lundi 18 février 2008

Royal et Bayrou dénoncent le spectacle permanent de Sarkozy

François Bayrou a une nouvelle fois fustigé, lundi 18 février, le style de la présidence de Nicolas Sarkozy, appelant le chef de l'Etat à "arrêter de faire du sensationnel et du spectacle". "Arrêtez de faire du sensationnel, arrêtez de faire du spectacle (...). Arrêtez d'essayer de provoquer perpétuellement des événements pour faire des titres", a déclaré le président du MoDem sur Europe 1, évoquant notamment la proposition controversée du président de "confier la mémoire" d'enfants tués dans la Shoah aux écoliers de CM2.


"Mélange des genres"

"Le président de la République n'a pas à décider ce que nos enfants vont à l'école vivre comme sensibilité," a poursuivi François Bayrou, dénonçant un "mélange des genres".
Interrogé sur "l'appel à la vigilance républicaine" qu'il a signé avec d'autres personnalités et qui dénonce sans le citer le style de pouvoir du président de la République, il a souligné n'avoir "jamais" dit que "la République est en danger"."Mais si on ne voit pas aujourd'hui, je prends notamment l'exemple de la laïcité, qu'un certain nombre de piliers de la République sont ébranlés sciemment par le pouvoir et par Nicolas Sarkozy, alors on ne voit pas le même monde," a-t-il ajouté.

"Valeurs de la République mises en cause"

"Chaque fois qu'il y a le sentiment dans le pays chez des hommes et des femmes responsables ou d'expérience (...) que des valeurs essentielles de la République sont mises en cause, ou sont fragilisées, ou sont troublées, alors je considère que nous avons le devoir de nous exprimer et j'approuve et je souhaite qu'on puisse s'exprimer au-delà des frontières," a-t-il terminé.
Ségolène Royal, signataire du même appel, a quant à elle dénoncé lundi matin "les vieilles ficelles politiques qui consistent à victimiser celui que l'opposition pointe du doigt", après la levée de boucliers provoquée dans la majorité par l'"appel à la vigilance républicaine".

Aucune attaque personnelle

"Lorsque les principes du fonctionnement républicain sont fragilisés, il faut simplement le dire vite", a-t-elle expliqué sur France Inter. Ce texte est "parfaitement serein, calme. Il n'y a aucune attaque personnelle, le président de la République n'est jamais cité et je ne vois pas ce qu'il y a de répréhensible à dénoncer ou à mettre en garde les Français sur l'exercice d'un pouvoir personnel que tout le monde constate", a ajouté l'ex-candidate socialiste à la présidentielle. "C'est quand même inimaginable cette espèce de frénésie d'annonces tous azimuts non préparées", a-t-elle ajouté à propos de la manière de gouverner de Nicolas Sarkozy.

Les deux ex-candidats à l'élection présidentielle ont dénoncé la mise en scène de l'opération policière de lundi matin pour interpeller les auteurs de violences contre les forces de l'ordre, fin novembre. 33 personnes ont été arrêtées.

Réagissant à l'importante intervention des forces de l'ordre à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise) lancée lundi 18 février à l'aube, afin d'interpeller les auteurs de violences contre des policiers survenues fin novembre dans cette ville, Ségolène Royal et François Bayrou ont tous deux dénoncé la présence des médias sur les lieux. Il s'agit d'"une opération policière médiatisée", d'"un dysfonctionnement grave de la République", a déclaré Ségolène Royal. François Bayrou a jugé, lui, que l'opération policière mélangeait "la justice et la mise en scène".

Une manipulation, selon Royal


Il s'agit d'"une opération policière médiatisée", a dénoncé Ségolène Royal. "Ce qui m'étonne, c'est qu'il y a eu, semble-t-il, des caméras pour accompagner les forces de police. On connaît ça maintenant avant chaque échéance municipale, je crois que c'est un dysfonctionnement grave de la République", a déclaré l'ex-candidate socialiste à l'élection présidentielle sur France Inter.
"Quand des caméras accompagnent des opérations policières massives en période municipale, c'est une façon d'influencer l'opinion, de vouloir faire peur", a-t-elle ajouté. "Il ne faudrait pas que la campagne électorale des municipales donne lieu à des opérations policières médiatisées", a insisté la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes.
Selon elle, "le président de la République en revient au vieux réflexe de politique spectacle sécuritaire, parce que là où il échoue sur le plan économique et social, il veut faire croire qu'il continue à maîtriser les choses sur la question de la sécurité, ce qui n'est pas le cas".
"J'espère que les Français vont sanctionner par leur vote ce type de manipulation", a-t-elle conclu.

Ne pas mettre en scène, selon Bayrou


Pour sa part, François Bayrou a appelé lundi à "ne pas mélanger la justice et la mise en scène" à propos de l'opération de police à Villiers-le-Bel. "Il est nécessaire de respecter le droit, la loi et la justice, et des incidents comme ceux qui ont eu lieu (en novembre 2007) doivent avoir des suites", a toutefois reconnu le président du MoDem sur Europe 1.
"Il semble que la presse a été conviée, et là je suis nettement plus réservé. J'ai toujours considéré que la justice ne devait pas s'accompagner d'une mise en scène. La justice, c'est fait pour obtenir l'arrestation et moins pour faire de la communication", a-t-il poursuivi.

Elections municipales


Invité à dire s'il pensait que l'opération avait été planifiée en rapport avec la campagne électorale des municipales, il a répondu: "A votre avis?".
"On ne doit pas mélanger la justice et la mise en scène", a-t-il conclu.
Près d'un millier de membres des forces de l'ordre ont été mobilisés, lors d'une vaste opération policière lundi matin à Villiers-le-Bel destinée à interpeller les auteurs de violences contre des policiers survenues fin novembre dans cette ville. Trente-trois personnes ont été interpellées, selon la police.
La procureure de Pontoise Marie-Thérèse de Givry a assuré que "ni le parquet ni les services de police agissant dans le cadre d'une commission rogatoire du juge d'instruction (n'avaient) souhaité la médiatisation de cette opération".
"Que les choses soient claires, au contraire, notre crainte était que la présence de la presse n'alerte les objectifs précis qui avaient été déterminés", a-t-elle insisté

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