mardi 31 juillet 2007

Côte d'Ivoire : la paix enfin ?




Le bûcher de paix a été allumé hier au stade municipal de Bouaké. Fanci et Forces nouvelles ont décidé de mettre fin à la guerre.
La paix a encore fait hier un grand pas vers le peuple de Côte d'Ivoire. Laurent Gbagbo a marché sur les terres de Nanan Kouakou N'Guessan, chef de terre de Bouaké, un luxe qu'il ne s'était pas permis depuis 2002, date de l'éclatement de la guerre en Côte d'Ivoire.
Pour brûler leurs armes, son Premier ministre Guillaume Soro et lui, ont fait appel à Bouaké, capitale des Forces nouvelles, à six présidents.
Le Burkinabé Blaise Compaoré, facilitateur du dialogue ivoirien de Ouagadougou, le Sud-africain Thabo M'Beki, parrain des accords de Pretoria I et II, les présidents Amadou Toumani Touré du Mali, Faure Gnassingbé du Togo, Nino Viera de Guinée Bissau et Yayi Boni du Bénin.
Le Premier ministre nigérien, le vice-président de l'Assemblée nationale de l'Angola, les ministres des Affaires étrangères du Sénégal (Cheick Tidiane Gadio) et du Ghana ont représenté leurs présidents respectifs à cette cérémonie. Mohamed Ibn Chambas, secrétaire exécutif de la Cedeao, n'a pas également voulu se faire raconter cet événement. Tout le gotha diplomatique a été également convié à la cérémonie.

En présence de toutes ces autorités, au stade municipal de Bouaké, le bûcher tant attendu a été allumé, avec en prime, une explosion inattendue qui a donné quelques sueurs froides à la garde rapprochée et au service protocolaire de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro.
Selon deux explications recueillies sur place, il s'agirait soit des résidus de munitions restées au fond de la cuve ou d'une concentration du carburant qui a explosé sous l'effet de la pression au contact du feu. Malgré la frayeur et le début de débandade que cela a occasionné au niveau des officiels, la cérémonie n'a en rien perdu son éclat. Près de 2000 armes ayant appartenu aux deux belligérants sont parties en fumée. Tout comme un canon Hn de 105 mm, de fabrication américaine avec une portée de tir de 11 Km , qui a été scié et détruit.
Les généraux Mangou Philippe des FDS-CI et Soumahila Bakayoko des Fds-Fn ont symboliquement remis chacun, une arme au Premier ministre et au président de la République qui ont procédé à leur incinération.

Gbagbo et Soro prêchent la paix
Du début et à la fin de la cérémonie d'hier, il n'y avait que le mot "paix" sur toutes les lèvres. Le Premier ministre Guillaume Soro a rebaptisé la capitale de l'ex-rébellion: « La paix est là, la paix est à Bouaké. Messieurs les présidents, aujourd'hui ensemble, tous filles et fils de la Côte d'Ivoire, décrétons à l'unisson après Abidjan, capitale économique, Yamoussoukro, capitale politique, Bouaké est la capitale de la Paix».
Et, d'ajouter: «Si hier, nos turpitudes nous ont conduits à la guerre, aujourd'hui, notre détermination commune doit construire la paix».
Laurent Gbagbo a embouché la même trompette pour magnifier lui aussi la paix: «Aujourd'hui, c'est la paix, aujourd'hui, c'est la paix. La guerre est finie. Peuples de Côte d'Ivoire, la guerre est finie. La guerre est finie. Répétez après moi «la guerre est finie» encore. Que j'entende bien, la guerre est finie. C'est tout ce que je suis venu vous dire aujourd'hui.
Le 6 août je m'adresserai à la nation ivoirienne».
Le chef de l'Etat et le Premier ministre ont prêché la bonne parole. Ils ont promis de dérouler le reste du programme de sortie de crise afin que très vite, leur pays, la Côte d'Ivoire, aille aux élections.
Pour l'événement du jour, «les flammes de la paix», c'est un Bouaké des grands jours qu'il a été donné de voir. Rues relookées avec de nouvelles bandes blanches, des couches de peinture repassée sur certains édifices, des hôtels retapés, de grands espaces touffus d'herbes défrichés au bulldozer, les ordures complètement nettoyées, des fanions aux couleurs nationales partout, tout y est passé.

Bouaké des grands jours
La ville a véritablement fait sa toilette pour accueillir le flot humain qui a déferlé. Un jour avant l'événement, des centaines de cars venus de tous les horizons ont déversé leur contenu sur la ville. Les «jeunes patriotes» de Blé Goudé et d'Eugène Djué et les «femmes patriotes» de Geneviève Bro Grébé ont fait le plein du carton. Ils ont dansé et chanté toute la nuit de dimanche à lundi. Ils étaient venus assister à l'entrée triomphale de Gbagbo à Bouaké, mais le chef de l'Etat ne leur a pas donné ce plaisir. Prenant tout le monde de court, Gbagbo est arrivé par la route de Yamoussoukro et non par la voie aérienne. A 6h00, ce lundi, le président de la République était dans la ville de Bouaké. A leur réveil, Laurent Gbagbo était déjà là, à l'aéroport de Bouaké pour accueillir ses pairs qu'il a invités.
Les Forces nouvelles ne sont pas restées en marge de la mobilisation. Elles sont venues de Korhogo, Katiola, Odienné et de toutes les villes ex-assiégées pour participer à la fête. Les présidents d'institutions avec à leur tête Laurent Dona Fologo du Ces, les membres du gouvernement, et presque tous les Directeurs généraux et centraux des sociétés d'Etat se sont associés à l'événement. Les partis politiques n'ont pas manqué à l'appel. Mabri Toikeusse (Udpci), Anaki Kobena (Mfa), Affi N'Guessan (Fpi), Henriette Diabaté (Rdr), Djédjé Mady (Pdci) ont signé leur présence.
Pour la sécurisation de la manifestation et de tout ce monde, des brigades véritablement mixtes (Fanci- Fafn) et les forces impartiales, (Licorne et Onuci) ont fait le ménage. Les Fanci, reconnaissables par leur brassard orange, se sont distingués surtout au stade de Bouaké où ils étaient visiblement les plus nombreux.

Traoré M. Ahmed

lundi 30 juillet 2007

La très fragile et difficile réconciliation ivoirienne


Pour la première fois depuis 2002, Laurent Gbagbo se rend à Bouaké, ex-capitale rebelle



Laurent Gbagbo (D), le Président ivoirien avec son Premier ministre, Guillaume Soro à Abidjan le 13 juillet.

Sous la «Flamme de la paix» couvent les braises de la suspiscion entre le président ivoirien Laurent Gbagbo et son Premier ministre, l’ex-chef des ­rebelles Guillaume Soro. Les deux anciens adversaires, désormais officiellement alliés, assisteront, aujourd’hui à Bouaké (centre), à une cérémonie hautement symbolique, baptisée «Flamme de la paix» : un autodafé d’armes à feu censé marquer le début du désarmement dans le nord de l’ancienne colonie française et la réunification du pays.

C’est la première fois, depuis la tentative de coup d’Etat de septembre 2002 contre Laurent Gbagbo et la partition du pays qui s’ensuivit, que le président ivoirien se rend à Bouaké.

Haute protection.

En octobre 2002, puis en novembre 2004, son armée avait tenté, en vain, de reprendre par la force le fief des rebelles. Cette fois-ci, il s’y rend pacifiquement, mais sous haute protection. La sécurité de la céré­monie est assurée par les Casques bleus déployés en Côte-d’Ivoire, par les soldats français de la force Licorne, mais aussi conjointement par les forces ivoiriennes gouvernementales et celles des Forces nouvelles (ex-rebelles).

Selon Abidjan, sept chefs d’Etat africains sont attendus, dont le président sud-africain Thabo M’beki. Pour en arriver là, Laurent Gbagbo a signé au Burkina Faso, en mars, «l’accord de Ouagadougou» avec Guillaume Soro.

Ce document, qui reprend l’essentiel des accords de paix précédents restés lettre morte, dont celui de Marcoussis (janvier 2003), prévoit le désarmement des rebelles et des milices loyalistes, l’identification des populations, avant la tenue d’élections crédibles et transparentes, en théorie avant la fin de l’année.

Illusion

Dans un premier temps, il avait fait souffler un vent d’euphorie en Côte-d’Ivoire, où chacun se dit «fatigué» du conflit et n’aspire plus qu’au retour à une vie normale. On a même vu les jeunes patriotes, proches du président ivoirien, fraterniser avec les ex-rebelles.

Mais l’attentat qui a visé, le 29 juin, l’avion du Premier ministre Soro sur le tarmac de l’aéroport de Bouaké, faisant quatre morts dans sa délégation, a mis un terme brutal à la douce illusion d’une harmonie retrouvée du jour au lendemain. «Depuis lors, tout le monde s’épie, confie un diplomate étranger à Abidjan. La confiance est retombée à zéro et le processus de paix est de nouveau au point mort.»

Le commando qui a tiré trois roquettes sur l’appareil, dont une seule a explosé, s’est évanoui dans la nature, et la Côte-d’Ivoire attend désormais fébrilement les résultats de l’enquête confiée, d’un commun accord, par Soro et Gbagbo aux Nations unies.

Car certains faits troublent les esprits, notamment dans le camp du Premier ministre. Le 29 juin, l’équipage du Fokker 100, prêté à Soro par le Président, a été changé au dernier moment avant le décollage d’Abidjan, et plusieurs sources affirment qu’un ministre proche de Laurent Gbagbo a annulé in extremis sa participation au voyage. Une demi-heure après l’attaque, l’avion regagnait Abidjan, sans avoir été expertisé.

Manœuvre

«Tout ceci ne fait pas un coupable, mais aucune hypothèse n’est à exclure, pas même celle de la manipulation», dit une source diplomatique. Celle d’un coup parti d’un petit chef rebelle craignant de perdre sa rente de situation avec le retour à la paix semble, de l’avis général, avoir fait long feu. Dans l’entourage de Guillaume Soro, on ménage le Président, sans écarter formellement une manœuvre des radicaux de son camp.

«Nous avons vu Gbagbo à la veille du premier Conseil des ministres tenu à Abidjan après l’attentat : il avait l’air très préoccupé, mal physiquement», confie un conseiller du Premier ministre. Selon lui, le chef de l’Etat leur aurait déclaré : «Je sais que tous les regards se tournent vers moi, c’est pourquoi je veux que l’enquête aille jusqu’au bout.» Un observateur attentif des soubresauts ivoiriens confie : «Chaque fois que le processus d’identification devant conduire à des élections crédibles est sur le point de redémarrer, un incident vient, comme par hasard, tout remettre en question.»

Une fois de plus, la question - la même depuis le début de la crise - s’impose : qui a peur des élections en Côte-d’Ivoire ? A Bouaké, on va brûler symboliquement quelques armes pour célébrer la fin du conflit. Mais, à Abidjan, la partie de poker menteur continue de plus belle.

Thomas Hofnung (Libération)

dimanche 29 juillet 2007

Sarkozy l’Africain fait grincer des dents


Nicolas Sarkozy et Omar Bongo le 27 juillet à Libreville (Gabon)


Chanson composée spécialement pour lui, honneurs militaires, foule des grands jours agitant de petits drapeaux français : le président du Gabon Omar Bongo, qui avait tant désiré la visite de son homologue français, a réservé un accueil royal, vendredi à Libreville, à Nicolas Sarkozy. La chaleur des Gabonais, même orchestrée par le pouvoir, a dû lui mettre du baume au cœur.

Au lendemain d’une étape ratée au Sénégal, la presse de Dakar n’a pas été tendre avec le chef de l’Etat français. Son adresse aux «jeunes d’Afrique», prononcée à l’université Cheikh Anta Diop, est mal passée auprès des principaux intéressés. Elle a été qualifiée d’ «injure» par le quotidien Sud. «Les jeunes Sénégalais attendaient tout autre chose qu’un cours magistral sur la colonisation et le malheur africain», déplore Fatou, une journaliste d’une radio dakaroise.


Nicolas Sarkozy et Abdoulaye Wade

Dans un discours historico-philosophique, Nicolas Sarkozy s’est employé à reconnaître les «torts» de la colonisation pour mieux inviter les Africains à se tourner vers l’avenir. Sa réflexion, parsemée de jugements péremptoires sur «l’Africain» qui doit «entrer davantage dans l’histoire», autrement dit accepter le progrès, a autant surpris que heurté les sensibilités à Dakar. «Jamais [l’Africain] ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin», a dit le Président dans un discours rédigé par le conseiller spécial Henri Guaino.
Un proche du président justifie la parole présidentielle : «Nicolas Sarkozy n’est pas venu dire aux Africains ce qu’ils ont envie d’entendre. Vous vouliez qu’il fasse un discours de sous-secrétaire d’Etat aux affaires africaines ? Il a livré sa vision du continent et indiqué ce que nous pouvions faire ensemble.»
Mais aux yeux des Sénégalais, Nicolas Sarkozy, qui affirme rejeter un «paternalisme [.] qui a fait beaucoup de tort à la relation entre la France et l’Afrique», a donné l’impression inverse : celle du «grand chef blanc» venu asséner ses vérités aux «petits frères» africains. Interrogé à Libreville par la presse sur les critiques de la presse dakaroise, Sarkozy a assumé ses propos : «On ne peut pas tout mettre sur le compte de la colonisation. La corruption, les dictateurs, les génocides, ce n’est pas la colonisation.»


Immigration concertée. Finalement, c’est à travers le prisme économique et financier que le président Sarkozy a été le plus à l’aise pour aborder un continent qu’il connaît peu. Outre la réaffirmation de sa conception de l’immigration «concertée», le chef de l’Etat a assuré que la France ne pouvait que se réjouir de l’arrivée de nouveaux concurrents, tel que la Chine, pour autant que «les règles soient les mêmes pour tous».
La dernière étape de son voyage, au Gabon, lui a donné l’occasion d’évoquer les questions de développement durable, lors de la visite d’une forêt à la périphérie de Libreville. Le président a annoncé que 50 millions d’euros de la dette gabonaise seraient convertis en investissements pour la gestion durable des forêts.
Au Gabon, le bois représente le deuxième secteur économique, derrière le pétrole. Un or noir qui, avec l’aide d’Elf, aurait dû propulser le pays d’Omar Bongo au rang d’émirat de l’Afrique. Mais il n’en a rien été. Pour se rendre dans la forêt de la Mondah, les présidents Sarkozy et Bongo ont pris l’hélicoptère afin de contourner une route truffée d’ornières.
Nicolas Sarkozy n’aura passé que quelques heures au Gabon, au grand dam de Bongo, qui souhaitait le voir passer au moins une nuit sur place. Comme à Dakar. Visiblement, le président français ne voulait pas s’attarder chez son hôte qui incarne à lui seul une relation franco-africaine d’une autre époque.

Thomas Hofnung (Libération du 28 juillet)

Sarkozy préfère le Gabon au Cameroun

Dakar a été opportunément choisi par Nicolas Sarkozy pour indiquer sa vision de la politique africaine de la France et préciser les projets français en matière d’aide au développement. Aux côtés de son homologue Abdoulaye Wade qui est fier de l’accueillir, Nicolas Sarkozy va peut-être expliquer ce qu’il entend par ”rupture dans les relations franco-africaines”.

La politesse au doyen

Le voyage à Dakar survient dans un contexte particulier au Sénégal. Le scrutin présidentiel controversé de février et les législatives boycottées par l’opposition ont créé un climat de tension et de suspicion au sein de la classe politique sénégalaise. C’est donc une véritable aubaine pour le chef de l’Etat sénégalais de recevoir la visite du président la république française dans un tel contexte.

La visite de Nicolas Sarkozy peut être interprétée comme un témoignage à la fois d’approbation et d’amitié pour le dirigeant sénégalais auquel des détracteurs soupçonnent des visées monarchiques et dynastiques.

Le voyage vendredi de Nicolas Sarkozy au Gabon pourrait être perçu par Omar Bongo comme également une marque d’amitié, mais aussi le témoignage de son importance en Afrique centrale. Il est certain qu’Omar Bongo Ondimba n’aurait pas apprécié que son homologue français se rende, par exemple, à Yaoundé, au Cameroun avant l’escale de Libreville.
Nicolas Sarkozy qui, il faut le rappeler, a reçu auparavant le chef de l’Etat gabonais au palais de l’Elysée, au lendemain de son élection et de sa prestation de serment, rend tout simplement la politesse au doyen des dirigeants africains un peu émoussé et choqué par la justice française. Laquelle a ouvert, le 18 juin, une enquête préliminaire sur ses biens immobiliers en France. Le président gabonais a dit toute sa colère à l’Elysée.

On se demande si le choix du Gabon dans le second périple africain de Nicolas Sarkozy n’a pas intégré cette donnée. Car, une visite d’amitié et de coopération, surtout la toute première dans une sous-région, n’est pas le fruit du hasard. A n’en pas douter, la visite du chef de l’Etat français au Gabon obéit à plusieurs critères dont la considération pour Omar Bongo Ondimba qui revendique quarante ans de pouvoir (1967-2007) et compte briguer un autre mandat en 2012, si Dieu lui prête vie !

A quelque chose près, ce périple africain de Nicolas Sarkozy ressemble à celui effectué en 1995 par son prédécesseur à l’Elysée. A la seule différence que l’étape ivoirienne n’a pas été programmée, pour cause de crise politico-militaire.

A quand la visite au Cameroun ?
On se rappelle pourtant la célérité avec laquelle le président Paul Biya avait adressé ses félicitations à Nicolas Sarkozy. Une lettre qui occupait d’ailleurs l’essentiel de la manchette de Cameroun Tribune n° 8844 du mardi 8 mai 2007 : ”Monsieur le président élu de la république française, par un vote massif et sans équivoque, vous venez d’être porté à la tête de la France (…) Votre brillante victoire et la confiance placée de la sorte en vous par le peuple français, témoignent incontestablement de la grande estime qu’il vous porte mais aussi de son entière adhésion aux idéaux, aux espérances et au programme politique que vous incarnez et entendez mettre en œuvre (…) En cette circonstance qui vous honore grandement, il m’est très agréable de vous adresser mes plus vives et chaleureuses félicitations (…) La France et le Cameroun sont unis (…) par des relations d’amitié et de coopération solides, multiformes et mutuellement bénéfiques (…) je souhaite vivement qu’ensemble, nous puissions œuvrer à leur renforcement continu, pour le plus grand bien des peuples français et camerounais amis (…)”. Signé Paul Biya (voir photo)


Cette si belle lettre n’a pas empêché que Nicolas Sarkozy effectue son premier voyage d’Afrique centrale au Gabon. Omar Bongo Ondimba a damé le pion à Paul Biya qui avait pourtant placé son message de félicitations au premier plan. Il avait relégué au second plan sa lettre de condoléances aux familles des victimes du crash du Boeing 737-800 de Kenya Airways publié tardivement.

Paul Biya et les éléctions du 22 Juillet
(voir article du 28 juillet sur le blog)

Françafrique : les “signaux contradictoires” de Sarkozy

L’association Survie , fondée par feu François Xavier Vershave, trouve que le président français Nicolas Sarkozy “ a émis des signaux trop contradictoires ” depuis son entrée en fonctions à l’Elysée. “ Survie ” rappelle que Nicolas Sarkozy avait promis que “ nous ne soutiendrons ni les dictatures, ni les pays dirigés par des régimes corrompus ”.

D’un côté, selon Survie , beaucoup d’observateurs décèlent déjà chez Nicolas Sarkozy un attachement moins marqué pour l’impunité des acteurs de la Françafrique.
D’autre part, l’association rappelle que la plainte de trois associations pour recel de détournement de biens publics, visant le patrimoine immobilier des chefs d’Etat africains, a débouché sur l’ouverture, le 18 juin, d’une enquête préliminaire, “ au grand dam des présidents gabonais et congolais ”.
L’autre signal fort pour Survie est l’abandon de la thèse officielle du suicide juge Borrel, à Djibouti, en 1996, doublée de perquisitions chez Michel de Bonnecorse, l’ancien responsable de la cellule Afrique de l’Elysée.
Mais, de l’autre côté, Survie trouve que les allègements de dette exceptionnels accordés récemment au Gabon relativisent le propos. Et de s’interroger : “ Le renforcement de l’équipe Afrique de l’Elysée peut-il laisser émerger les nécessaires contre-pouvoirs parlementaires et citoyens sur les sujets aussi sensibles que les interventions militaires ou les quitus électoraux au Togo ou au Tchad ? ”
Survie trouve aussi ambiguës les relations entre Nicolas Sarkozy “ et des chefs d’Etat à nos yeux infréquentables ”. “ Alors qu’il laisse s’ouvrir une enquête concernant Denis Sassou Nguesso et Omar Bongo, le président français multiplie les signes d’amitié envers eux. ”
L’on en veut pour preuve le fait que, juste après son élection, il ait appelé Omar Bongo pour l’informer de sa victoire et le remercier pour ses “ conseils ”.
Edmond Kamguia K

samedi 28 juillet 2007

Sale temps pour la démocratie au Cameroun






Par Clotaire Tegang Ledoux (Douala)



L’écrasante victoire au double scrutin législatif et municipal du 22 juillet 2007 du Rassemblement Démocratique pour le Peuple Camerounais (Rdpc), parti du Président Paul Biya au pouvoir depuis 1982, écorne davantage encore le pluralisme du paysage politique du Cameroun .




Cette « grande » victoire engage toutefois le parti au pouvoir à une obligation de résultats quant à la transformation effective du Cameroun. Aussi certains observateurs la considèrent-ils également comme une victoire plutôt « embarrassante »

Un premier constat : les populations ne se sont guère bousculées pour aller voter.

Pourquoi aller remplir son devoir civique, ont dû penser beaucoup de Camerounais, alors que les résultats semblaient en effet connus d’avance? Comme l’avaient claironné, ici et là, des membres du Rdpc, à l’instar du milliardaire Fotso Victor, président de la commission départementale de campagne du Rdpc dans le département du Koung-Khi.
Dans presque toutes les circonscriptions électorales, ces derniers ont en effet « crié la victoire avant la guerre ».

Les irrégularités ont été nombreuses, comme le souligne Pierre Titi Nwell, président de l’association catholique Service justice et paix : « les cartes électorales n’étaient pas toujours disponibles, le code électoral n’a pas permis à des Camerounais de s’exprimer par le vote… ». Et d’ajouter « Finalement pour la démocratie, ça ne va pas au Cameroun »

Mêmes sons de cloches chez les leaders de l’opposition, dont le Social Democratic Front (membre de l'Internationale Socialiste), qui dénoncent la désorganisation « organisée » des élections, la multiplicité des mécanismes de fraude avec bourrages des urnes mais aussi avec « l’achat des consciences, l’intimidation des populations dans cette barbarie électorale, la manipulation de l’électorat par la puissance financière »
Sans parler des « charters électoraux » frétés par le parti au pouvoir, et qui auraient permis, selon de nombreux observateurs, à des «électeurs ambulants» de voter plusieurs fois et aux quatre coins du pays.

On comprendra facilement pourquoi la population camerounaise n’est guère fière de ces résultats et se demande quand les élections seront-elles enfin « transparentes ». Seul un travail démocratique de longue haleine pourrait peut-être…

Jusqu'à ce jour, certaines localités n'ont pas encore délivré le verdict des urnes.

C'est le cas de l'arrondissement de Santa situé dans le nord-ouest du pays où les populations se sont pourtant attelées à voter et à sécuriser leur vote.
Il faut dire que Santa reste le fief du Sdf, premier parti d’opposition.

Mais aussi dans le troisième arrondissement de Douala où la victoire du Rdpc annoncée depuis le lendemain du scrutin par le Ministère est contestée par le Sdf.
28 procès verbaux auraient disparu!...
Le Sdf affirme que : « Ces 28 procès verbaux sont ceux que le Rdpc a dû falsifier et qu’ils refusent de montrer. Ils savent que si la commission les découvre ils seront disqualifiés. Si ces procès verbaux pouvaient rentrer, nous sommes certains que nous aurons la majorité relative. Selon nos procès verbaux dans notre quartier général, nous avons une majorité relative de 50 %. Et le Rdpc vient avec seulement 41 % ».



En l’état actuel, voici la nouvelle carte politique du Cameroun publiée par le Ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation (MINATD), sous réserve du contentieux post-électoral qui, du reste, n'aura certainement pas d'incidence majeure sur la nouvelle configuration du paysage politique.
Selon le MINATD le taux de participation tournerait autour de 62%, avec de fortes disparités entre les zones urbaines et rurales.
3.108.116 électeurs sur 5.013.091 inscrits se sont effectivement rendus aux urnes dans les 21874 bureaux de vote pour élire les 28.102 candidats aux législatives et municipales.


Les premiers résultats créditent le Rdpc de plus de 155 sièges à l'assemblée (sur 180) et de plus de 300 communes.
Le Sdf, bien qu'en perte de vitesse, s'affirme toujours comme la première formation politique de l’opposition.

Ceci dans l'attente de la proclamation des résultats qui doivent être promulgués par la cour suprême dans un délai maximum de 20 jours à compter de la date de clôture du scrutin.

Et maintenant… le regard est tourné vers un avenir qu'on espère plus radieux.

vendredi 27 juillet 2007

Le show africain de Nicolas Sarkozy continue

Après La Libye, le chef de l'état continue sa tournée africaine par le Sénégal, avant de rejoindre le Gabon.


Le mari de ma femme




Dans un souci de récupération médiatique évident orchestré par l’Elysée, Cécilia Sarkozy est venue au secours de la victoire lors des négociations menées par l’Union européenne avec la Libye de Muammar Kadhafi dans l’affaire des infirmières bulgares et du médecin palestinien incarcérés. Les détenus ont été libérés mardi.

Et mercredi, le président français Nicolas Sarkozy était reçu officiellement par le dirigeant libyen, signant au passage un accord de coopération sur l’énergie nucléaire.

Dessin de Côté paru dans Le Soleil (Québec)


Tripoli : le Parti Socialiste veut connaître "les contreparties"


Le Parti socialiste insistera pour connaître les "contreparties" obtenues par la France en échange de la libération par la Libye des cinq infirmières bulgares et du médecin d'origine palestinienne qui a précédé la visite du président Nicolas Sarkozy à Tripoli cette semaine.

"Nous voulons savoir quelles sont les contreparties", a déclaré vendredi François Hollande, premier secrétaire du PS.

"Je ne veux pas croire qu'il puisse y avoir une contrepartie qui serait la fourniture d'une technologie nucléaire, à des fins civiles heureusement", a-t-il dit au micro de RTL.

Un accord prévoyant l'installation en Libye d'un réacteur nucléaire destiné à la production d'eau potable par dessalement de l'eau de mer a été signé lors de la visite de Nicolas Sarkozy qui a rencontré mercredi le numéro un libyen, Mouammar Kadhafi.

François Hollande s'est étonné qu'un pays gros producteur d'hydrocarbures, qui a-t-il rappelé "fut un moment un Etat terroriste", puisse avoir besoin d'une technologie nucléaire.

Le dirigeant socialiste a noté que le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, serait entendu par l'Assemblée nationale mardi prochain sur ce dossier mais il s'est demandé s'il "a lui-même été informé, a eu à connaître de ce dossier".

"Si nous ne sommes pas satisfaits de ses réponses, nous continuerons à demander la plus grande des transparences sur ce dossier", a ajouté François Hollande.


Dakar : Les «torts» de la colonisation

Du Sénégal, d’où partent à bord de pirogues de fortune tant de jeunes en quête d’un avenir en Europe, Nicolas Sarkozy a voulu corriger sa réputation d’homme insensible au sort de l’Afrique. Dans un discours lyrique , mais jugé «paternaliste» par l’assistance, à l’université de Dakar, il a évoqué les «torts» de la colonisation, et «la part de responsabilité [de l’Afrique ] dans son propre malheur». Pour mieux se tourner vers l’avenir qui, selon lui, porte un nom : «l’Eurafrique».


"La terre est peuplée de tricheurs et de bavards, qui se servent des mots comme d'une monnaie qu'ils sauraient fausse" Françoise Sagan

jeudi 26 juillet 2007

Sarkozy visite son ami Kadhafi


Le Président a été reçu par le colonel, son nouveau «partenaire stratégique»
Par Thomas Hofnung (Libération)




Parole contre parole. Invité à Tripoli par le colonel Kadhafi, Nicolas Sarkozy avait posé une condition non négociable avant d’accepter : la libération des cinq infirmières et du médecin bulgares détenus depuis plus de huit ans dans les geôles libyennes. Aussitôt fait, le président français a débarqué, hier, dans la capitale libyenne, pour une visite d’Etat de quelques heures, avant d’aller au Sénégal aujourd’hui et au Gabon demain. Au pied des ruines d’un bâtiment bombardé en 1986 par l’aviation américaine et conservé en l’état, Nicolas Sarkozy a été accueilli - sans chaleur - par un «guide de la révolution» fantomatique, vêtu d’un costume blanc, les yeux dissimulés par d’épaisses lunettes noires. A l’issue d’une courte cérémonie, le chef de l’Etat français a inscrit ces quelques mots sur le livre d’or déplié au milieu des décombres : «Je suis heureux d’être dans votre pays pour parler de l’avenir !»

«Nucléaire». Dans la saga tourmentée des relations entre la France et la Libye, marquée par le conflit au Tchad dans les années 80 et l’attentat contre le DC10 d’UTA en 1989 au-dessus du Niger, l’Elysée veut - selon un conseiller du Président - ouvrir «une nouvelle page». Une expression vague, mais qui reflète bien l’esprit de ce court déplacement en Libye : l’ancien Etat-voyou, incarnation jadis du terrorisme d’Etat, est redevenu fréquentable. Mieux, il est, affirmait récemment le porte-parole de l’Elysée, un «partenaire stratégique» de la France. Nicolas Sarkozy n’est pas le premier chef d’Etat français à s’être rendu en Libye. Jacques Chirac l’avait précédé, en novembre 2004, après que Tripoli eut apuré son contentieux avec les Occidentaux sur les attentats de Lockerbie (1988) et du DC10 d’UTA, et annoncé l’abandon de tout programme nucléaire militaire. Mais l’affaire des infirmières et du médecin bulgares bloquait jusqu’à mardi la normalisation définitive des relations avec les Européens.
Hier, Paris et Tripoli ont paraphé un «accord cadre» de ­partenariat sur les questions migratoires, culturelles, de coopération économique et commerciale. ainsi qu’un «mémorandum d’entente sur la coopération dans le nucléaire civil», qui prévoit la fourniture d’un réacteur nucléaire pour permettre à la Libye de désaliniser l’eau de mer. Mais point de nouveaux contrats pour les entreprises françaises : il aurait été sans doute indécent de vouloir profiter d’un «effet infirmières». Ce n’est que partie remise. En obtenant la libération des otages bulgares au nez et à la barbe des Britanniques et des Allemands, très investis dans ce dossier, «Sarkozy a remis les Français dans le jeu en Libye», juge l’analyste François Heisbourg.

Coopération. Sixième partenaire commercial de la Libye derrière l’Italie, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France souhaite combler son retard. Une trentaine d’entreprises tricolores se sont déjà implantées en Libye depuis la levée de l’embargo de l’ONU en 2003. D’autres pourraient prendre rapidement le chemin de Tripoli, dans le sillage de la nouvelle lune de miel franco-libyenne. Outre ses alléchantes réserves en pétrole et en gaz, la Libye veut en effet développer ses infrastructures routières, ses complexes hôteliers, rénover ses sites archéologiques ou encore se doter d’un nouveau réseau d’adduction d’eau. «Autant de domaines où nos entreprises ne sont pas forcément les plus mal placées», se félicite un conseiller de Sarkozy. Mais Paris a des raisons supplémentaires de cajoler Tripoli. Depuis les attentats du 11 Septembre, Kadhafi a amorcé une coopération fructueuse et précieuse avec les services secrets occidentaux. Hier, les deux pays ont d’ailleurs signé une déclaration évoquant le dévelop­pement de leur coopération en matière de défense. L’aide du «guide de la révolution» est également indispensable pour tenter d’endiguer les vagues de migrants clandestins qui s’échouent, quand ils n’en meurent pas, sur les rives de Malte ou de la Sicile.
Le président français a également besoin du soutien de Tripoli pour tenter de mener à bien son projet d’Union méditerranéenne, évoquée dès le soir de son élection, le 6 mai. Enfin, Tripoli dispose d’une influence non négligeable sur un continent africain que le colonel Kadhafi portait symboliquement sur son cœur, hier, sous la forme d’un badge épinglé sur la poitrine. Son pays partage des frontières avec le Soudan, mais aussi avec le Tchad, où Paris veut déployer une force européenne pour favoriser le retour des déplacés tchadiens. Là encore, l’accord de Kadhafi, très influent à N’Djamena, sera indispensable.





Les concessions à la Libye choquent la presse européenne

La presse européenne s'indigne des concessions faites à la Libye après la libération mardi des six Bulgares, une affaire dans laquelle, s'agace-t-elle, le couple présidentiel français a volé la vedette à l'Union européenne.


Nombre de journaux dénoncent en outre les conditions, "peu claires" souligne au Portugal Diario de Noticias, dans lesquelles est intervenu ce dénouement, disant ne pas croire un instant que l'Union européenne n'a pas apporté en contrepartie son obole. La Libre Belgique insiste ainsi sur "la rançon qui ne dit pas son nom" et que l'UE a versée à un Etat "assis sur d'importantes ressources pétrolières" et son compatriote De Standaard va jusqu'à écrire que "l'affirmation de Nicolas Sarkozy selon laquelle l'UE n'a rien payé est la trouvaille diplomatique de l'année".


"L'UE récompense les crimes de Kadhafi", réagit, plus crûment encore, le quotidien danois Berlingske Tidende, pour qui "le crime paie toujours, en tout cas si on s'appelle Mouammar Kadhafi et qu'on est le maître absolu d'un pays avec du pétrole sous le sable du désert, et avec potentiellement un marché très prometteur à la frontière de l'UE".


D'autres, à l'instar du Handelsblatt, tirent carrément à boulets rouges sur le couple présidentiel français. Les époux Sarkozy "se mettent en scène, prennent des poses de héros, comme s'ils avaient été les seuls sauveurs des victimes", même si, du point de vue du président français, "d'autres intérêts sont en jeu : il veut vendre des marchandises contre du pétrole et du gaz, et se présenter ensuite comme un grand diplomate, qui réussit à ramener la Libye de Kadhafi sur le chemin de l'Europe", analyse ce quotidien allemand.
Et l'italien La Repubblica de considérer que "le président Sarkozy et sa femme Cécilia, selon l'opinion de beaucoup, se sont introduits dans l'affaire libyenne, en réclamant la gloire a posteriori alors qu'en réalité tout avait été décidé dans les détails depuis au moins quinze jours".


La conclusion pourrait revenir au quotidien tchèque Dnes, pour lequel "la Libye et l'Occident se sont embrassés malgré le fait que tout ce qui précédait ce grand amour n'était rien d'autre qu'un terrorisme normal"

mercredi 25 juillet 2007

Diplomatie familiale des Sarkozy en Libye




La libération des infirmières bulgares, survenue après huit ans d'enfermement dans les geôles libyennes, ne finit pas d'interroger. À écouter les explications données par Nicolas Sarkozy dans sa conférence de presse du 24 juillet, on est même en droit de se demander si le Président nous prend pour des imbéciles...



Les médias français ont été bien timorés dans leurs informations. Qu'il s'agisse du Monde, des chaînes de Télévision, des stations de radios, publiques ou privées. A croire que ces médias pratiquent déjà l'autocensure comme au mauvais temps de Napoléon le Petit...
On a certes lu et entendu, ici et là, Pierre Moscovici poser des questions au sujet de la stratégie élyséenne du "coucou", Arnaud Montebourg se demander"À quoi sert Kouchner?", Noël Mamère parler d'un système "monarchique".
Mais que de temps passé à glorifier l'omniprésident et son épouse!
Il n'y a guère que l'Humanité pour dénoncer le fait que Cécilia Sarkozy ait été "dépêchée pour récolter les dividendes d’une mobilisation européenne" et bien sûr...notre bon vieux Canard enchaîné pour titrer dans son numéro de ce jour :


Hold-up des Sarkozy sur les infirmières bulgares
Un coup du clan des Cécilia
Elysée.com

Extraits de l'article d'Erik Emptaz

"Cohn-Bendit parle d’une thérapie de groupe. Sans aller jusqu’à pareille vilénie, l’envoi de Cécilia Sarkozy à Tripoli aura au moins servi à lui inventer un rôle à la mesure des ambitions qu’elle affiche volontiers ( …) Ni femme d’intérieur ni rombière, la voilà sauveuse d’infirmières ( …)
Quand Cécilia et Guéant sont arrivés à Tripoli, le règlement de l’affaire était programmé depuis trois mois alors que les tractations menées par l’union européenne se poursuivaient depuis trois ans. Le mérite de Madame et Monsieur Sarkozy est d’avoir su prendre le train en marche...
Il ne restait plus grand-chose à négocier. Sinon à fournir à Kadhafi, qui prétend se racheter une conduite internationale, une caution qui en fait un client présentable en matière des droits de l’homme d’affaires…"


Autres sons de cloche dans la presse européenne


Un succès de la diplomatie allemande

Der Spiegel

Le magazine explique comment Berlin et l'UE ont, "durant des mois", mené une "offensive diplomatique" pour débloquer le dossier. Alors que le dénouement approche, il ne redoute plus qu'une chose : "En s'immisçant tardivement dans l'affaire, le très entreprenant président français a failli tout faire rater au dernier moment."
Le 12 juillet, Nicolas Sarkozy a envoyé une première fois Cécilia sur place, puis s'est proposé comme négociateur. Pour Der Spiegel, il a offert à Muammar Khadafi "une bonne occasion de faire de la surenchère" : "Comment interpréter autrement la proposition de la première dame de France de moderniser l'hôpital de Benghazi ?" Sans savoir que la libération des infirmières surviendrait entre-temps Der Spiegel voit d'un mauvais œil la visite de Sarkozy à Tripoli, prévue pour le 25 juillet : "Ce n'est qu'une fois que l'entreprenant Sarkozy sera revenu de Libye qu'on pourra enfin respirer à Berlin et à Sofia."

La diplomatie familiale des Sarkozy

Corriere della Sera

...Les opposants socialistes sont furieux et accusent le couple Sarkozy de semer la pagaille ; le Quai d'Orsay s'offusque d'avoir appris ce voyage par les journaux ; les négociateurs européens sont agacés parce que le mérite de la libération revient non pas à eux mais à Cécilia (…)
Ce sera son triomphe médiatique et celui de la blonde Aïcha, une des filles du colonel Kadhafi, qu'elle s'est choisie comme interlocutrice. Comme elle, Aïcha, intrigante et impertinente, supporte mal les liens familiaux mais ne dédaigne pas d'apparaître sur le devant de la scène. Cette jeune femme de 25 ans, qui partage sa vie à Paris entre les études et la vie nocturne et préside en Libye une fondation humanitaire, est le partenaire idéal dans l'opération mise au point par le couple élyséen (…)
Nicolas Sarkozy a pris la situation en main en téléphonant à Kadhafi et en faisant miroiter l'éventualité de sa venue à Tripoli pour le mercredi 25 juillet. Les Libyens voudraient la pleine normalisation des relations avec les vingt-sept pays de l'Union européenne, afin de finir de parcourir le chemin qui a mené Tripoli du statut d'État voyou à celui de siège d'une nouvelle ambassade américaine.

mardi 24 juillet 2007

Infirmières libres : controverses autour d'un show élyséen



Contrairement à ce qu'avait prétendu Nicolas Sarkozy, la Libye indique que Bruxelles et Paris ont contribué aux compensations versées aux familles des enfants libyens contaminés par le sida.


Nicolas Sarkozy a annoncé mardi qu'il se rendrait en Libye mercredi pour un "déplacement politique pour aider la Libye à réintégrer le concert des nations", après la libération des infirmières et du médecin bulgares.




Pierre Moscovici, député socialiste du Doubs a fait part de son "sentiment de malaise" face à l'action de Cécilia Sarkozy en Libye. La veille, il avait dénoncé le "show" de la diplomatie sarkozyenne.

Pierre Moscovici persiste et signe. Interrogé mardi matin 24 juillet sur France 2, le député socialiste du Doubs a fait part de son "sentiment de malaise" et a demandé la "transparence" sur la nature de l'intervention de Cécilia Sarkozy alors que les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien étaient dans l'avion du retour vers la Bulgarie mardi matin.


Lundi, Pierre Moscovici avait déjà dénoncé une diplomatie sarkozyenne tenant "largement du show".
"S'agit-il d'une affaire humanitaire ou politique? Si c'est une affaire humanitaire, alors il n'est pas illogique que Mme Sarkozy soit là, parce que ce pourrait être le rôle de la première dame de France, mais si c'est une affaire politique, alors là on entre dans une méthode diplomatique que je réprouve totalement"
, a-t-il expliqué sur France-2 tout en se réjouissant de la libération des soignants bulgares.

Le député socialiste a réclamé que des "comptes soient rendus devant la représentation nationale et devant le Parlement (...) s'il s'agit d'une affaire politique". "Tout ça n'est pas transparent", a-t-il insisté.
"Y a-t-il eu rançon? Si rançon, de combien?" s'est interrogé Pierre Moscovici, rappelant que les personnels soignants avaient été "retenus en otage" pendant plus de huit ans à Tripoli.
L'élu socialiste, qui avait critiqué la veille la "stratégie du coucou" du président de la République, a réitéré ses critiques en regrettant "cette manière de tout récupérer, de tout tirer à soi".

"Pour moi, l'essentiel du travail a été fait par l'Union européenne", a-t-il analysé, réclamant que, si "diplomatie à l'américaine" il y a, ils soient imités "pour ce qu'ils ont de bon, c'est à dire la transparence"

Tripoli : les conditions ont été satisfaites


La Libye a affirmé mardi 24 juillet que les conditions qu'elle avait posées pour une extradition des infirmières et du médecin bulgares "ont été satisfaites", selon un responsable gouvernemental libyen.


"L'affaire a été réglée. Nous avons reçu des garanties pour la normalisation des relations avec les pays européens et pour un accord de partenariat avec l'Union européenne", a dit ce responsable qui a requis l'anonymat.


Tripoli a obtenu également des garanties pour le traitement des enfants libyens et pour la réhabilitation de l'hôpital de Benghazi, où ceux-ci ont été contaminés par le virus du sida.
"Les infirmières ont quitté le pays mais le monde ne doit pas oublier le drame des enfants contaminés par le sida", a précisé cette même.


Le responsable libyen a confirmé par ailleurs la visite du président français Nicolas Sarkozy mercredi en Libye. Il a précisé que des accords seront signés entre Paris et Tripoli notamment dans les domaines de la sécurité, de l'énergie, de l'enseignement, de l'immigration, de la santé et de la recherche scientifique.
Il a ajouté qu'un autre accord sera conclu pour la rénovation de l'hôpital de Benghazi, précisant qu'une équipe d'experts et de médecins français a précédé Nicolas Sarkozy en Libye et étaient déjà à l'oeuvre dans l'hôpital de cette ville située à 1.000 km à l'est de Tripoli.


Sarkozy accusé de troc nucléaire avec Kadhafi



Le réseau "Sortir du Nucléaire", accuse le président français d'avoir offert à la Libye "de la technologie nucléaire en échange des infirmières bulgares".

Le réseau "Sortir du Nucléaire" a accusé mardi le président de la République Nicolas Sarkozy de se livrer à "un troc nucléaire" en proposant au numéro un libyen Mouammar Kadhafi "de la technologie nucléaire en échange des infirmières bulgares".


"Promouvoir le nucléaire, et tenter d'étendre cette technologie sur la planète, est de façon générale une très mauvaise chose pour l'environnement", souligne dans un communiqué le réseau, une fédération d'associations. Mais "fournir de la technologie nucléaire à un dictateur est encore plus irresponsable"

Programme militaire ? Certes, ajoute le communiqué, "MM. Sarkozy et Kadhafi parlent de "nucléaire civil, mais l'expérience et l'actualité (par exemple en Corée ou en Iran) montrent que nucléaire civil et militaire sont intimement liés".


Mouammar Kadhafi a officiellement renoncé à un programme nucléaire militaire, mais "ce dictateur est un habitué des revirements brutaux et des pratiques dissimulatoires", indique "Sortir du nucléaire".


Le réseau "dénonce avec la plus grande vigueur la "monnaie d'échange" utilisée par les Sarkozy -l'épouse du chef d'Etat étant son "pion avancé" en Libye- pour arriver à leurs fins".


Communiqué du Parti Socialiste

Le Parti socialiste se réjouit de la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien détenus depuis plus de 8 ans en Libye et injustement condamnés par le régime du Colonel Khadafi pour des crimes qu’ils n’ont pas commis –avoir inoculé le virus du Sida à des centaines d’enfants.
Il s’agit là, avant tout, d’un succès de l’Europe, dont le Parti socialiste salue le rôle. Les Présidences successives de l’Union européenne, de la Grande-Bretagne en 2005 jusqu’à l’Allemagne et au Portugal en 2007, ainsi que la Commission européenne, n’ont pas ménagé leurs efforts pour obtenir ce résultat, elles en sont aujourd’hui récompensées.
La France s’est elle aussi impliquée dans cette libération, en particulier au moment de la finalisation de la négociation. Le Parti socialiste, tout en se félicitant de ce résultat, s’interroge sur la conduite et l’organisation de la diplomatie française. Il souhaite que soient précisés le rôle et la responsabilité de chacun. Enfin le Parti socialiste demande que la clarté soit faite sur les conditions de ces discussions, et notamment sur les contreparties demandées et obtenues par le Colonel Khadafi. Le Parlement devra, le moment venu, en être informé : le Parti socialiste y veillera.

lundi 23 juillet 2007

L’hypocrisie européenne au service de Kadhafi

Après huit ans de détention pour avoir inoculé le sida à des enfants, le dénouement paraissait proche lundi pour les infirmières bulgares dont la commissaire européenne aux Relations extérieures et l'épouse du président français plaidaient à Tripoli la libération.

Cecilia Sarkozy, l'épouse du président français Nicolas Sarkozy, a rencontré à Tripoli la fille du dirigeant libyen alors que l'Union européenne négociait avec les autorités, selon des sources diplomatiques.

Le médecin palestinien et l'une des infirmières

L'espoir d'une solution rapide à un drame qui dure depuis huit ans a été relancé par l'arrivée dimanche en Libye de la commissaire européenne Benita Ferrero-Waldner, et de Mme Sarkozy, accompagnée du secrétaire général de la présidence française, Claude Guéant.

Cécilia Sarkozy a rencontré Aicha, la fille du colonel Mouammar Kadhafi, qui dirige une organisation caritative, a-t-on appris de source diplomatique. Elle ne s'est en revanche pas entretenue avec le chef de la révolution libyenne qui se trouve à Syrte, à 500 km à l'Est de Tripoli, selon la même source.

Mais le président Sarkozy lui-même est attendu mercredi en fin de journée à Syrte pour des entretiens avec le colonel Kadhafi, a-t-on appris lundi de source officielle libyenne.

A Tripoli, la commissaire européenne a eu de son coté des entretiens dans la nuit avec des responsables libyens qui ont présenté des conditions pour la libération et le rapatriement des cinq infirmières et du médecin bulgares.


Vu de la presse bulgare

L’hypocrisie européenne au service de Kadhafi

Dans l’affaire des infirmières bulgares, les diplomates ont évité de mettre le dictateur libyen devant ses responsabilités. Une attitude qui révolte le quotidien bulgar Sega.

La diplomatie silencieuse, qu’elle soit bulgare ou eu­ropéenne, ne vaut que ce qu’elle vaut. Une peine de mort prononcée à Benghazi en 2004, lorsque la Bulgarie n’était pas encore membre de l’Union européenne (UE), et une peine de mort confirmée à Tripoli en 2007, alors qu’elle fait désormais partie de l’UE, cela revient au même. La “diplomatie silencieuse” ne fait que confirmer l’idée que la justice n’existe pas. Aujourd’hui, on nous rassure. Les infirmières seront malgré tout relâchées, parce que quelqu’un aura pitié d’elles à Tripoli et ne voudra plus être embêté avec ce problème.


La Libye nous les rendra à condition qu’elles purgent leur peine chez nous – un compromis nécessaire pour sauver la face du dictateur Kadhafi. C’est le prix de leurs vies. Mais ce n’est pas encore le prix définitif. La Bulgarie devra encore subir l’humiliation d’accepter de les récupérer en tant que criminelles, tout au moins formellement, après avoir clamé tant d’années leur innocence.

La honte couvre également l’Union européenne, qui réfléchit à la façon d’attacher à son futur traité simplifié une sorte de Charte des droits de l’homme. En décembre 2007, l’UE négociera avec la Libye dans le cadre de la coopération méditerranéenne, comme si de rien n’était. Le problème des infirmières bulgares sera clos, et toute allusion à celui-ci sera considérée par Bruxelles comme un manque de tact diplomatique. De nombreuses consciences coupables compteront sur le silence et l’oubli. Mais les infirmières seront sauvées de la peine de mort, n’est-ce pas ? Que voulez-vous de plus ? demanderont certains. Le premier droit de l’homme est certes le droit à la vie, et celui-ci doit être défendu. Mais il est vrai aussi que, après cet épisode, tous les traités internationaux sur les droits de l’homme seront mentionnés désormais au conditionnel. Les prochaines victimes d’actes inhumains ne pourront plus compter sur cette protection, mais mettront tous leurs espoirs dans des “négociations”. La balance de Thémis penchera selon qu’ils sont bulgares, britanniques ou autres, et les décisions seront prises en conséquence. Il s’agit, en fait, d’un sérieux coup porté contre les fondements du droit international.
Dans toute cette farce, il semble que les victimes n’ont pas été les infirmières ni même ces pauvres enfants contaminés par le sida. La seule “victime” pour laquelle la diplomatie s’est mobilisée a été… Mouammar Kadhafi. Il devait survivre politiquement, parce que cela arrange certains – et, de plus, il est riche. La pièce a dû se jouer de façon à ce qu’il en sorte indemne aux yeux de son peuple, malgré l’évidente culpabilité de son régime dans l’état lamentable de l’hôpital de Benghazi, qui est à l’origine de la propagation du sida parmi les enfants. Comme il s’agissait non pas de justice mais de transaction, le schéma a été on ne peut plus simple. L’UE a proposé un service, Kadhafi a payé. Le service a consisté à créer l’impression qu’une fondation internationale assumait la responsabilité financière pour l’épidémie de sida, prétendument provoquée par des étrangers. Cela a permis de détourner l’attention du véritable coupable. Ainsi le dictateur n’a-t-il pas eu à payer le “prix du sang”. C’était pourtant à lui et à nul autre de le régler. Il a donc eu besoin de l’aide européenne pour éviter de donner l’impression d’avouer sa culpabilité. Derrière le paravent de la fondation internationale qu’a déployé l’UE, le régime a pu mener des négociations directes avec les représentants des familles des enfants contaminés. D’après les informations qui ont filtré, les autorités ont demandé aux familles de réduire leurs revendications financières. On imagine mal le dictateur libyen accepter l’apparition soudaine de plus de 400 millionnaires à Benghazi, dans une ville où se trouve l’opposition la plus ferme à son égard. Les indemnités seront ainsi réduites, mais au prix de négociations très dures qui ont à plusieurs reprises retardé le dénouement de la crise. Quoi qu’il arrive, la Bulgarie récupérera certainement ses infirmières innocentes, mais elles traîneront leur condamnation avec elles. Nous comprendrons peut-être enfin que personne n’est là pour défendre nos intérêts si nous n’entreprenons rien nous-mêmes. l’UE, le régime a pu mener des négociations directes avec les représentants des familles des enfants contaminés. D’après les informations qui ont filtré, les autorités ont demandé aux familles de réduire leurs revendications financières. On imagine mal le dictateur libyen accepter l’apparition soudaine de plus de 400 millionnaires à Benghazi, dans une ville où se trouve l’opposition la plus ferme à son égard. Les indemnités seront ainsi réduites, mais au prix de négociations très dures qui ont à plusieurs reprises retardé le dénouement de la crise. Quoi qu’il arrive, la Bulgarie récupérera certainement ses infirmières innocentes, mais elles traîneront leur condamnation avec elles. Nous comprendrons peut-être enfin que personne n’est là pour défendre nos intérêts si nous n’entreprenons rien nous-mêmes.

Svetoslav Terziev
Sega


Vu de la presse arabe

Une catastrophe pour le pouvoir libyen

Après plusieurs reports, le Conseil supérieur des instances judiciaires devait examiner le 17 juillet l’affaire des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien [récemment naturalisé bulgare] accusés d’avoir inoculé le sida à plus de 400 enfants de l’hôpital de Benghazi. La Cour suprême a confirmé la peine de mort prononcée à leur encontre en 2004 au moment où les représentants des familles des victimes sont parvenus à un accord d’indemnisation, ouvrant ainsi la voie au renoncement au “prix du sang” et à une libération des condamnés. “Les auteurs du crime sont bien connus, et pour les juger nous avons laissé la parole à la loi. Aucune voix n’est au-dessus de la loi, et seule la justice est autorisée à se prononcer sur le sort des criminels”, affirme le quotidien de Tripoli ­Al-Jamahiriya, qui ne tarit pas d’éloges sur l’“efficacité” et la “transparence” du système judiciaire libyen. Un avis que ne partage pas le journal panarabe Al-Quds Al-Arabi : “Cette affaire a été une catastrophe pour le pouvoir libyen. La version officielle, selon laquelle les infirmières bulgares et le médecin palestinien ont contaminé volontairement les enfants, n’a convaincu que les rares personnes qui avaient envie de se laisser convaincre, c’est-à-dire ceux qui gravitent autour du régime”, estime le quotidien, qui rappelle aussi le mauvais état des hôpitaux du pays. “Pour s’en convaincre, il suffit de voir les Libyens affluer dans les hôpitaux jordaniens et européens pour soigner des maladies qui paraîtraient courantes dans d’autres pays, même sous-développés”, rappelle-t-il, avant d’ajouter qu’une solution négociée permettrait au régime de Kadhafi de “rompre l’isolement” dans lequel il se trouve sur la scène internationale.

dimanche 22 juillet 2007

Une semaine à vélo dans Paris



Opération Vélib' : Gros succès

J’ai attendu fébrilement le "grand jour" du 15 juillet, mais faute de carte bleue (j’ai dû faire opposition pour escroquerie par internet), j’ai attendu le mercredi 18 pour faire mes nouveaux premiers pas à bicyclette.
Lydie, la généreuse et incomparable patronne du célèbre bar-restaurant La Trizacoise (200 Faubourg Saint-Martin, Paris 10ème ) semblait sceptique quand je lui ai parlé de mon souhait de m’abonner. J’ai même eu droit de sa part à un sourire malicieux…Mais j’ai été encouragé, entre autres par la douce Émilie, et j'ai même épaté quelques amis et copains. Ah! les représentations ont la vie dure.


C 'était sans compter sur un certain passé de cycliste. Dès mes six ans j’ai eu, en effet, comme cadeau un petit vélo vert que mes parents m’ont offert pour mon opération des amygdales, afin de me récompenser d’avoir été si courageux. Mon père m’a même apporté ce "petit" vélo dans ma chambre à la clinique. C’était un "vrai" papa!
Vers les douze ans je suis passé à un "grand" vélo rouge . Je m’en suis servi pendant au moins cinq ans pour aller au lycée Buvignier à Verdun. Nous habitions dans le "faubourg pavé", à environ deux kilomètres du centre ville.
En classe de terminale, mes parents m’ont offert une mobylette. Je suis tombé sur une plaque de verglas. Dégâts limités. Mon père ne souhaitant pas que cela se reproduise (et surtout l'année du Bac) m’a alors accompagné en voiture au lycée la plupart du temps et souvent venait me rechercher. Ce que je n'aimais pas du tout. Outre que cela faisait un petit peu "fils à papa" ( mais qui n'habitait pas centre ville"), mon père me privait de la compagnie de mes camarades les plus délurés à la sortie de l’école.

Au lendemain de mes 18 ans j’ai eu le permis de conduire et une voiture toute jaune et toute neuve.
L'automobile a été pendant plus de trente ans mon principal moyen de locomotion et de transport. Et pourtant je n’ai jamais beaucoup aimé conduire. Sans doute la vitesse m'a-t'elle grisé un peu quand je descendais à vingt ans avec une voiture rapide en Provence ou ailleurs ..A l'époque la vitesse n'était guère limitée sur les autoroutes. Plusieurs événements douloureux m’en ont enlevé par la suite le goût.

Dans les années 90, conduire, moi et les autres, dans Paris étant devenue une corvée, j’ai alors décidé de ne pas remplacer ma dernière voiture en 1999 et de me déplacer en transports en commun (bus et métro). Je m’en suis trouvé fort bien et ce d'autant plus que sensibilisé par le sommet de Rio de 1992, j'étais devenu davantage conscient des grands problèmes écologiques.

Certes avant Vélib' j’ai eu l'occasion de renouer à quelques occasions avec la bicyclette .
D'abord le temps d’un séjour à Étretat, en 1984, où j’ai sillonné la campagne normande pendant une semaine avec une amie un peu empressée. Bon "plan" que les promenades à vélo !

En 1991, invité dans les Landes par un couple de dames attentionnées mais vite insupportables, j’ai emprunté un vélo à la plus grincheuse des deux pour échapper à leurs exquises confidences.
Après le petit déjeuner aux horaires précis (mais qui durait trop longtemps) je partais dans la forêt landaise et ne revenais que vers midi (non sans avoir bu l’apéro dans café d'un village) pour me mettre les pieds sous la table (puisque c'était ce qu'on me demandait de faire) et continuer à entendre leurs jérémiades.
L’après-midi était consacré aux activités aquatiques au temps limité et aux longues promenades autour des lacs ou en forêt et qui se voulaient romantiques.
Je parvenais parfois, avant ou après le dîner, à faire une autre escapade avec ce vélo complice.

En décembre 1995, pendant les grandes grèves provoquées par le gouvernement Juppé, une amie m’a prêté son « vieux clou » pour faire les trajets entre mon domicile et mon lieu de travail. Depuis ce vieux clou a échoué dans un garage de mon immeuble. Nous ne nous sommes jamais revus.



Mais revenons à cette nouvelle aventure.

Dès le mercredi après avoir contracté un abonnement de 5 euros pour 7 jours, j’ai retrouvé assez facilement les réflexes et les habitudes du vélo. Non je n'avais pas perdu mon sens de l'équilibre. Cela ne perd pas dit-on. En l’occurrence c'est vrai. Moins que pour le piano en tous cas.
Quelques petites frayeurs toutefois quand des taxis et bus me dépassent dans les couloirs. Mais j’ai été vite rassuré par la stabilité du vélo que je ne trouve pas « trop lourd »
Le deuxième jour, j’ai mieux réajusté ma selle, compris le système des trois vitesses, utilisé la charmante sonnette.
Un conseil : mieux vaut dans un premier temps se limiter à des circuits avec un maximum de pistes cyclables. Dans les environs de la gare de l’est c’est possible avec le boulevard Magenta, le canal Saint-Martin, l'avenue Jean Jaurès, le bassin de la Villette...Les pistes sont remarquablement fléchées et balisées.
Ainsi suis-je allé vers midi, en 10 minutes et en toute quiétude, de la station située rue du Château-Landon à celle de La République.
Le fonctionnement de la borne est simple et intelligent. J’apprécie beaucoup d’avoir les petits reçus sur mes différentes courses et de consulter mon rassurant « historique ».

Certes le système doit encore se roder. Les bugs informatiques sont encore nombreux. Pourquoi ne parvient-on pas à dégager certains vélos ? Les bornes vous signalent qu’il n’y a pas de vélos libres alors qu’on en voit plusieurs...
Les plans des stations manquent mais ils devraient être bientôt disponibles.
Mais tout cela relève de détails mineurs qui permettent par ailleurs d'entrer en convivialité avec d'autres usagers de tous âges. Certains messieurs quinquagénaires me demandant si le test est "concluant", des dames de les aider à comprendre le maniement. Il faut bien peu de choses pour se sentir utile.
Ce dimanche cela ressemble à Jours de fête, on recherche les vélos de borne en borne, des nuées de cyclistes s'éclatent dans la capitale.
Bref je suis absolument conquis par Vélib' et je viens de prendre un abonnement annuel.

Mais....mais il y a un mais. Je suis scandalisé par les propos tenus par ce vulgaire humoriste de Laurent Gerra, qui dans un registre homophobe bien à lui et dans une émission de l'inusable Michel Drucker sur France 2, a déclaré, le 13 juillet, à propos de Vélib' : « Mais à Paris il y a plein de vélo maintenant, ça va devenir la capitale de la pédale ».
Décidément ! Reste maintenant à boycotter les spectacles de ce "monsieur" et à ignorer lui et ses problèmes par rapport à l’homosexualité. Il en parle tant qu'on va finir par se poser des questions inutiles.
Bof, pour paraphraser Ionesco, oublions tout ce qui ne s'est pas passé entre lui et nous. Et...Roulons, roulons tous à bicyclette et sans bouder notre plaisir dans Paris ma rose.


NB

Concernant "l'affaire Gerra" le Centre Gay et Lesbien a saisi le CSA " France 2 fonctionne grâce à la redevance, que ce service public doit être respectueux des personnes et des lois et que l'éducation contre l'homophobie et le sexisme, mission de service public, passe aussi par la qualité des programmes télévisuels et un contrôle plus vigilant, de la part du CSA, des propos tenus par les animateurs et invités des programmes".