- Comme le scorpion, mon frère,
- Tu es comme le scorpion
- Dans une nuit d’épouvante.
- Comme le moineau, mon frère,
- Tu es comme le moineau
- Dans ses menues inquiétudes.
- Comme la moule, mon frère,
- Tu es comme la moule
- Enfermée et tranquille.
- Tu es terrible, mon frère,
- Comme la bouche d’un volcan éteint.
- Et tu n’es pas un, hélas,
- Tu n’es pas cinq,
- Tu es des millions.
- Tu es comme le mouton, mon frère,
- Quand le bourreau habillé de ta peau
- Quand le bourreau lève son bâton
- Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau
- Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier.
- Tu es la plus drôle des créatures, en somme,
- Plus drôle que le poisson
- Qui vit dans la mer sans savoir la mer.
- Et s’il y a tant de misère sur terre
- C’est grâce à toi, mon frère,
- Si nous sommes affamés, épuisés,
- Si nous somme écorchés jusqu’au sang,
- Pressés comme la grappe pour donner notre vin,
- Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non
- Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.
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