Le tribunal de Paris organisait hier une confrontation générale des onze prévenus dans l'affaire des faux électeurs du 5e arrondissement, qu'elle étudie jusqu'au 4 mars. Si la fraude n'est plus à prouver, compte tenu des éléments fournis durant le procès, le juge Jean-Paul Albert a eu bien du mal à obtenir des aveux de la plus fidèle lieutenant de Jean et Xavière Tiberi.
Première adjointe du 5e au moment des faits, Anne-Marie Affret, qui occupe toujours ce poste et défend le couple bec et ongles, a refusé de dévoiler le nom de ses donneurs d'ordres. « Il y a des responsabilités ?, lui demande le président. - Sûrement monsieur. - Dans cette salle ? - On est tous là de toute façon. - C'étaient des personnes au-dessus de vous ? - Forcément, oui. » Certes, elle recevait bien « des transmissions » de Xavière Tiberi sur différents sujets, mais « ce n'était pas un ordre ». « Jean Tiberi, c'était le cerveau, c'est évident, continue Anne-Marie Affret, évoquant les affaires courantes de la mairie. Les initiatives, c'est pas moi qui peux les prendre. » Jean Tiberi n'a, lui, « jamais, jamais, jamais » eu connaissance des problèmes de faux électeurs. « Je n'ai jamais fait un faux, jamais il n'y a eu de preuve. Et je m'en félicite », lance-t-il. Le juge, pourtant connu pour sa mesure jusqu'alors, lève les bras et les yeux au ciel. « C'est une manifestation spontanée alors ? Comment ça peut exister ? Comment ils arrivent ces faux électeurs ? » Pas de réponse.
Le chef du bureau des élections à l'époque, Olivier Favre, raconte ensuite les « radiations ciblées » dans le 5e. « On nous a dit de radier d'office les électeurs des lycées Henri-IV et Louis-le-Grand qui n'y habitaient plus, car ils ne votaient pas pour Jean Tiberi. Ces radiations étaient justifiées. Mais c'était une faute de s'arrêter uniquement à ces adresses. » Il évoquera aussi des séances de « photocopies de cartes électorales » tard le soir dans le bureau des élections. Selon le registre du gardien, Jean et Xavière Tiberi étaient de la partie. « 23 avril 1997, arrivée de Jean Tiberi à 22 h, départ de Jean et Xavière Tiberi à 23 h 12 », lit le juge. « Je ne sais pas pourquoi il écrit ça, je n'ai jamais mis les pieds dans ce bureau », répond Jean Tiberi. Anne-Marie Affret n'a pas la même capacité à nier. Face à une énième question du juge sur la responsabilité du couple, elle craque : « Je crois que je vais m'arrêter là, c'est trop, je ne sais plus où donner de la tête. J'espère que mon avocat me défendra bien », lâche-t-elle dans un soupir. Elle se retourne vers lui. Son défenseur a changé de place et s'assied désormais du côté de la partie civile, loin de la troupe des avocats du clan Tiberi.
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