vendredi 19 septembre 2008

Le Rossignol du Caire à Paris


Plus de trente ans après sa mort, Oum Kalsoum demeure toujours aussi présente dans les mémoires et les discothèques. L’Institut du monde arabe à Paris lui rend hommage, avec pour la première fois une exposition.


As-Sett (la Dame), le Rossignol du Caire, la Voix de l’Égypte, l’Astre de l’Orient… Les surnoms qu’on lui a donnés sont nombreux. Et sa vie fut un véritable roman. Comment une petite paysanne inculte, fille de l’imam d’un village pauvre du delta du Nil, a-t-elle pu devenir cette diva férue de poésie, dont l’art a franchi les pics des pyramides jusqu’à faire se pâmer des millions de gens ?
Ouverte le 17 juin à Paris, l’exposition Oum Kalsoum, la quatrième pyramide restera à l’affiche de l’Institut du monde arabe (IMA) jusqu’au 2 novembre. Pour mieux rendre compte du personnage, la galerie se décline en quatre espaces : L’Égyptienne, Le Talent, L’Engagement et L’Héritage.
Comme le disent si bien les Égyptiens, deux choses ne changeront jamais dans leur pays : les pyramides et la voix d’Oum Kalsoum. Née au seuil du XXe siècle - la date est incertaine : 1898 ? 1904 ? -, la chanteuse a commencé à se produire aux côtés de son père et de son frère, travestie en… jeune Bédouin (hors de question pour une jeune fille, même prépubère, de s’exposer devant un public d’hommes).
Un grand maître ès déclamations tombe sous le charme de sa voix. Il convainc la famille de venir s’installer au Caire pour lui permettre d’exercer pleinement son talent. La jeune femme arrive dans la capitale au début des années 1920, et sa carrière décolle. Le premier jeudi de chaque mois, jour de son concert mensuel retransmis à la radio nationale, les rues du Caire sont désertes. Dans son petit salon cairote, reconstitué pour l’occasion à l’IMA, un téléviseur d’époque diffuse des interviews qu’elle a données.

Callas, Piaf, Ella Fitzgerald
Oum Kalsoum, quasi immobile sur scène des heures durant, les bras ouverts, son mouchoir dans la main droite, tout entière de force contenue et le visage transfiguré, est l’image qui demeure en mémoire. Il suffit qu’elle entame ses vocalises pour que son public en frissonne. Jusqu’à susciter l’extase - le tarab en arabe - de l’assistance. Chantant aussi bien en dialecte égptien qu’en arabe classique, elle porte la poésie aux sommets de l’art vocal. Sans doute sa longue collaboration avec Ahmed Shawqi, dit le Prince des poètes, y est-elle pour quelque chose. Ahmed Rami, le fidèle ami - et amoureux transi -, en fit sa muse, pour laquelle il a écrit 135 des quelque 285 chansons de son répertoire.
Oum Kalsoum n’a pas ?seulement chanté des auteurs égyptiens. Omar Khayyam (Perse), George Jurdaq (Liban), Nizar Kabbani (Syrie), Al-Hadi Adam (Soudan) sont ceux dont elle a mis les vers en musique… Et, au-delà de la dimension proprement égyptienne et arabe de la diva, il y a le talent, universel. Oum Kalsoum rejoint le panthéon des ?Callas, Piaf ou Ella Fitzgerald.
Tout le monde ne comprend pas l’arabe, mais la puissance et la pureté de sa voix ont conquis les mélomanes. L’exposition en donne un aperçu, entre concerts projetés sur grand écran et « douches musicales », sous lesquelles il suffit de se placer pour que se déverse sur soi l’un des airs de la Dame. On la voit interpréter « Al-Atlal » (« Les Ruines »), farouche cri d’amour et son plus gros succès, et « Anta omri » (« Tu es ma vie ») notamment. Ainsi que des extraits des six films qu’elle a tournés entre 1935 et 1948. Pochettes de disques d’époque, robes de scène et des effets personnels complètent le tout.

« Dévoilez-vous mes sœurs ! »
En 1967, dans la foulée de la terrible défaite de l’Égypte face à Israël, Oum Kalsoum se lance dans une vaste tournée militante dans les pays arabes. Les recettes sont versées au profit de l’effort de guerre. Son périple l’amène jusqu’à Paris, en France, seul pays non arabe dans lequel elle se soit produite. Son concert à l’Olympia, en novembre 1967, fait salle comble et la une des journaux, comme en témoignent les coupures de presse exposées au mur. Des articles d’époque rendent compte de la médiatisation de ses apparitions et de son engagement politique.
Sur fond de chants patriotiques, de vieux clichés la montrent aux côtés du président égyptien Nasser, dont elle fut très proche. Un détail saute aux yeux : sur toutes les photos exposées, Oum Kalsoum est entourée d’hommes, seule reine parmi eux. Au fait, féministe, la Dame ? Le mot est fort mais il faut se souvenir d’elle, lors de son dernier concert en Libye. Face à la salle, elle lance aux femmes de l’assistance, toutes voilées : « Dévoilez-vous mes sœurs ! Nous sommes la force productrice de nos sociétés, nous pouvons garder la tête haute et nue ! » Mona Khazindar, commissaire de l’exposition, raconte, enthousiaste : « La salle a applaudi à tout rompre et les femmes ont retiré leur voile ! »
Du Caire à Rabat, en passant par Beyrouth, Damas… Oum Kalsoum a incarné le panarabisme de l’époque. Le 3 février 1975, jour de ses funérailles, plusieurs millions d’Égyptiens se joignent au cortège - filmés par le grand cinéaste égyptien Youssef Chahine. Et c’est tout le monde arabe qui est en deuil.
Sacralisée de son vivant, Oum Kalsoum s’est muée en icône, qui continue d’inspirer nombre d’artistes contemporains. Vingt-cinq d’entre eux exposent leurs œuvres à l’IMA, dont des peintres, plasticiens et des créateurs de mode, tels les Libanais Khaled el-Masry et Sarah Beydoun. Au Caire, la Voix fuse toujours des haut-parleurs des taxis et des cafés populaires. Plus de 300 000 cassettes de la chanteuse sont vendues chaque année dans son pays natal. Des dizaines de milliers d’autres dans le reste du monde arabe. En écho à la dimension panarabe d’Oum Kalsoum, les organisateurs de la rétrospective de l’IMA ont un rêve : en faire une exposition itinérante qui sillonne les pays du Maghreb, du Proche- et du Moyen-Orient.


Oum Kalsoum, la quatrième pyramide, jusqu’au 2 novembre à l’Institut du monde arabe à Paris.
Renseignements sur : www.imarabe.org

Xavier Darcos et la maternelle : « La médaille d’or du mépris »

Le ministre de l’Education Nationale multiplie les annonces provocatrices vis-à-vis de l’école maternelle. Ainsi il n’a pas hésité à affirmer devant les sénateurs le 03 juillet 2008 :

« Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits de l’Etat, que nous fassions passer des concours à bac + 5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? ».

Cette intervention témoigne d’une méconnaissance totale de l’école maternelle ! Quel mépris pour l’école maternelle et pour ses enseignants dont le rôle en matière d’apprentissage et de réussite scolaire est reconnu par tous !

Mais ne faut-il pas voir derrière cette déclaration provocatrice la volonté de cacher le fait que des élèves ne sont pas accueillis en cette rentrée. En effet, en raison de l’insuffisance du nombre de postes, ce sont 40 000 élèves qui auraient pu être scolarisés si le taux de scolarisation de 2005-06 avait été maintenu. Ils restent aujourd’hui à la porte de l’école. Le ministre considère-t-il qu’aucun travail n’est effectué en maternelle ? Ce n’est pas l’avis des parents d’élèves, et pourtant c’est ce que peut laisser penser l’absence de distribution des programmes [1] aux parents de l’école maternelle.

L’école maternelle française constitue une référence et un exemple en Europe : elle est source de réussite et de progrès pour les élèves. Par respect des enseignants et des écoles maternelles, le SNUipp demande au ministre de retirer ces paroles blessantes et irresponsables qui jettent le trouble sur l’intérêt de la scolarisation en maternelle.

Il appelle les enseignants et les parents à participer massivement aux actions du 07 et du 19 octobre.

mardi 16 septembre 2008

Ma morte vivante

Ma morte vivante

Dans mon chagrin, rien n’est en mouvement
J’attends, personne ne viendra
Ni de jour, ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance, ils perdent leur lumière
Ma bouche s’est séparée de ta bouche
Ma bouche s’est séparée du plaisir
Et du sens de l’amour, et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n’avanceront plus, il n’y a plus de route
Ils ne connaîtront plus mon poids, ni le repos

Il m’est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j’ai crue infinie

Et l’avenir mon seul espoir c’est mon tombeau
Pareil au tien, cerné d’un monde indifférent
J’étais si près de toi que j’ai froid près des autres.

Paul Eluard

lundi 15 septembre 2008

Laïcité positive

Vendredi 12 septembre 2008, la boîte aux lettres de la place de la Sorbonne, à Paris, était inaccessible : des bandes de papier collant, portant la marque de La Poste, empêchaient d'y introduire la moindre enveloppe. Un texte imprimé indiquait " En raison de la visite de sa Sainteté le pape Benoit XVI, cette boîte aux lettres est condamnée jusqu'à nouvel ordre."
Les gens de La Poste sont attachées aux usages et aux règles de bienséance du courrier. Ils ont écrit "Sa Sainteté" comme ils auraient écrit "Son Excellence le président de la République" ou "Sa Majesté Nicolas Sarkozy". Mais pourquoi "condamner" cette pauvre boîte aux lettres, alors que Galilée lui-même a été réhabilité par l'Eglise catholique?
Soyons positifs. Il ne s'agit pas d'une peine à perpétuité : la boîte aux lettres est condamnée ""jusqu'à nouvel ordre". Qui donnera l'ordre de la remettre en activité après lui avoir donné l'absolution? Nicolas Sarkozy, chanoine honoraire du Latran? ou le Père Besancenot, le postier-catéchiste le plus éloquent de Notre Sainte-Mère le République?

Robert Solé

jeudi 11 septembre 2008

Fichier Edvige : Sarkozy embarassé

Confronté au mécontentement suscité par le fichier Edvige, y compris dans sa majorité et jusqu'au gouvernement, Nicolas Sarkozy tente de "désamorcer" une polémique.

Mercredi lors du Conseil des ministres, le chef de l'Etat a appelé ses ministres "au sang froid" et "la cohérence gouvernementale", tout en jugeant "nécessaire" l'existence de ce fichier.

La secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, Rama Yade, avait fait part de ses "doutes". Avant elle, le ministre de la Défense, Hervé Morin (Nouveau Centre), avait dénoncé "un curieux mélange des genres".

M. Morin s'était fait remettre en place par le Premier ministre François Fillon tandis que sa collègue de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, ironisait sur le fait qu'il n'ait "pas trouvé" son numéro de téléphone pour lui "demander ce qu'il en était".

Une cacophonie gouvernementale aggravée par les critiques d'élus de droite ou de la présidente du Medef, Laurence Parisot. Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), a ainsi estimé mercredi qu'Edvige était "une affaire mal conduite" par le gouvernement, "qui n'a pas bien communiqué".

Sans attendre une décision - pas avant la fin de l'année - du Conseil d'Etat, devant lequel plusieurs recours en annulation ont été déposés, le chef de l'Etat a pris les choses en main.

Dès son retour de Russie et Géorgie, et une fois le sommet Union européenne-Ukraine bouclé, il a convoqué une réunion à l'Elysée et fait savoir que si sa "priorité" demeurait "la lutte contre la délinquance", il n'en était pas moins "le garant" des libertés publiques.

Il a demandé à Mme Alliot-Marie "d'ouvrir rapidement une concertation" sur ce fichier, qui devra être "suivie de décisions pour protéger les libertés". "Il faut désamorcer la crise" car "il ne faut pas que le président perde le crédit accumulé cet été et qui s'est traduit par une hausse dans les sondages", a assurée l'un de ses proches.

Les renseignements qui font le plus polémique, l'orientation sexuelle et la santé des personnes, pourraient être "évacués" du fichier, ainsi que le fichage des personnalités". Le Conseil de l'ordre national des médecins a rappelé qu'il n'était "pas possible d'enregistrer, sans l'accord formel de la personne concernée, des informations sur son état de santé".

La ministre de l'Intérieur, qui a admis avoir "sous-estimé le fantasme qui pouvait tourner autour de ce fichier", s'est déclarée mardi prête à inscrire, y compris "dans une loi", "toutes les garanties" nécessaires aux libertés publiques pour la mise en oeuvre du fichier. Elle a également proposé un "droit à l'oubli" pour les mineurs.

Malgré ces assurances, l'opposition ne désarme pas, tandis que la pétition anti-Edvige ouverte le 10 juillet sur internet continue de rassembler des signatures. Le collectif "Non à Edvige" à d'ailleurs réitéré sa demande de retrait du décret créant le fichier.

Le président du MoDem, François Bayrou, tout comme l'ancienne ministre socialiste du Travail, Martine Aubry, et les Verts, continuent à demander "le retrait" pur et simple du fichier. Le Front national a estimé que cette affaire illustrait "le désordre permanent au sommet du pouvoir".

Les syndicats se sont pour leur part félicités d'un "premier recul du gouvernement".

"C'est une première victoire" mais "les mots ne suffisent pas" et M. Sarkozy doit donner des "garanties", a affirmé le président de la LDH Jean-Pierre Dubois. La FSU (syndicat enseignant) a averti qu'elle resterait "vigilante".

Demande de retrait de Martine Aubry


Venue soutenir dans l'entre-deux tours, le candidat socialiste, David Lebon, à l'élection législative partielle dans cette circonscription d'Eure-et-Loir, Mme Aubry a souligné avoir été "l'une des premières personnes à signer les pétitions qui circulent contre ce projet".

"Que ce projet soit adopté par décret ou par la loi, je continue de penser qu'il est dangereux et indigne d'une démocratie comme la nôtre", a-t-elle ajouté. "On voit déjà quelles pourront être les dérives liées à son utilisation, mais pas son utilité", a insisté Mme Aubry, en réaction aux derniers propos du ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie.

Mme Alliot-Marie s'était dite prête mardi sur RTL à inscrire, "dans une loi", "toutes les garanties" nécessaires aux libertés publiques pour la mise en oeuvre du fichier Edvige.

Delphine Batho, secrétaire nationale du PS, a salué mardi "une première victoire" après que la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie s'est dite prête à inscrire, "dans une loi", "toutes les garanties" nécessaires aux libertés publiques pour la mise en oeuvre du fichier Edvige "La mobilisation citoyenne contre le fichier Edvige a été utile et elle a payé", a déclaré la députée des Deux-Sèvres dans un communiqué.

Selon elle, "le gouvernement a reculé et rejoint désormais la proposition du Parti socialiste d'organiser un débat parlementaire débouchant sur l'adoption d'une loi sur les fichiers de renseignements. C'est une première victoire".

La responsable socialiste estime aussi que "ce revirement" est "un désaveu pour François Fillon qui pensait étouffer le débat qui s'est ouvert jusqu'au sein du gouvernement par des rappels à l'ordre".

"Bien sûr, dans son expression ce soir, le gouvernement cherche à sauver les apparences et ne veut pas complètement perdre la face. Il doit donc très rapidement préciser sa position car il ne peut pas y avoir de loi sans retrait du décret sur le fichier Edvige. Le gouvernement devra également détailler le calendrier du débat parlementaire à venir", poursuit Mme Batho.

Au Parlement, le PS proposera "que la nouvelle loi mette fin au fichage des citoyens engagés dans la vie syndicale, associative et politique qui ne constituent en rien une menace pour la sécurité de notre pays", conclut le communiqué.

mercredi 3 septembre 2008

Edvige: «Il suffira de participer à une manif pour être fiché !»

Hélène Franco, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, est très remontée contre cette nouvelle base de données regroupant une multitude d'informations personnelles.

Propos recueillis par Marie Piquemal


Depuis le début de l'été, associations et syndicats se mobilisent contre le fichier Edvige (littéralement: Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale).

La pétition, «Non à Edvige!», circulant sur Internet, a déjà recueilli quelque 90.000 signatures. Et un recours a été déposé vendredi devant le Conseil d'Etat pour obtenir le retrait pur et simple de ce nouveau fichier considéré comme «liberticide» par Hélène Franco, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature (gauche). Elle alerte sur les dangers de ce texte et les dérives possibles.




Le principe du fichage n’est pas nouveau. En quoi ce nouveau fichier, baptisé Edvige, est-il liberticide?

Ce n’est pas une simple réactualisation de l’ancien décret de 1991 relatif aux fichiers gérés par les services des renseignements généraux. Le nouveau texte va beaucoup plus loin. Prenons un exemple. Jusqu’ici étaient fichées «les personnes majeures qui, par leurs actions violentes, étaient susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l’Etat». Désormais, seront visées toutes les personnes, «âgées de 13 ans et plus, susceptibles de troubler l’ordre public». La nouvelle formule est beaucoup plus large: il ne s’agit pas de ficher les délinquants mais toutes les personnes susceptibles de troubler l’ordre public. Donc, participer à une manifestation serait, selon le texte, une raison suffisante pour être fiché…

En pratique, qui pourra être fiché?

Impossible à dire, c’est tentaculaire. Le texte vise toute personne de plus de 13 ans, «ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif.» Bref, toutes les personnes engagées dans la vie sociale... Et leur entourage! On voit bien là les risques de dérives. Par ricochet, tout le monde sera un jour ou l'autre fiché.

Vous dénoncez aussi l’utilisation qui pourra être faite de ces fichiers…

Oui, là encore, contrairement au décret de 1991, le nouveau fichier Edvige pourra être consulté dans le cadre des enquêtes administratives. Prenons un exemple: vous participez à un mouvement lycéen (vous êtes donc fiché) et quelques années plus tard, vous vous présentez à un concours de la fonction publique. Et bien, le jury disposera d’une multitude de données collectées à votre sujet: déplacements, fréquentations, informations fiscales et patrimoniales voire vos tendances sexuelles et votre dossier de santé.

Nos voisins européens disposent-ils de fichiers semblables?

Non, nous sommes la seule démocratie en Europe où il existe une police politique. Car il s’agit bien de cela. En France, nous avons toujours eu la manie du fichage. A une différence près: au temps de Napoléon, la police politique ne disposait pas des mêmes moyens techniques, son action était donc limitée. Aujourd’hui, c’est autrement plus dangereux. Quoi qu’en dise le gouvernement, l’existence même d’un tel texte est inquiétante. Comment garantir que le fichier Edvige ne tombe pas un jour dans les mains d’un régime comme Vichy ou l’équivalent ?