vendredi 28 mars 2008

Laurent Fabius : Pour la proposition et l’action sur le fond, je jouerai tout mon rôle"


Laurent Fabius affirme, dans un entretien publié, jeudi 20 mars, dans le quotidien Paris-Normandie, que le Parti socialiste doit "préparer un projet différent de celui de notre candidate puisque celui-ci a été rejeté." Laurent Fabius estime aussi que "le PS doit mettre au clair sa stratégie".

"Est-ce qu’il confirme la stratégie du rassemblement de la gauche en l’élargissant, ou bien est-ce qu’il lui en substitue une autre ? Mon choix est clairement en faveur d’une stratégie de rassemblement de la gauche, rassemblement qui peut certes s’élargir à d’autres mais qui ne doit pas être remplacé par d’autres."

Le député de Seine-Maritime estime aussi que "l’organisation même du PS doit évoluer pour faire émerger de nouvelles pratiques et de nouveaux responsables". Sa première tâche, juge M. Fabius, est d’"exercer sa tâche d’opposant et de proposant". Disant craindre "que le gouvernement ne donne un tour de vis supplémentaire", il affirme que les socialistes devront "s’y opposer fermement, mais encore avancer des contre-propositions, notamment sur le pouvoir d’achat, l’emploi, les petites et moyennes entreprises, l’assurance maladie, les retraites". "Pour la proposition et l’action sur le fond, je jouerai tout mon rôle", déclare encore le député PS.

De plus, Laurent Fabius, juge "essentiel" que les banques centrales "assurent la solvabilité" du système financier international, qui traverse une grave crise. Selon l’ancien premier ministre, "il est essentiel que les banques centrales redonnent de la visibilité en assurant la solvabilité en dernier ressort, que soient revues les définitions des normes des grands organismes de crédit, que l’Europe propose des projets industriels, scientifiques, écologiques novateurs".

Laurent Fabius se dit, à nouveau, "critique, aussi, par rapport aux choix de la Banque centrale européenne". Soulignant que, "en cas d’approfondissement de la crise, c’est la population la plus modeste qui trinque d’abord", le député de Seine-Maritime estime que "tout milite pour une régulation plus forte du système mondial". "Je plaide pour une économie sociale et écologique de marché, pas pour une jungle financière", lance-t-il.

Ségolène Royal : "La droite est en faillite idéologique"

"Une chose est sûre: à l'heure de la crise des « subprimes », des errements de la Société générale et du scandale de l'UIMM, c'est la droite qui est en faillite idéologique"estime Ségolène Royal.

"Il est piquant de constater que ceux qui, hier encore, tapaient à bras raccourcis sur les insupportables ingérences de l'Etat, l'appellent aujourd'hui au secours et vont clamant que les marchés financiers ne peuvent se réguler tout seuls. J'ai comme l'impression que la lucidité et la modernité penchent aujourd'hui à gauche".

Ségolène Royal rappelle qu’"il faut en finir avec les conformismes", et s'efforcer "de bâtir une vision du monde et une proposition pour la France émancipées des schémas tout faits qui inhibent la pensée et l'action". Elle revendique tout à la fois l'héritage, dans la dernière période, de François Mitterrand, Michel Rocard, Jacques Delors et Pierre Mauroy.

A propos du congrès du PS prévu en novembre, Ségolène Royal estime que "la question n'est pas de se confronter entre socialistes, ce serait même désastreux. C'est sans doute ce qu'attend la droite pour faire oublier ses échecs et ses promesses trompeuses (...) Le sens du sérieux et de la responsabilité s'impose. Il faut bâtir pierre après pierre une noubelle maison. Les fondations sont solides, j'en suis sûre".

Quant à former une majorité avec François Hollande au congrès, Ségolène Royal ne l'exclut pas : "Avec François Hollande, nous avons eu quelques désaccords mais aussi pas mal d'accords politiques".

S'agissant du MoDem, elle défend toujours "une attitude de main tendue à tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans la politique de la droite. Mais il ne peut s'agir d'un renversement d'alliance ni de tractations d'appareil"conclut-elle

mercredi 26 mars 2008

Leçon de bienséance à un président en visite officielle à Londres

Avant la visite officielle de Nicolas Sarkozy à Londres, John Walsh, chroniqueur au très sérieux The Independent, ironise sur les conséquences que pourrait avoir l'attitude cavalière du chef de l'Etat. [Photo] Lorsque le président Nicolas Sarkozy arrivera à Londres pour sa première visite officielle [les 26 et 27 mars], beaucoup l’attendront en se rongeant les ongles d’inquiétude. Au château de Windsor, les assistants de la reine se demanderont s’il viendra vraiment : il les a choqués en annonçant qu’il ne resterait qu’une nuit, alors qu’il était invité pour deux (non mais, franchement, lorsque la reine d’Angleterre vous propose de passer deux nuits dans son château, vous ne lui dites pas non au prétexte que “mardi c’est la soirée Quizz au pub du coin”).

Le ministère des Affaires étrangères craint pour sa part un incident footballistique. M. Sarkozy, un fan d’Arsenal [l’équipe la plus française du championnat d’Angleterre, avec dans ses rangs 6 joueurs tricolores et l’entraîneur Arsène Wenger], a en effet demandé à rencontrer Gordon Brown au stade du club [l’Emirates Stadium], dans le nord de Londres. On peut imaginer comment les conversations pourraient finir si les deux hommes entrent vraiment sur le terrain : il suffit d’un ballon abandonné dans un coin, d’une envie de voir qui est capable de jongler le plus longtemps avec, puis que le Français, en rigolant, mette l’Anglais au défi de lui prendre la balle, qu’un poing s’abatte avec un bruit sourd… Je n’ose même pas imaginer les répercussions internationales d’un tel geste.
A Westminster, on s’inquiète de l’insistance du président français à s’adresser dans sa propre langue à la Chambre des communes. Faudra-t-il assurer la traduction aux 630 députés ? Ceux-ci devront-ils écouter les paroles de M. Sarkozy dans un silence respectueux, ou pourront-ils l’interpeller en français (d’un “Où as-tu pris ce chapeau ?*” par exemple) ? Quant aux conseillers de M. Sarkozy, ils auront peur que leur patron oublie – ou décide d’ignorer – leurs conseils sur le décorum, l’élégance et la décence.
Il semble inimaginable de rappeler au chef de l’Etat français comment il doit se tenir, mais le fait est que ­Nicolas ­Sarkozy est devenu un tel petit monstre d’arrogance que ses principaux conseillers lui ont dit d’arrêter de faire l’imbécile et de se comporter comme un véritable homme d’Etat. Ils veulent qu’il enlève ses Ray Ban (lorsque Sa Majesté le saluera, elle ne veut pas y voir deux reflets de son visage grognon). Je suis presque sûr que ses conseillers remémoreront au président d’autres règles de l’étiquette, notamment sur :
1) Les baisers : le président ne doit pas embrasser Sa Majesté. Et encore moins sur la bouche. De plus, si la reine se dérobe, il ne doit pas faire comme il a fait à un homme qui refusait sa poignée de main et lui lancer un “Casse-toi, connasse”.
2) La tenue vestimentaire : le costume est de rigueur. Les cyclistes en Lycra, les shorts de jogging en coton et les maillots de bain ne feront pas l’affaire. Mme Sarkozy-Bruni est récemment apparue portant des cuissardes en cuir et une alliance pour tout vêtement. Ce n’est pas une toilette appropriée pour une visite d’Etat.
3) La façon de se conduire : le président Sarkozy ne devra pas tripoter son épouse en présence de la reine. Il est interdit de toucher autrui, de lui pincer les fesses, de lui mettre sa langue dans l’oreille, de courir partout et de sauter dans la piscine.
4) La musique : il est mal vu que les chefs d’Etat et leurs époux ou épouses s’adonnent à la musique pendant les visites officielles. Mme Sarkozy devra s’abstenir de susurrer ses chansons et/ou de jouer de la guitare en présence de la reine. Encourager Sa Majesté à se joindre à elle pour chanter le refrain de Sur le pont d’Avignon serait des plus futiles.
5) La conversation : la reine engagera toutes les conversations. Le rôle du président est de répondre aux questions dans un anglais hésitant. Il doit attendre qu’on lui demande s’il a fait un long voyage. Il ne dira pas que les Gallois lui ont “volé” la victoire au rugby. Et il ne se vantera pas de “faire grimper Carla aux rideaux”…

* En français dans le texte – Where Did You Get That Hat ? est une célèbre chanson de pub britannique. [Photo] John Walsh
The Independent

vendredi 21 mars 2008

21 Mars contre la xénophobie d'Etat



En cette journée internationale de lutte contre les discriminations racistes, 21 mars 2008, le MRAP tient à exprimer ses plus vives inquiétudes quant à la montée d’une xénophobie d’Etat.

En effet, l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République a marqué la remise au goût du jour d’une politique et d’une idéologie proche de celle de la « Révolution Nationale ».
La création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale dont l’activité principale consiste à traquer, enfermer, expulser, femmes, hommes, enfants, étrangers « sans papiers », ne peut que légitimer les réactions de rejet de l’autre.

Après avoir tenté de réhabiliter les crimes commis par la France au cours de deux siècles de colonisation, le discours de Dakar reprend tous les préjugés qui l’avaient justifiée Les faits viennent malheureusement confirmer ces dérives présidentielles. Les nostalgiques d’une
association « Souvenir du 26 mars », composée d’anciens factieux, membres d’une organisation séditieuse, terroriste et raciste viennent d’obtenir l’autorisation de ranimer la flamme de l’Arc de triomphe.

Par ailleurs le passage d’une politique de prévention à une politique exclusivement répressive trouve ses fondements dans une idéologie qui transforme profondément les valeurs de la République puisque l’exclusion devient une « valeur » fondamentale !
Dans un tel contexte, les discriminations dans tous les domaines, économique, social, culturel, ne peuvent que s’accentuer.

Pour exclure efficacement il faut trier, pour trier il faut ficher.

La multiplication des fichages est symptomatique de cette politique répressive.
Ficher les enfants et leur famille, les étrangers, mais aussi les pauvres, les tout jeunes, les moins jeunes…..C’est ce que tentent de mettre en place :
• « base élèves » qui vise à recenser tous les élèves dont les élèves
d’origine étrangère, sous couvert d’un meilleur suivi des enfants,
• l’inscription au brevet des collèges qui distingue les candidats «
français » et « étrangers »
• la carte d’identité exigée illégalement comme à Nice pour l’inscription des enfants à l’école, la loi de prévention de la délinquance avec son décret du 14 février 2008, qui permet aux maires d’établir un recensement des enfants soumis à l’obligation scolaire et à repérer leur absentéisme, à donner des avertissements et des sanctions éventuelles aux parents, à quoi s’ajoute le marquage génétique avec l’ADN, la biométrie…..


• la mise en place d’Etablissements Pénitentiaires pour Mineurs, accompagné d’un projet d’abaissement de la majorité pénale de 18 à 16ans.
La répression, sous le masque de la « paix sociale », n’apprend pas la vie elle n’apprend que la haine de soi et de l’autre.Enfin la suppression de la carte scolaire, premier pas vers une remise en cause du service national d’éducation accélère le mouvement de ségrégation et de concentration de la pauvreté et multiplie les discriminations et exclusions.

Le MRAP s’oppose à tous ces fichages et appelle tous les acteurs de la vie démocratique à se mobiliser contre toutes les formes de racisme et discriminations. Dans ce cadre le MRAP invite tous les membres de la communauté scolaire et éducative, mais aussi les partis politiques à lutter contre toutes les décisions qui accentuent les discriminations et
tout particulièrement celles qui touchent les jeunes.

Le MRAP appelle à un travail sur les mémoires, toutes les mémoires afin que chacun participe collectivement à la compréhension de l’histoire collective faite de déchirures, d’exploitations, de misères, de reculs, mais aussi de luttes et de solidarités.

Enfin le MRAP en appelle à tous pour un engagement citoyen capable de battre en brèche toutes les formes de racisme et de discriminations.Parce que « la xénophobie d’Etat tue les droits de tous », le MRAP, au sein du collectif UCIJ-Unies contre une immigration jetable, appelle dès aujourd’hui à une participation massive à la grande manifestation nationale appelée par UCIJ, RESF et les collectifs de Sans papiers du Samedi 5 avril, départ à 14h30 Place d’Italie, pour la construction d’une société d’égalité et de solidarité.

Paris, le 20 mars

--
Secrétariat de Direction
Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples
43 bd Magenta - 75010 Paris - http://www.mrap.fr
Histoire du MRAP (actualisé) : http://mrap.juridique.free.fr

lundi 17 mars 2008

La gifle

C’EST BIEN une énorme vague rose. Jamais le PS n’avait remporté un tel succès aux municipales sous la Vème République. Certes, la gauche l’avait largement emporté en 1977 mais le PS le devait alors en partie à son allié communiste qui était encore une puissante formation politique. Aujourd’hui le PC et les Verts ne sont plus que des forces d’appoint et le PS est incontestablement le grand vainqueur.
Dimanche dernier le Premier ministre avait tenté de nier l’évidence en parlant d’un 1er tour "indécis mais plus équilibré qu’annoncé". Ce soir il est évident que le vote sanction a bien eu lieu. La droite, qui avait déjà perdu Rouen, Laval, Alençon, Bourg en Bresse, Annonay et Rodez dès le premier tour, perd Toulouse qui était à droite depuis trente-sept ans, Strasbourg, Reims, Metz, Caen et Périgueux la ville du ministre de l’éducation Xavier Darcos. Le PS ayant confirmé avec éclat ses conquêtes de 2001 à Paris, Lyon, Lille, Rennes et Nantes, il détient maintenant la quasi-totalité des grandes villes, la droite ne conservant que Bordeaux et Marseille d’extrême justesse. La gauche est majoritaire dans les villes de plus de 20.000 habitants, elle va diriger la majorité des conseils généraux, elle préside vingt des vingt et une régions métropolitaines. Les Français lui ont donc donné tous les pouvoirs locaux. Mais le pouvoir national reste à la droite. Nicolas Sarkozy et le gouvernement devront tirer les leçons de la sanction de ce soir sinon le divorce avec les Français risque de s’aggraver.
Robert Schneider

La presse internationale sonne la fin de l'ère "bling-bling"

Maintien des réformes, plébiscitées par les Français, et de leur rythme. C'est le message lancé par François Fillon et la majorité après la défaite de la droite aux municipales. Mais, lundi 17 mars, la presse internationale ne fait pas tout à fait la même analyse.

"La droite française mord la poussière" titre ainsi Le Temps. Le quotidien suisse estime que "les déconvenues du pouvoir amènent deux questions". Il s'interroge sur un éventuel "vent de révolte" à droite. Même s'il est improbable, le quotidien note que "les élus de droite auront sans doute plus de mal à suivre un chef qui les a conduits à la défaite". L'autre question porte évidemment sur le rythme et la réussite des réformes que le président annonce vouloir mener. Le Temps dresse un bilan bien terne pour Nicolas Sarkozy : "Son image de gagneur, capable de réaliser la 'rupture' à vitesse grand V, a été sérieusement écornée."

Dans sa rubrique Opinions, le Financial Times estime que si Nicolas Sarkozy a lancé quelques chantiers méritant d'être salués, il ne s'agit pas de la rupture annoncée. Le FT raille même le côté "comique" de la commission Attali. Celle-ci ayant plongé dans le travers européen consistant à dresser une liste sans fin de réformes à mener sans toutefois prévoir les détails de leur application. "Les réformes de Sarkozy doivent aller au-delà des licences des taxis", souligne le FT pour qui il ne s'agit pas forcément d'une priorité pour la France. Pas plus que de faire de l'aéroport Charles de Gaulle le premier en Europe, devant Heathrow... Le FT vote pour la fin effective des 35 heures et une réforme des "lois archaïques" encadrant les contrats de travail.

NICOLAS SARKOZY, "FASHION VICTIM"

Le conservateur Wall Street Journal affiche quant à lui une photo bizarrement déformée du président français tout sourire, présentant à l'objectif un sac Louis Vuitton. Et d'expliquer que les Français ont été déçus par la rupture annoncée. Celle-ci s'étant traduite par un affichage visiblement peu prisé : "Rolex à 14 000 dollars", "jogging en Ralph Lauren", " bague de fiançailles Christian Dior à 30 000 dollars "... Le journal note que les marques, elles, ont bénéficié de l'effet publicitaire. Mais si les Français aiment la mode, ils ne goûtent pas l'idée que leur président soit un représentant publicitaire, estime le WSJ. De "bling-bling", le président français est devenu une "fashion victim", conclut le quotidien financier.

Si le cap des réformes sera tenu, le style du président sera revu, parie l'International Herald Tribune. Après "Sarko l'américain" et "le président bling-bling", on s'acheminerait vers un style présidentiel plus traditionnel selon l'IHT. Mais il s'agira toujours d'image, selon le quotidien : le président devrait multiplier les voyages en province, au contact de la population et les conseillers élyséens devraient être invités à une plus grande discrétion.

Enfin, la plupart des journaux, comme El Pais ou l'Orient-Le-Jour, notent la défaite du ministre de l'éducation, Xavier Darcos. Pour le quotidien madrilène, l'UMP fait clairement les frais de l'impopularité de Nicolas Sarkozy. La gauche enregistre une large victoire tandis que le parti du président évite de peu une défaite humiliante grâce à sa victoire à Marseille. Mais, pour El Pais, la politique de Nicolas Sarkozy ne devrait pas changer pour autant : après ce résultat, "le gouvernement fait la sourde oreille", note le quotidien espagnol.

Antoine Champagne

lundi 10 mars 2008

Pour la presse internationale, Nicolas Sarkozy a été "sanctionné" aux municipales


"Echec", "sanction", "revers". Pour la presse internationale, le responsable et le grand perdant du premier tour des municipales est le président de la République. Loin du débat sur les aspects locaux du scrutin, The Independant juge que le président français a été "sanctionné". Il s'agit de son premier "revers électoral" depuis son arrivée au pouvoir en mai, estime le Financial Times. La perte de Strasbourg, Marseille ou Toulouse au deuxième tour "transformerait en réalité électorale la chute de popularité du président de ces derniers mois".

"Après la 'vague bleue' des municipales de 2001", le scrutin d'hier a donné lieu à une "'vague rose', mais sans tsunami", estime La Libre Belgique, pour qui la droite française est "défaite mais pas humiliée". "La gauche [pourrait] imposer une 'cohabitation territoriale'" à Nicolas Sarkozy, analyse le quotidien belge. "La claque n'est pas spectaculaire. Mais l'avertissement est clair", dit Le Soir. "Qu'il le veuille ou non, si la poussée de la gauche devait se confirmer la semaine prochaine, Nicolas Sarkozy aurait les coudées moins franches pour poursuivre ses réformes…"

"SOCIALISME MUNICIPAL"

Même constat pour Le Temps, pour qui "l'impopulaire Nicolas Sarkozy plombe la droite". Mais outre "la baisse de popularité de Nicolas Sarkozy", le quotidien suisse estime que le résultat du 9 mars "récompense le succès du 'socialisme municipal', mélange d'urbanisme écologique (tramways, espaces verts...), d'événements festifs type Paris-Plage et de pragmatisme économique".

"Une partie de l'électorat avait menacé de sanctionner le président pour l'économie au ralenti, des réformes enlisées et un style personnel irrévérencieux", rappelle The Guardian. Le quotidien britannique met en avant un sondage de l'IFOP selon lequel 21 % des personnes interrogées comptaient utiliser leur bulletin de vote pour sanctionner Nicolas Sarkozy, 10 % pour le soutenir. "Son style impétueux et sa liaison ostentatoire avec le top-model Carla Bruni ont gêné des électeurs. Des sorties telles que 'Casse-toi, connard' à un visiteur du Salon de l'agriculture qui refusait de le saluer, n'ont pas aidé."

Pour le New York Times, le président français doit faire face à un "échec". Ces élections "constituent un baromètre de l'accueil fait par les Français aux réformes annoncées lors de l'élection présidentielle de 2007".

François Béguin

vendredi 7 mars 2008

Discours de Sarkozy aux entrepreneurs sud-africains: entre absence de vision, lieux communs économiques et redites du discours de Dakar



Nicolas Sarkozy a gratifié les chefs d'entreprises sud-africains réuni au Cap d'un discours qui souffrait de plusieurs de ses défauts habituels : absence de vision du futur de l'économie française et africaine, lieux communs économiques non étayés et enfin une bonne dose de mépris vis à vis de l'Afrique.

Le mépris de l'Afrique, qui suintait déjà lors du discours de Dakar d'abord : "Vous n'êtes pas condamnés au malheur. Vous n'êtes condamnés à l'échec. Vous n'êtes pas condamnés à la fatalité." Rappelons que le président s'adressait à un parterre d'entrepreneurs sud-africains, pas précisément le public adéquat donc...

L'absence de vision d'une croissance plus verte et qui s'appuierait sur le futur ensuite: "Je le dis au gouvernement sud-africain, on va se battre pour obtenir le marché des centrales, charbon comme nucléaire, parce que nous, on est comme cela.".

Encore une fois, Nicolas Sarkozy porte des projets polluants sans se préoccuper d'emmener aussi certaines PME dynamiques de l'éolien ou du solaire qui auraient pu proposer des alternatives énergétiques intéressantes. Le "New Deal écologique" proposé en Chine aurait mérité d'être un peu plus médité.

Les lieux communs économiques enfin: "Nous n'avons pas de gaz. Nous n'en avons plus. Nous n'avons pas de pétrole. Donc il a fallu qu'on fasse avec notre intelligence." Quelle belle version 2008 du "On n'a pas de pétrole mais on a des idées" qui date de ... 1973.

mercredi 5 mars 2008

Grave crise sociale au Cameroun : la riposte des apprentis sorciers


Par Clotaire Tegang Ledoux (Douala)


Le ton d'un message

Aux grands maux les grands remèdes. La situation que notre pays a connu pendant 96 heures la semaine dernière et qui ont émaillé la vie nationale méritait ce traitement de cheval. Tout semblait se passer comme si le Cameroun n'avait plus ni loi, ni constitution, comme si ce bateau qui coulait à pic n'avait pas de capitaine.
Paul Biya était attendu au tournant, il est venu et a parlé car l'heure était bien grave et le mal profond. Respectueux de la légalité républicaine, Paul Biya a annoncé aux "apprentis sorciers" qu'il userait de tous les moyens légaux pour ramener l'ordre. Pour beaucoup de Camerounais il s'agissait en fait d'une déclaration de guerre.

Les moments chauds qui ont secoué le pays

Une onde de choc vient de parcourir le pays du 25 au 28 février, certaines villes du pays ont connu des scènes dantesques et d'insurrection dont l'origine est le mot d'ordre de grève lancé par les 14 organisations professionnelles des secteurs du transport terrestre urbain et interurbain. Pourtant sur le terrain personne ne semblait véritablement maîtriser la situation, surtout plusieurs de ces syndicalistes ont levé le mot d'ordre de grève, d'autres dés le dimanche 24 février, veille du jour fatidique où tout a été déclenché. Aussi bien à Douala,Yaoundé, Bafoussam, Bamenda, Kumba, Nkongsamba, Dschang, Mbanga, Loum, Buéa, Njombé, la grève a été largement suivie non seulement par les propriétaires des chauffeurs taxis, motos taxis, bus, camions et véhicules à usage personnel, mais aussi par des commerçants et la population , comme dans un mouvement synchronisé. Quel que soit la ville, d'un quartier à l'autre, les messages portés sur des pancartes résumant en quelque sorte les doléances des manifestants étaient les mêmes : « on a faim », « non à la vie chère, trop c'est trop » « Paul Biya la jeunesse avant la constitution », « non à la vie chère et à la clochardisation des Camerounais », « nous disons non à la modification de la constitution », « non a la fermeture des radios et télévisions privées pour museler la liberté d'expression ».

Tout s’est passé comme si à travers le pays les manifestants s’étaient donné le mot. Dés les premières heures de la matinée du 25 février, des barricades se sont dressées un peu partout pour empêcher les voitures et les motos de circuler ; les populations adhérant au mot d'ordre et restant bloquées chez elles car le pays était a feu. Les flics ont dans un premier temps lancé des gaz lacrymogènes avant de tirer des coups de semonce en l'air et à bout portant, histoire de dissuader les manifestants déterminés. Une situation qui a fait monter l'adrénaline et le face-à-face prit une tournure dramatique avec plus d'une vingtaine de morts, des blessés graves, des arrestations et beaucoup d'acte de vandalisme perpétrés sur des édifices privés et publics pendants ces 4 jours.
Le Cameroun a revu les images des années 90 et 92. Dans la foulée ils se sont attaqués respectivement aux sièges des mairies, des impôts, des sous-préfectures, des préfectures, des commissariats, des prisons, des stations services, des banques...Des commerces ont été saccagés, pillés et brûlés pour la plupart à l'aide des cailloux et de gourdins. Un scénario qui rappelle tristement la situation récente du Rwanda et du Kenya. Aujourd’hui, il est incongru de parler de grève mais plutôt d'une grave crise sociale.

La paix : âme au pouvoir

Généralement présenté comme un havre de paix en Afrique, voir même dans le monde, le Cameroun a subitement plongé pieds et poing liés dans les violences qui ont remis en cause cette particularité artificiellement trompeuse. La preuve vient d'être donnée : paix dont se vantent les autorités publiques est en fait la conséquence d'un consensus social. La paix sociale sonne comme la résolution de tous les Camerounais de bonne volonté de vivre dans l'harmonie malgré leur différences.

Malheureusement, c'est aussi un peuple capable de se soulever pour protester contre les abus répétés, capable de manifester son mécontentement lorsqu’il est a bout de sa patience car, un peuple qui perd confiance en ses dirigeants qui voit son avenir compromis sans un espoir de réaménagement, qui suspecte la mauvaise foi de la part des décideurs peut devenir redoutable ; il suffit d'une étincelle pour que cette poudrière explose.

Le Cameroun est justement cette poudrière susceptible de péter à tout moment pour une raison, à une autre. Cette explosion emportera définitivement les rêveries illusoires d'une paix fictive à laquelle on s'accrochait comme à une boudée de sauvetage, on comprendra alors quel n'était qu'un exutoire de défoulement pour donner la réflexion des difficultés réelles des Camerounais. La déstabilisation de la paix ne tient qu’à un fil tant que le gouvernement et le pouvoir s'évertueront à perpétuer le régime des inégalités, à couvrir les prévaricateurs du patrimoine public, à martyriser une jeunesse oisive, l'histoire gardera des repères indélébiles

Le peuple a retroussé les manches conformément à une haute instruction fortement médiatisée à l’époque, c’est au peuple qu'on a promis le bout du tunnel, c’est le peuple qui a consenti d'énorme sacrifices pour l'atteinte du point d'achèvement PPTE porteuse de tous les espoirs, le peuple a été avisé du retour a la croissance. A l'heure du bilan le peuple voit ses espérances s'envoler en fumée. Que sont devenus tous ces slogans ? Au pays des illusions perdues, où revendiquer est une offense nous avons encore nos yeux pour pleurer, alors qu'attendons nous !

Clotaire Tegang Ledoux

Plus de 100 morts lors des violences

AFP

Le chiffre est avancé par l'ONG la Maison des droits de l'Homme alors que le gouvernement n'a fourni aucune donnée officielle après les émeutes de la semaine dernière.

Plus de 100 personnes ont été tuées au cours des violences de la semaine dernière au Cameroun, selon la Maison des droits de l'Homme, alors que le gouvernement n'avait toujours pas mercredi communiqué de chiffres officiels sur ces émeutes.
L'AFP avait recensé au moins 17 morts en regroupant des témoignages crédibles.
"On peut déjà dire qu'il y a plus de 100 morts. Les informations remontent vers nous chaque jour et nous continuons à les affiner", a affirmé à l'AFP Madeleine Afité, responsable de l'organisation affiliée à la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).
Selon elle, il sera néanmoins très difficile d'arriver à un "bilan précis" en raison "d'opérations d'intimidation menées par le pouvoir".
Les troubles ont eu pour origine l'augmentation du prix de l'essence et des produits de première nécessité ainsi que le projet de révision de la Constitution permettant à Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, de briguer un nouveau mandat en 2011.
(AFP)




mardi 4 mars 2008

Paris : Bertrand Delanoë demande plus "d'honnêteté intellectuelle" au MoDem


Le maire de Paris reproche au parti de François Bayrou d'"être à la fois pour M. Dassault à Corbeil et un peu ambigu sur une forme de sympathie vis-à-vis de Bertrand Delanoë à Paris" et l'appelle à un "devoir de vérité".

Bertrand Delanoë s'en est pris, lundi 3 mars, à la stratégie du MoDem à Paris en général et à son candidat dans le Ve arrondissement en particulier, dénonçant le "signe égal" apposé par Philippe Meyer entre UMP et PS.
Lors d'une réunion publique à La Mutualité, le maire socialiste de la capitale en lice pour un deuxième mandat a une nouvelle fois appelé le parti de François Bayrou à un "devoir de vérité" avant le premier tour des municipales.
"J'ai besoin d'honnêteté intellectuelle, Paris a besoin d'abord de vérité", a déclaré Bertrand Delanoë devant 400 personnes.

Dassault à Corbeil


"Je ne crois pas que l'on puisse être à la fois pour M. Dassault à Corbeil et un peu ambigu sur une forme de sympathie vis-à-vis de Bertrand Delanoë à Paris", a-t-il poursuivi.
Dans le Ve arrondissement, "je n'ai pas aimé le signe égal" apposé par le candidat du MoDem "entre la manière de faire de la politique de Jean Tiberi", candidat local de l'UMP, et Françoise de Panafieu, chef de file de la droite parisienne, "et la mienne", a ajouté Bertrand Delanoë.
"Ce n'est pas convenable dans un rendez-vous démocratique qui doit être empreint de vérité (...) ce n'est même pas acceptable pour moi", a-t-il insisté, sans toutefois fermer la porte à un accord avec les centristes après le premier tour, dimanche.
"Si je le dis ce soir ce n'est pas pour rejeter (...) Bien sûr que je veux rassembler (...) c'est tellement important que le maire de Paris ne soit pas sectaire", a fait valoir l'édile socialiste.

Delanoë dément


Fin février, Bertrand Delanoë avait publiquement démenti les rumeurs selon lesquelles la mairie du Ve arrondissement, fief électoral de Jean Tiberi, irait au MoDem à la faveur d'un accord entre les deux tours.
"Il n'y a qu'une seule liste dans le Ve qui peut donner un temps d'avance à Paris et qu'une seule liste qui porte le même projet que moi", c'est celle conduite par Lyne Cohen-Solal, a-t-il répété lundi soir.
"Répétez au-delà de cette salle ce que je vous dis", a-t-il ajouté sous les applaudissements.
Un peu plus tôt dans son discours, le maire sortant a dénoncé le "régime des clans" mis en place selon lui par Jean Tiberi, maire du Ve depuis 1983 dont le fils, Dominique, se présente sur sa liste, en cinquième position.
"Clientélisme, j'ose le mot", a-t-il souligné déplorant le manque de transparence dans l'attribution des logements sociaux ou des places de crèche.
L'arrondissement est à ses yeux devenu un "bastion familial ce qui est une conception de la politique qui n'est pas la (s)ienne".
"Le Ve mérite le meilleur de l'esprit démocratique qui n'y règne pas aujourd'hui", a-t-il ajouté. (Reuters)

lundi 3 mars 2008

Urgence selon Laurent Fabius à combler les trous budgétaires

Laurent Fabius a affirmé dimanche que la France s’est engagée auprès de ses partenaires européens à prendre, après les municipales, des mesures pour "combler les trous" budgétaires, qui entraîneront des augmentations d’impôts.

"Le 11 février, il y a eu une réunion au niveau européen des ministres des finances", à laquelle assistait Christine Lagarde, a expliqué Laurent Fabius au Forum de Radio J.

"Vous savez que la France a été mise en accusation à cause de ses déficits. (...) La tonalité du débat qui a eu lieu c'est ‘Ecoutez, laissez-nous passer le cap des élections municipales, et ensuite nous prendrons des décisions’", a déclaré Laurent Fabius."Toute l'Europe attend que le gouvernement prenne une série de décisions qu'on cache aux Français".

Les ministres des Finances de la zone euro ont appelé le 11 février la France à respecter son engagement d'équilibrer ses comptes publics d'ici à 2010. La France doit "faire en sorte d'atteindre l'objectif en 2010", avait souligné à Bruxelles le président du forum qui regroupe ces ministres (Eurogroupe), Jean-Claude Juncker.

Par ailleurs, Laurent Fabius a exigé que soit "annulée" la prime de 1,5 million d'euros accordée par l'UIMM à son ancien président Denis Gautier-Sauvagnac. En cas d'impossibilité juridique, il a demandé que le gouvernement dépose "un texte de loi" dans ce sens.

"Ce que je demande (...), c'est que des dispositions soient prises par le MEDEF, par l'IUMM, par l'administration gouvernementale, pour que cette prime absolument absurde qui aurait été donnée à M. Gautier-Sauvagnac soit annulée".

Et "si, juridiquement, ce n'était pas aujourd'hui possible, eh bien que le gouvernement dépose un texte de loi que nous voterons, nous, pour annuler cette disposition". "On ne peut pas dire 'c'est un scandale' et ne rien faire pour aller contre", a-t-il ajouté, jugeant qu'"il y a quelque chose de pourri dans cette situation invraisemblable".