèmes des Africains. La faim. Le sida. La tuberculose. La malaria et toutes les autres maladies non mortelles, mais qui en Afrique continuent à tuer. L'analphabétisme. L'esclavage d'hommes, de femmes et d'enfants Mugabe, Kadhafi ou l'avenir de l'Afrique ? Entre la présence du président zimbabwéen boycottée par le Premier ministre britannique, le président libyen qui fait la une de Público avec son campement de tentes, et les questions politiques, humanitaires et économiques en discussion, il est difficile de prévoir qui sera la vedette du troisième sommet Europe-Afrique qui se tient à Lisbonne les 8 et 9 décembre. Un "sommet de rupture", comme le qualifie Fraternité Matin, l'un des rares journaux africains à se pencher sur l'événement. Le quotidien ivoirien rappelle qu'après le premier sommet qui s'est tenu au Caire en avril 2000, "le deuxième sommet prévu en juin 2003 a été boycotté par les chefs d'Etats africains, par solidarité avec leur homologue zimbabwéen interdit d'accès".

En préparant le sommet et en gérant le cas Mugabe, "la présidence portugaise a conduit le dossier avec sagesse", estime l'ancien commissaire européen chargé de la Justice et des Affaires intérieures, António Vitorino, dans le Diário de notícias. Lisbonne a "exclu la possibilité de pratiquer une quelconque discrimination envers les invités, ce qui fut décisif dans la venue des dirigeants africains", poursuit Vitorino. Et, en "incluant le thème de la bonne gouvernance et des droits de l'homme, la présidence portugaise a sauvegardé l'unité européenne et donné une visibilité appropriée à la condamnation sans détour adressée à la tyrannie politique du président Mugabe. Tout le défi de Lisbonne est de démontrer que le sommet ne se résume pas au cas du Zimbabwe."

"Vu au travers du prisme britannique, le sommet a deux aspects distincts, note cependant The Independent. Le premier est la relation bilatérale tendue entre la Grande-Bretagne et le Zimbabwe. Le second est tout le reste des activités du sommet. La question est : dans quelle mesure l'un fera-t-il de l'ombre à l'autre ?" Pourtant, estime le quotidien londonien, "les héritages coloniaux qui ont tendance à diviser les pays de l'UE et alimentent le ressentiment dans certaines parties de l'Afrique peuvent également être une force. Il existe des deux côtés une connaissance extensive et une expérience qui pourraient être bien mieux utilisées."

Le son de cloche est tout autre pour João Marques dos Santos, chroniqueur du Correio da Manhã, qui dénonce la lâcheté des Européens: "Pourquoi tout ce folklore ? Discuter de l'Afrique et de ses relations avec l'Europe devrait nécessairement passer par la discussion des grands problèmes des Africains. La faim. Le sida. La tuberculose. La malaria et toutes les autres maladies non mortelles, mais qui en Afrique continuent à tuer. L'analphabétisme. L'esclavage d'hommes, de femmes et d'enfants. L'espérance de vie scandaleusement faible. La cleptocratie florissante, en particulier dans les pays produteurs de pétrole. La corruption. Mais non. Ce dont on va discuter, c'est l'accès aux matières premières. L'investissement étranger. Et comment chacune des parties peut s'enrichir sur le dos de l'autre. […] Les Européens veulent uniquement sauver ce qu'il reste de leurs intérêts économiques en Afrique. […] Ceux qui voudront parler des drames de l'Afrique pourront en parler. Mais à voix basse et dans les couloirs. Comme des conspirateurs honteux."

Daniel Matias

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