Une petite centaine de personnes est regroupée lundi 31 mars à 7h15, devant le lycée collège
Voltaire à Paris. Entre les portes et eux, un amas de poubelles et de barrières. Une chose est
sûre : aujourd’hui encore, personne ne pourra rentrer dans l’établissement. Depuis une quinzaine de jours, enseignants, parents et élèves sont unis dans la protestation contre les suppressions de postes.
Sur l’ensemble de la capitale, environ 80 départs à la retraite ne seront pas remplacés. Un nombre qui peut paraître dérisoire à l’échelle de la ville, mais certains établissements sont voués à souffrir plus que d’autres.
Ici, à Voltaire,une petite dizaine de postes sont sur la sellette: 8 postes d’enseignants, et deux postes de conseiller principal d’éducation.
Unique lycée général de l’arrondissement, Voltaire accueille chaque jour plus de 1800 élèves.
Au beau milieu de ce quartier populaire, l’établissement est un bel exemple de mixité, et connaît d’ailleurs, depuis quelques années, une hausse de ses résultats, notamment au baccalauréat. Pourtant, comme le raconte Nadine, une mère de famille qui tenait à être là ce matin, « tout reste à faire ». « Le lycée commence seulement à relever un peu la barre, les professeurs sont motivés, et c’est maintenant qu’on veut nous supprimer des postes chez les enseignants et chez les pions ! C’est parfaitement irresponsable. Nous ne lâcherons rien. » Comme la plupart des bloqueurs, Nadine n’est ni encartée,ni syndiquée : le mouvement est spontané.
Non loin de là, Bertrand Louët, professeur de français, explique sa situation. D’abord, les suppressions de postes contraindront les enseignants à réaliser des heures supplémentaires.
Ce qui reviendra à « travailler plus pour gagner plus » en « piquant », comme il dit, les
emplois de ses collègues. D’autre part, du fait de son ancienneté, il n’est pas directement
concerné par les suppressions, mais il sait que les conséquences sur ses cours seront désastreuses et immédiates : « Il est impossible de travailler avec 40 élèves par classe, surtout dans ce type d’établissements où la mixité demande un plus grand travail au cas par cas. » Pour ces différentes raisons, il vient tous les jours à 7 h 15 pour « bloquer » avant de se réunir avec ses collègues en assemblée générale.
11 200 postes supprimés dans l’Éducation nationale à la rentrée prochaine. Cela signifie concrètement moins d’encadrement et plus d’élèves par classe. Aussi, un peu partout en France, enseignants, parents d’élèves et lycéens se mobilisent contre ces suppressions de postes en bloquant.
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