Le même. Que les sarkophiles se rassurent : en ces premiers jours de 2009, leur grand homme n’a pas changé. Il est juste un petit peu plus content de lui-même encore qu’à l’accoutumée. A l’Elysée, où s’est tenu hier le Conseil des ministres (avec traditionnel échange de vœux du gouvernement) puis une cérémonie groupée de vœux présidentiels aux parlementaires et au conseil de Paris, Nicolas Sarkozy est apparu paré de ses meilleurs atours face à une assistance médusée : vaniteux, faux modeste, grossier avec son prédécesseur Jacques Chirac (traité - sans le nommer explicitement bien sûr - de «roi fainéant») et meilleur public de ses blagues recuites.
Durant ce pensum de plus de trois quarts d’heure, le député européen Jean-Marie Le Pen est allé deux fois se soulager aux toilettes de la salle des Fêtes. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a semblé bouillir intérieurement de ne pouvoir interrompre un chef de l’Etat lui servant du «Bertrand» pour mieux le ridiculiser sur «le Grand Paris» ou lui faire la leçon sur ce que devrait être l’opposition. Quant aux parlementaires de la majorité, ils doivent encore se demander ce qu’ils étaient venus faire au Palais. Comme à chaque fois qu’ils y sont convoqués, ils ont eu droit à leur cours magistral (avec force digressions) sur la crise financière et le rôle tout simplement génial - à l’entendre - joué par leur président pour éviter la catastrophe tant au plan national… que mondial. Avec ces ingrats de députés qui lui ont infligé un camouflet avec le texte sur le travail le dimanche, Nicolas Sarkozy a manié l’ironie en évoquant «l’absence d’affection des siens», le sentiment de «se sentir minoritaire dans sa propre famille». Avant de préciser : «Je ne dis pas ça à propos de moi.»
Pour le reste, il a promis une rallonge aux banques et s’est félicité de leur avoir tant prêté, une bonne affaire pour l’Etat, selon lui : «Y a-t-il un seul d’entre vous qui a placé ses économies à 9 % ?» Puis sont arrivés les couplets maintes fois ressassés sur les méchants capitalistes et leurs bonus, la pertinence de plan de relance (lire page 17) et sa soi-disant «dérive monarchique» : «On dit "omniprésident". Je préfère qu’on dise ça que "roi fainéant". On en a connu.» Enfin, la crise à Gaza, où le chef de l’Etat s’est félicité (en l’absence de «leadership américain», a-t-il dit) d’avoir obtenu avec l’Egypte l’ébauche d’une trêve quotidienne de trois heures entre belligérants. Le millésime Sarkozy 2009 s’annonce comme un grand cru.
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