mercredi 25 juin 2008

Non à la directive de la honte !


petition@cimade.org

Soumis au vote des parlementaires européens ce mercredi 18 juin 2008, le projet de directive sur l'expulsion et la rétention des personnes étrangères a été adopté par 367 voix pour, 206 contre et 109 abstentions.

Le Parlement européen, en adoptant, sans y ajouter le moindre amendement, le texte de la «directive retour» négocié par les ministres de l'Intérieur et de l'Immigration des 27 Etats membres, a perdu une grande part de sa crédibilité quant à sa capacité à tenir son rôle d'instance démocratique chargée notamment de la protection des citoyens en Europe.

En prévoyant l'enfermement de migrants non communautaires pour une durée maximale de 18 mois, en autorisant l'expulsion d'enfants, qui plus est hors de leur territoire d'origine, en instituant une interdiction du territoire européen de 5 ans, cette directive porte atteinte aux libertés publiques et fait de l'enfermement un mode de gestion courant des populations migrantes.

Sourds aux appels des ONG, sourds aux appels des Eglises, sourds aux appels de nombreux représentants d'Etats du Sud, sourds aux mobilisations citoyennes, les parlementaires européens ont, dans leur majorité, choisi de renoncer à toute velléité de résister à la logique policière qui sous-tend la politique d'immigration conduite par les ministres de l'Intérieur en Europe depuis 20 ans.

La Cimade le déplore profondément. Elle étudie avec ses partenaires toutes les voies possibles pour contester cette directive devant la Cour de justice ou la Cour européenne des droits de l'Homme.



Appel aux parlementaires européens

Le 18 juin 2008, un projet de directive sur la rétention et l'expulsion des personnes étrangères sera soumis au Parlement européen.

Depuis 1990, la politique européenne conduite par les gouvernements en matière d'immigration et d'asile s'est traduite par une réduction continue des garanties et des protections fondamentales des personnes. L'Europe se transforme en une forteresse cadenassée et met en oeuvre des moyens démesurés pour empêcher l'accès à son territoire et expulser les sans-papiers.

Le projet de directive, s'il était adopté, constituerait une nouvelle régression.
En prévoyant une rétention pouvant atteindre 18 mois pour des personnes dont le seul délit est de vouloir vivre en Europe, il porte en lui une logique inhumaine : la généralisation d'une politique d'enfermement des personnes étrangères qui pourrait ainsi devenir le mode normal de gestion des populations migrantes.
En instaurant une interdiction pour 5 ans de revenir en Europe pour toutes les personnes renvoyées, ce projet de directive stigmatise les sans-papiers et les transforme en délinquants à exclure.

Le projet de directive qui sera présenté au Parlement est le premier dans ce domaine qui fasse l'objet d'une procédure de co-décision avec le Conseil des ministres. Le Parlement a donc enfin la possibilité de mettre un terme à cette politique régressive qui va à l'encontre des valeurs humanistes qui sont à la base du projet européen et qui lui donnent sens.

Les parlementaires européens ont aujourd'hui une responsabilité historique : réagir pour ne pas laisser retomber l'Europe dans les heures sombres de la ségrégation entre nationaux et indésirables par la systématisation des camps et de l'éloignement forcé.

Nous appelons les parlementaires européens à prendre leurs responsabilités et à rejeter ce projet.


Soumis au vote des parlementaires européens ce mercredi 18 juin 2008, le projet de directive sur l'expulsion et la rétention des personnes étrangères a été adopté par 367 voix pour, 206 contre et 109 abstentions.


Le Parlement européen, en adoptant, sans y ajouter le moindre amendement, le texte de la «directive retour» négocié par les ministres de l'Intérieur et de l'Immigration des 27 Etats membres, a perdu une grande part de sa crédibilité quant à sa capacité à tenir son rôle d'instance démocratique chargée notamment de la protection des citoyens en Europe.


En prévoyant l'enfermement de migrants non communautaires pour une durée maximale de 18 mois, en autorisant l'expulsion d'enfants, qui plus est hors de leur territoire d'origine, en instituant une interdiction du territoire européen de 5 ans, cette directive porte atteinte aux libertés publiques et fait de l'enfermement un mode de gestion courant des populations migrantes.

Sourds aux appels des ONG, sourds aux appels des Eglises, sourds aux appels de nombreux représentants d'Etats du Sud, sourds aux mobilisations citoyennes, les parlementaires européens ont, dans leur majorité, choisi de renoncer à toute velléité de résister à la logique policière qui sous-tend la politique d'immigration conduite par les ministres de l'Intérieur en Europe depuis 20 ans.

La Cimade le déplore profondément. Elle étudie avec ses partenaires toutes les voies possibles pour contester cette directive devant la Cour de justice ou la Cour européenne des droits de l'Homme.

Appel aux parlementaires européens

Le 18 juin 2008, un projet de directive sur la rétention et l'expulsion des personnes étrangères sera soumis au Parlement européen.

Depuis 1990, la politique européenne conduite par les gouvernements en matière d'immigration et d'asile s'est traduite par une réduction continue des garanties et des protections fondamentales des personnes. L'Europe se transforme en une forteresse cadenassée et met en oeuvre des moyens démesurés pour empêcher l'accès à son territoire et expulser les sans-papiers.

Le projet de directive, s'il était adopté, constituerait une nouvelle régression.
En prévoyant une rétention pouvant atteindre 18 mois pour des personnes dont le seul délit est de vouloir vivre en Europe, il porte en lui une logique inhumaine : la généralisation d'une politique d'enfermement des personnes étrangères qui pourrait ainsi devenir le mode normal de gestion des populations migrantes.
En instaurant une interdiction pour 5 ans de revenir en Europe pour toutes les personnes renvoyées, ce projet de directive stigmatise les sans-papiers et les transforme en délinquants à exclure.

Le projet de directive qui sera présenté au Parlement est le premier dans ce domaine qui fasse l'objet d'une procédure de co-décision avec le Conseil des ministres. Le Parlement a donc enfin la possibilité de mettre un terme à cette politique régressive qui va à l'encontre des valeurs humanistes qui sont à la base du projet européen et qui lui donnent sens.

Les parlementaires européens ont aujourd'hui une responsabilité historique : réagir pour ne pas laisser retomber l'Europe dans les heures sombres de la ségrégation entre nationaux et indésirables par la systématisation des camps et de l'éloignement forcé.

Nous appelons les parlementaires européens à prendre leurs responsabilités et à rejeter ce projet.

lundi 23 juin 2008

La révolte des sans-papiers de Vincennes

Un important incendie a endommagé dimanche soir le centre de rétention administrative de Vincennes.

(AP)

(AP)

Un important incendie a "gravement" endommagé, dimanche, le grand centre de rétention administrative parisien de Vincennes qui a dû être évacué. Le sinistre, qui pourrait être criminel, a éclaté alors qu'un retenu de nationalité tunisienne a été retrouvé mort la veille dans sa chambre. L'incendie a été circonscrit en fin d'après-midi.
L'incendie serait lié à une manifestation de protestation organisée au lendemain du décès d'un retenu tunisien de 41 ans, a-t-on indiqué de source policière. Dans un communiqué, la préfecture de police de Paris note que cette manifestation "non déclarée" s'est déroulée à partir de 15h25 à proximité immédiate du centre et que, vingt minutes plus tard, "plusieurs foyers d'incendie volontaire ont été détectés". Ils ont touché les centres CR1 et CR2, d'une capacité de 140 places chacun, selon des témoins joints sur place.

Arrêt cardiaque

D'après les éléments avancés par une source policière, le retenu tunisien décédé samedi serait mort d'un arrêt cardiaque. Dans un communiqué, la préfecture de police de Paris assure que "tant les premières constatations médicales que l'autopsie, réalisée dans le cadre de l'enquête en cours menée par la police judiciaire, écartent la présence de traces anormales".
A l'annonce de son décès samedi, les autres retenus "ont légitimement souhaité connaître la situation précise mais les centres sont demeurés globalement calmes toute la soirée, malgré la tentative d'incendie d'un matelas", reconnaît la préfecture.
Alors que les conditions de rétention sont régulièrement dénoncées par les associations de soutien aux sans-papiers et demandeurs d'asile, Pierre Henry, directeur général de France Terre d'asile, a déclaré à l'Associated Press que "la situation qui prévaut à Vincennes était prévisible". "Après des tentatives de suicide, des automutilations, cette situation n'est pas acceptable dans un pays démocratique", a-t-il fustigé.
Pierre Henry rappelle qu'il avait demandé en janvier la création d'une commission d'information parlementaire, qui n'a vu le jour que le 16 avril dernier. "C'est à la représentation parlementaire de se saisir de cette question qui est une véritable tache" en France, selon lui.

Directive de la honte de l'Union Européenne: le MRAP solidaire des peuples d'Amérique Latine


Le MRAP se réjouit des réactions d'un certain nombre de chefs d'Etat de pays d'Amérique Latine après l'adoption le 18 juin par l'UE de la «directive de la honte».

le Président bolivien Evo Moralès a été le premier à adresser une lettre ouverte aux Européens déclarant qu'il « ne pouvait accepter que les droits fondamentaux des personnes soient déniés à nos frères latino-américains»

Le Brésil, pays qui a reçu des millions d'immigrants et de descendants, notamment européens, aujourd'hui intégrés de manière harmonieuse, déplore une décision qui «contribue à créer une perception négative de l'immigration". "La question migratoire ne pourra être résolue de manière efficace que si elle est abordée en respect total des droits de l'Homme", souligne un communiqué officiel.

En Uruguay, dont plus de la moitié de la population est d'origine européenne, le Sénat a voté une motion rejetant un texte qui "constitue une violation des droits de l'Homme, notamment le droit à la libre circulation internationale".

Le président équatorien Rafael Correa a prôné «un front commun pour protester contre la directive de la honte"». annonçant avoir pris des "contacts au niveau régional face à cette agression". Rappelons que le Président Corréa s'est rendu en juillet dernier en Belgique pour demander personnellement la libération d'une jeune Equatorienne de 13 ans détenue en centre de rétention.

Au Pérou, le chef de la diplomatie José Garcia Belaunde a dénoncé une loi "discriminatoire" qui ne "cadre pas avec la tradition européenne".

Au Venezuela, pays constitué d'un profond brassage multicontinental, le Président Hugo Chavez a menacé jeudi de ne plus fournir de pétrole aux pays européens qui appliqueraient la nouvelle loi de l'Union européenne sur l'expulsion des immigrés sans papiers. "Notre pétrole ne devrait pas aller vers ces pays européens....... De la même façon que les pays européens décideront de renvoyer des immigrants sans papier vers leur pays d'origine, les pays d'Amérique latine pourront de leur côté décider le retour des investissements européens", a déclaré le chef de l'Etat vénézuélien, remettant ainsi en question l'unilatéralisme arrogant de l'Union européenne.

En Argentine, Hebe de Bonafini, présidente des «Mères de la Place de mai» a déclaré "Les mesures discriminatoires que l'on veut prendre avec les immigrants de tous les pays dits du Tiers Monde, la prison et la déportation, sont des mesures sauvages".

Les Présidents de ces pays refusent que leurs ressortissants soient traités de cette façon inhumaine. Le MRAP partage leur indignation et leur colère. Cette réaction massive est une donnée nouvelle: des peuples et leurs dirigeants n'acceptent plus la vision dominatrice et méprisante de l'Occident et relèvent la tête pour réclamer un monde plus juste et plus solidaire.

Le MRAP ne peut que soutenir ces positions et ces initiatives, en particulier celle du Président bolivien Evo Morales Ayma qui a appelé les pays africains et latino-américains à combattre la directive qui "porte atteinte à la vie et aux droits des personnes" et «à mener une campagne internationale afin de retourner la situation». Le président bolivien a annoncé que la première étape de cette campagne interviendrait à l'occasion du sommet du Mercosur, le marché commun sud-américain, prévu le 1er juillet à Tucuman en Argentine.

Le MRAP appelle tous ceux et toutes celles qui en France et en Europe sont indignés par le vote du 18 juin à soutenir, dans ce combat, les peuples latino-américains.

Paris, le 23 juin 2008

Directive européenne : Hugo Chavez se fâche




Le président vénézuélien Hugo Chavez menace de suspendre ses livraisons de pétrole à destination des pays européens qui appliqueront une nouvelle directive

La directive, approuvée dans la controverse, mercredi, par le Parlement européen, autorise les pays membres de l'Union européenne à emprisonner ces sans-papiers pour une période pouvant atteindre 18 mois avant de les expulser.

Le président Chavez a en outre prévenu que les compagnies des pays qui appliqueront les procédures en question pourraient se voir retirer leur droit d'investir au Venezuela. Les pétrolières française Total et norvégienne Norway Statoil pourraient être touchées.

La politique européenne, baptisée « directive retour », a également soulevé l'ire d'autres dirigeants sud-américains qui sont idéologiquement proches du président Chavez, dont le Bolivien Evo Morales et l'Équatorien Rafael Correa, mais aussi de l'Uruguay et du Pérou.

Le Venezuela est l'un des principaux exportateurs de pétrole au monde et les déclarations de Chavez ont la capacité d'influencer les marchés. Son or noir est toutefois exporté essentiellement aux États-Unis et l'Europe n'en reçoit qu'une faible quantité.

Depuis Bruxelles, où il participe au Conseil européen, le haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana, a soutenu que la réponse du président Chavez est « absolument disproportionnée ».

Les pays sud-américains ne sont pas les seuls à s'insurger contre la « directive retour »: la gauche européenne et des organisations de défense des droits de l'homme l'ont qualifié de « directive de la honte ».

jeudi 19 juin 2008

Directive européenne : un jour de honte


Le 18 juin 2008 restera comme un jour de honte et d’immense tristesse pour tous les défenseurs des droits de la dignité humaine.

Ce jour, le parlement européen vient de consacrer une conception et une gestion de l’immigration qui réduisent l’immigré à un objet jetable, corvéable et expulsable.

En effet, terrible réalité qui autorise désormais l’enfermement généralisé et l’emprisonnement sans jugement de 18 mois des ressortissants étrangers, l’institutionnalisation d’une forme de bannissement par la mise en place d’une clause de non-retour pendant cinq ans dans les territoires européens, l’autorisation d’expulsion d’enfant en parfaite violation avec les dispositions de la convention internationale des droits de l’enfant, sans compter enfin l’autorisation d’expulsion des femmes enceintes et les personnes victimes de torture.


Non à la directive européenne de la honte

Evo MORALES AYMA

Président de la République de Bolivie

Au nom du peuple de Bolivie, de tous mes frères du monde, je fais appel à la conscience des dirigeants et citoyens pour que ne soit pas approuvé le texte de la "directive retour".

Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe était un continent d'émigrants. Des dizaines de millions d'habitants partirent aux Amériques pour coloniser, échapper aux famines, aux crises financières, aux guerres ou aux totalitarismes européens et à la persécution des minorités ethniques. Aujourd'hui, je suis avec préoccupation le processus de la dite "directive retour".

Ce texte, validé le 5 juin dernier par les ministres de l'Intérieur des 27 pays de l'Union européenne, doit être approuvé le 18 juin par le Parlement européen. Je perçois qu'il durcit de manière drastique les conditions de détention et d'expulsion des migrants sans papier, quelqu'ait été leur temps de séjour dans les pays européens, leur situation de travail, leurs liens familiaux, leur volonté et le succès de leur intégration.

Les Européens sont arrivés dans les pays d'Amérique latine et d'Amérique du Nord, en masse, sans visa, ni conditions imposées par les autorités. Ils furent toujours bienvenus, et le demeurent, dans nos pays du continent américain, qui absorbèrent alors la misère économique européenne et ses crises politiques. Ils vinrent sur notre continent en exploiter les richesses et les transférer en Europe, avec un coût très élevé pour les peuples premiers de l'Amérique. Comme par exemple dans le cas de notre Cerro Rico de Potosi et de ses fabuleuses mines qui donnèrent sa masse monétaire au continent européen entre le XVIe et le XIXe siècle. Les personnes, les biens, les droits des migrants européens furent toujours respectés. Aujourd'hui, l'Union européenne est la principale destination des migrants du monde, conséquence de son image positive d'espace de prospérité et de libertés publiques. L'immense majorité des migrants viennent dans l'Union européenne pour contribuer à cette prospérité, non pour en profiter. Ils occupent les emplois de travaux publics, dans la construction, les services aux personnes et dans les hôpitaux, que ne peuvent ou ne veulent occuper les Européens. Ils contribuent au dynamisme démographique du continent européen, à maintenir la relation entre actifs et inactifs qui rend possible ses généreux systèmes de solidarité sociale et dynamisent le marché interne et la cohésion sociale. Les migrants offrent une solution aux problèmes démographiques et financiers de l'UE.

Pour nous, nos émigrants représentent l'aide au développement que les Européens ne nous donnent pas - vu que peu de pays atteignent réellement l'objectif minimum de 0,7 pc du PIB d'aide au développement. L'Amérique latine a reçu, en 2006, 68 milliards de dollars de transferts financiers de ses émigrés, soit plus que le total des investissements étrangers dans nos pays. Au niveau mondial, ces transferts atteignent 300 milliards de dollars, qui dépassent les 104 milliards de dollars octroyés au nom de l'aide au développement. Mon propre pays, la Bolivie, a reçu plus de 10 pc de son PIB en transferts de fond des migrants (1,1 milliard de dollars), soit un tiers de nos exportations annuelles de gaz naturel.

Il apparaît que les flux de migration sont bénéfiques pour les Européens et, de manière marginale, aussi pour nous du Tiers-Monde, vu que nous perdons des millions de personnes de main-d'oeuvre qualifiée en laquelle, d'une manière ou d'une autre, nos Etats, bien que pauvres, ont investi des ressources humaines et financières. Il est regrettable que le projet de "directive retour" complique terriblement cette réalité. Si nous concevons que chaque Etat ou groupe d'Etats puisse définir ses politiques migratoires en toute souveraineté, nous ne pouvons accepter que les droits fondamentaux des personnes soient déniés à nos compatriotes et à nos frères latino-américains.

La directive retour prévoit la possibilité d'un enfermement des migrants sans papier jusqu'à 18 mois avant leur expulsion - ou "éloignement" selon le terme de la directive. Dix-huit mois ! Sans procès, ni justice ! Tel qu'il est, le projet de directive viole clairement les articles 2, 3, 5, 6, 7, 8 et 9 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948. Et en particulier l'article 13 qui énonce : "1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat. 2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays." Et, pire que tout, il existe la possibilité d'emprisonner des mères de familles et des mineurs, sans prendre en compte leur situation familiale ou scolaire, dans ces centres de rétention où nous savons que surviennent des dépressions, des grèves de la faim, des suicides.

Comment pouvons-nous accepter sans réagir que soient concentrés dans ces camps nos compatriotes et frères latino-américains sans papiers, dont l'immense majorité travaillent et s'intègrent depuis des années ? De quel côté est aujourd'hui le devoir d'ingérence humanitaire ? Où est la "liberté de circuler", la protection contre les emprisonnements arbitraires ? Parallèlement, l'Union européenne tente de convaincre la Communauté andine des nations (Bolivie, Colombie, Equateur, Pérou) de signer un "Accord d'association" qui inclue en son troisième pilier un traité de libre-échange, de même nature et contenu que ceux qu'imposent les Etats-Unis. Nous subissons une intense pression de la Commission européenne pour accepter des conditions de profonde libéralisation pour le commerce, les services financiers, la propriété intellectuelle ou nos services publics. De plus, au nom de la "protection juridique", on nous reproche notre processus de nationalisation de l'eau, du gaz et des télécommunications réalisés le Jour des travailleurs.

Je demande, dans ce cas : où est la "sécurité juridique" pour nos femmes, adolescents, enfants et travailleurs qui recherchent un horizon meilleur en Europe ? Promouvoir d'un côté la liberté de circulation des marchandises et des flux financiers, alors qu'en face nous voyons des emprisonnements sans jugement pour nos frères qui ont essayé de circuler librement... Ceci est nier les fondements de la liberté et des droits démocratiques. Dans ces conditions, si cette "directive retour" devait être approuvée, nous serions dans l'impossibilité éthique d'approfondir les négociations avec l'Union européenne et nous nous réservons le droit d'imposer aux citoyens européens les mêmes obligations de visas qui nous ont été imposées le 1er avril 2007, selon le principe diplomatique de réciprocité. Nous ne l'avions pas exercé jusqu'à maintenant, attendant justement des signaux positifs de l'UE.

Le monde, ses continents, ses océans, ses pôles, connaissent d'importantes difficultés globales : le réchauffement global, la pollution, la disparition lente mais sûre des ressources énergétiques et de la biodiversité alors qu'augmentent la faim et la misère dans tous les pays, fragilisant nos sociétés. Faire des migrants, qu'ils soient sans papiers ou non, les boucs émissaires de ces problèmes globaux, n'est en rien une solution. Cela ne correspond à aucune réalité. Les problèmes de cohésion sociale dont souffre l'Europe ne sont pas la faute des migrants, mais le résultat du modèle de développement imposé par le Nord, qui détruit la planète et démembre les sociétés des hommes.

Au nom du peuple de Bolivie, de tous mes frères du continent et des régions du monde comme le Maghreb et les pays de l'Afrique, je fais appel à la conscience des dirigeants et députés européens, des peuples, citoyens et militants d'Europe, pour que ne soit pas approuvé le texte de la "directive retour". Telle que nous la connaissons aujourd'hui, c'est une directive de la honte. J'appelle aussi l'Union européenne à élaborer, dans les prochains mois, une politique migratoire respectueuse des droits de l'Homme, qui permette le maintien de cette dynamique profitable pour les deux continents, qui répare une fois pour toutes l'énorme dette historique, économique et écologique que les pays d'Europe ont envers une grande partie du Tiers-Monde, et qui ferme définitivement les veines toujours ouvertes de l'Amérique latine. Vous ne pouvez pas faillir aujourd'hui dans vos "politiques d'intégration" comme vous avez échoué avec votre supposée "mission civilisatrice" du temps des colonies.

vendredi 13 juin 2008

La candidature d'Obama améliore l'image des Etats-Unis dans le monde

Une étude menée dans 24 pays montre que la plupart des sondés espèrent un changement positif de la politique étrangère des Etats-Unis après l'élection du nouveau président. Barack Obama suscite davantage la confiance que son rival républicain John McCain.

Barack Obama, à gauche, et John McCain (montage) (AP)

Barack Obama, à gauche, et John McCain (montage) (AP)

La candidature du démocrate Barack Obama à la présidentielle américaine suscite de grands espoirs à l'étranger et améliore l'image des Etats-Unis dans le monde, selon une enquête publiée jeudi 12 juin, réalisée auprès de 24 pays.

"Je pense que cette amélioration de l'opinion concernant les Etats-Unis reflète une anticipation d'un changement à la Maison Blanche", a expliqué Andrew Kohut, président du centre de recherches américain Pew en présentant les résultats de cette enquête.
"La plupart des gens pensent que le prochain président représentera un changement positif en ce qui concerne la politique étrangère" des Etats-Unis, a-t-il ajouté Kohut.
La France (68%) et l'Espagne (67%) sont les pays les plus confiants dans ce changement, suivis du Nigeria (67%) de l'Allemagne (64%) et de l'Inde (59%).
L'enquête révèle également la bonne image dont jouit le sénateur de l'Illinois à l'étranger.

Plus confiance en Obama qu'en McCain

A l'exception des Jordaniens, les personnes interrogées disent avoir plus confiance en Barack Obama qu'en son rival républicain John McCain. Le démocrate obtient 84% d'opinions favorables en France, 72% en Espagne, ou encore 58% au Brésil.
La candidature de Barack Obama "et le fort intérêt pour cette élection semblent avoir atténué les attitudes négatives envers les Etats-Unis" dans le monde après trois années de dégradation, indique le président de Pew.
En France, l'opinion favorable envers les Etats-Unis a gagné trois points en un an pour se situer à 42%. Elle est passée de 51% à 53% en Grande Bretagne, a bondi de 7 points en Pologne (68%) de 6 en Argentine (22%) de 5 en Russie (46%) et de 12 en Corée du sud (70%, le taux le plus élevé).
En revanche le taux d'opinion favorable a baissé d'un point en Espagne (33%) et de 9 au Mexique (47%), probablement à cause de la construction d'un mur à la frontière entre les deux pays selon Pew.

jeudi 12 juin 2008

VIVEMENT NOVEMBRE


L
ors de la Convention nationale démocrate qui se tiendra du 25 au 28 août prochain à Denver, dans le Colorado, Barack Obama sera très certainement désigné candidat du Parti démocrate pour disputer l’élection présidentielle du mois de novembre.

Quelle révolution ! Qui aurait cru, il y a un an encore, que le jeune sénateur de l’Illinois, âgé de 46 ans et considéré comme un parfait outsider, allait réaliser un tel parcours ? Chemin faisant, il a su triompher de candidats plus expérimentés que lui comme John Edwards, l’ancien colistier de John Kerry en 2004, et même de la favorite de l’establishment démocrate, Hillary Clinton.

Cette ascension inattendue marque une victoire pour les jeunes Américains qui se sont déplacés en masse lors des primaires et des caucus démocrates afin de voter pour ce candidat. C’est aussi, comme l’écrivait récemment le chroniqueur du New York Times Roger Cohen, la victoire de la “Net politique” sur la vieille politique du XXe siècle. Plus qu’aucun autre de ses rivaux, Barack Obama a en effet fondé toute sa campagne sur ce puissant média qu’est Internet. C’est enfin une victoire pour les Africains-Américains, qui, après plus de cent cinquante ans de lutte, voient enfin un candidat qui leur ressemble se rapprocher de la Maison-Blanche.

Par tous ces aspects et par bien d’autres, la candidature de Barack Obama constitue donc une véritable révolution pour Washington, mais aussi pour toute l’Amérique et, au-delà même, pour l’image des Etats-Unis dans le monde.

Le sénateur a certes encore des obstacles à franchir. Il doit, d’ici le mois de novembre, se montrer à la hauteur face à son rival républicain John McCain. Il doit aussi réussir à convaincre la majorité des électeurs américains, et non plus seulement des électeurs démocrates, qu’il mérite d’être leur président.

Mais une chose est sûre : après deux mandats successifs de George W. Bush à la Maison-Blanche,
un puissant vent de changement semble souffler sur l’Amérique.


jeudi 5 juin 2008

Barack Obama ou l'histoire en marche

«Obama écrit l'histoire», reprend le Tages Anzeiger alors que la Neue Luzerner Zeitung parle d'une «chance historique pour les Etats-Unis».

«Barack Obama n'a jamais été aussi noir dans la course démocrate qu'au moment de son triomphe, constate l'Aargauer Zeitung. (...) L'ironie est qu'il est parvenu à ses fins en faisant justement oublier sa couleur de peau.»

Pour le Bund, ce succès d'Obama est «un moment historique sur le chemin de la réconciliation entre la majorité blanche et la minorité noire». Le journal bernois rappelle toutefois que les Etats-Unis sont avant tout un pays conservateur et que rien n'est gagné.

Pour le changement

De curiosité médiatique il y a encore six mois, Obama est aujourd'hui en piste pour la Maison Blanche. «Un Noir pour réconcilier les Etats-Unis», titre 24Heures. Le quotidien constate que les Américains veulent le changement. Obama plus que McCain incarne ce changement.

Son profil atypique est tout sauf un handicap dans une Amérique «prête à se laisser séduire par un message d'espoir, de réconciliation, à l'intérieur des frontières et face au monde, estime 24heures. Reste une question: dans cinq mois, les Etats-Unis auront-ils encore cette audace?»

La Liberté constate en tout cas que le choc des générations est assuré. Le spectacle aussi. Hillary sera-t-elle aux côtés d'Obama comme vice-présidente potentielle? La question fait débat et le journal de Fribourg souligne que «le ticket rêvé par certain – Barack-Hillary – est une bombe à retardement dont personne ne connaît le code de sécurité».

L'ombre de Bill Clinton

Hillary Clinton aiderait à réconcilier les démocrates. Mais sa présence contredirait le message martelé par Obama: le temps du changement est arrivé. «Cela sans parler de l'ombre pesante dans le dos de sa femme de Bill Clinton, qu'Obama fuit telle une antilope devant un vieux fauve.»

Le fait est qu'avec Obama, les démocrates tirent un trait sur l'ère Clinton, estime pour sa part la Basler Zeitung. La Neue Zürcher Zeitung va jusqu'à estimer que «si Obama choisissait Hillary, il se retrouvait tout de suite catalogué comme un président qui flanche sous la pression».

La NZZ considère du reste qu'Obama, à ce stade, est «davantage un phénomène qu'un candidat». Son programme et son profil politique gagneront «peut-être» en précision durant la campagne qui s'annonce. Pour l'heure, «son attrait réside dans sa capacité à incarner la nouveauté. C'est le petit jeune qui joue sa première saison en ligue A.»

Définition de l'Amérique

Les Américains, plus qu'ailleurs, aiment voir dans leur président un homme sorti du même moule qu'eux, reprend Le Temps. Ils entendent en être fiers.

Le «jeune sénateur» doit non seulement convaincre les millions de partisans déçus d'Hillary et réunir les démocrates, il doit aussi «faire la preuve qu'il est bien un Américain comme les autres» pour battre John McCain.

Le Temps va plus loin. Il estime que la définition même de l'Amérique est en jeu dans la candidature d'Obama. Le pays devra encore montrer s'il est à la mesure de l'enjeu, soit élire «le petit-fils d'un guérisseur du Kenya élevé dans la tradition musulmane et qui porte, comme deuxième prénom, le même que celui de l'ancien dictateur de l'Irak».




mercredi 4 juin 2008

Obama élu candidat démocrate

Barack Obama a décroché mathématiquement mardi l'investiture démocrate pour la présidentielle de novembre aux Etats-Unis, en se basant sur le nombre de délégués dont il est sûr de bénéficier, selon un décompte de l'Associated Press, mercredi 4 juin. Mais Hillary Clinton, qui aurait gagné la primaire dans le Dakota du Sud quand son rival emportait le Montana, se refusait toujours à s'avouer vaincue.
"Ce soir, je peux me tenir là et dire que je serai le candidat démocrate pour l'élection présidentielle américaine", a lancé Barack Obama à des milliers de supporters en délire lors d'un meeting à St Paul, dans le Minnesota.
"Amérique, c'est notre heure", a-t-il ajouté. "Notre heure est venue. Notre tour de tourner la page des politiques du passé".

2.144 délégués contre 1.919,5

Barack Obama disposerait de 2.144 délégués, contre 1.919,5 pour Hillary Clinton, selon un décompte de l'Associated Press.
En meeting à New York, l'ancienne First Lady s'est pourtant refusée à s'avouer vaincue. Au lieu de cela, elle a indiqué qu'elle passerait les prochains jours à déterminer "comment avancer en se basant sur l'intérêt de notre pays et de notre parti".
"Je suis déterminée à unir notre parti pour que nous puissions avancer plus fermement et je suis plus prête que jamais à décrocher la Maison Blanche en novembre", a-t-elle déclaré à ses supporters.
Elle a ensuite salué les qualités de son rival, qui "a poussé tant d'Américains à s'intéresser à la politique et motivé tant d'autres à s'investir. Et notre parti et notre démocratie sont en conséquence plus forts et plein de vitalité".

Vice-présidence

Un peu plus tôt mardi, Hillary Clinton avait dit à des parlementaires new-yorkais qu'elle serait prête à devenir candidate à la vice-présidence aux côtés de Barack Obama, affirmant qu'elle l'envisagerait si cela aidait les démocrates à conquérir la Maison Blanche.
Hillar
y Clinton a tenu ces propos lors d'une réunion avec d'autres parlementaires new-yorkais, selon un participant à la réunion s'exprimant sous couvert d'anonymat.
La sénatrice de New York répondait à une question de la Représentante démocrate Nydia Velazquez. Celle-ci affirmait que la meilleure façon pour Obama de gagner les faveurs de blocs d'électeurs clés, notamment hispaniques, serait pour lui de choisir Hillary Clinton comme candidate à la vice-présidence. "Je suis ouverte à cela", a répliqué Hillary Clinton.


mardi 3 juin 2008

Brigitte Bardot condamnée à 15.000 euros pour racisme

L'actrice française Brigitte Bardot a été condamnée mardi à une amende de 15.000 euros par le tribunal correctionnel de Paris pour incitation à la haine raciale, à la suite de propos hostiles à la communauté musulmane tenus il y a un an et demi dans une lettre publique.

En décembre 2006, l'ancienne actrice avait adressé une lettre à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, dans laquelle elle réclamait que les animaux tués par les musulmans à l'occasion de l'Aïd el-Kebir soient étourdis avant d'être saignés.

"Il y en a marre d'être menés par le bout du nez par toute cette population qui nous détruit, détruit notre pays en imposant ses actes", écrivait-elle dans ce texte publié par le magazine Info-Journal et distribué aux sympathisants de la Fondation Brigitte Bardot.

L'ex-actrice, aujourd'hui âgée de 73 ans, était poursuivie par plusieurs associations antiracistes au titre de la "provocation à la discrimination ou à la haine raciale".

Absente à l'audience, en raison de ses "difficultés à se déplacer", Brigitte Bardot avait adressé une lettre au tribunal, se disant "écœurée par le harcèlement" de ces associations, et "fatiguée et lasse".

"Moi aussi, je suis fatiguée et lasse", lui avait répondu au cours de l'audience le procureur de la République, Mme Anne de Fontette, rappelant les quatre condamnations de Brigitte Bardot pour des propos similaires depuis 1997.