Laurent Fabius estime que le débat entre Ségolène Royal et Bertrand Delanoë sur le "libéralisme" était "tout à fait surréaliste".
"C’est un débat tout à fait surréaliste", a-t-il estimé, interrogé à ce propos sur BFMTV et RMC. Les deux probables rivaux au poste de Premier secrétaire lors du congrès du Parti socialiste en novembre, Ségolène Royal et Bertrand Delanoë, se sont affrontés dimanche, par médias interposés, sur la définition du "libéralisme".
Selon Laurent Fabius, "le débat (au sein du PS) doit porter sur des questions de fond", comme "l’emploi", les "retraites", "l’Europe", la "santé", "l’environnement". "C’est ça les vrais problèmes, plutôt que d’inventer des oppositions qui sont un peu factices", a-t-il critiqué, estimant qu’il y avait aussi "un aspect un peu tactique" dans la prise de position de Bertrand Delanoë pour se démarquer de Ségolène Royal.
Souhaitant "qu’on évite justement ces pugilats", l’ancien Premier ministre a répété qu’il n’estimait pas que ce soit "une bonne chose" de nommer à la tête de PS quelqu’un qui sera aussi candidat en 2012, car "c’est un peu confondre les échéances". Déclarant soutenir les "reconstructeurs", le député de Seine-Maritime a jugé que le PS devait aussi préciser sa "stratégie" d’alliances par rapport à la gauche et au centre.
« Je reste à l’écart du pugilat au PS »
« Je vais vous dire ce que je souhaite, tout en restant à l’écart du pugilat. Nous avons un congrès du PS en novembre. D’abord, il faut éviter ces pugilats et ce n’est pas une bonne chose que l’on nomme à la tête du PS quelqu’un qui automatiquement sera candidat en 2012, parce que c’est un peu confondre les échéances. Deuxièmement, il est très important que l’on précise nos réponses sur un certain nombre de questions : l’environnement, l’emploi, le vieillissement et l’éclatement de la société, la question du déplacement du centre du monde et ce que fait l’Europe... » « Il faut qu’à la sortie du congrès les gens se disent « les socialistes ont des réponses ». Troisièmement, il faut qu’on précise nos stratégies, il y a eu du flou. Certains ont dit « Il faut abandonner le rassemblement de la gauche, il faut aller avec les centristes », d’autres, dont je suis, disent « rassemblement de la gauche, oui, mais ça peut s’ouvrir à d’autres »
« Si on répond sur ces trois questions, on aura avancé et c’est la raison pour laquelle je soutiens plutôt ceux que l’on appelle les reconstructeurs, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui n’ont pas envie de se situer dans un espèce de pugilat ou de duel et qui disent « faisons travailler ensemble toute une série de gens et essayons de répondre à ces questions » ».
« Mes pistes pour financer les retraites »
« On paye chaque année des intérêts de la dette qui sont énormes. C’est une des raisons pour lesquelles je trouve mauvais le choix qui a été fait le gouvernement de dépenser au moins 15 milliards d’euros supplémentaires chaque année pour des dépenses qui n’étaient pas prioritaires. Je suis partisan de revenir sur une partie de ces dépenses ». « Il y a d’autres choses à faire. On parle beaucoup du financement de la retraite, mais nous avons travaillé sur ce financement et je vous donne des pistes : le Cour des Comptes propose de taxer les parachutes dorés et les stock-options, ça peut rapporter 3 ou 4 milliards. Deuxièmement, au fur et à mesure que s’améliorera la situation de l’emploi, la cotisation qui va à l’Unedic pourrait aller sur la retraite. Troisième point : il y a toute une série d’exonérations sociales, les unes sont justifiées, les autres ne le sont pas ».
« Je ne voterais pas le texte sur les institutions »
Guillaume Cahour : La réforme des institutions est en ce moment en train d’agiter la sphère parlementaire, notamment l’Assemblée Nationale, avec ce débat qui a commencé il y a quelques jours : le Président de la République pourrait prendre la parole devant le Parlement réuni en Congrès, le renforcement du rôle du Parlement, il y a d’autres points encore. Est-ce que aujourd’hui vous seriez prêt à voter ce texte ?
Laurent Fabius : Je souhaite que finalement on nous propose un texte qui puisse être acceptable, mais aujourd’hui, je dis clairement que dans l’état du texte, je ne le voterais pas. Il y a eu des avancées mais il y a trois points qui doivent bouger de manière absolument nécessaire. Le premier point, c’est tout ce qui concerne les données électorales, ce n’est pas normal que l’on discute constitution mais qu’au même moment on nous dise que l’on ne peut rien changer pour le Sénat, pour les non-européens qui sont là depuis dix ans, que l’on peut changer des choses pour les députés et les régions... Il y a beaucoup à faire en matière électorale et ce n’est pas fait. Le deuxième point, c’est le Conseil Constitutionnel : c’est un organe qui a de plus en plus de rôles et qui, à travers la réforme de la Constitution, peut en avoir encore davantage, mais s’il a plus de rôles, il faut qu’il soit incontestable dans sa composition. Et troisième point, il faut qu’il y ait une égalité de temps de parole, c’est à dire qu’il faut que le temps du Président de la République, quand il s’exprime d’une manière politique, puisse être comptabilisé.
Guillaume Cahour : Les socialistes reviennent beaucoup dessus, en quoi est-ce si important pour vous ?
Laurent Fabius : Aujourd’hui, dans le monde moderne, la politique n’existe pas en elle-même, elle n’existe qu’à travers la télévision et la radio, et si vous avez une personne qui peut parler huit heures sans que personne ne puisse lui répondre, parce que c’est ça la réglementation actuelle, ce n’est évidemment pas équilibré. Donc on demande simplement qu’il y ait une égalité : Président de la République, majorité et opposition.
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