dimanche 30 septembre 2007

Sarkozy et l'instrumentalisation de l'histoire

TRIBUNE de Jérôme Lucchini

La "renaissance" voulue par la Sarkozie commence par des hold-up symboliques, la falsification compassionelle et l'instrumentalisation indécente de l'histoire...elle vise à l'impunité pour les riches et le monde sécuritaire pour les autres !
Si la France a bien l’antériorité dans les droits humains en proclamant ceux-ci universellement, elle n’est pas exemplaire dans son histoire dans leur respect : esclavage rétablis par l’empire, colonisation et guerres coloniales, massacres et tortures, lois raciales et collaboration d’état avec la Shoah,...autant d’occasion de se questionner sur la nécessité de défendre pied à pied le respect de l’autre par delà les dérives compassionnelles dont la Sarkozie se font porteuses pour ­­- non sans perversion- s’en attribuer le bénéfice d’image et de toute puissance.
Loin de la repentance stigmatisée par les promoteurs de la nouvelle renaissance en Sarkozie, loin des "mauvaises consciences" qui veulent par la loi établir la contrefaçon de l’histoire et promouvoir le bilan globalement positif de la colonisation, c’est au respect de ceux qui étrangers ou français de seconde zone ont pourtant défendu la France dans les deux guerres mondiales et la résistance à l’occupation nazie comme à la collaboration française.
Le président de la république et ses généreux amis s’attribue l’aura de Jaurès et de Blum non sans mettre sur le même plan l’invitation sur un yacht à la suite de son élection avec celle de Léon Blum, malade, spolié, de retour de Buchenwald. Rapprochements et confusions indécents qui découlent naturellement de ces fonctionnements compassionnels mais aussi d'une quête de légitimité morale de conceptions plus que discutables par la confusion.

M. Sarkozy cherche ainsi à s’attribuer aussi par l’émotion qu’elle suscite, les vertus symboliques d’engagement et de désintéressement de Guy Môquet en parlant au passage de ces compagnons (de la libération ?) qui s'appelaient de fait des camarades changeant la nature même de cet engagement en l’occurrence communiste donc internationaliste dans la mondialisation de la guerre. Puis, il réalise ainsi un transfert symbolique depuis la résistance vers l’entreprise en faisant sciemment et à contre sens du propos de Guy Môquet et de ces camarades, la promotion du don de sa vie à l'intérêt national dans la mondialisation...comme si leur rêve étaient de mourir pour être des héros et que leur engagement ne leur était pas dicté simplement par les faits voulus par intérêts en place contre leur désir de vivre.

Agissant ainsi le président et ses conseillers savent qu'ils inhibent et enferment la gauche dans ses complexes. Indécence pour indécence : à ce train là les suicidés de Renault seront- ils bientôt les héros de l’esprit d’entreprise ? Quand on connaît l’histoire de la collaboration industrielle et financière en France et celle de Louis Renault en particulier...quelle ironie malsaine !Dans sa lettre aux éducateurs il parlent enfin de nouvelle renaissance se propulsant ainsi au rang de nouveau François premier et sans se souvenir ce que fut le coût social et humain du siècle de la Renaissance en matière de déplacement de population, de famines et de maladie pour les bras désoeuvrés stockés sans toit, ni loi dans les fossés des grandes agglomérations et l’instrumentalisation de ce désoeuvrement pour faire pression sur le coût du travail de ceux qui en avait un...sans dire ce que cette période de notre histoire fut cruelle pour la majorité pris en otage dans des bouleversement politiques et économiques à l'échelle de l'Europe.
De révision symbolique de l’histoire en instrumentalisation larmoyante on en arrive aujourd’hui à l’amendement Mariani que les sénateurs viennent de retoquer.Cet amendement ADN, qui remet en cause les lois éthiques et génétiques de 2004, le droit du sol au bénéfice du droit archaique du sang, soulevant l’inquiétude y compris des chrétiens de l’UMP et même des gaullistes comme Etienne Pinte :Accueillir est trop souvent synonyme de quotas, cet horrible mot qui nous vient de la communauté européenne et en particulier de la politique agricole commune avec ses quotas laitiers. Comment peut-on parler de quotas lorsque l’on s’adresse à des hommes, à des femmes, à des enfants ? Accueillir au cas par cas a même été contesté par un directeur de cabinet d’un ministre de l’Intérieur au prétexte que les préfets devaient appliquer la réglementation dans le domaine de l’immigration de la même manière que pour les coefficients d’occupation des sols, c’est-à-dire sans aucune nuance.
Ce sont les tenants du patriarcat, du machisme et du droit du sang qui en profitent pour nier la construction symbolique de la paternité, de la parentalité en les réduisant à un coup de rein, un ventre, de l'ADN ...un monde compulsif, sans désir, ou chacun est instrument et utilisateur, ou l'on vit ensemble sans autrui dans la perversion ordinaire de la consommation et des rapports de dominations comme unique fondement des rapports entre les sexes, entre les être humains.A cette captation perverse des mythologies françaises visant à positiver les honteuses dérives (quotas, discrimination, droit du sang et identité génétique ...) à positiver les honteuses dérives de notre pays et des ces élites parmi lesquelles celle de ses industriels aux heures sombres de Vichy, de la guerre d'Algérie et à présent de la quête du rétablissement d'un imaginaire délétère de l'identité nationale. A cette captation aux effets pervers visibles qu'opposer ?
Le refus dont parle Maurice Blanchot en 1958, le refus simple et lucide ! Avec l’annonce de la volonté de sortir du droit pénal le droit des entreprises cela sonne comme un revanche réactionnaire qui en faisant un hold-up sur les valeurs de ceux, souvent parias français et étrangers qui ont rétablis l’honneur hélas souvent perdu de la France tenterait de rendre honorable jusqu’à l’impunité, les barbaries économiques et sociales de la mondialisation sans règles et sans limites d'aujourd'hui qui comme celles d'hier agissent contre la démocratie !
Cette renaissance semble consanguine symboliquement avec celle des forces vitales fondé sur le glissement sans vergogne du biologique au social, la sélection naturelle devenue économique avec ces quotas, ses émigrants choisis...et ses moyens génétiques de profiler ses ayants droit.
Le gouvernement par l'émotion, soutenu par l'idéologie victimaire aux victimes choisie signe les larmes faciles comme le revers visible de l'appétit féroce du président-crocodile.
Cela n'est pas tout simplement compatible "génétiquement" avec les principes universels et identitaires de la France si souvent bafoués en son nom et par elle-même. Doit-on pour autant renoncer aux droits humains et entrer dans le communautarisme, les quotas, le droit du sang...
Doit-on in fine céder à l'entreprise de sape des fondements et des valeurs de la république immolés sur l'autel-marché de la religion du capitalisme sous sa forme aigue de libéral-stalinisme entre terrorisme économique terrorisme d'état et terrorisme tout court dans un monde de non-droit pour les entrepreneurs et lois sécuritaires pour encadrer ceux qui produisent les richesses pour eux.
Doit-on céder aux besoins de non-droit des multinationales contre la nécessité de la responsabilité pour fonder en république la démocratie ?
La gauche est face à un rendez vous avec ses complexes, de celui-ci comme de l'instrumentalisation efficace de ceux-ci par la droite peut naître une critique puissante et positive de la mondialisation, à nous de nous en saisir comme une chance de ne pas s'enfermer en " résistance" comme la Sarkozie le souhaite en situant les choses dans une confusion historique choisie à dessein pour passer pour tout puissant ( et très méchant) et ainsi inhiber par nos propres peurs notre action pourtant possible.
Le temps n'est pas encore à la résistance mais à changer les choses en profitant pleinement des libertés démocratiques qui sont encore nôtres !


J'arrive où je suis étranger


Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux
Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus
Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps
C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie
C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux
O mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
A l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger

Louis Aragon

vendredi 28 septembre 2007

CAMEROUN • Présumés homosexuels en danger !


Au Cameroun, à la prison de New Bell à Douala, 6 jeunes hommes sont détenus pour raison d’homosexualité, depuis le 25 juillet 2007.

Me Alice Nkom (voir photo ci-dessous) avocate engagée par l’association Alternatives-Cameroun, s’était opposée à leur comparution devant le juge d’instruction du TGI de Daoula en invoquant l’Habeas corpus, elle exigeait la libération inconditionnelle des prévenus arguant de l’illégalité des arrestations et de la détention.

En effet, les officiers de police avaient procédé aux arrestations en dehors de leurs limites territoriales, ce qui viole l’article 88 du code de procédure pénale Camerounais.

Leur détention provisoire est en outre illégale et devrait être frappée de nullité car le mandat d’arrestation n’a pas été décerné dans un cas de flagrant délit, comme l’impose le code Camerounais. En fait, aucun des six détenus n’a même été pris en flagrant délit de pratique homosexuelle ni d’outrage à la pudeur.

Logiquement, le juge aurait du prononcer la libération immédiate et sans conséquences des six détenus. Pourtant, ce 24 septembre, la justice Camerounaise s’est prononcée contre la libération des détenus car, selon elle, les arguments de droit développés par leur avocate ne seraient pas suffisants. Me Alice Nkom, prévenue de la décision, a décidé de faire appel, et, le cas échéant, se pourvoir en cassation devant la cour suprême. Elle a également déposé une demande de mise en liberté provisoire.

Les membres de l'association Alternatives-Cameroun sont indignés par cette décision prise au mépris de la loi et en l'absence de leur avocate.

Ils en appellent à la solidarité internationale, d’autant plus que ces arrestations sont loin de constituer un cas isolé.

Trois autres prévenus ont été appréhendés par la Brigade de recherches de la Gendarmerie Nationale de Douala le 30 août 2007, toujours pour homosexualité et placés aussitôt en garde à vue. L’audience est prévue pour le 7 novembre prochain. Deux autres hommes ont également été arrêtés à Yaoundé.

Nous demandons aux organisations de défense des droits humains, également aux institutions Françaises, Européennes, aux Nations Unies, d’intercéder dans les plus brefs délais auprès des autorités Camerounaises afin d’exiger la libération immédiate des personnes arrêtés arbitrairement pour raison d’homosexualité. L’homosexualité n’est pas un délit, en revanche, l’homophobie d’état devrait être fermement et systématiquement condamnée partout où elle se produit.

Christine Le Doaré, Présidente Centre Lesbian Gay Bisexuel Transexuel, Paris IDF

Association à but non lucratif Loi 1901, déclarée au J.O. le 7 avril 1993 •Agrément ministériel au titre de la Jeunesse et de l’Education Populaire depuis le 11 juin 1999
L’association est soutenue par la Mairie de Paris, Sidaction, la DRASSIF, la DRAC

jeudi 27 septembre 2007

BIRMANIE • Raid dans un monastère à Rangoun :une centaine de moines arrêtés


Une centaine de bonzes ont été arrêtés dans la nuit de mercredi à jeudi 27 septembre par les forces de sécurité birmanes qui ont lancé un raid contre un monastère dans l'est de Rangoun, ont indiqué des témoins.
Plusieurs témoins ont affirmé que des vitres ont été brisées et que des douilles étaient éparpillées par terre au monastère de Ngwekyaryan, ont ajouté ces témoins.

Des voisins étaient en pleurs à la vue des dégâts. Ils ont déclaré qu'une centaine de moines avaient été emmenés à la suite de ce raid.

Deux membres du partis de Suu Kyi arrêtés

Par ailleurs, les forces de sécurité birmanes ont arrêté deux hauts responsables du parti de l'opposante Aung San Suu Kyi dans la nuit de mercredi à jeudi à Rangoun, ont fait savoir des responsables de cette formation.
Ces deux opposants, Hla Pe et Myint Thein, ont été interpellés à leur domicile, ont précisé des responsables de cette formation. Myint Thein est l'un des porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi, elle-même assignée à résidence.

Amnesty signale d'autres arrestations

Un porte-parole de la LND à Bangkok, Zin Linn, a confirmé les arrestations, ajoutant que le parti cherchait à obtenir des informations auprès de la junte militaire.
Zin Linn a dit que Myint Thein aurait été arrêté en raison de "critiques contre le régime" formulées auprès de représentants de la "presse étrangère".

Plus tôt, Amnesty International avait signalé que quatre autres membres de la LND faisaient partie de quelque 300 personnes arrêtées entre mardi et mercredi à Rangoun par les autorités qui ont commencé à réprimer un mouvement de protestation emmené par des bonzes. L'organisation s'est inquiétée jeudi des risques de torture et de mauvais traitements pesant sur quelque 300 Birmans --notamment des opposants, des artistes et des bonzes-- arrêtés entre mardi et mercredi par la junte militaire.

mardi 25 septembre 2007

PS • Le résultat des comptes sociaux : la faillite de la gestion de la droite depuis 2002


Le gouvernement Villepin avait pronostiqué à la fin de l’année 2006 une réduction du déficit des comptes sociaux pour 2007 à environ 8 milliards d’euros. L’approche des élections présidentielles et législatives jouait manifestement un grand rôle dans l’origine de cette prévision pour le moins hasardeuse.

Finalement, le déficit des comptes sociaux s’élèvera en 2007 à 11,7 milliards d’euros, soit près de 4 milliards d’euros de déficit supplémentaire au regard des prévisions initiales. Ce chiffre confirme d’ailleurs ceux énoncés par la Commission des Comptes dès le début du mois de juillet. Ainsi, les deux principales branches de la sécurité sociale connaissent les déficits les plus lourds :
- plus de 6 milliards d’euros de déficit pour l’assurance maladie, avec une aggravation de l’inégalité d’accès aux soins et une progression inquiétante des dépassements d’honoraires ;
- plus de 4 milliards d’euros de déficit pour l’assurance vieillesse, auquel il convient d’ajouter les 2 milliards de besoin de financement supplémentaire pour les divers fonds de solidarité vieillesse.

Ces contre-performances s’expliquent par le dérapage de l’assurance-maladie en dépit de l’inflation des déremboursements qui pénalisent de plus en plus les assurés sociaux. Elles sont liées également à l’échec des réformes Douste-Blazy et Fillon qui se manifeste à la fois sur le plan financier et sur le plan social. L’augmentation du volume des exonérations de cotisations sociales patronales (25 milliards d’euros en 2007) et les retards dans la mise en œuvre des compensations de l’Etat au bénéfice de la sécurité sociale pèsent dans l’accentuation du déficit. Enfin, ce résultat comptable reflète aussi la dégradation de la situation économique et sociale.

Le gouvernement annonce pour 2008, un déficit de 8,9 milliards d’euros. Ces perspectives manquent une nouvelle fois de crédibilité. La réforme à la hussarde des régimes spéciaux de retraite, envisagée au mépris des partenaires sociaux, ne règlera rien en termes d’assurance vieillesse. Quant aux franchises médicales, elles aboutiront simplement à rompre avec les mécanismes fondamentaux de solidarité sociale, puisque désormais avec ce principe, ce sont les malades qui paieront pour d’autres malades.

Le Parti socialiste est par ailleurs très inquiet du passage dès 2008 à la tarification à l’activité à 100 % des hôpitaux publics. Dans les conditions actuelles, ce passage risque d’inciter au tri des malades les plus rentables et ne garantit en aucun cas la sécurisation des moyens des missions d’intérêt général, propre à l’hôpital public.

Le Parti socialiste voit dans ces résultats la sanction accablante du bilan social et financier de 5 ans de gestion Chirac-Sarkozy-Fillon, avec environ 65 milliards de déficits cumulés des comptes sociaux depuis 2002. Les réponses proposées pour l’heure par le Président de la République et l’UMP reposent essentiellement sur de nouvelles franchises, venant s’ajouter aux déremboursements et forfaits qui visent à pénaliser et à culpabiliser malades et assurés sociaux. Les comptes sociaux publiés aujourd’hui traduisent la faillite de la droite et le PLFSS 2008 prépare en fait une autre conception de la sécurité sociale fondée sur une prise en charge à minima, que les socialistes combattront résolument.

Communiqué de Pascal TERRASSE, Secrétaire national à la santé et de Claude PIGEMENT, Responsable national à la santé

lundi 24 septembre 2007

Sarkozy l’Américain vu d’ailleurs




Entre rejet et idolâtrie, l’action du Président est diversement appréciée.
Le style Sarkozy et le nouveau ton de la politique étrangère française irritent, inquiète, mais aussi parfois séduit comme aux Etats-Unis. Petit tour du monde de la sarkolatrie et de la sarkophobie.

Aux Etats-Unis

«La France apprend à dire oui»

Les éditorialistes d’outre-Atlantique soulignent volontiers que leurs homologues français le surnomment souvent «Sarkozy l’Américain» depuis ses vacances dans le New Hampshire l’été dernier. «C’est un peu comme si George W. Bush laissait tomber le Texas pour passer trois semaines à Saint-Jean-Cap-Ferrat», relevait récemment le New York Times.

La Maison Blanche se frotte encore les yeux à voir que Paris se porte aujourd’hui volontaire pour prêter son autorité morale à une administration Bush discréditée. «Il y a beaucoup, beaucoup de choses que la France et les Etats-Unis vont pouvoir faire ensemble», s’enthousiasmait vendredi la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice après sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Sur presque tous les contentieux passés les deux capitales sont à l’unisson. «La France apprend à dire oui», se réjouit dans Newsweek l’expert en politique étrangère de l’Institut Brookings Philip Gordon, qui a traduit en anglais le livre de Sarkozy Témoignage.

L’ouvrage est devenu une sorte de vade-mecum des candidats républicains aux présidentielles de novembre 2008. «Ils sont presque gagas de Sarkozy», note le journaliste Calvin Woodward. Rudolph Giuliani qui a rencontré Sarkozy à plusieurs reprises depuis 2002, va désormais jusqu’à l’ériger en saint patron de la politique américaine. Pour gagner, a-t-il dit sur la chaîne CNBC, il n’y a que trois modèles : «John F. Kennedy, Ronald Reagan ou Nicolas Sarkozy…»

Les candidats démocrates à la présidentielle sont plus circonspects. Barack Obama, seul à l’avoir rencontré, l’an dernier, partagerait sa volonté d’agir pour mettre fin au génocide au Darfour.

En Allemagne

Le «nouveau Napoléon» irrite

«Le vantard !», ricane le très sérieux hebdomadaire Die Zeit , dans un article au titre évocateur. L’activisme frénétique du président français irrite outre-Rhin. Le rapprochement avec les positions de Washington sur le nucléaire iranien est perçu comme un coup bas à Berlin, alors que les Allemands étaient jusque-là fiers d’avoir convaincu la Chine et la Russie de se joindre aux négociations menées par la Troïka Allemagne - France - Royaume-Uni. La presse allemande n’aime vraiment pas le «nouveau Napoléon» , (surnom donné à Nicolas Sarkozy au lendemain de son élection par l’hebdomadaire Stern ).

Die Zeit compare la politique sarkozienne à «un ouragan» , avec trois priorités : «soigner l’identité nationale des Français, attaquer le consensus financier en Europe et réclamer un rôle directeur à la France dans tous les conflits mondiaux… Il demande aux Européens de se réveiller ? Les Allemands sont totalement réveillés depuis longtemps. L’image que les Allemands ont de Sarkozy balance entre fascination, surprise et irritation grandissante…» Et d’égrener la liste des griefs accumulés à Berlin en quatre mois : infirmières bulgares, critiques contre la fermeture des centrales nucléaires allemandes, attaques contre l’indépendance BCE…

La chancellerie pourtant semble rester de marbre même si Angela Merkel passée sans transition du baisemain chiraquien aux bises claquantes de Sarkozy, aurait encore du mal à s’habituer au nouveau locataire de l’Elysée. Mais Berlin est persuadé qu’à terme, la stratégie discrète et retenue adoptée par la Chancelière sur la scène internationale est plus payante que le style agressif d’un Schröder. Ou d’un Sarkozy.

«Ce qui est rassurant, estime le chercheur Martin Koopmann, c’est que les sujets de division entre la France et l’Allemagne n’ont pas vraiment changé avec l’arrivée de Sarkozy au pouvoir. Il s’agit toujours essentiellement de la politique industrielle, de l’indépendance de la BCE…» Experts et diplomates sont dans l’ensemble d’avis que les tensions entre Paris et Berlin portent plus sur la forme que sur le fond. Quant aux appels du pied de Paris vers Washington, ils sont comparés à Berlin à l’offensive de charme - de courte durée - déployée par Schröder à son arrivée au pouvoir en direction de Tony Blair.

En Italie

Un allié et un exemple

Silvio Berlusconi revendique une vieille amitié avec Nicolas Sarkozy qui, selon lui, l’aurait pris comme modèle politique. Le président d’Alliance nationale, Gianfranco Fini, a pour sa part préfacé à la fin de l’année dernière la version italienne de Témoignage. Pour la droite italienne qui n’a jamais beaucoup aimé Jacques Chirac, le nouveau chef de l’Etat français est depuis longtemps un allié et un exemple. Mais une bonne partie de la majorité de gauche, en panne d’idées et embourbée dans la partitocratie, regarde aussi avec des yeux de Chimène le président français, sa volonté et sa capacité d’agir.

Avant le 22 mai, quelques parlementaires de gauche avaient déjà choisi le patron de l’UMP contre Ségolène Royal. Le futur leader de la gauche Walter Veltroni loue ainsi l’ouverture du président français. «Ils sont tous fous de Sarkozy», s’inquiétait fin août le quotidien communiste Il Manifesto. «L’Italie, pays faible cherche son Sarkozy», a résumé le politologue Ilvo Diamanti notant que dans un récent sondage «84% des Italiens souhaitent un homme fort pour guider le pays» .

En Suède

«Un acteur de one-man show»

Le président français ne laisse pas les Suédois insensibles. Mais « les opinions sont ambivalentes dans un pays qui ne comprend pas toujours la politique française», note Marie Demker, professeur de sciences politiques à l’Université de Göteborg. Éditorialistes et politiciens ont voulu voir dans l’élection de Nicolas Sarkozy un signe d’espoir, notamment pour l’avenir de l’UE. Jacques Chirac faisait enfin ses valises ! Depuis, ils ont déchanté. Les prouesses du président français sur la scène européenne n’impressionnent guère. Au contraire.

Sa présence à la réunion de l’Eurogroupe début juillet, son refus de réduire le déficit budgétaire français avant 2012 et ses attaques contre la Banque centrale européenne agacent. Le correspondant du quotidien Svenska Dagbladet à Bruxelles, Rolf Gustavsson, estime le 8 juillet que «Sarkozy ne veut pas seulement conduire la France à contre-courant mais toute l’Europe». La libération des infirmières bulgares en Libye confirme les inquiétudes des Suédois. A cette occasion, l’éditorialiste Mats Viklund a fustigé «le cynisme traditionnel» de la politique étrangère française.

Le style aussi intrigue. Rolf Gustavsson compare le président à «un petit garçon agité qui adore s’amuser avec des allumettes et joue en même temps au pyromane et au pompier» . Marianne Ekhdal voit plutôt «un acteur de one-man show monté sur batteries éternelles» . Le journaliste et écrivain Herman Lindqvist, auteur d’un ouvrage sur Napoléon, note de multiples ressemblances entre les deux hommes, dont une conviction partagée d’être «le sauveur la mère-patrie» . Rolf Gustavsson va jusqu’à recenser les similarités entre la façon de gouverner de Sarkozy et Poutine.

En Russie

«Le même complexe que Poutine»

Contrairement à ses prédécesseurs, le président français Nicolas Sarkozy reste une figure politique relativement inconnue en Russie. Jacques Chirac, François Mitterrand, sans parler de De Gaulle étaient considérés comme des amis de la Russie et avant, de l’union soviétique, garants d’une certaine idée de l’indépendance de l’Europe et de la France dont on ne fait pas crédit au nouvel élu. T outefois personne ne pense sérieusement ici que Sarkozy infléchira réellement des liens privilégiés de longue date entre la France et la Russie.

Les Russes s’intéressent peu à la politique étrangère et donc à un chef d’Etat européen. Pour marquer ce dédain, le politologue et conseiller de Poutine Gleb Pavlovski a même, à propos de Sarkozy, déclaré dans une de ses émissions politiques sur la chaîne NTV : «C’est un jouisseur, un coureur de jupons !» Pourtant, depuis la rencontre des deux chefs d’Etat lors du sommet du G8 en Allemagne, la presse a souligné ce qu’elle a interprété comme un rapprochement entre les deux hommes. Pavel Aptekar du quotidien Vedomosti pense même que, dans l’inconscient collectif russe, Sarkozy est une personnalité du même type que Poutine. «Ils ont en commun leur petite taille, une sorte de complexe napoléonien, un discours parfois populiste et représentent une rupture avec le système politique qui les a précédé.»

A plusieurs reprises, la presse a fait remarquer que tous deux avaient noué des liens étroits avec les milieux d’affaires de leurs pays, surtout pour justifier la relation que Poutine entretient avec les oligarques russes. Enfin, les Izvestia ont fait un autre parallèle entre les deux présidents : le quotidien, qui appartient au monopole d’Etat Gazprom, n’a pas hésité à publier en une les deux photos de Sarkozy torse nu aux Etats unis, avec et sans retouche. Une façon de s’extasier indirectement sur l’authenticité des pectoraux du président russe.

Au Proche-Orient

Un atlantisme qui inquiète

Nucléaire iranien, renforcement du rôle français en Irak, laborieuses négociations libanaises, rejet d’un «Hamastan à Gaza…» Les premiers pas de Nicolas Sarkozy sur le champ de mines proche-oriental ne cessent d’inquiéter le monde arabe. «Les Arabes ont peur que ce courant néoconservateur gagne l’Europe. Or celui qui représente le plus ce courant actuellement, c’est Nicolas Sarkozy», explique Nabil Choubachy, rédacteur en chef à la télévision publique égyptienne Nile TV, pour qui le changement de cap de la diplomatie française est déjà suffisamment perceptible pour y consacrer une émission «Bernard Kouchner a-t-il vraiment gaffé en parlant d’une guerre avec l’Iran ?» A travers le monde arabe, la bourde iranienne de Bernard Kouchner eu l’effet d’un petit séisme. «Comme il est trop tard pour faire quelque chose en Irak, on peut demander si le rapprochement franco-américain ne va pas se faire sur le dos de l’Iran», conclut Nabil Choubachy. Sarkozy est une source d’anxiété pour le monde arabe qui voit en lui un nouveau Tony Blair et craint que la France n’abandonne ses traditionnelles positions au Proche-Orient. De son discours le mois dernier aux ambassadeurs français, les éditorialistes et les politologues ont surtout retenu que le président français avait souligné avoir «la réputation d’être un ami d’Israël et c’est vrai.» Ses déclarations «d’amitié et de respect» envers les peuples arabes ont été occultées par son intention de «prévenir une confrontation entre l’islam et l’Occident». Une phrase perçue comme une volonté délibérée de stigmatiser le monde musulman.

dimanche 23 septembre 2007

BIRMANIE • 10.000 moines et 10.000 civils manifestent contre le pouvoir


Samedi, l'opposante Aung San Suu Kyi, assignée à résidence depuis quatre ans, est brièvement sortie, les larmes aux yeux, pour saluer les moines qui défilent tous les jours depuis mardi.


Le mouvement de contestation de faiblit pas en Birmanie. Selon des témoins, environ 10.000 moines bouddhistes, suivis par quelque 10.000 sympathisants, manifestaient dimanche 23 septembre dans les rues de Rangoun contre la junte militaire.
Il s'agit du plus important défilé jusqu'ici dans la plus grande ville de Birmanie.
Environ 3.000 moines et 150 religieuses, suivis par 1.500 sympathisants, avaient quitté plus tôt la célèbre pagode Shwedagon, mais le nombre des manifestants a progressivement augmenté pour atteindre quelque 10.000 personnes vers 14h00 heure locale (07h30 GMT), ont raconté des témoins.

A Yangon (ex-Rangoun), la capitale, lors de la marche pacifique de moines bouddhistes samedi

"Nous voulons que la population se joigne à nous"

Les protestataires étaient sortis par une porte située dans la partie est de la pagode Shwedagon, complexe de temples qui est également l'une des principales attractions touristiques de Birmanie.
Un moine tenait un mégaphone. "Nous marchons pour le peuple", ont scandé des bonzes, ajoutant : "nous voulons que la population se joigne à nous".
Les manifestants défilaient encore une fois sous la pluie et se dirigeaient vers le centre-ville.

Habituellement, le régime du généralissime Than Shwe (photo) ne tolère aucune contestation. Des dizaines d'opposants ont été emprisonnés dès les premières manifestations dans la deuxième quinzaine d'août.

Aung San Suu Kyi était brièvement sortie, les larmes aux yeux, pour saluer respectueusement les moines qui manifestent sans discontinuer depuis mardi dernier à Rangoun.

Augmentation des prix des transports en commun

De jeunes bonzes sont désormais à l'avant-garde du mouvement de protestation déclenché le 19 août par des opposants en Birmanie après l'augmentation massive des prix des carburants et des transports en commun, qui affecte durement la population de ce pays pauvre d'Asie du Sud-Est.

La sécurité a été considérablement renforcée dimanche autour de la résidence de Aung San Suu Kyi, ont indiqué des témoins.

samedi 22 septembre 2007

ETATS-UNIS • Manifestation de Noirs contre le racisme


L'appel à manifester faisait suite à l'inculpation de six jeunes Noirs impliqués dans l'agression d'un adolescent blanc qui n'avait été que légèrement blessé.

Une grande manifestation a réuni plusieurs milliers de Noirs-Américains, jeudi 20 septembre à Jena, une petite ville de Louisiane (sud), secouée depuis des mois par une affaire de racisme, dans laquelle six jeunes Noirs ont été inculpés de tentatives de meurtre après l'agression d'un Blanc.

L'affaire a éclaté il y a un an dans cette ville de 3.000 habitants, dont 85% de Blancs et 12% de Noirs, quand trois adolescents noirs sont venus s'assoir dans la partie de la cour de leur lycée tacitement réservée aux Blancs, à l'ombre d'un arbre.
Le lendemain matin, trois cordes de pendus étaient apparues sur l'arbre, une image rappelant les lynchages répandus dans la région il y a seulement quelques dizaines d'années.

Les Blancs non poursuivis

Evoquant "une farce", la direction du lycée s'est contentée de suspendre les lycéens blancs responsables pour trois jours. Dans les mois qui ont suivi, plusieurs incidents violents ont éclaté. Une aile du lycée a été incendiée, puis un lycéen noir a été battu après s'être montré dans une fête à laquelle n'étaient conviés que des Blancs.
Un jeune Blanc a ensuite fait mine de tirer sur trois adolescents noirs dans un magasin. Et le 4 décembre, un adolescent blanc, Justin Barker, a été agressé et légèrement blessé par un groupe de Noirs alors qu'il sortait du gymnase du lycée.
La plupart des Blancs impliqués dans les violences n'ont pas été poursuivis. Mais six lycéens noirs soupçonnés d'être les auteurs de l'agression au gymnase ont été arrêtés et inculpés de tentative de meurtre et d'une combinaison d'autres crimes qui pourraient leur valoir la réclusion à perpétuité.

Pétition

De nombreuses associations noires-américaines ont pris la défense des "Six de Jena". "Les poursuites ne sont pas justifiées (...). Une chaussure de tennis n'est pas une arme mortelle", dénonce ainsi une pétition qui a déjà recueilli des milliers de signatures.
"Malheureusement, ce genre de problème n'est pas limité à Jena", a expliqué Dennis Parker, directeur du programme de lutte contre le racisme au sein de la puissante association de défense des libertés ACLU, évoquant une situation "emblématique" d'une tendance à envoyer facilement en prison de jeunes Noirs.

Bush "attristé"

"Les événements en Louisiane m'ont attristé, et je comprends les émotions", a déclaré le président américain George W. Bush, en réponse à une question sur la manifestation de Jena au cours d'une conférence de presse jeudi, rappelant son attachement à "l'équité de la justice" et assurant que le ministère de la Justice suivait l'affaire.
Un seul des six inculpés a pour l'instant comparu: Mychal Bell, 17 ans, a été reconnu coupable en juin de coups et blessures par un jury exclusivement blanc. Une audience était prévue ce jeudi pour fixer sa peine, mais une cour d'appel a annulé le jugement la semaine dernière, ordonnant que l'adolescent, qui avait comparu devant un tribunal pour adultes, soit jugé comme un mineur.
"Il n'y a pas d'égalité", a déploré sur CNN Tina Jones, mère de l'un des "Six de Jena". "Les Noirs reçoivent la peine la plus lourde que la loi propose, tandis que les Blancs s'en tirent avec une tape sur les doigts", a-t-elle ajouté.

vendredi 21 septembre 2007

«Vous m'entendez, je les boufferai tous...»





Nicolas Sarkozy est à la fois Premier ministre, ministre de l'Economie, de l'Intérieur, ministre de tout. Comment ne pas voir dans l'omniprésence et l'omnipotence présidentielles une régression démocratique ?


Sur la route de l'Elysée, Nicolas Sarkozy a eu pendant vingt ans un seul objectif : «Les bouffer tous.» La formule lui venait aux lèvres (spontanément, dans les circonstances les plus improbables : «Vous m'entendez, je les boufferai tous», assénait-il à des interlocuteurs ébahis venus l'interroger sur tout autre chose. Pour devenir président, il pensait devoir littéralement avaler ses rivaux et adversaires. Il parviendrait au sommet, pronostiquait-il; parce qu'il avait plus faim que les autres : l'Elysée était hors d'atteinte pour les appétits d'oiseau.

Les bouffer tous : loin de l'avoir rassasié; l'élection à la présidence de la République de Nicolas Sarkozy semble avoir décuplé sa boulimie. Pendant la campagne présidentielle; il a confié à Yasmina Reza (1) : «l'ambition n'est pas finale, il y a un lendemain à l'ambition.» Manifestement; ce «lendemain» n'est pas d'actualité. L'ambition est toujours là; vorace. Avec Sarkozy, les Français ont porté à l'Elysée le premier président cannibale. Cannibalisé; le Premier ministre; dont il ne reste plus que la peau et les os; cannibalisés; les ministres; tous les ministres; les victimes de la semaine étant le ministre du Travail et le secrétaire d'Etat à la Fonction publique; réduits à enregistrer la feuille de route présidentielle sur les retraites ou la carrière des fonctionnaires; domaines il n'y a pas si longtemps du ressort exclusif du gouvernement.

Au début; on a trouvé ça rafraîchissant : leprédécesseur de Sarkozy Jacques Chirac; avait pris l'habitude de se cacher derrière son petit doigt; se cantonnant à la politique étrangère. Enfin un président qui assumait ! Après quatre mois; l'atmosphère tend à devenir étouffante : vite; un jour sans Sarkozy pour reprendre la proposition d'une association ! Car comment ne pas voir dans cette omniprésence; dans cette omnipotence; une régression démocratique ? Sarkozy le cannibale nous ramène à l'âge de pierre de la politique : «Nous avons des institutions et une pratique institutionnelle qui sont, je le dis en pesant mes mots, indignes d'un grand pays comme le nôtre, indignes d'une démocratie», a justement déclaré ce week-end François Bayrou; ajoutant : «Nous, le pays de la Révolution, nous acceptons tous les jours quelque chose qui n'est accepté dans aucun pays démocratique : nous acceptons l'absolutisme présidentiel.»
Que le chef de l'Etat ait réussi; en l'espace de quelques semaines; à incommoder un Premier ministre naturellement accommo dant tient de l'exploit. François Fillon est arrivé à Matignon en affirmant bien haut la préséance de l'Elysée. Il ne revendiquait qu'un rôle de «copilote». Il est traité comme un vulgaire «collaborateur» par un président qui semble terrorisé à l'idée que le Premier ministre qu'il a choisi; qu'il présentait il y a peu comme un «ami», lui vole ne serait-ce qu'une parcelle de pouvoir (voir l'article de Carole Barjon). A l'Elysée comme à Matignon; on s'efforce de colmater la brèche. Mais Fillon; plus orgueilleux qu'il n'y paraît; est blessé. Il en est réduit à mendier pour exister.

Le sort des ministres n'est pas plus enviable. Ainsi Christine Lagarde. Sarkozy a assuré qu'« elle allait exploser si elle suivait ses conseils». En attendant; la ministre de l'Economie est au bord de l'implosion. Pas seulement parce qu'elle paie sa gaffe sur l'annonce d'un «plan de rigueur» pour la fonction publique. La considérant comme une novice; le président traite directement avec Stéphane Richard; un ami proche qu'il a imposé à Lagarde comme directeur de cabinet; comme il l'avait imposé à son éphémère prédécesseur; Jean-Louis Borloo. C'est le trio Sarkozy-Richard-Pérol (le secrétaire général adjoint de l'Elysée) qui fixe la politique économique de la France. Lagarde la commente.
«Je décide, il exécute» : Sarkozy avait été mortifié que Jacques Chirac le tance ainsi; le 14 juillet 2004. Je décide; ils exécutent : telle est pourtant aujourd'hui sa ligne de conduite. Encore cette formulation fait-elle la part trop belle aux ministres. Car l'Elysée se charge souvent de l'exécution. C'est le sherpa du président; Jean-David Levitte; et non le Quai-d'Orsay; qui a négocié avec le gouvernement kiribatien l'immobilisation du navire qui a provoqué la mort d'un pêcheur breton le 17 août. C'est l'Elysée; et non Bercy; qui a établi les modalités de la fusion Suez-Gaz de France. «Je décide, ils (ou elles) font tapisserie» : voilà qui rend mieux compte du traitement infligé par le président à ses ministres.

Il y a pire. Ce diplomate est formel : ayant croisé récemment plusieurs chefs de gouvernement après qu'ils se sont entretenus avec Nicolas Sarkozy; il affirme que celui-ci n'hésite pas à flinguer Bernard Kouchner devant témoins. «Il est nul, mais il est populaire», répéterait en boucle le président français. Ce diplomate ajoute : «Jamais François Mitterrand n'a émis la moindre reserve sur ses ministres des Affaires étrangères de droite, au moment des cohabitations, devant des dignitaires étrangers.»
Tous des nuls; sauf moi. Si Sarkozy fait tout; c'est bien entendu parce qu'il sait tout faire mieux que tout le monde. Il ne se contente plus de donner des cours de maintien aux ministres français. Il fait la leçon à des responsables d'organismes internationaux. Blâmé; Jean-Claude Trichet; le patron de la Banque centrale européenne; parce que l'euro serait trop fort et qu'il favoriserait les spéculateurs au détriment des entrepreneurs. Blâmé; Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois et président de l'Eurogroupe, un ami de Sarkozy pourtant; parce qu'il ne prendrait pas assez d'initiatives pour encadrer le capitalisme financier. A force de vouloir imposer ses solutions et de tirer la couverture à lui; le chef de l'Etat a déjà provoqué une crise dans le couple franco-allemand (voir l'article de Jean-Gabriel Fredet p. 68). Qu'il traite (presque) Angela Merkel comme il traite François Fillon laisse pantois. Déjà; manifestement; dans sa tête de roi de France; se rêverait-il aussi empereur d'Europe ?

Une commission; présidée par Edouard Balladur; a reçu pour mission de préparer une réforme de la Constitution. Le décalage entre les auditions ouatées auxquelles elle procède et la brutalité du comportement présidentiel est total. A l'évidence; Nicolas Sarkozy n'attend qu'une chose de cette commission : qu'elle l'autorise à disposer à sa guise des prérogatives du gouvernement; c'est-à-dire qu'elle avalise sa pratique des institutions. Foin des règles de droit; place au seul règne de la force : c'est lui qui a été élu, son pouvoir ne saurait être borné par des ministres qu'il a lui-même désignés.
Alors ministre de l'Intérieur et numéro deux du gouvernement; Nicolas Sarkozy a effectué en janvier 2004 un voyage à Pékin au cours duquel il a rencontré le président chinois Hu Jintao; longtemps numéro deux. «Je lui ai demandé si ça changeait fondamentalement d'être numéro un», a avoué Sarkozy à sa sortie de l'entretien. C'est une plus lourde responsabilité; a répondu en substance Hu Jintao. Désormais; on sait ce que «ça change» pour Sarkozy d'être devenu le numéro un : il peut s'ébattre sans retenue dans les jardins du numéro deux; du numéro trois; du numéro quatre; etc. L'Etat; c'est lui !
Pourquoi maltraiter à ce point son équipe ? Sarkozy a toujours professé qu'il visait le pouvoir pour l'exercer; non pour en jouir. Il se distingue de présidents comme François Mitterrand ou Jacques Chirac; qui ont rapidement; selon lui; renoncé à réformer le pays irréformable que serait la France pour gérer en pères tranquilles. Lui entend bousculer l'Hexagone; le faire entrer dans la modernité. De là à faire tout; tout seul ! Contrairement à ce qu'affirme dans nos colonnes Henri Guaino; son conseiller spécial (voir p. 66), aucun président de la Ve République; à commencer par de Gaulle, n'a méprisé ainsi son ou ses Premiers ministres. Guaino conseille à Fillon de «trouver sa place» dans le dispositif sarkozyen, comme si cette place n'était pas inscrite dans la Constitution, dont on conviendra que de Gaulle fut un des inspirateurs.

En revanche, une des règles non écrites de la Ve République est qu'un président nouvellement élu commence par péter les plombs, chacun à sa manière, tant l'élection au suffrage universel direct donne un sentiment de surpuissance. François Mitterrand a sincère ment cru, en 1981, que l'Union de la Gauche allait abolir les lois de l'économie. Il a rapidement dû déchanter. Jacques Chirac s'est cru permis, en 1995 et en 2002, à partir de premiers tours très médiocres, de gouverner avec ses seuls affidés. Ses mandats ont été obérés par ce péché originel. En pratiquant l'ouverture, Sarkozy a échappé à la tentation clanique. Sa façon de péter les plombs est à mettre en relation avec son âge : 52 ans. Après Giscard, qui a estimé après coup avoir été élu trop tôt - il avait 48 ans -, la France connaît son deuxième président (relativement) jeune. Yasmina Reza le dit d'entrée dans sa chronique à succès (1) : «je suis jrappee par l en fance», «J'ai l'impression de voir un petit garçon». Depuis son accession à l'Elysée, Nicolas Sarkozy paraît touché par le syndrome de l'enfant-roi : je suis le plus beau, le plus fort, j'ai le droit de m'amuser avec tous les jouets, y compris ceux des autres. Le cannibalisme est la maladie infantile du sarkozysme.

Quand le nouvel hôte de l'Elysée va-t-il cesser de mettre les doigts dans tous les pots de confiture ? Ce zapping permanent a amené certains commentateurs à parler d ,« hyperprésidence». Est-ce si sûr ? A force de s'éparpiller, Nicolas Sarkozy oublie ce qui faisait pour de Gaulle l'essence du job : la gestion de l'essentiel. Pour nos partenaires européens, la France est d'abord le pays de la dette et des déficits. Loin de s'en préoccuper, le président a choisi de les accroître d'emblée avec son «paquet fiscal». Fillon a sonné l'alarme sur les régimes spéciaux de retraite, comme pour signifier : attention, on n'a pas entamé les vraies réformes. Sarkozy a assuré cette semaine qu'il allait les mettre à son agenda. Mais le nouveau pouvoir a perdu la bataille des cent premiers jours en se contentant de mesures clientélistes et de réformettes en trompe l'oeil, comme l'instauration d'un vrai-faux service minimum dans les transports.
La France compte aujourd'hui deux Premiers ministres, deux ministres de l'Economie, deux ministres de l'Intérieur... A-t-elle un président ? Le temps passé par Sarkozy à montrer sa compassion aux victimes de faits divers montre sa volonté de ne pas se couper du pays. Mais lui demande- t-on de se préoccuper déjà de sa réélection ? En cannibalisant l'ensemble du pouvoir exécutif, alors même que le pouvoir législatif est à ses ordres, Sarkozy gouverne sans entraves. Il lui reste à accomplir sa mue : habiter sa fonction.

(1)«L'Aube le soir ou la nuit», Flammarion

Hervé Algalarrondo Le Nouvel Observateur

jeudi 20 septembre 2007

VU D'ALGÉRIE • Sarkozy : populisme et ADN



Le Parlement français examine depuis le 18 septembre un nouveau projet de loi sur l'immigration dont un amendement très controversé vise à autoriser le recours à des tests ADN pour les candidats au regroupement familial. La réaction du quotidien algérien Liberté.

Ayant consommé la trêve des cent jours, le nouveau président de la République française éprouve les premiers couacs de ce que Nicolas a appelé la stratégie du "coup d'éclat permanent". Son ambition de soumettre le fonctionnement de l'Europe aux contraintes de la relance économique de la France a provoqué une succession de mises au point. Il lui reste toujours le facile thème de la Turquie, dont l'entrée dans l'Union européenne n'est de toute manière pas pour demain. Et la question convient bien au racisme doux qui lui assure une bonne part de la sympathie populaire.

Comme il a trouvé une France en bon état social, notamment sur le plan de l'emploi, et les mal-logés n'étant pas syndiqués, la trêve sur ce front peut encore se prolonger. Le projet de réforme des "régimes spéciaux" contribuera à le maintenir en bonne position dans les sondages. Mais ce n'est qu'un volet de son projet de politique sociale, là où il est attendu, malgré les entretiens "préventifs" qu'il a eus avec les responsables.
Jusqu'ici, c'est en dehors de la France et de l'Europe qu'il est allé chercher les ingrédients de sa ligne populiste. La Turquie lui offre le prétexte de se poser en défenseur de la rigueur géographique et tacitement civilisationnelle de l'Europe. En Algérie et au Sénégal, il est venu proclamer son déni de repentir et sa conception d'une responsabilité partagée de la tragédie coloniale. En Libye, il a présenté l'issue d'une péripétie à la Kadhafi comme le fait d'une opération de sauvetage. Au Moyen-Orient, la complexité de la situation demande plus d'engagement aux puissances qui souhaitent y jouer un rôle.

En attendant qu'il atterrisse dans une clairière de la jungle colombienne…
Mais il lui reste le fond, la valeur sûre que constitue la fibre raciste quand elle est conjuguée à l'angoisse de l'incertitude : l'immigration. On l'a vérifié avec le vote des couches populaires et le vote ouvrier à l'élection présidentielle : Sarkozy fait figure de garantie contre le péril des migrations. L'intervention policière contre les sans-papiers en grève de la faim à Lille et le rappel à l'ordre des préfets les moins performants en matière de reconduite à la frontière procèdent de l'entretien de ce sentiment.

Dans cette surenchère sur le délit d'immigration, l'introduction de l'empreinte génétique dans la procédure de regroupement familial. Même dans la lutte contre la grande criminalité, l'usage du test ADN est sélectif. Il a fallu l'argument irrésistible de la protection des enfants contre la récidive pédophile pour l'imposer.
En termes de gravité, l'immigration est classée au second rang des crimes pour justifier ainsi le recours à un moyen coûteux et qui jette l'anathème sur une population étrangère jugée potentiellement faussaire. Si l'on devait génétiquement vérifier toutes les paternités en France, on risque de produire un nombre ingérable de drames. Pourquoi cette plaisanterie inconcevable dans une société qui tient à la paix des ménages s'appliquerait-elle sans souci des risques personnels à la catégorie des immigrés ? C'est au maillon faible de payer le coût de la popularité à tout prix, n'est-ce pas ?

Mustapha Hammouche (Liberté)




mercredi 19 septembre 2007

IRAN • Le monde retient son souffle et Kouchner parle, parle, parle


Sur la question iranienne, mieux vaut mesurer ses propos. L’alliance de la peur et du catastrophisme peut en effet nuire gravement à la paix mondiale. Le ministre des Affaires étrangères français vient de l’apprendre à ses dépens

Le ministre des Affaires étrangères français est une cible tentante pour ses détracteurs. A peine entré dans ses fonctions, et donc tenté de se lancer dans des déclarations publiques enflammées, sur les faits ou sa propre expérience, Kouchner a ces derniers temps semé la confusion tant au Liban qu’en Palestine. Le week-end dernier, il a reporté son attention sur la crise iranienne. Tout en expliquant qu’il restait favorable à la diplomatie, il a ajouté “nous devons nous préparer au pire, et le pire, c’est la guerre”. Ce commentaire a suscité un barrage d’invectives de la part de Téhéran. Mais quoi que l’on pense du jugement de Kouchner, il faut reconnaître cette fois qu’il a attiré l’attention de la communauté internationale sur une question essentielle pour le Moyen-Orient et pour le reste du monde. La question, dans ce cas du moins, n’est pas de savoir si l’analyse de Kouchner est valable, ni s’il s’est montré avisé en la formulant publiquement. La question est bien celle de la menace croissante que fait peser sur la stabilité régionale une combinaison de facteurs. Il y a d’abord la propension – avérée – du président George W. Bush à se lancer dans des guerres sous des prétextes douteux. Il y a ensuite la rhétorique alarmiste, souvent indissociable des réflexions occidentales sur les actions et les intentions de l’Iran. Mais le facteur le plus grave est peut-être le refus du gouvernement iranien actuel de prendre la mesure exacte de son image sur la scène mondiale et, en conséquence, son incapacité à conduire une politique qui servirait à la fois ses intérêts et ceux de son peuple.
Il est vrai que l’Iran est victime d’un double langage renforcé par la lâcheté crasse, l’ignorance délibérée et/ou le désir éhonté de propager la peur tant de la part des responsables que des journalistes occidentaux. Mais il est tout aussi vrai que les dirigeants iraniens ont joué le jeu de leurs ennemis par leurs rodomontades. En adoptant une attitude belliqueuse, Ahmadinejad aggrave le risque qu’une action militaire soit déclenchée contre son pays, que son peuple connaisse de terribles souffrances et que l’objectif tant convoité – le développement nucléaire – soit compromis.
Les deux camps auraient tout intérêt à suivre les conseils de Mohamed ElBaradei, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui recommandait le 17 septembre dernier de “garder notre sang-froid”, ajoutant que son organisation n’avait toujours pas trouvé la preuve que les Iraniens tentaient de fabriquer des armes nucléaires. Si l’Iran n’a rien à cacher, il n’a rien à perdre (et tout à gagner) à se montrer aussi honnête que possible avec l’AIEA. La fierté nationale est une bonne chose, mais elle ne devrait jamais se mettre en travers des intérêts nationaux, surtout quand plane ce qui semble être la menace de plus en plus lourde d’une nouvelle guerre inutile.

The Daily Star


ETEMAD-E MELLITéhéran se fâche contre Paris

"Nicolas Sarkozy adopte une ligne beaucoup plus dure que son prédécesseur envers l'Iran. Lui-même et son ministre des Affaires étrangères mènent le front contre Téhéran, alors même que le directeur de l'AIEA, Mohamed El-Baradei, a défendu nos bonnes intentions dans le dossier du nucléaire", commente le quotidien iranien. "Les récents propos de Bernard Kouchner vont à l'encontre de la position et de la dignité historique et culturelle de la civilisation française", a déclaré Mohammad Ali Hosseini, porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien.

mardi 18 septembre 2007

"L’aigritude" immodeste de Lionel Jospin

A la veille d’une semaine décisive marquée, aujourd’hui, par l’intervention de Nicolas Sarkozy sur l’avenir des retraites, les députés socialistes s’étaient réunis hier pour préparer leur riposte à l’activisme vibrionnant du Président. Alors que leur réunion de La Rochelle s’était plutôt mieux passée qu’on ne le craignait dans les rangs socialistes, "L'impasse", le nouveau pavé dans la mare de Lionel Jospin contre Ségolène Royal arrive très mal. Gilles Savary, porte-parole de Ségolène, a jugé que cet ouvrage "déshonore" Lionel Jospin et représente "une offense aux 16,7 millions de Français qui ont voté pour Ségolène Royal au 2ème tour".
"Haine irrationnelle"
, "rancœur personnelle" : les mots étaient très durs à l’égard d’un homme qui, comme ces vedettes sur le retour multiplie les adieux et les pas de deux, apparaît de plus en plus comme un " has been ".

Pour un homme soucieux de l’unité de son parti, Jospin vient de remettre un jeton dans la vieille machine à divisions qui n’est pas prête à faire tilt. Car son réquisitoire vient s’ajouter aux nombreux livres des opposants à la candidate qui avaient permis à Ségolène de parler, en août, de la "chaude affection littéraire", dont elle était l’objet. Ce réquisitoire n’est pas seulement une fausse note de plus dans ce concert, c’est une fausse note qui, de son propre point de vue, arrive aussi à contretemps.

Car Dimanche, Lionel Jospin était l’invité d’honneur d’une réunion destinée à mettre sur orbite Bertrand Delanoë qui, porté par les sondages, peut faire figure de candidat possible à la succession de l'actuel premier secrétaire, avec l’objectif d’en faire le candidat naturel du Parti Socialiste aux prochaines présidentielles.

Dans les extraits du livre révélées hier par Libération, l'ancien Premier ministre dévoile ses cartes en essayant d’ouvrir la voie au Maire de Paris. Pas sûr qu’il lui rende service, en sommant les socialistes d'empêcher Ségolène Royal de s'emparer du PS lors du congrès prévu en 2008 ou d'être à nouveau candidate en 2012, car elle ne serait "pas taillée pour le rôle".
Et lui ? Etait-il taillé pour le rôle, avec son charisme de presbytère, sa diction scolaire, son style ânonnant ? On attend toujours l’analyse de sa défaite.
Arnaud Montebourg n’avait pas tort hier de rappeler Jospin à plus de modestie, de délicatesse dans la critique, lui qui n’avait même pas réussi à se qualifier pour le 2° tour.

Jean-Marcel Bougreau, rédacteur en chef du Nouvel Observateur

Ségolène Royal à ses détracteurs "Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font"

Pardonnez-leur, parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font", a déclaré Ségolène Royal, lundi 17 septembre, au Québec, en réponse aux critiques de ses détracteurs du Parti socialiste. L'ancienne candidate à l'élection présidentielle réagissait notamment à la sortie d'extraits du livre de Lionel Jospin, L'Impasse, dans le quotidien Libération. L'ancien premier ministre mettait en doute les "qualités humaines" et les "capacités politiques" de Ségolène Royal, qualifiée d'"illusion".

"Je crois malheureusement qu'il y a – c'est peut-être inconscient – dans toutes ces attaques, du sexisme (...), je pense que cela s'apparente au racisme, a dit Ségolène Royal, sans jamais citer le nom de Lionel Jospin. Je me demande : pourquoi tant de violence, pourquoi tant de haine, presque ? Ce qui me vient à l'esprit, c'est cette parole de la Bible : 'Pardonnez-leur, parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font. Donc, je pardonne à tous ceux qui m'agressent, parce que d'abord je pense qu'ils me font moins de mal à moi qu'aux socialistes, qu'à toute la gauche

"J'ai l'impression en lisant tous ces ouvrages que si j'étais Jeanne d'Arc, j'aurais déjà été brûlée vive", a déclaré la présidente de la région Poitou-Charentes, au micro d'Europe 1, dans un éclat de rire. "Aujourd'hui, ma responsabilité c'est de dire très tranquillement, très sereinement que je suis là, que je suis bien là", a-t-elle ajouté.

Tests ADN : le PS veut saisir le comité d'éthique

Opposé au projet de loi sur l'immigration autorisant des tests ADN pour les candidats au regroupement familial, le groupe socialiste à l'Assemblée nationale va demander, mardi 18 septembre, la saisine du Comité consultatif national d'éthique sur l'amendement de Thierry Mariani.
La porte-parole du groupe Aurélie Filippetti (photo) a qualifié les tests ADN "d'abjection morale complètement contraire aux principes de la République", lors du point de presse hebdomadaire du groupe.
"Le groupe socialiste va demander au gouvernement de saisir le comité consultatif national d'éthique sur cette question", a-t-elle indiqué.

"En France, ce n'est pas la génétique qui fait la filiation mais la reconnaissance", a-t-elle fait valoir. "Aucun argument juridique ne tient. C'est une visée politique qui vise à faire de l'immigré un délinquant potentiel", a-t-elle insisté.
Elle a annoncé que les députés socialistes allaient mener une bataille "très offensive" contre ce texte, avec "une présence maximale dans l'hémicycle tout au long du débat".

Le groupe demandera notamment une suspension de séance mardi pour qu'une délégation rencontre des représentants opposés au projet de loi, qui ont appelé à manifester à 18h00 devant le Palais-Bourbon.

lundi 17 septembre 2007

Fête de l'Huma 2007 : retrouvailles à gauche

Particulièrement prisée, la première Fête de l'Humanité depuis l’échec de la gauche à la présidentielle a été l'occasion de retrouvailles pour ses principales composantes, qui ont affiché leur volonté de riposter ensemble à la politique de Nicolas Sarkozy.

Les trois jours de fête - qui, selon les derniers pointages, ont réuni un public "largement supérieur"aux 500.000 de 2006 - se sont achevés dimanche sur un vibrant hommage au jeune résistant communiste Guy Môquet, dont les photos et affiches ornaient toutes les allées du Parc de La Courneuve et à Che Guevara dont c'est le 40e anniversaire de l'assassinat.

"On ne peut pas se réclamer de Guy Môquet, fusillé par les nazis, ainsi que de centaines de milliers de résistants, et réduire ainsi tous les acquis sociaux et démocratiques pour lesquels ce jeune résistant communiste a été jusqu'au sacrifice ultime", a affirmé le directeur de l'Humanité Patrick Le Hyaric, devant plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Auparavant, une proche du jeune communiste fusillé en 1941 - dont les photos et affiches ornaient toutes les allées de la Fête - est montée sur scène pour lancer: "Les copains qui restez, soyez dignes de nous", c'est ce qu'a écrit Guy Môquet dans sa lettre, "ce qui veut dire que la lutte continue", a affirmé Mme Niels, dont le jeune résistant fut le "premier amour à 17 ans".

La Fête de l'Huma a aussi rendu hommage au révolutionnaire Ernesto Che Guevara. Sa fille Aleida est montée sur scène pour défendre l'image de "ce symbole de la lutte et de la résistance".

"Avec le Che, nous disons « Soyons réalistes, demandons l'impossible » ", a affirmé M. Le Hyaric, concluant: "Avec vous, par vous, l'avenir communiste commence maintenant".

Marie-George Buffet – qui pour la première fois ne s’est pas adressée elle-même aux dizaines de milliers de militants réunis pour le discours final - a obtenu le "démarrage d'action commune" d'une gauche morcelée.

C'est en effet samedi qu'en compagnie de trois autres leaders -François Hollande (PS), Cécile Duflot (Verts) et Olivier Besancenot (LCR) - la secrétaire du PCF a annoncé une réunion des partis de gauche mardi au siège du PCF pour décider de "ripostes" à la politique Sarkozy. Besancenot, a répondu favorablement en disant que «ce serait sectaire, irresponsable de ne pas le faire». Il a aussu fait le procès de la droitisation du PS,: «L’heure n’est pas de répéter en boucle que le gouvernement pose de vraies questions. […] La principale force de la droite, ce n’est pas Sarkozy, c’est la faiblesse de la gauche…».

Quand François Hollande prend la parole, il essuie des huées. Que Buffet calme vite d’un geste de la main. «On ne pense pas tous pareils, mais on est tous unis contre la droite. Dans cette riposte, on a besoin de toutes les forces, y compris de la gauche de la gauche», lance François Hollande en pleine forme, «mais au delà, il faut travailler ensemble à un projet. Le PS ne s’en sortira pas seul. Moi, je suis pour des listes de rassemblement de toute la gauche pour les municipales», s’échauffe-t-il.

«J’ai entendu ce que tu as dit, François, toute la gauche . Montre-le aux municipales!», enjoint la patronne du PCF. Après le débat, le patron du PS confirme que dans certaines villes, des primaires auront lieu entre sortants communistes et candidats socialistes.

Les trois leaders de l’ex-gauche plurielle exhortent Besancenot à mettre les mains dans le cambouis. Il réplique qu’il ne les accuse pas d’avoir les «mains sales» pour avoir «mené une politique de droite».

Côté gouvernemental, seule Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à l'environnement, s'est risquée à la Fête, où elle a débattu du Grenelle de l'Environnement, auquel le PCF veut participer. Son exposé a été applaudi, malgré quelques huées.

"Au-delà de l'aspect festif, on sent ici la gravité de la situation, les gens sont préoccupés et attendent des réponses fortes", résume Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF.