Jusqu'à tout récemment, pour des raisons essentiellement d'ordre éthique, le conseil et le dépistage du VIH se faisaient avant tout à l'initiative du patient, ce qu'on appelle aussi le conseil et dépistage volontaire (CDV). Il revenait à l'individu de chercher activement à se faire dépister dans un établissement de santé. Avec un peu de recul, on peut constater aujourd'hui que cette méthode s'est heurtée d'une part à la faible disponibilité des services, et d'autre part à la peur de la stigmatisation et de la discrimination. Et, surtout, à l'illusion qu'ont de nombreuses personnes de ne pas être exposées au risque, même en zone de forte prévalence.
Dans les pays pauvres, le caractère volontaire du dépistage représente un sérieux obstacle à la lutte contre la pandémie. Quelle est la réelle capacité de patients démunis et peu instruits à donner un consentement éclairé ? Comment une personne qui n'a jamais entendu parler de bactéries ou de virus pourrait-elle donner un consentement éclairé ? Enfin, quel est l'intérêt pour un individu de se faire dépister, sachant qu'il vit dans un pays dans lequel il n'existe pas de sécurité sociale ? Selon des enquêtes récentes, en Afrique subsaharienne seulement 12 % des hommes et 10 % des femmes ont eu un test de dépistage et reçu leur résultat. Aujourd'hui, environ 80 % des personnes vivant avec le VIH dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires ignorent qu'elles sont séropositives (ONUSIDA 2006).
Quelque 510 000 malades du sida ont été recensés au Cameroun cette année, alors qu'ils étaient 43 000 en 2004. Le plan stratégique 2006-2010 du gouvernement camerounais de lutte contre la pandémie vise à réduire d'au moins 50 % le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans infectés. Cet objectif ne pourra être atteint qu'en adoptant des stratégies innovatrices, telles que l'introduction de modules de formation et d'enseignement sur le sida dans les établissements scolaires du primaire et du secondaire ; la réduction des coûts indirects des soins ; l'adoption de méthodes appropriées d'information et d'éducation. La promotion d'une activité basée sur le travail participatif et l'intégration communautaire ; la création de réseaux de collaboration ; l'instauration d'une politique concertée de santé publique.
Philippe R. Ngandeu
Le Messager
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