mercredi 3 mars 2010

Dérapages et petites phrases en Ile-de-France

Nicolas Sarkozy a remis de l'ordre dans la campagne de l'UMP, hier, en appelant les candidatsà faire bloc derrière Valérie Pécresse. Pas de quoi inquiéter Jean-Paul Huchon, le président sortant.
Reportage
Cet après-midi-là, elle a sauté dans le « Petit gris », direction Melun et son école de la deuxième chance. Envie, consciente ou inconsciente, de fuir la ville, ses caniveaux, ses ragots, ses coups bas, une campagne électorale qui va de travers. Dans l'antique train de banlieue bondé et bringuebalant, Valérie Pécresse, la tête de liste UMP, s'égosille : « Les Franciliens méritent mieux que d'être transportés dans ce genre de bétaillères. »
La ministre à l'Enseignement supérieur s'est déjà rendue à l'évidence. Dans le wagon, tandis que les banlieusards s'abandonnent à une indifférence polie, les médias ont autre chose en tête : l'affaire Soumaré. Un vilain chewing-gum qui est en train de coller aux doigts de la droite francilienne. Quelques jours plus tôt, Francis Delattre, maire UMP de Franconville, a imprudemment qualifié Ali Soumaré, tête de liste du PS dans le Val d'Oise, de « délinquant multirécidiviste chevronné ».
« Incapable, endormi ! »
À quinze jours du scrutin, Valérie Pécresse se serait bien passée de ce dérapage. Les sondages ne sont pas bons. Pas bons du tout. À la gare de Melun, Yves Jégo, tête de liste en Seine-et-Marne, vient à la rescousse : « Les socialistes fuient le débat de fond, n'assument pas leur bilan. » Hier, l'équipe de Pécresse était convoquée par Nicolas Sarkozy, excédé par les couacs à répétition. Décidément, un combat difficile. « Mais ce sont les plus beaux ! », rétorque machinalement la ministre.
« Ils perdent les pédales, balancent n'importe quoi et cherchent le choc pour mobiliser la droite dure », analyse Philippe Kaltenbach, le maire PS de Clamart qui ne désespère plus de faire trébucher la droite dans les Hauts-de-Seine. « Vous vous rendez compte, le berceau du sarkosysme ! » Jean-Paul Huchon, le président socialiste sortant, joue sur du velours. « J'entends dire que je suis un incapable, un endormi, ironise-t-il. Mais quand je vois la manière dont les gens nous sourient... »
Ce midi-là, tout en rondeurs, écharpe fushia autour du cou, il arpente le parvis de la Défense. Plus de 150 000 Franciliens viennent y travailler chaque jour, souvent au prix d'un trajet qui relève du parcours du combattant. « Il faut rapprocher l'habitat de l'emploi », martèle Huchon. Pas loin de s'enflammer : « Si on gagne les Régions de manière nette, on peut inventer énormément de choses dont le PS, la gauche, feront des propositions crédibles pour 2012. »
Tout semble sourire au sortant. Même le frottement urticant annoncé avec les écologistes, enivrés par de bons résultats aux élections européennes, particulièrement en Île-de-France, est renvoyé en arrière-plan. À la station de métro Mairie de Saint-Ouen, ligne 13, « la plus saturée du réseau », Cécile Duflot, tête de liste d'Europe Écologie, s'irrite qu'on lui parle encore du ton de la campagne. Liasse de tracts à la main, la répartie tranchante, elle fonce sur les transports, « l'un des dossiers prioritaires pour les Franciliens » : « On veut aller plus vite et mieux et maintenant ! » Avec Huchon, s'entend !